Un Spicilège

Jérusalem

Jérusalem... À croire qu'Alan Moore a choisi le nom parfait pour écrire un évangile. La Sainte Bible selon Alma Warren...

Il est difficile de trouver les mots pour parler de Jérusalem. Ce livre n'usurpe pas son qualificatif de “monument”.

Jérusalem est un... roman ?... colossal, divisé en 3 parties, chacune rattachée à un aspect particulier des Boroughs, ce quartier de Northampton, ville natale de l'auteur, auquel il rend ici le plus parfait des hommages.
Chaque partie comporte 11 chapitres, chacun raconté du point de vue d'un protagoniste particulier, le tout formant un récit choral, parcourant plus de 1000 ans d'histoire dans le monde réel aussi bien que l'au-delà.
En effet, Jérusalem fait fi de la linéarité. Le temps se perd, les époques s’entremêlent, les vivants croisent les morts. L'Histoire prend forme au fil des déambulations.
Quelques repères existent, notamment la famille Vernall dont on suivra les membres sur 5 générations. Cependant, très rapidement, l'esprit s'égare, le fil se perd dans un méandre pour mieux se retrouver au détour d'une page, tissant peu à peu un univers entier, jusqu'à être pris de vertige devant les dimensions avec lesquelles l'auteur s'amuse. Il semble en effet que chaque référence, chaque phrase, chaque mot soit choisi avec soin, et retrouve un écho à un moment ou à un autre du récit.

Face à cette oeuvre titanesque, à une écriture de bâtisseur, à un style inimitable, à des trouvailles lexicales inouïes, je ne peux que saluer le travail de traduction de Claro qui a su retranscrire la sublime poésie de ces textes, aussi exigeants que changeants.

Lire Jérusalem est une épreuve, un marathon intransigeant. On en ressort enrichi de mille choses, aussi instruit que humble.


Jérusalem | Alan Moore | Traduit par Claro | Inculte

Tokyo Vice

Tokyo Vice est un récit autobiographique du journaliste Jake Adelstein, dans lequel il revient sur son expérience de journaliste américain au Japon, de ses débuts, marqués par son ignorance des usages de ce pays si différent du sien, à son ascension, sa spécialisation dans les affaires liées au grand banditisme japonais dont il adopte les codes, jusqu'à se perdre un peu.
J'ai beaucoup entendu parler de Tokyo Vice avant de me lancer. Ne nourrissant pas un très grand attrait pour le Japon, je me méfiais de l'intérêt que je pourrais trouver à ce récit. Cependant, l'immense qualité des ouvrages édités aux Éditions Marchialy a fini de me convaincre.

Tokyo Vice est un livre passionnant, qui se lit comme un polar et qui excelle surtout par la vérité crue qui s'en dégage. Jake Adelstein ne minimise en effet en rien le côté obscure des grandes organisations japonaises, qu'elles soient d'ailleurs criminelles ou non. Sans compromis mais avec le respect qu'il acquière au fur et à mesure de ses expériences, il dépeint les crimes, mais également les personnes (journalistes, policiers, sources), les organisations (la presse, la police, la mafia), les hiérarchies, la façon dont “cela fonctionne” et comment tout ce petit monde entretient une interdépendance. Extrêmement honnête avec lui-même également, avec ses coups d'éclats comme avec ses chances, malchances, ses échecs et petites lâchetés, il est difficile de le trouver sympathique. Je ne saurais dire si c'est le fait de côtoyer les grands criminels qui a façonné son attitude ou si c'est d'avoir cette attitude qui lui a permis de les côtoyer.

Tokyo Vice est violent, déroutant, révoltant parfois, et rien de fondamentalement positif ne s'en dégage. Logique, quand on évoque ce type de sujet, et salutaire à regarder en face.

Pour d'autres points de vue, les avis de Post Tenebras Lire, et De l'autre côté des livres, qui s'intéressent bien plus que moi au Japon.


Tokyo Vice | Jake Adelstein | Traduit par Cyril Gay | Marchialy

La Disparition d'Hervé Snout

La disparition d'Hervé Snout est un livre qui surprend et qui tient énormément en haleine.

