Mrtvica river

C'est décidé les aventuriers que nous sommes avons décidé de rouler un peu plus loin pour aller marcher dans yet another canyon (le long de la Mrtvica river). Nous avons même solennellement décidé de partir tôt pour éviter l'orage, contrairement à hier.

l'eau

Regardez-moi comme l'eau est transparente c'est fou je ne m'en lasse pas.

Forts de cette résolution impitoyable nous réussissons donc à démarrer les mobylettes vers 11h après avoir prolongé notre séjour local d'une journée, envoûtés que nous sommes par le charme caché de la Hollande ; c'est parti pour le village de Medurijecje, je vous regarde tenter de le prononcer, ça doit mieux marcher avec la bouche pleine de gravier.

On part vers le sud de la zone, traversant des montagnes majestueuses sur des routes accrochées à flanc de montagne (semblent-ils construites par les chinois auxquels les gouvernements locaux ont vendu le pays, qui font disparaitre du même coup tout la biodiversité des endroits qu'ils touchent). Ce faisant, on perd 600 mètres et on gagne 6°, je ne sais pas si c'était le mouvement le plus malin de la semaine.

On se gare à proximité d'un... village ? d'après la carte oui mais bon je ne m'étendrai plus sur ces petits hiatus qui sont désormais notre quotidien et on commence la balade avec la perspective enchanteresse de marcher le long d'une rivière et donc de subir un dénivelé proche de 0.

Nous sommes quasiment seuls le long de paysages magnifiques et grandioses qui donnent immédiatement envie de se baigner, et ce d'autant plus que le taux d'humidité avoisine les 97%, nous ruisselons littéralement de sueur.

plage

Malheureusement pour nos jambes et nos envies de baignade, nous sommes toujours en montagne, cette fois-ci dans un “vrai” canyon et le sentier grimpe au-dessus de la rivière c'est très frustrant. Finalement nous aurons de nouveau plusieurs centaines de mètres de dénivelé dans les pattes ce soir grr. Sans compter que la rivière elle-même subit un dénivelé conséquent. Sur le chemin, voici un nouveau type de fermette isolée, non plus en haut d'un alpage, mais au fond d'un gouffre, ils ont de l'imagination en matière de topographie ces monténégrins.

Au passage nous avons quelques très jolies vues sur la rivière, pas question de faire du rafting ni quoi que ce soit d'autre d'ailleurs dedans :

riviere

On arrive à l'une des attractions de la visite, la porte des souhaits (ne me demandez pas), joli point du vue sur une piscine naturelle :

la porte

ENFIN nous sommes au niveau de la rivière on en profite pour enlever nos frusques trempées et pique-niquer au bord de l'eau, visez-moi cet endroit magnifique ! On tente même la baignade... en fait ce sera un aller-retour express dans et surtout en-dehors de l'eau vu qu'elle doit être à 10°. J'en connais qui s'ébattraient ici avec bonheur des heures durant (coucou Iluna, Pierre, Gaston et Zéphyre) mais ce n'est pas notre cas.

piscine

La photo est trompeuse je pense que nous sommes dominés par 800 mètres de paroi verticale.

La végétation me donne raison quand au taux d'humidité c'est la première fois que je vois autant de mousse au même endroit je m'attends à voir les arbres bouger et me parler tels les Ents de Tolkien.

mousse

Après avoir béni de nouveau le boulanger qui livre quotidiennement le camping car son pain est délicieux (pour une fois), englouti nos œufs durs et un concombre (heu, et aussi du jambon et de la mayonnaise), on continue la balade et faisons demi-tour au moment désormais rituel où le tonnerre nous gronde dessus, c'est-à-dire vers 15h. À partir du moment où ça gronde, ça ne s'arrête plus c'est un vrai festival et cette fois nous sommes au fond du vallon avec le sentiment que toute la montagne va nous tomber sur la tronche.

Notre expérience d'hier nous a appris que tonnerre et éclairs ne riment pas nécessairement avec pluie nous sommes confiants et puis bien sûr il pleut, bref on se met à l'abri je vous passe les détails on revient au parking relativement secs (enfin, pas plus mouillés que si on avait juste transpiré) et c'est là que la péripétie suivante nous attend :

voiture

Bon ça fait bien chier évidemment, dans notre malheur nous avons la chance de n'être pas seuls puisque nos voisines de parking sont dans le même cas, sauf qu'elles se sont fait tirer leur sac et sont désormais métaphoriquement à poil, c'est-à-dire qu'elles n'ont plus comme vêtements que leur mini-short et leur débardeur de promenade, et même plus de passeport. Ce sont elles qui via le loueur, contactent les flics pour qu'ils viennent constater la chose. Notre malheur à nous, c'est d'avoir perdu une fenêtre et de nous être fait piquer les trucs faciles à emporter, à savoir : mon sac à dos (vide sauf le canif de Lucien), la trousse contenant les câbles qui permettent de brancher divers appareils (et par exemple celui qui permet de récupérer 20 ans après dans mon téléphone, drame en perspective), la trousse de toilette de Valérie, la trousse de toilette de Blaise, hm je crois que c'est tout. C'est horriblement rageant de se faire péter une fenêtre pour voler quasiment rien et en même temps ç'aurait quand même été pire de voir disparaitre les liseuses, l'ordi sur lequel je suis en train d'écrire, l'appareil photo, les jumelles bref, les milliers d'euros potentiels facilement accessibles dans la voiture, c'est à dire posés sur la plage avant ou arrière. Ces voleurs sont particulièrement mauvais.

