Dégooglification

Se passer des GAFAM, une utopie à l'heure du capitalisme de surveillance / techno-féodalisme (par exemple j'ai beau en être sorti, Google lit tous les mails que j'envoie à mes nombreux correspondants qui y sont restés, et même avec une empreinte réduite au minimum je sais que mon activité numérique alimente un profil utilisé par des brokers...). J'ai tout de même un vieux réflexe de sortie, qui doit être celui du poisson ouvrant ses ouïes sur la grève.

Motivation

Un des principaux déclencheurs pour tenter de me sortir des ces merdes a été de constater à quel point l'expérience du web moderne est une agression.
Et partant de là de me documenter un minimum.
Comment font-ils, ces utilisateurs qui par millions n'utilisent pas de bloqueurs ? Qui acceptent les cookies par défaut ? qui savent que Google lit leurs mails pour leur envoyer de la publicité ? qui en guise de résultats de recherche n'obtiennent que des liens sponsorisés ? qui dans leurs flux sociaux voient passer et repasser sans cesse les mêmes informations ? Qui savent les discussions de whatsapp et les mails de Google servent pour entraîner des IA ? qui donnent tous leurs contenus à ces gestionnaires de plateformes ? et je ne parle même pas des réseaux sociaux, d'autres le font mieux que moi.

Ça me dépasse (évidemment que je comprends les mécanismes sociaux, ainsi que l'illectronisme hein je suis pas complètement bouché. Mais je vois teeellement d'usagers ne pas se poser de question, et se jeter avec l'inconscience du converti dans les bras des multinationales) de croiser tous ces gens au quotidien même au sein de collectifs militants et dans le milieu de l'informatique professionnelle.
En tous cas le jour où je me retrouve dans la situation de subir de la publicité en continu je jette tout internet aux orties illico.

En ce qui me concerne, la dynamique opensource représente un intérêt de longue date et j'ai toujours été curieux de la chose informatique ; le développement reste à mes yeux de la sorcellerie, c'est une forme de la troisième loi de Clarke :). Qui dit opensource dit discours critique sur les technologies et leurs usages et mine de rien j'ai beaucoup lu sur le sujet au fil des années. Lu sur les internets évidemment, mais j'avoue avoir aussi acheté des essais récemment sur le sujet. Bon ce n'est pas toujours d'un accès aisé : par exemple, Soshana Zuboff, dont l'âge du capitalisme de surveillance fait mille pages de trop c'est insupportable ces auteurs qui ne cessent d'écrire qu'il vont démontrer leur thèse un peu plus loin en l'entourant de verbiage (malgré un fond drôlement intéressant, dommage). Par contre le bouquin de Tristan Nitot lui, est court et percutant. Aux sources de l'utopie numérique est bien mais je n'ai pas réussi à la terminer, tandis que j'ai dévoré le livre d'Olivier Alexandre avec son approche sociologique qui explique bien des choses.
Tout ceci structure une pensée et une envie de rester dans l'illusion de l'autonomie, c'est ma forme de petit combat personnel.

J'ai également un combat professionnel pour lequel je remercie énormément mon employeur, car il consiste à démontrer au quotidien et par la pratique que les outils opensource sont plus efficaces, fonctionnent au quotidien et amènent des changements de pratique qui s'apparentent à des changements sociétaux. Vaste programme mais bon ça marche hein, avec notamment le résultat que mes environnements informatiques pro et perso sont débarrassés d'outils de surveillance de masse et de logiciels privateurs depuis un moment maintenant.

Mobilité

J'ai donc récemment entrepris de m'attaquer à mon environnement mobile qui était un point de friction du quotidien.
Psychologiquement / éthiquement lorsque je me servais de mon vieil Android. Puis j'ai changé de terminal (pour suivre l'évolution des technos et parce que je ne pouvais plus installer ce que je voulais) et me suis retrouvé avec un outil :

Et d'ailleurs c'était une véritable découverte car depuis plusieurs années je ne prends plus de photos, après avoir été un photographe amateur compulsif. Avec ce téléphone j'ai redécouvert la liberté et le plaisir de la photo sans contrainte.

Plutôt positif donc ? en fait non, le volume de la chose était quand même vraiment trop gênant (et ça me gonflait d'utiliser un ordinateur mille fois plus puissant que ceux utilisés pour envoyer des humains sur la Lune, et faire rien avec) alors j'ai décidé de revenir à un modèle obsolète (au regard des critères normaux de sélection d'un téléphone) et de détoxifier ma pratique. Et d'en profiter pour basculer Free & Open Source Software (FOSS). C'est une expérimentation.

Avantage 1 j'ai racheté le modèle dont je disposais avant, il m'a coûté 30 €. Avantage 2 on s'habitue vite ; c'était tout bizarre de retrouver un téléphone utilisable à une main et qui rentre dans la poche mais ça y est je suis ré-habitué dans l'autre sens
Avantage 3 j'ai retrouvé une prise jack afin d'écouter de la musique avec un casque ou une chaîne hifi.

après avoir installé f-droid et Aurora, j'ai désactivé tous les services Google.

Pour la petite histoire, j'ai auparavant tenté d'installer un OS open source mais ce faisant j'ai pété le terminal car ces trucs sont trop peu normalisés pour permettre un accès aussi facile aux fonctions bas niveaux (comme c'est le cas par exemple dans certains ordinateurs, je dis certains car dans la même veine je n'avais pas réussi à installer Linux sur mon vieux MacOS). Donc j'ai dû racheter un terminal, en vrai il m'aura donc coûté 60 €.

Et donc maintenant j'utilise moins d'outils, parce que c'est vrai qu'il est moins performant (c'est la raison pour laquelle j'avais changé, nous sommes pétris de contradictions). D'ailleurs certains logiciels ne veulent même pas s'installer. J'ai le minimum vital avec :

Échec

Aurora permet d'installer des applis du Play Store sans avoir de compte et donc sans être tracé, ce qui est un plus. Revers de la médaille j'utilise encore des outils proprio hélas :

Autre échec et de taille celui-ci : l'appareil photo.
Bon en vrai c'est indépendant de l'aspect open source de la démarche, mais si quelque chose me fait acheter un nouveau terminal ce sera ça, j'ai reperdu le plaisir de photographier je tourne en rond ça m'énerve.

Prochaine étape

Je compte bien sortir de Fastmail, qui m'a permis simplement de basculer hors de Google pour une somme raisonnable (~100 € / an), mais qui coûte trop cher pour embarquer la famille avec moi.
Heureusement je suis entouré de geeks et comme Oslandia a basculé chez Galae, je compte faire pareil rapidement. Je pourrai alors héberger autant de boites que nécessaire sur des domaines personnels (par exemple et au hasard pour les enfants). Je n'ai jamais franchi le pas de l'auto-hébergement, pourtant ce serait pas mal par exemple pour le présent texte... mes compétences techniques sont trop faibles (gérer les flux et le routage des ports de ma box, quelle angoisse), j'ai pas envie de risquer une intrusion, bref je lorgne régulièrement sur yunohost sans passer le pas.