Ostrog
Décidément notre séjour au #montenegro n'est pas placé sous le signe du sommeil reposant, aujourd'hui le voisin a décidé de tondre un hectare de pelouse muni d'une débroussailleuse. À 30 mètres de nous. À 6h30. Je le comprends hein, il va faire vraiment très chaud tout à l'heure mais bon. En ce qui nous concerne on prend notre temps car nous avons décidé de passer la journée ici à glander, laver du linge, faire la sieste, se baigner dans la rivière et dans la piscine.
Et visiter l'attraction du coin, le monastère d'Ostrog que ces cons de moines ont installé en haut d'une des parois de la vallée. En matière de monastères inaccessibles, on en a vu de belles dans les Météores l'année dernière, ici c'est du même tonneau, jugez-en :
Nous somme installés au pied, ça devrait être rapide et bien non, nous aurons besoin de 25 minutes pour parcourir les 9 km de trajet, en empruntant une route encore plus étroite que la veille (le dieu du monastère nous protège puisque nous ne croisons personne). Au passage, il y a une gare sur une ligne où passe, autant que je puisse en juger par le bruit, un train par jour.
Qui dit monastère orthodoxe dit “couvre ton anatomie, pécheresse !” et Valérie avait prévu le coup. Ce qu'on n'avait pas prévu par contre, c'est que les genoux des hommes soient à la même enseigne, nous sommes donc condamnés à utiliser un vilain tissu (fabriqué en Chine à tous les coups) en guise de pagne (dans la plupart des cas il recouvre très exactement le short... les voies des religieux sont impénétrables). Lucien refusant obstinément de porter autre chose qu'un pantalon, il est arrivé équipé et sa dignité est sauve. Si le monastère est impressionnant vu d'en bas, c'est moins le cas arrivé à destination ; le bâtiment fait peut-être 7m de profondeur et comprend plusieurs très petites chapelles dont les parois de pierre ont été peintes directement.
Les peintures sont vraiment très belles (pas de photo, c'est interdit, par contre laisser trainer ses mains sur les murs pour montrer sa religion, c'est autorisé), encore plus que dans mon souvenir de Grèce. Il y a aussi des reliques (qui, je l'apprends ensuite, se sont promenées à travers l'Europe depuis Moscou lors de la chute du Tsar pour échouer ici après être passées de main en main au sein des familles royales d'Europe) que les gens embrassent sous la houlette d'un prêtre effrayant (tous les prêtres et moines orthodoxes que j'ai croisés sont effrayants).
Les visiteurs sont majoritairement du coin ou de Serbie, la piété est palpable, qu'est-ce que ça doit être pendant les pèlerinages (très importants semblent-ils). D'ailleurs j'ai constaté hier soir que notre hôtesse de camping va au fond de son champ pour regarder le monastère et enchainer les signes de croix, j'imagine de manière quotidienne. Vu l’exiguïté des lieux, on visite à la queue leu-leu, on se penche pour passer par une porte minuscule, on serpente dans les chapelles, au choix frigorifié par un climatiseur ou suffoqué par les fumées d'encens. Les parties extérieures sont décorées de grandes icônes en mosaïque qui ont l'air flambant neuve (le ciment qui les colle à la paroi est neuf lui aussi). Dehors, les photos sont permises :
Voilà, la visite est rapide, on regarde le panorama impressionnant sur la vallée (mais comme la vallée n'a pas grand intérêt on se lasse) avant de repartir (nous somme de mauvais touristes et n'achetons pas de petite icone à coller sur le frigo). Je me demande encore pourquoi diable les gens laissent des chaussettes sur le bord du chemin ? il y a de quoi ouvrir une friperie le long de l'escalier :
Ayant eu notre comptant de péripéties routières à l'aller, on prend une autre route pour redescendre, on embarque au passage les deux cyclistes d'hier qui font du stop, et je les comprends ce n'est pas une route à faire à vélo ou à pied. Il se trouve qu'ils sont partis de La Rochelle en février, je retire donc ce que j'ai écrit hier, la météo était plus clémente à leur départ. Les pauvres, ils vont en chier surtout qu'il prévoient de continuer jusqu'en Turquie (on aimerait être dans une zone chaude pour l'hiver, tu m'étonnes, et pousser jusqu'en Iran si possible). On échange sur les bons comportements à tenir en cas de rencontre avec un ours, et je retiens surtout qu'on va fermer les portes de la voiture lors de nos éventuels bivouacs en montagne.
On rattrape du déficit de sommeil en comatant tout l'après-midi, en plus ça y est il fait 36°, je me réjouis d'avance à l'idée de perdre 10 degrés en allant dans le Durmitor demain.
Et ho miracle, Jérôme qui m'a lu nous pousse des millions d'heures de livres audio pour agrémenter notre trajet, merci mille fois Jérôme (les livres audio c'est cool mais hélas il n'y a qu'une seule voix du coup les pièces radiophoniques restent définitivement mon mode de fiction favori). J'opte pour 20 ans après, mon Dumas favori.