Nous attendons sagement l'arrivée de la police, en profitant de la canicule et en partageant impressions et biscuits avec nos voisines d'infortune qui sont allemandes et qui se font comme nous bouffer par les moustiques.

C'est rarement qu'on est content de voir débarquer les flics et bien cette fois c'est le cas (je note ce jour d'une pierre, heu, blanche) d'autant que nous sommes de nouveau plongés dans un univers parallèle, ils sont taillés sur le même modèle que les gus de l'autre jour sur la rivière : rasés avec des muscles qui débordent du teeshirt, en civil avec flingue qui dépasse, mais sobres et très gentils (et munis d'anti-moustique comme nous). On baragouine chacun un peu d'anglais, ils appellent un de leur pote qui parle français (ça va plus vite), on rédige sur le capot de la voiture un procès-verbal dont j'aurais aimé conserver l'original :

pv

Au passage la police scientifique fait son travail, c'est-à-dire qu'un de nos interlocuteurs enfile des gants en latex pour prendre des photos et oui ici aussi on regarde des séries policières j'ai l'impression (l'espace d'un instant de vertige je me demande s'il ne va pas relever les empreintes mais non quand même pas), tandis que l'autre fait le tour du parking pour vérifier si nos habiles voleurs ne se seraient pas débarrassés de tout leur larcin (vu qu'ils n'ont volé que du linge sale, des câbles usb et du matériel d'orthodontie) à proximité (réponse : non j'avais déjà eu le temps de vérifier en les attendant).

Emportés par leur devoir, ils font le service après-vente auprès des allemandes en nettoyant puis en scotchant la fenêtre pétée (car je ne me déplace jamais sans un rouleau de gaffeur), ce qui donne l'occasion d'immortaliser l'instant :

flic

Scotcher ma propre fenêtre consommerait plus de bande que je n'en dispose et ce ne serait pas très pratique, nous voici condamnés à rouler la fenêtre ouverte, pas de bol après avoir cuit à l'étouffée il commence à faire presque froid sur le chemin du retour (on apprendra tout à l'heure que cet orage s'est traduit par des averses de grêle un peu plus loin “like ice cubes”).

Tout ceci a pris un certain temps, il est temps de retourner à Kolasin d'où ils viennent pour récupérer des papiers officiels en papier tamponné et photocopié, on se met en route et j'aurais préféré qu'ils nous attendent car sur le chemin nous croisons une bagnole contenant des types qui nous regardent de travers avant de rouler devant nous en tirant au pistolet par la fenêtre mais où diable sommes-nous tombés (en prévision du pire Valérie prend la plaque en photo malheureusement de manière trop discrète on n'en voit que la moitié, notre reconversion en détectives privés n'est pas pour demain). Heureusement la route principale est toute proche ça devient presque normal, enfin je dis normal sur cette route on dépasse un 35 tonnes arrêté pour que le chauffeur remplisse sa gourde à une source dans le bas-côté et un peu plus loin encore une bagnole salement accidentée j'ai hâte de revenir à la... civilisation ? heureusement la prose d'Alexandre Dumas nous berce sur le chemin.

Enfin nous voici revenus à Kolasin ; notre ami au crâne ras a dit “five minutes at police station” et nous l'avons naïvement cru haha nous voici dans un bâtiment qui tombe en ruine, le bureau du planton qui ne parle pas un mot d'anglais et nous invite à nous asseoir dans un canapé déglingué pendant qu'il tape des trucs à deux doigts pourrait servir de décor à un sketch des années 90. L'endroit est totalement désert, les installations électriques se sont empilées avec le temps je distingue pas moins de 4 goulottes électriques autour du chambranle, on pourrait vendre aux enchères le disjoncteur principal, on distingue vaguement une pièce avec un réchaud a alcool, les toilettes sont condamnées et les autres canapés sont encore plus défoncés que celui qui essaie présentement de m'avaler. On attend pas loin d'une heure sans rien comprendre aux discussions dans une ambiance de fin du monde, en plus il fait nuit maintenant et je regarde avec un air bovin le retour des caméras de surveillance sur l'écran en face de moi, notamment celles des cellules en me disant que je n'aimerais vraiment pas me retrouver ici contre mon gré.

Bref, après quelques fous rires nerveux (surtout de la part des deux allemandes qui en plus devront ensuite se farcir 3h de route pour retourner à leur hôtel et macérer toute la nuit dans leurs fringues avant d'espérer en racheter, je ne sais pas où car nous n'avons croisé aucun magasin de fringues jusqu'ici), nous sortons, munis de papiers dûment tamponnés, ouf.

#ete2024 #montenegro