Balade au-dessus du lac
Maintenant que nous avons décidé de rester plusieurs jours dans cette enclave hollandaise, il est temps de profiter de la matinée en glandant sous une tente qui ne soit pas surchauffée, car nous avons dégotté une place à l'ombre, joie :
Aussi prévoyons-nous aujourd'hui une balade à plusieurs niveaux potentiels de difficulté (c'est-à-dire qu'on pourra faire demi-tour à tout moment, oui j'aime utiliser du langage pseudo-technique). Une fois de plus les applications de randonnée à la con ne sont d'aucune utilité et on distingue plusieurs sentiers sur OSM. Notre itinéraire se trouve également conforté par la consultation de la carte du parc qu'on a acheté au suvenir shop.
Une deuxième regard à la carte en question nous fait relativiser sa fiabilité car elle affiche au moins un chemin qui n'existe pas et effectivement, elle a été imprimée en... 1984. Orwell n'est jamais loin en ex-URSS. On notera avec délice les photos d'illustration à base de parking plein de Lada, ainsi que la carte de situation qui se réfère à une époque bénie où tout était plus simple quand la zone était unifiée sous l'autorité d'un leader bienveillant et charismatique, avant ce découpage en six pays que personne ne sait localiser avec précision.
Pour ma part j'admire la résilience des gestionnaires du site qui n'ont pas éprouvé le besoin de mettre à jour la chose, ainsi que la qualité de leurs stocks puisqu'il n'a même pas été nécessaire de la réimprimer. C'est beau la planification socialiste (ou alors personne n'en veut de cette @#! de carte car après tout elle n'a été produite qu'à 20 000 exemplaires, j'aurais dû acheter toutes celles du présentoir tellement c'est collector). Un petit passage à l'office du tourisme nous permet de confirmer l'aspect flou de l'accueil, et des indications vers les sentiers locaux, car nous n'obtenons que de vagues informations dont nous disposions déjà ainsi que le conseil de demander aux gens sur place plus d'éléments.
Bon. Merci les gars, c'est bien la peine d'être deux pour conseiller les touristes dans ce bâtiment flambant neuf.
Il a l'air tellement content d'accompagner ses parents en forêt. Ce doit être l'absence de bob qui le mine.
Nous partons donc avec ce faible bagage, direction le lac de nouveau pour monter au-dessus et voir encore la forêt. Ils disent que c'est une forêt primaire, mais les pancartes le long du précédent lac disaient la même chose et sur l'une d'entre elles, une carte (encore) en plaçait un peu partout (des forêts primaires) en Europe y compris en France alors je coinche ou bien nos définitions du terme divergent. En tout cas c'est une forêt sublime qui s'étale le long de pentes dans lesquelles il vaut mieux pas trébucher.
Lucien a été à son tour converti au port du bob, nous sommes donc 75% de la population Parpoil à profiter d'un couvre-chef de toute beauté et le lobbying auprès de Blaise, est quotidien.
Je mets encore des photos car j'ai peu de mots pour décrire l'endroit ; nous sommes sous le couvert et c'est tant mieux car dès qu'on le quitte la température augmente de 8 degrés. On monte jusqu'à la limite de la forêt et des alpages où l'on trouve de petites fermes, idéalement placées pour profiter toute l'année d'un panorama imprenable sur les montagnes alentours, ainsi probablement que d'un sain isolement pendant six mois d'hiver. Les gens sont ici occupés à ramasser du foin / de la paille au râteau pour former des buttes et j'imagine faire survivre leurs trois vaches jusqu'à l'année prochaine. Le sentier pourrait continuer de monter vers des cimes infinies mais nous choisissons de longer la limite arbres/prairie pour épargner nos muscles fatigués. Et c'est au moment de pique-niquer que l'orage se fait entendre.
J'ai toujours entendu que l'orage en montagne, est une chose dangereuse qu'il vaut mieux éviter alors le stress monte, dieu merci il se contente de tonner sans se transformer en pluie battante. Les éclairs ont l'air d'être loin de nous et nous terminons la promenade en restant au sec (il faut dire que nous n'avons pas vraiment fait demi-tour, non non loin de nous cette idée, nous avons procédé à un ajustement stratégique permettant de réduire la durée initialement prévue du chemin). C'est une expérience étrange de marcher sous un tonnerre ininterrompu et la menace de l'orage. Ceci dit, vu les températures débiles qu'il fit dès le matin, pas étonnant qu'il y ait de gros différentiels de pression au-dessus de nos têtes.