Sibiu
Aujourd'hui destination Sibiu pour renouer avec la civilisation, marcher dans une ville et trouver un bistrot afin de n'être pas obligés de faire la vaisselle dans un cours d'eau. Nous y arrivons de méchante humeur à cause des moustiques j'aurais volontiers étranglé le tenancier du camping même s'il n'y est pour rien, ceci dit il a joué du tracteur-tondeuse pendant 30 minutes hier, je ne sais trop quelle peine serait proportionnée à son cas, peut-être est-il déjà suffisamment puni comme ça s'il ne dispose pas de moustiquaire je croise les doigts.
Au passage on traverse de nouveau un bled endormi qui me semble avoir de vagues relents sud-américains, probablement à cause de la chaleur, des couleurs des maisons, de toutes ces briques et des chiens endormis sur la route.
Bref Sibiu, dont j'apprends entre autres choses et grâce à wikipedia qu'on peut aussi l'appeler Sebeste (on dirait le nom d'un légume) en français ou Hermannstadt en allemand (nom officiel comme on peut le voir sur la photo ci-dessous) est mignonnement installée sur une colline dans une plaine bordée de montagnes sur 3 côtés. C'est une ville saxonne c'est-à-dire fondée par des colons allemands. Je découvre ahuri à l'instant même un pan important de l'histoire de l'Europe de l'est à savoir la colonisation allemande de la région sous l'égide des chevaliers teutoniques et à l'instigation du roi de Hongrie pour défendre ses frontières des incursions turques.
Sibiu est ainsi une place forte et un centre commercial et administratif très important depuis plusieurs siècles, où vivait une population allemande qui a presque disparu d'un coup d'un seul lors de la dernière guerre (d'abord incorporés à l'armée allemande, puis déportés par les russes, ceux qui restaient se sont vus spoliés de leurs biens et ils avaient des facilités administratives pour aller s'installer en Allemagne, bref les saxons ne représentent plus que 1% de la population aujourd'hui ; l'actuel président de la Roumanie en fait partie et a été maire de Sibiu) bien que le roumain et l'allemand soient deux langues officielles de la ville.
Rien que cette dernière phrase laisse à penser que j'aurais encore beaucoup à apprendre sur l'histoire de la Roumanie (la ville n'aurait été intégrée à la Roumanie qu'en 1900 quelque chose ? comment est-ce possible mais bon je dois m'arrêter là sinon je vais tenter d'épuiser internet en cliquant sur des liens) et je ne m'étendrai pas là-dessus maintenant ni sur la faible qualité de nos programmes éducatifs qui font que je découvre tout ceci seulement maintenant.
En tout cas c'est beaucoup plus beau que ce à quoi je m'attendais, la ville haute et la ville basse sont admirablement conservées, en fait comme c'est le propre fils de Ceaucescu (qui, chose amusante s'appelait lui-même génie des Carpates ou encore Danube de la pensée, ça laisse rêveur) qui dirigeait la ville pendant la dernière dictature il subissait moins de pression du régime et n'a pas remplacé le centre ancien par la modernité triomphante du communisme comme ç'a été le cas dans bien d'autres endroits. J'en profite pour me renseigner sur le type en question et de fil en aiguille sur la révolution roumaine mes capacités de procrastination sur internet sont sans limites.
Nous faisons une balade délicieuse dans une ville du moyen-âge terriblement jolie qui réussit l'exploit de n'être pas complètement défoncée et de n'être pas non plus un centre commercial à ciel ouvert. Tout est nickel avec ce petit air déglingué malgré tout, que je vais associer longtemps à la Roumanie je pense. On tombe en plein festival de musique et ces jours-ci c'est Korn qui joue donc les métalleux sont sur-représentés parmi les touristes c'est trop marrant de voir déambuler ces gens habillés en noir, maquillés en noir, avec des bas noirs à trous et des bottes noires à plateforme j'adore.
Visez-moi ces toits vernissés on dirait qu'ils ont été posés hier.
On visite la cathédrale catholique et on monte dans sa tour qui offre une vue d'oiseau sur la ville et permet de constater qu'on peut voir la campagne depuis le centre ville c'est tellement rafraichissant j'espère pour les habitants que ça va durer.
Au passage, expo de photo du XX° dont nous ne comprenons pas l'objet puisque tout est écrit en roumain (pour une fois ils n'ont pas manqué de cartel, il y a moult explications), on sait juste qu'elle tourne autour de Simone Weil (la philosophe), c'est l'occasion de revoir des photos connues et moins connues.
Cette photo d'Avedon est incroyable on dirait un extra-terrestre ce type.
On visite aussi la cathédrale orthodoxe, ya pas à dire ça claque beaucoup plus si j'avais la fibre je choisirais peut-être cette religion les intérieurs sont nettement plus chaleureux que chez leurs cousins cathos.
On déjeune sur une place en écoutant subissant les balances du groupe de rock, de la saine gastronomie roumaine à base d'énormément de protéines animales (mon plat seul comporte quatre viandes différentes) et de patates sautées, tout ce que j'aime, comme il fait chaud j'ai bien besoin de plusieurs bières pour faire glisser tout ça.
Avant de repartir on fait le plein pour le weekend et comme il y a un Decathlon dans le centre commercial, ma foi nous sommes bien obligés d'y passer.