Grădiștea Muncelului-Cioclovina

J'avoue j'ai copié-collé le nom pour donner un titre à ce billet d'ailleurs je n'avais toujours pas compris comment se prononce ă et en vérifiant à l'occasion de cette rédaction je me rends compte que l'alphabet roumain comporte 31 lettres, la vie est pleine de surprises ; subséquemment ă se prononce “a comme dans about”, c'est-à-dire pour des français à mi-chemin entre a et o. C'est pas facile le roumain je n'ai intégré que trois mots : bonjour (bona sera c'est simple on dirait à de l'italien), merci (multumesc, qui ne ressemble à rien de connu) et bere parce que c'est presque comme bière mais en fait je ne m'en suis jamais servi vu que ma première phrase après “bonjour” est quasiment toujours “do you speak english ?” (et fort heureusement jusqu'ici la réponse est oui).

Le parc donc, est une tentative de notre part de trouver des pentes à moins de 20% pour aller se balader, mission qui ne sera couronnée que d'un succès très relatif comme je le raconte un peu plus bas.

On commence par rouler dans la plaine ce qui me convient plutôt vu le bruit de casserole que produit la voiture et que j'ai déjà mentionné mais qui s'agrave jour après jour, avant de nous enfoncer de nouveau dans une petite vallée dont on n'aurait pas imaginé l'existence il y a cinq minutes et par la vertu de la forêt de perdre encore pleins de degrés sans monter tant que ça.

Le centre d'information du parc étant fermé le jeudi (pourquoi pas, sauf qu'il s'avérera aussi fermé les jours d'ouverture) on continue notre chemin jusqu'à nous arrêter dans un camping où nous ne sommes pas seuls mais seuls étrangers, idéalement placé au bord d'une mignonne petite rivière, hélas maronnasse à cause des pluies de ces derniers jours mais quand même.

camping

On a la flemme de faire des barbecues malgré l'équipement superbe dont nous pourrions bénéficier car on se réserve pour notre séjour en dur après-demain, nos voisins n'ont pas nos scrupules évidemment, on les regarde écumer le sous-bois en trainant des morceaux d'arbres et magie ils font des frites au barbecue ! ils sont géniaux. Malheureusement pour nous le vent souffle dans notre direction mais cela ne dure pas et malheureusement pour eux ils sont en surcharge pondérale ce qui a peut-être un lien avec leur régime alimentaire en tout cas je suis admiratif de cette invention culinaire de camping (qui nécessite, certes, de transporter une marmite en fonte, exactement semblable à celles des sorcières dans les disney, et pas mal d'huile). Nous passons de nouveau un séjour merveilleux au camping avec des températures idéales qui font qu'on dort bien mais que la motivation nous manque pour décaniller rapidement le matin.

On profite de la soirée pour se boire de la bière Ursus et par une association d'idée bien naturelle, nous renseigner sur ces histoires d'ours : figurez-vous qu'en effet les roumains estiment leur population d'ours entre 6 et 8000 individus (même si ces estimations m'ont l'air de remonter aux années 90, ils en abattent 400 par an) !! c'est incroyable je ne pensais pas qu'on en trouvait encore autant sur le continent. Par contraste ils me font marrer les bergers industriels des Pyrénées haha.

Bon, revers de la médaille, la compétition pour la nourriture devient rude car la Roumanie est aussi le principal exportateur européen de produits de la forêt genre baies et champignons (et troncs) du coup les ours n'ont plus rien à becqueter, en même temps on les attire avec de la malbouffe pour les montrer aux touristes donc ils s'habituent à venir fouiller les poubelles et cerise sur le gâteau ils n'hibernent plus grâce au chaos climatique, conclusion le nombre d'accidents ne cesse d'augmenter c'est la merde. Parmi les accidents il y a carrément des attaques (plusieurs par an depuis des années) avec des gens qui se font boulotter par des animaux de 300 kg pourtant c'est une population qui a l'habitude des ours, il y a peu on en voyait manifestement partout en guise d'attractions, en cage à l'entrée des restaurants, en cage dans les hôtels etc. Pour l'instant nous sommes protégés car seulement au début de la chaine de montagnes, mais notre prochaine étape, Brasov, est au cœur des Carpates et proche des derniers lieux d'attaque.

Nous ne savons pas bien que penser de tout ceci, je me rassure en me disant que notre rythme de randonnée ne risque pas de nous aventurer loin en montagne mais quand même. Sur ces pensées hyper positives, on joue à la coinche puis on s'endort.

