Kolasin
Le lendemain on profite de nouveau de la rivière Tara, toujours aussi froide, franchement c'est impossible de rester plus de 3 minutes dedans malgré la température infernale qu'il fait au soleil. Mais l'eau est de toute beauté, nous sommes seuls au monde (car oui ensuite ce sera de nouveau un défilé de barques en plastique emplies de gens portant des casques et des gilets). C'est tellement beau que les mots me manquent, je mets des photos à la place.
Après avoir bien glandé au bord de l'eau, on prend la route pour l'autre parc qui est sur notre liste. Vu qu'il fait 42° en plaine, il est lui aussi dans les montagnes et figurez-vous qu'il est traversé par la même rivière, qu'on remonte vers sa source. En temps normal on devrait ne rouler qu'une heure, mais la route est coupée, il faut faire un détour, le gps dit 2h c'est pas grave.
Nous voici de nouveau sur une route panoramique (la numéro 3 cette fois), beaucoup plus longtemps que prévu car en fait nous roulons 4h sans manger autre chose que des biscuits car nous sommes dimanche et si on croise un ou deux cafés, on ne voit pas de restaurant, et aucun petit endroit herbeux sur le bord de la route où l'on pourrait s'installer pour déjeuner quelle angoisse. Nous tenons grâce aux péripéties de Vingt ans après et aux facéties de monsieur de Beaufort qui est encore à ce stade enfermé au fort de Vincennes.
Par contre on traverse tout le pays, c'est assez intéressant et on voit enfin des zones agricoles, mécanisées comme en 1950 en France, un vrai voyage dans le temps. D'ailleurs ils font encore des buttes de foin à la main. Notre détour est tellement conséquent qu'on passe par Pljevlja, troisième ville du pays où se trouve semble-t-il une mosquée qui vaut le coup. L'endroit est totalement défiguré par une centrale électrique géante, assortie de décharges gigantesques et d'une mine à ciel ouvert qui se trouve littéralement en ville. On passe à travers le centre ville, c'est horriblement déprimant on se croirait dans un documentaire et je m'attends à voir surgir des enfants recouverts de charbon de ces masures affublées d'immeubles affreux en béton déglingué. La mosquée a l'air de valoir le coup, plus en tout cas que les cinq autres qu'on croise, mais pas au point de souhaiter s'arrêter de peur que ce soit l'endroit choisi par la voiture pour cesser de fonctionner.
Par contre la cheminée était un bon endroit pour accrocher ce drapeau de 30 m de long :
Pardon pour le rétroviseur, c'est pas si facile de photographier en conduisant : je n'avais vraiment aucune envie de m'arrêter.
Bref on s'enfuit littéralement de cet endroit sordide pour rouler, rouler vers le sud et un parc naturel. Kolasin est un soulagement c'est un mignon petit village qui est au centre d'une zone skiable l'hiver. La mairie vaut le détour : encore un bel exemple de brutalisme réussi.
Par contre nous n'avons toujours pas déjeuné c'est le moment de prendre le rythme monténégrin, nous n'avons plus aucun filtre et sommes prêts à nous attabler à 17h. Heureusement un restaurant dont les tables sont disséminées dans un jardin donnant sur la rivière, nous tend les bras et nous titubons de fatigue jusqu'à une table avant de commander de bons plats d'été, par exemple de l'aligot avec des saucisses.
Petit aparté gastronomique
Il faut bien dire que jusqu'ici nous n'avons pas été époustouflés par la qualité de la nourriture. Évidemment tout semble plat en quittant l'Italie mais quand même. Nous avons essayé une fois des grillades pas terribles et j'ai déjà parlé de ce qu'on trouve dans les supermarchés (je ne donne pas cher de notre peau si nous devons survivre avec des biscuits et du saucisson).
Là, le restaurant est bien noté, on se jette sur la carte. L'aligot local (cakamac) est délicieux, ce doit être la seule manière potable d'assaisonner leur fromage, ils y mettent aussi de la polenta je me note d'essayer de nouveau. Les légumes grillés sont une tuerie, en plus les monténégrins ont le bon goût de manger pleins de poivrons. D'ailleurs un des condiments nationaux est ajvar, une purée de poivrons qu'on peut consommer tout seul ou bien en accompagnement de n'importe quoi. Contre toute attente le poulet pané est délicieux, alors que Cevapi un genre de saucisse de viande hachée, a toujours l'air meilleur en photo qu'en vrai. Mais ça passe crème avec Cakamac (l'aligot, là).
Ici une photo plus flatteuse de Lucien alors qu'il s'était déguisé en moi, pour me faire pardonner la précédente
On pensait repartir avec un doggy bag (les gens repartent avec de la nourriture dans tous les restaurants où l'on s'est arrêté) vu la taille des portions mais en fait on engloutit la totale, hop on aura déjeuné et dîné dans la foulée.