Se présentant comme un roman policier, il bascule lentement vers le drame social, l'intrigue policière étant un habile procédé pour dépeindre la fadeur de vies moyennes.
Plus on en apprend sur Hervé Snout, moins on est désolé pour sa disparition tant ce personnage est effroyablement détestable. Semant le désespoir autour de lui, on découvre peu à peu les dégâts dans son mariage, sa famille et au sein de son entreprise, un abattoir dont il était le directeur.
L'immersion dans cet environnement est d'ailleurs l'aspect le plus intéressant de ce roman choc, on y découvre un univers violent et cruel, une inhumanité que l'on ne peut que trop bien comprendre.

Mené d'une plume vive, La disparition d'Hervé Snout est de ces romans dont la couverture recèle bien des trésors de réflexion. Un portrait cruel mais au combien réaliste du quotidien mêlé à une dénonciation féroce d'une entreprise dont la violence intrinsèque ne peut que déteindre sur les individus en faisant partie.

Une excellente lecture.


La Disparition d'Hervé Snout | Olivier Bordaçarre | Denoël

La cité des fous

La cité des fous, c'est l'asile de Saint-Anne, dans lequel l'auteur a été interné quelques mois, victime d'une crise de délire liée à sa prise de morphine. Marc Stéphane, écrivain révolté, à tout jamais anticonformiste, profite de ce séjour pendant lequel il est très rapidement tout à fait alerte et conscient de son entourage pour dresser un portrait cyniquement drôle et violent de ce lieu dans lequel finissent par atterrir tous les pauvres, faibles ou inadaptés que la société rejette.

Avec une plume argotique parfois difficile à comprendre, mais une verve enthousiasmante, Marc Stéphane dessine, portrait après portrait, une image infiniment tendre de ses compagnons d'infortune. Sans aucune complaisance, la violence inouïe exercée dans ce lieu d'accueil fait écho à la violence d'une société incapable de prendre soin des plus faibles, et ce livre d'une sincérité désarmante se comprend rapidement comme un puissant réquisitoire contre un système malade.

La lecture de La cité des fous est une expérience extravagante, pendant laquelle j'ai navigué au cœur d'une langue fleurie fabuleusement inventive, alternant quelques sourires et beaucoup d'effroi, qui m'ont laissé l'impression d'avoir lu une œuvre majeure.


La cité des fous | Marc Stéphane | L'Arbre Vengeur | Collection L'Arbuste Véhément

Last and First Men

Rarement une œuvre m'a fait autant d'effet.
Rarement suis-je restée hypnotisée devant l'écran de la première à la dernière seconde d'un film.
Rarement ai-je été émue à ce point, la gorge nouée, les larmes latentes, devant des images.

J'ai regardé Last and First Men, le film posthume du réalisateur islandais Jóhann Jóhannsson, complètement par hasard, intriguée par sa présentation sur arte.tv.
Alors qu'ils savent l'humanité condamnée, les derniers hommes envoient un message aux hommes du présent. Le tout nous est présenté sous la forme d'un monologue récité par l'extraordinaire Tilda Swinton, sur des images hypnotiques.

Je ne pensais pas trouver un jour un créateur dont l'idéal esthétique serait à ce point identique au mien. L'essentiel des images du film consiste en effet en des plans statiques ou de lentes prises de vue de structures monumentales, filmées en noir et blanc. Les structures en question sont issues de monuments aux morts des anciennes républiques yougoslaves. Des volumes abstraits, de l'ancienne modernité, du délabré. Le tout mis en valeur par des images contrastées, des plans millimétrés, la lumière changeante de l'aube au crépuscule.
Happée par la beauté surréaliste de ces images, je le fus aussi par ce monologue bouleversant, inspiré par le livre du même nom signé Olaf Stapledon. Ce dernier témoignage d'une humanité sur le point de s'éteindre, portant la sagesse de milliards d'années d'expérience. La voix absolument divine de Tilda Swinton creuse un peu plus l'aspect hypnotique du film.
Enfin, tout ça ne serait rien, ou plutôt ne serait pas aussi puissant, sans la musique qui l'accompagne. Création de Jóhann Jóhannsson, également compositeur, elle permet tout simplement d'atteindre l'équilibre parfait entre les images et le son. Majestueuse dans sa lenteur, bouleversante dans ses intentions, elle laisse également la part belle aux silences, qui n'en deviennent que plus assourdissants.

