Retezat

L'autoroute que nous suivons est nickel, gratuite et presque déserte, enfin ça c'est jusqu'à ce qu'on oblique pour aller vers le parc national des monts Retezat (le parc le plus ancien du pays) car lorsque les roumains font des travaux ce n'est pas à moitié, ils coupent la circulation et la déroutent jusque dans des chemins de merde en faisant poireauter des centaines de personnes des heures durant. Nous approchons donc de ces collines qu'on distingue depuis ce matin puis atterrissons dans un camping merveilleux, où nous sommes totalement seuls c'est formidable rien ne manque. À part pour une fois un peu de soleil car l'ambiance est humide décidément nous ne serons jamais satisfaits.

camping

Cette photo a l'avantage de montrer nos super fauteuils tout neufs.

Nous rencontrons, malgré le côté désert de l'endroit, deux français qui arrivent tard, ils ont des conseils de balade à nous donner, que nous mettons en œuvre dès le lendemain matin en nous levant à l'heure indue de 7h du matin (ouch) pour partir vers Rausor (on dirait le nom d'une base de la rébellion dans star wars) car nous avons vérifié la météo, prévoyants que nous sommes, et savons qu'il pleuvra vraisemblablement dans l'après-midi.

montagnes

Ça c'était avant la menace de la pluie.

Le chemin serpente et grimpe vers ce fameux parc, la route est plus rapiécée que d'habitude on se croirait en Serbie et là mon sentiment, diffus depuis deux jours se précise : la voiture fait définitivement un bruit du train avant, on dirait qu'un truc métallique bringuebale à croire qu'un machin important va se détacher c'est un peu stressant mais on n'y peut rien pour l'instant.

rausor

Nous arrivons, après 10 km à zigzaguer entre les nids-de-poule, à Rausor, une petite agglomération de montagne (avant ces 10 km nous étions dans une plaine c'est fou) qui est en train de se transformer péniblement en station de ski. Dans l’hôtel du coin, un couple charmant nous vend des tickets pour le parc ainsi qu'une carte à laquelle je suis incapable de résister, une vraie carte haha les montégénrins peuvent aller se rhabiller, elle indique des chemins, des courbes de niveaux, les symboles des randonnées et est imprimée sur un papier si épais et plastifié qu'on pourra certainement continuer à l'utiliser sous la pluie dans dix ou vingt ans.

L’hôtelier, distinguant en nous de son regard d'aigle, des newbies de la montagne, nous indique le chemin de la randonnée qu'on vise (nos amis éphémères d'hier ont dit qu'il fallait 2h30 pour monter au lac, lui dit 4h j'aurais dû me méfier de l'allure vraiment très sportive du jeune homme) et précise aimablement que si la randonnée est très belle il va pleuvoir et qu'on ne devrait pas rester in the open sous l'orage. Puis il précise de son propre chef “no bear” et là nous sommes vaguement rassurés (pas de risque de se faire manger aujourd'hui) et à la fois horriblement effrayés (rapport à toutes les autres balades avec risque de se faire manger dans le futur).

ratrac

Un partie du matériel a vécu.

Bref en partant on croise le signe de l'embourgeoisement local, c'est-à-dire des remontées mécaniques en cours d'installation puis on attaque le chemin admirablement indiqué de grands symboles peints sur les arbres et les rochers je vais écrire au ministère du tourisme du Monténégro pour leur proposer un stage en Roumanie. On savait que ça monterait (oui quatre heures pour parcourir quatre kilomètres, c'est qu'il y a une difficulté cachée) mais ça monte comme un escalier pffh on a mal choisi nos montagnes, monter un escalier de temps en temps ça va mais monter au 160° étage (oui j'ai compté grosso modo) c'est moins motivant.

