En face
on débarque à Split (qui s'écrit Splt sur les pancartes, c'est marrant. C'est en #Croatie), qui fut autrefois un comptoir vénitien, comme d'ailleurs toutes les villes de cette côte jusqu'en Grèce. La preuve, une grande place rectangulaire donne sur le port avec un palais et un campanile carré.
Les choses ont bien changé depuis l'époque des doges et le campanile est désormais fort petit, environné qu'il est d'immeubles (de... bureaux ?) et d'une grande marina avec des ziggourats.
On le voit aussi petit (le campanile) depuis le ferry qui est pourtant loin d'être le plus grand du coin mais qui le domine quand même. Tout ceci donne peu envie de traîner dans le coin alors on file prendre l'autoroute. Les paysages ressemblent à la campagne autour d'Aix-en-provence, avec moins d'infrastructure, moins de maison et plus de mosquées. L'autoroute neuve est quasi déserte, en tout cas jusqu'à ce qu'on rejoigne la route côtière, conforme à nos souvenirs d'il y a 20 ans : embouteillée. On distingue rapidement Dubrovnik en passant au-dessus, et en prenant grand soin de ne pas nous arrêter (je fais encore des cauchemars de groupes emmenés par des guides à drapeaux).
La côte a bien été démolie par les bétonneurs qui, nous le constaterons le lendemain, ont officié sur des centaines de kilomètres, au moins jusqu'en Albanie et je suppose jusqu'en Grèce.
En tout cas pour le moment, celle qui ne sommeille pas conduit et les enfants s'ennuient car nous sommes arrivés à la fin de la diffusion par Radio France des épisodes du Comte de Monte-Cristo : nous voici condamnés à attendre vendredi prochain pour écouter deux malheureux épisodes de plus ! Qu'est ce qui peut bien justifier de faire une chose pareille, c'est du vice sachant que l'enregistrement date des années 70 ou 80. Bref, il nous reste 6 épisodes à attendre et nous sommes sur des charbons ardents pendant que Maximilien Morel (alias Pierre Arditi) se consume d'amour pour la fille de l'ignoble procureur Villefort et que la vengeance du Comte se déroule conformément au Plan. On fait écouter 57 rue de Varenne aux enfants, la fiction supporte bien une deuxième écoute (spoiler, les deux ou trois premières saisons surtout, ensuite c'est moins bien) mais Lucien n'accroche pas ; les dialogues sont pourtant savoureux. Si je pensais que ça sert à quelque chose j'écrirais une lettre d'insulte aux gestionnaires des podcast de Radio France (ainsi au passage qu'aux concepteurs de l'application mobile), puis je me rappelle qu'ils ont assez de souci à se faire en ce moment vu qu'ils seront tous remplacés dans 18 mois par une IA et des technocrates aux ordres de Jordan.
Donc, pendant qu'on essaie tant bien que mal de meubler le trajet (la grande traversée sur Al Capone n'emporte pas l'unanimité non plus, aidez-nous par pitié), on arrive à 30 km de notre pause déjeuner et c'est le moment de passer la frontière du #Montenegro.
Un passage de frontière ! Une vraie frontière physique avec des postes de douane séparés de 500m ! Avec des moustachus en képi échappés de la Bordurie ! C'est carrément le frisson de l'aventure qui nous saisit. En réalité ce qui nous saisit c'est la chaleur car la bagatelle d'une heure est nécessaire pour parcourir le trajet séparant les deux barrières, sous 35°. Et finalement nous sommes bien récompensés, car contrairement à la dernière fois qu'on est sorti de l'UE, nos passeports héritent d'un coup de tampon. Notre qualité de baroudeurs internationaux ainsi reconnue (par un tampon vraiment nul, ya même pas un aigle à deux têtes), on file jusqu'à Herceg Novi (ai-je besoin de préciser que ce fut un comptoir vénitien ?) où l'on peut par exemple admirer la juxtaposition de ces balcons brutalistes avec un fortin moyenâgeux :
Puis nous nous jetons sur du poulpe grillé face à la mer avant d'aller nous balader dans les ruelles et les escaliers. Ça y est les églises sont byzantines : une dose d'exotisme supplémentaire.
Bon par contre je ne sais toujours pas que penser de l'image qu'ont les locaux des touristes au vu de ce pictogramme sur la carte de la ville, est-ce positif, négatif, du second degré, du foutage de gueule ? Ou bien tout simplement je n'ai pas le bon attirail :
C'est vraiment trop mignon, ya pas à dire ces italiens savaient y faire en matière de ville, même à l'étranger.
Comme la plage du centre est privée (je note que l'influence italienne ne s'arrête pas qu'aux bonnes choses, elle est aussi valable pour les trucs nazes), on parcourt quelques centaines de mètres en voiture pour trouver 1. une place à l'ombre 2. un accès à la mer.
Au passage pendant que je me gare la voiture s'arrête toute seule de nouveau (ceux qui savent, se souviendront qu'elle nous a déjà fait le coup une fois) et je m'imagine déjà en train d'essayer d'expliquer le problème à un garagiste monténégrin, puis j'éteins mon imagination car elle redémarre.
Et après ce petit repos, on pousse jusqu'au camping du jour qui s'avère n'être pas terrible, mais c'est pas grave car on arrive tard et on repart tôt. Entre-temps, passage au supermarché local.
Les supermarchés, ou les magasins de manière générale, font partie de mes expériences préférées à l'étranger. C'est là qu'on constate le mieux les différences de cultures et de modes de vie. Et on découvre infailliblement des trucs rigolos, étonnants, bizarres. Par exemple en Angleterre on peut acheter de la moutarde sucrée et des McVities (j'aime les deux), ou bien en Suède se rendre compte, hébété, que les sauces occupent plus de place que tout le reste.
Premier point, c'est un joli bâtiment dont on a conservé la structure.
Nous pouvons donc constater que le rayon des gâteaux fait 100 m de long et qu'il est à égalité avec le rayon des chips. Après avoir marché pendant looongtemps, on trouve un présentoir à légumes grand comme notre table de camping, à côté d'un stand de charcuteries dont la couleur seule file le cancer du colon.
C'est vraiment trop marrant. Sauf que nous repartons sans légume, mais bon il nous reste quelques tomates. Des vraies tomates, du coup c'est pas nécessaire d'acheter du ketchup mais si on avait voulu c'était possible :