Je ne m'étais jamais imaginé trouver un jour qu'une œuvre quelle qu'elle soit, soit à ce point parfaite en tout point.
C'est évidemment subjectif, c'est incontestablement personnel, l’âpreté, le minimalisme, ne parlera sans doute pas à beaucoup.

Plus important encore, plus parlant, plus étonnant pour moi, je n'aurais jamais cru un jour me dire que si jamais j'avais eu assez de talent pour créer quelque chose, j'aurais voulu que cela ressemble à ça. J'aurais aimé imaginer des plans aussi esthétiques que ceux-là, j'aurais aimé tirer d'un livre un monologue aussi saisissant que celui-ci, j'aurais aimé savoir manier les notes pour envelopper le tout avec autant de force que Jóhann Jóhannsson l'a fait.
Cela en dit beaucoup sur moi. Si vous souhaitez mieux me connaître, regardez Last and First Men.


Last and First Men | Jóhann Jóhannsson | 2020

Trystero

Comme je l'ai déjà dit quand j'ai commencé à lire Trystero, ils sont rares, les auteurs dont je lis les livres dès leur sortie. Laurent Queyssi est de ceux-là. Je ne pouvais pas attendre plus de quelques jours pour l'acheter et le lire, d'autant plus que la présentation qui en était faite était très alléchante.

Trystero est un texte atypique, difficile à décrire, ou plutôt trop facile à décrire : il s'agit du manuel d'écriture d'un vieil écrivain, Bruno Trivanen, qui, alors que sa carrière est derrière lui, se décide à coucher sur le papier ses propres techniques et ses conseils à destination d'éventuels apprentis, souhaitant faire de ce manuel une œuvre de transmission.
Une fois qu'on a introduit le roman ainsi, on a à la fois tout et rien dit, car en se décidant à coucher ses enseignements sur le papier, à force d'allusions à des situations antérieures et de descriptions des événements actuels, Bruno Trivanen y couche également sa vie, ses combats, ses victoires et ses défaites, et esquisse les contours d'un monde furieusement dystopique, dans lequel la libre pensée est réprimée et dans lequel un texte pourrait être l'une des dernières formes de résistance possibles.

Plusieurs dessinateurs de bande dessinée que j'ai croisés dans ma vie m'ont parlé de ce piège dans lequel certains de leurs collègues tombent : celui de n'avoir jamais appris à crayonner d'après nature, mais uniquement dans les BD de leurs prédécesseurs. Leur style possède alors des atouts narratifs qui manqueront peut-être à d'autres artistes moins exposés à ce genre d'œuvres, mais il sera aussi dépourvu de ce petit côté réaliste, universel et cohérent dans les expressions et les placements des décors et des personnages.

Il en va de même pour les écrivains qui ne puisent du matériau que dans des fictions. Une certaine aisance dans leur façon de dépeindre leurs protagonistes – qui peut parfois confiner au cliché, avouons-le – ne compense pas leur absence d'humanité réelle.

La figure de ce vieil écrivain, à la fois désenchanté, usé par ses revers, mais ayant également chevillé au corps la maturité d'une vie de joutes et d'excès, bouillant d'une volonté de transmission est l'un des aspects les plus puissants du roman. Trystero est une hymne à la gloire de la fiction, de son pouvoir d'influence, de sa place dans la société. Une réflexion subtile sur les mécanismes de la création et leurs impacts. Résolument contestataire, il présente les textes comme de formidables outils d'émancipation, permettant de nourrir les réflexions et de questionner les convictions.

J'ai été impressionnée par l'admirable maîtrise narrative dont a fait preuve Laurent Queyssi, nous livrant un roman à la structure extrêmement atypique et pourtant formidablement réussie. Trystero est un bijou de subtilité, dont chacun des aspects est soigneusement dosé, dont chaque paragraphe est utile pour construire un texte poignant, adroitement anti-conformiste.
Pour moi qui apprécie par dessus tout les textes hors norme, ce fut une lecture jouissive, une excellente bulle d'originalité, un véritable plaisir.


