Sur la route
Hier en revenant de chez le garagiste où le folklore était bien absent (sauf pour la radio si vous avez suivi), en contrepartie de quoi j'ai bénéficié du professionnalisme d'un concessionnaire de la marque de ma voiture -et de ses prix, les mêmes qu'à Paris- (j'essaie de faire des bons mots mais en réalité je ne sais pas si j'aurais préféré une addition allégée pour avoir le plaisir de discuter avec les mains et douter à jamais de la nature des travaux effectués, là au moins je repars l'esprit libre, enfin libéré de CE problème, la voiture ayant 25 ans je ne doute pas qu'elle continuera à faire des siennes), mon GPS dont je suis pourtant généralement satisfait, m'a fait faire un détour.
Ici, j'avais commencé une incise mais elle s'est remplie de liens, parenthèses et digressions alors je mets tout ça dans un paragraphe dédié : j'utilise en ce moment Organic Maps qui est trop bien, téléchargez, utilisez, financez cette merveille hyper simple d'emploi. C'est un fork de Maps.me qui garantit la confidentialité (car la politique de maps.me est bien obscure, c'est rien de le dire il suffit de lire sa page wikipedia pour s'en convaincre, on ne sait même pas qui en est propriétaire, ça fait belle lurette qu'on ne peut plus qualifier le projet de libre ni même d'open source d'ailleurs je crois qu'il contient maintenant de la pub et surtout qu'il déborde de trackers bref ne touchez pas à ce truc avec des pincettes) que personnellement j'avais arrêté d'utiliser parce qu'il était relou, truffé de fonctionnalités imbitables, dont certaines payantes avec des bizarreries et le tout piloté depuis la Russie ce qui ne me dérangeait pas trop il y a 5-6 ans, mais bon la donne a changé.
En tout cas cette appli est top, elle utilise OSM et depuis notre départ je suis époustouflé par la qualité et la complétude des données disponibles, à croire que les gouvernements roumains et monténégrins contribuent directement ou bien (et j'imagine que cette réponse est plus proche de la réalité) que les communautés OSM locales sont particulièrement actives en tout cas c'est complètement fou il y a plus de sentiers de randonnée que sur les cartes officielles (est-ce une bonne chose je ne suis pas très sûr vu qu'on s'est perdu ou qu'on a failli se perdre à plusieurs reprises tout de même), toutes les sources et points d'eau sont documentées et les altitudes sont correctes ce qui est fort utile dans ce pays qui est soit plat soit horriblement torturé. À se demander ce qu'un service commercial comme celui de Google peut amener de plus (réponse rien, par exemple les itinéraires de marche fournis par Organic Maps précisent les dénivelés positifs et négatifs avec un profil en long c'est génial).
Bref je m'attendais à faire le même trajet à l'aller qu'au retour et non, je suis quand même arrivé à destination mais en passant par un autre village, ou bien plutôt une autre zone péri-urbaine (péri-urbaine avec des pentes à 15%) beaucoup moins mignonne que celle où nous logeons, les planificateurs roumains n'ont rien à nous envier et fonctionnent aussi par lotissements, celui que j'ai traversé ne datait pas des années 70 mais plutôt des années 2020, composé de maisons moches toutes similaires, précédées d'une vilaine grille avec un jardinet où ne poussent pas de légumes.
Tout ceci me fait dire que nous avons donc vécu durant ces quelques jours dans une banlieue chic de Sebes, que nous quittons ce matin pour aller à l'est d'ici en longeant la chaine des Carpates. Oui nous partons car la canicule est terminée, cette fois c'est l'ouest de l'Europe qui est touchée, nous voici totalement libres de nous déplacer sous des températures supportables :
Oui je suis abonné à https://x.com/extremetemps -pas sur Twitter bien entendu quelle merde ce truc, non sur mastodon où un robot reposte ses tweets- par masochisme sans doute, ce climatologue égrène les records de température qui tombent comme à Gravelotte du coup je vois passer régulièrement des informations terrifiantes.
Comme c'est aussi la route de București (pourquoi diable traduit-on les noms des villes étrangères, pour nous faire tous passer pour des analphabètes à l'étranger ? c'est trop bizarre quand même. Pour mémoire le nom de la capitale roumaine n'est pas du tout Bucarest, ça se prononce Boucourecht, enfin /bu.kuˈreʃtʲ/ en phonétique dont je n'ai jamais fait l'effort de comprendre la notation et c'est très dommage on devrait l'apprendre à l'école c'est assez pratique), au début on emprunte l'autoroute numéro 1, la classe, puis ensuite c'est la nationale qui est principalement plate et droite comme un i dans une plaine avec des montagnes sur les côtés, de ce point de vue nous ne sommes pas dépaysés.
Chose amusante chaque municipalité dispose de son propre monument en métal et plastique pour annoncer l'entrée. Tout ça pour dire qu'on roule quand même assez longtemps avant d'arriver à Zarnesti, notre destination du moment qu'on a choisi car elle est tout proche du parc Piatra Craiului (je ne vais pas non plus mettre de la phonétique partout hein, débrouillez vous comme moi pour vous faire une vague idée dans votre tête de la manière dont on pourrait le prononcer, et surtout n'essayez pas à haute voix).
On voit encore un nombre déraisonnable de cigognes, dans les airs, sur les poteaux, dans les champs et sur le bord des routes je ne sais pas pourquoi cela nous met en émoi alors qu'on aurait pu s'habituer, non cet oiseau reste aussi exotique que si on croisait des autruches.
Sur le chemin on écoute un deuxième lecture de Lovecraft, oui car Lucien a pas mal accroché à l'ombre sur Innsmouth, il faut dire que l'interprétation que j'ai téléchargé (et choisie par pur hasard) est vraiment très réussie alors on enchaîne avec l'appel de Cthulhu et puis on s'arrêtera là car Valérie n'écoute pas vraiment et Blaise trouve pas ça terrible, il faut dire que j'avais oublié ce qu'est l'écriture de Lovecraft : il y a de bons passages mais c'est très XIX° et il se répète quand même un peu l'ami Howard Philip. En plus j'avais gardé le souvenir d'une horreur un peu plus insidieuse et subtile alors que là il raconte tout de but en blanc (enfin, presque) et cerise sur le gâteau le tout est d'un racisme que l'époque n'excuse pas.
Dommage donc que le lecteur (ou donneur de voix comme le site les appelle, c'est mignon) n'ait pas fait plus de trucs qui nous tentent car on a vraiment envie de l'écouter toute la journée.
Du coup on commence les mystères de Paris, une découverte pour tout le monde ça a l'air vachement bien mais la lecture chorale par des bénévoles ce sont les montagnes russes émotionnelles : un coup c'est super un coup c'est nul par tranches de 20 secondes ce qui fait que le résultat final est difficile à avaler, ça nous laisse dans l'expectative la plus totale pour notre prochaine journée de route, en attendant on se pose au camping.