Le lendemain, direction le point d'orgue du parc, un site archéologique Dace, si vous ignorez qui sont les Daces je vous invite à vous renseigner vous verrez que personne n'en sait grand-chose si ce n'est qu'ils ont été exterminés par Trajan (principalement) en l'an 100, notamment parce qu'ils étaient assis sur des mines d'or et frappaient leur propre monnaie, ce qui ne se fait pas nous sommes d'accord.

(Au passage, la route est étroite du coup il y a des petits dégagements afin de pouvoir se doubler, figurez-vous que chacun d'entre eux est annoncé par cette pancarte qui annonce littéralement “ici tu peux tomber en panne” j'adore c'est hyper précis)

panne

En bons conquérants les romains ont tout démoli et utilisé les pierres pour reconstruire leurs propres forteresses et temples un peu plus loin donc il ne reste de Gradistea que des ruines encore plus mal conservées que les ruines romaines habituelles et le dédain que j'ai déjà remarqué de la part des Roumains pour les cartels explicatifs, frappe ici aussi avec l'excuse de n'avoir rien à raconter. Sauf pour prévenir de la possibilité de rencontrer des animaux dangereux :

vipere

On visite donc, en compagnie d'un peu de monde quand même (la route nous a pourtant semblé déserte en venant), on peut regarder les archéologues en pleine action, notamment en train de remonter les murs de la forteresse remplis de terre car la technologie romaine n'était pas encore arrivée jusqu'en Dacie :

murs

On peut aussi admirer les temples (dédiés à des dieux inconnus puisqu'on ne sait rien de ce peuple, merci Trajan) auxquels les conservateurs ont eu la bonne idée d'ajouter une petite touche de néo-modernisme qui n'a rien à voir avec les reconstitutions proposées sur les rares cartels :

temple

Et on peut aussi constater que le travail d'archéologue n'est pas de tout repos et comporte sa part de danger par exemple à titre personnel je refuserais de rester trop longtemps à proximité de cet échafaudage dont la légitimité me semble sujette à caution :

échafaudage

Si j'ai identifié quelques petits sentiers qui permettent de saines promenades sylvestres, le dénivelé reste trop important pour vaincre l'apathie des troupes d'autant plus qu'il est 13h alors en experts du pivot que nous sommes devenus, nous décidons de déjeuner tranquilou au bord de la rivière (toujours la même si vous suivez) avant d'aller à Sebes faire une tentative au garage oui car ce bruit sous la voiture commence à m'obséder. En plus Sebes n'est pas loin de de notre prochaine destination où nous attend une maison en dur que Valérie a réquisitionné via HomeExchange du coup si jamais le véhicule devait être immobilisé nous aurions tout de même un toit : notre prévoyance est quasiment légendaire.

déjeuner

Hop de nouveau 1h 30 de route, pour arriver à 16h30 dans une concession mercedes où des gens charmants nous apprennent qu'arriver à l'heure de la fermeture pour faire travailler un mécano, c'est pas malin d'ailleurs les mécanos en question sont en train de laver le garage à grande eau j'ai rarement vu un atelier de mécanique aussi propre. Bien obligés nous prenons rendez-vous pour... mercredi prochain hmpf ça fait loin j'espère qu'on va réussir à rouler jusque là enfin c'est mieux que rien nous voici rassérénés.

Rassérénés mais plantés dans la cambrousse à côté de Sebes qui n'a aucun intérêt à part un environnement industriel et une gigantesque zone d'accueil de bois il y a là un nombre de troncs absolument considérable, de quoi alimenter IKEA tout entier pendant... ma foi pendant peut-être ½ journée en tout cas ça donne l'impression que tous les camions de transport de troncs qu'on croise depuis une semaine viennent ici c'est profondément déprimant.

Sur le chemin de notre halte du jour on passe dans des bleds qui méritent à peine d'être mentionnés sur la carte et pourtant très sympas : pas une bâtisse dépasse un niveau, les façades sont chacune peinte d'une couleur différente, des buissons roulent au milieu de la route et on distingue les montagnes au loin c'est hyper paisible. Tellement paisible que les autorités ont décidé de faciliter la vie aux cigognes en installant des paniers en haut des poteaux pour leur simplifier la confection de nids :

nids

On se pose dans un camping nul mais c'est le seul à 50km à la ronde et il s'avère que c'est aussi manifestement un élevage de moustiques on dort horriblement mal et dans nos périodes de non-sommeil réussisons à écraser peut-être 30 moustiques dans la nuit (je précise que ce chiffre n'est pas une exagération sortie de mon esprit malade mais bien un chiffre prononcé par Valérie elle-même il doit être véridique).

Bref on s'enfuit le lendemain pour aller en ville.

#roumanie #ete2024