foret

La forêt est sublime même si elle n'est composée que de résineux, nous surmontons les 20% de pente mais n'irons pas jusqu'à la limite des alpages où nous aurions pu voir des chamois car la pluie nous surprend avant et si nous avons le sentiment d'avoir dévalisé le Decahtlon l'autre jour notre zèle n'est pas allé jusqu'à acheter un imper à celui d'entre nous qui en manque. Je me suis sacrifié (et oui c'est tout moi, le sacrifice incarné) : Blaise porte mon imper, Lucien celui de Blaise et moi j'ai ma vareuse en toile, certes en toile épaisse mais je doute de rester au sec en cas de vraie pluie. En plus le tonnerre gronde de nouveau autour de nous, à croire que nous sommes abonnés, heureusement la forêt nous protège un peu et en plus on profite du refuge d'altitude situé à mi-pente dans une ambiance on ne peut plus montagnarde.

pluie

Oui bon à ce stade Lucien fait la gueule et l'ambiance est légèrement plombée mais tout s'arrangera après le déjeuner. Notez que le bob sert aussi en cas de pluie je doute d'arriver à changer de couvre-chef à l'avenir.

Bref à 14h nous voici de nouveau dans la station de ski, on pique-nique puis on rentre au camping, il pleut toute l'après-midi et même pendant notre repas, on fait la sieste, on joue aux cartes on glande mais dans l'humidité.

repas

Là c'est le soir : repas pendant la mousson heureusement que le camping vient avec des petites tables recouvertes de tôle, Lucien va mieux.

Le lendemain, rebelote car ce ne sont pas quelques gouttes ou des températures inférieures à 20° qui vont nous arrêter ! Nous changeons de vallée pour rouler sur une piste de manière à bien entendre le bruit de ferraille que produit désormais notre véhicule, et encore une fois passer, de manière assez incompréhensible, de la plaine à la montagne en quelques minutes.

voirie

Toute la voirie roumaine n'est pas dans un état nickel, ce pont laisse des arbres lui pousser à travers mais rassurez vous aucun véhicule ayant besoin d'un pont, ne peut arriver jusqu'ici.

Cette fois-ci la pente n'est que de 10% et en plus on longe une rivière, c'est magnifique et même si nos deux sacs à dos (oui car nous n'en n'avons plus que deux depuis le cambriolage, notre manque d'à-propos lors de cette halte au Decathlon me laisse rétrospectivement pantois) sont bourrés à craquer avec toutes ces imper et cette nourriture, nous gambadons presque jusqu'à atteindre un refuge situé à mi-pente (par rapport au sommet).

famille

La pluie est loin l'ambiance est diablement meilleure qu'hier.

Je dis un refuge, en fait notre halte ressemble plutôt à un hameau de refuges, il y a bien une dizaine de petites cabanes et je comprends mieux pourquoi les gens que nous avons croisé ont des sacs plus gros que nous, ils partent plusieurs jours et c'aurait été super de pouvoir faire pareil, pourvu qu'on ait disposé préalablement de l'information qui je pense n'est accessible qu'aux locuteurs du roumain.

refuges

En tout cas il ne fait plus que 14° et comme partout dans ces montagnes l'eau qui coule au sol est directement potable c'est fou. J'aurais bien poussé plus haut, cependant 4h de marche pour 500 m de dénivelé est la limite qui nous permet de rentrer sans trop de courbatures et sans nous taper dessus les uns les autres, en plus on ne sait pas comment le temps va tourner donc retour.

foret

Sur le chemin je prends pleins de photos, ces forêts sont magnifiques je me répète et les pentes sont incroyables, dommage que ça ne rende pas grand-chose.

champignons

Tout ceci est vraiment super mais nous avons épuisé les randonnées faisables à la journée, aussi changeons-nous de crémerie pour viser un autre parc (au nom impossible à prononcer : Grădiștea Muncelului-Cioclovina) où les dénivelés seront peut-être moins forts, sur la carte c'est tout près alors qu'il faut deux heures de route pour contourner ces montagnes.

riviere

#roumanie #ete2024