Trystero | Laurent Queyssi | Mnémos/Label Mu

Cadres noirs

J'étais persuadée, lorsque je me suis décidée à écouter ce livre audio, d'avoir déjà lu des romans de Pierre Lemaître. Je ne sais pas pourquoi et il s'avère qu'absolument pas. J'en connaissais le nom, bien sûr, de par le Goncourt et l'adaptation d'Albert Dupontel, mais en tant que lectrice, finalement, nada.
Je commence donc ma découverte de cet auteur par l'adaptation audio (lue par l'auteur) de son roman noir Cadres Noirs. Il narre l'histoire d'un cadre cinquantenaire, qui, après quelques années de chômage le plongeant dans l'angoisse de la précarité, est prêt à accepter toutes les propositions tordues (notamment celle de prendre part à une fausse prise d'otage) d'un potentiel employeur lui faisant miroiter une éventuelle embauche.

Je dois admettre que j'ai été particulièrement surprise par ce roman.
Moi qui m'attendais à ce qu'il soit centré sur les méthodes peu orthodoxes et profondément inhumaines d'un cabinet de recrutement dont il dénoncerait les dérives, voire, plus largement, celles d'un système abscons, j'ai découvert qu'il se focalisait plutôt sur la spirale infernale subie ou choisie par son personnage principal.
Personnage qui fut également grandement déconcertant. Je m'attendais à faire la connaissance d'une victime des circonstances, d'un homme pris à la gorge par un système effroyablement destructeur, et me voilà à la rencontre d'un homme que je trouve rapidement détestable : menteur, manipulateur, incapable remettre en question ses actes, prêt à faire du tort à ses proches pour servir ses intérêts tout en, comble de l'indécence !, passant son temps à se victimiser. J'en ai passé du temps, pendant cette écoute, dans ma tête, à le prendre à partie ou à m'indigner de ses réflexions !

Cela fait cependant de Cadres Noirs un roman bien plus riche de réflexions, bien moins manichéen qu'on pourrait le penser. Porté par une plume accrocheuse, par une écriture qui scanne profondément les ressorts psychologiques des personnages, il est parfaitement rythmé et saura tenir le lecteur en haleine. Un final tirant un peu en longueur n’entache pas ses qualités, d'autant plus que le dénouement, grandiose, dresse un bilan dont le cynisme frôle l'humour noir.

Une belle première rencontre, donc, avec Pierre Lemaître, que j'ai trouvé également très bon conteur dans cette adaptation audio.


Cadres noirs | Pierre Lemaître | Lu par l'auteur | Audiolib

Chien Blanc

J'ai vu Chien Blanc, un excellent film québécois d'Anaïs Barbeau-Lavalette.
Adaptation apparemment assez fidèle du roman autobiographique éponyme de Romain Gary (que je n'ai pas lu), il se passe à l'époque où l'écrivain vivait aux Etats-Unis en tant que Consul Général de France. Alors que les noirs américains sont en pleine lutte pour leurs droits civiques et que Martin Luther King vient d'être assassiné, Romain Gary et sa femme, Jean Seberg, très engagée auprès de la communauté noire, retrouvent devant leur porte un chien égaré qu'ils décident d'adopter. Ils se rendront vite compte que le chien a été dressé par un propriétaire sudiste, l'ayant entraîné à attaquer systématiquement les personnes noires.

Chien Blanc est film très percutant, qui mêle la fiction à beaucoup d'images d'archives de l'époque particulièrement pénibles à regarder tant elles sont violentes. Au milieu de ces thèmes très difficiles à aborder, Denis Ménochet, Kacey Rohl et K.C. Collins (entre autres) livrent une interprétation saisissante de justesse.
Impossible de ne pas être bouleversé par l'humanisme qui se dégage du personnage de Romain Gary, par ses colères, par ses doutes, par le désespoir de celui de Jean Seberg, par la sagesse de celui de Keys. Impossible aussi de retenir sa détresse devant l'absurdité de cette situation, devant ces fureurs légitimes. Impossible également de ne pas tomber en amour de ce chien, symbole des égarements humains, à la présence attendrissante.

Chien Blanc est une œuvre à la réalisation particulièrement soignée. Les plans sont travaillés et la musique les accompagne parfaitement. Certaines scènes prennent vraiment aux tripes, la réalisatrice jouant avec les regards caméra pour impliquer le spectateur au cœur du drame qui se joue. Le message est clair, criant de vérité.

