Pianu de Sus
En sortant de Sibiu, absolument ravis de cette découverte, à la fois d'une ville superbe et de ma méconnaissance totale de l'histoire roumaine (c'était bien la peine d'avoir planifié ce voyage il y a plusieurs mois, au moins j'ai des trucs à apprendre, comme par exemple : où se trouve et qu'est-ce diable que la Bessarabie hmm ? j'ai longtemps cru bêtement que c'était quelque part entre l'Asie et le moyen-Orient, en fait non pas du tout c'est grosso modo la Moldavie, pas la province de Roumanie qui s'appelle Moldavie, non le pays qui s'appelle Moldavie tout ceci est bien compliqué en fait la Moldavie initiale a été découpée en Bessarabie annexée par les russes et Moldavie annexée par l'Autriche, elle-même découpée en plusieurs morceaux au fil de l'histoire mouvementée des XIX° et XX°) mais également dormant debout à cause de notre nuit passée à côté d'une ferme à moustiques, nous rebroussons chemin sur l'autoroute pour atteindre le village de Pianu de Sus (1500 habitants) où nous attend un petit chalet que de charmants roumains nous prêtent (merci HomeExchange).
Une fois de plus nous quittons une plaine parfaitement, heu, plane, pour suivre une route qui serpente dans une petite vallée entre deux moraines posées là comme par hasard. Les villages sont du même tonneau que ceux de la veille : mignons, endormis et quasiment dépourvus de commerces ; ce sont des villages-ligne très propres où chaque maison a sa propre couleur pastel, dispose d'une cour cachée de la rue par un grand portail et d'un vaste jardin en arrière-cour, jardins d'après ce qu'on peut voir en passant, manifestement occupés par des potagers débordant de verdure. Les villages en question sont séparés par des petits champs et des cultures elles aussi parfaitement nickel, comme par exemple des vergers de framboisiers, miam, avec des bottes de paille montées à la main ici et là (la plaine que nous venons de quitter dispose d'exploitations plus vastes et de machines à faire les bottes).
Bref c'est terriblement champêtre et agréable, ça donne envie de s'établir ici.
Le chalet est à l'avenant, en tonalités de bois blond, toit rouge et moult gouttières pour mettre les toits en valeur (ou l'inverse ? ce n'est pas évident et des petits bouts de toit inutiles ont manifestement été ajoutés pour le plaisir). C'est clair que le savoir-faire de ferronnerie des gens du coin n'est pas à prendre à la légère, c'est la première fois de ma vie que je vois une maison affublée d'autant de mécanismes permettant de canaliser l'eau de pluie. Le tout a été ajusté avec amour et quelques fioritures fort bienvenues.
L'intérieur aussi a une ambiance chaleureuse de bois et de tapis, qui, avec la dépendance à l'arrière de la maison contenant trois stères de bois, laisse augurer des hivers sauvages passés à se défendre des incursions de bêtes affamées.
Les enfants s'empressent de se jeter sur le canapé géant pour leur activité favorite, qui sera la nôtre trois jours durant ou presque : glander.
Nous profitons du foyer construit dans le jardin pour faire un barbecue bien sûr, à l'abri des regards indiscrets dont les propriétaires pourraient se moquer des mes faibles capacités à démarrer un feu mais qu'importe ca finit par marcher et notre incursion au Carrefour nous rétribue grassement sous forme de saucisses et de côtes de porc marinées.
Le lendemain c'est le paradis de la fainéantise, on bouquine en position allongée, on bouquine en profitant de nos merveilleux petits fauteuils en plastique made in Decathlon, et puis aussi on bouquine dans la balancelle, les roumains sont fans de balancelles on en trouve un peu partout et je dois dire que celle-ci est particulièrement recherchée dans le style rustique (par contre mes pieds ne touchent pas le sol donc ça bouge j'avoue ça me fout un peu la gerbe, au moins j'aurais essayé).
On profite aussi de la salle à manger d'extérieur qui en rajoute un paquet dans l'ambiance de bois verni et de gros meubles impossibles à déplacer. C'est assez curieux d'ailleurs car l'espace est ceinturé d'une barrière en bois avec des portillons je trouve l'aménagement très peu pratique et je ne sais pas de quoi ca protège, des chiens peut-être qui sinon s'enfuiraient avec des chapelets de saucisses ? Par contre c'est typique nous avons vu ce genre de chose plusieurs fois.
L'autre chose étrange c'est qu'on peut nourrir une armée dans cette salle à manger où s'assoireaient allégrement vingt personnes ; d'ailleurs la salle principale à l'intérieur compte elle aussi pas moins de 18 chaises alors qu'il n'y a que trois chambres, les occupants doivent avoir une vie sociale très active. Pas très pratique d'avoir 18 convives ceci dit avec une cuisine aussi petite mais passons, l'ensemble est très agréable et dominé par des collines moutonnantes de forêt c'est super.
Seule concession à l'atmosphère dépravée de molesse totale (et j'avoue de bières à l'apéro, de bières à midi, de bières à l'apéro puis de bières au dîner), Blaise réussit à persister dans sa pratique de sport quotidien, je suis totalement admiratif alors que moi-même tente péniblement de faire un peu de gainage quand j'y pense, ici pendant l'étirement :
On s'est aussi fait un nouveau copain qui est suffisamment sympa pour être bien silencieux, c'est pas le cas des voisins car on entend la musique qui monte du village, des bruits de moteurs (le pire étant un quad dont le propriétaire a dû retirer toute la colonne d'échappement), mais aussi des aboiements sans fin de chiens manifestement devenus fous. Dieu merci tout ce bordel c'est parce que nous sommes dimanche, on n'entendra quasiment rien les jours suivants.
La journée se termine en apothéose alors que nous étrennons le cadeau de Blaise, un paquet de Skyjo : pour ceux qui ne connaissent pas le but du jeu consiste à marquer le moins de points possible (il doit tricher d'une manière que nous n'avons pas encore compris c'est la seule explication).