Je ne sais pas si la réalisatrice a vraiment fait honneur au texte que Gary que je ne connais pas, mais elle met à l'honneur l'homme, assurément.


Chien Blanc | Anaïs Barbeau-Lavalette | 2022

Rocky, dernier rivage

J'étais très curieuse de lire Rocky, dernier rivage, tant l'accroche me paraissait prometteuse.
Dans un monde semblant post-apocalyptique, 5 ans après une catastrophe ayant apparemment décimé l'humanité, nous découvrons le quotidien aliéné d'une famille fortunée réfugiée depuis le début des événements sur une île privée et vivant en vase clos depuis lors...
Quel sens donner à sa vie quand tout est prévu pour assurer une survie sans effort, mais sans la moindre interaction autre que familiale ? Comment se construire en tant qu'adulte quand on est un adolescent loin de toute vie, élevé en visionnant des films et des séries parlant d'un monde qui n'existe plus ? Comment ne pas perdre la raison, coincés à vie sur une île avec des personnes qu'on finit par détester ? Quelle hiérarchie peut encore être possible quand la civilisation n'est plus ?

Toutes ces interrogations, et bien d'autres, sont brillamment développées dans ce roman de Thomas Gunzig. À partir d'une situation initiale aussi limpide qu'impeccable, il développe rigoureusement la psychologie de ses personnages tout en alimentant l'univers de son récit par de très judicieux flash-back. Véritable huis-clos, Rocky, dernier rivage tient en effet l'essentiel de ses qualités à l'écriture de ses protagonistes. Thomas Gunzig ne fait en effet pas dans la dentelle, nous présentant des individus, certes archétypaux, mais qui semblent pourtant peu éloignés de la réalité. Les adolescents, surtout, sont présentés avec des névroses qui les rendent parfaitement crédibles et qui nous accrochent à leur devenir. Il y a en effet quelque chose de l'ordre de la catastrophe imminente dans l'atmosphère qui se dégage à la lecture tant cette indolence forcée ne semble pouvoir mener que vers un précipice.

Une seule chose est à déplorer dans ce roman : une fin qui ne m'a pas semblé à la hauteur des enjeux : un peu précipitée, un peu évidente. Elle ne gâche pas toutes les qualités du récit, mais laisse un petit goût de déconvenue.
Cela ne m'empêche pas, cependant, de recommander chaudement la lecture de Rocky, dernier rivage, qui reste réussi sur bien des points.


Rocky, dernier rivage | Thomas Gunzig | Au Diable Vauvert

L'assassin habite au 21

En feuilletant les premières pages de cet ouvrage, trouvé en occasion, j'ai découvert que ce grand classique paru en 1939, adapté avec succès au cinéma par Henri-George Clouzot en 1942 et dont l'intrigue prend part au cœur de Londres a été écrit par un auteur belge, Stanislas-André Steeman. Auteur prolifique s'il en est, puisqu'il signe une quarantaine de romans policiers, dont une douzaine ont été adaptés au cinéma (citons Le dernier des six, L'ennemi sans visage ou Quai des orfèvres, entre autres).

En me plongeant dans cette lecture, sans doute également influencée par mes souvenirs de la collection mythique du Masque, c'est bien dans un très efficace “Whodunit” que je me suis retrouvée avec délectation.
Tout y est : de la mise en place de l'énigme à l'enquête semée de fausses pistes et de rebondissements, jusqu'aux révélations finales, aussi inattendues (enfin, je m'en doutais un peu tout de même) que théâtrales.
L'auteur lui-même insiste sur cet aspect des choses dans un aparté explicite dans lequel il invite les lecteurs à trouver la solution avant qu'elle ne soit donnée.

J'ai pris un plaisir fou à me lancer dans cette histoire réjouissante, qui m'a rappelé tant de joies de lecture de jeunesse, quand je dévorais ce type de roman, conseillée par ma grand-mère.
L'assassin habite au 21 ne vole pas sa réputation : sa construction est exemplaire, ses personnages sont percutants et le style d'écriture, très sûr et direct, en fait une lecture saisissante.

Un véritable refuge nostalgique, qui fait du bien.


L'assassin habite au 21 | Stanislas-André Steeman | Librairie des Champs Élysées