Ceahlau

Nos pérégrinations d'hier nous ont amené à ce qui ne doit être qu'une étape sur la route de la Bucovine, route qui ne cesse de serpenter en déjouant tous nos pronostics de temps de trajet.

Petite suée au moment de choisir le camping car notre objectif initial ne ressemble à rien, pourvu de disposer d'un carré d'herbe il est facile de s'autoproclamer camping en se faisant de la pub sur park4night que TOUS les campeurs itinérants consultent vu comme cette application est devenue hégémonique en l'espace de quelques années.

Le premier essai est donc un échec cet endroit ne ressemble à rien, dieu sait pourtant qu'on a dormi dans des endroits qui nous ont permis de réviser à la baisse notre niveau d'exigence. Cependant il y a d'autres opportunités un peu plus loin et nous ne tergiversons pas trop longtemps entre essayer un vrai camping et aller nous échouer sur la berge du lac (artificiel le lac, comme les ¾ des lacs du coin, en même temps il est à 600 m d'altitude et c'est rare de trouver des lacs naturels qui ont cette forme) comme d'autres qu'on voit depuis le haut de la montagne : ça semble idyllique de loin mais surtout propice à l'envasement ou à l'attaque en règle par des hordes de chiens errants alliés à des nuées de moustiques. Bref un peu de réflexion nous évite de nous jeter dans ce bourbier et nous trouvons un endroit avec de l'eau chaude et des toilettes. Et le droit d'être là.

Le lendemain matin l'impression du soir se confirme : nous sommes bien en montagne puisqu'on enfile des pulls et des polaires afin de prendre le petit déjeuner dans un paysage cotonneux où se détache péniblement une montagne monstrueuse.

montagne

Quand je pense que finalement ces pulls auront été utiles alors que je les aurais volontiers confié à la première poubelle venue il y a seulement dix jours.

Il se trouve que nous sommes -encore- au seuil d'un parc naturel coiffé de la montagne susmentionnée et dont les pentes ont permis l'installation d'une station de ski. On a croisé un paquet de stations de ski dans ce pays, mais vu qu'il suffit d'une montagne (et pour ça, check il y a tout ce qu'il faut), une altitude située entre 600 et 2000 m (idem) et d'un tire-fesse, c'est assez facile. Je déduis que le ski est une pratique commune en Roumanie.

Aussitôt, changement de plan et au lieu de repartir conduire comme initialement prévu nous allons nous aérer avec une petite balade pour voir une cascade. Aussitôt dit aussitôt fait, enfin ce qui est aussitôt fait c'est de nous mettre en route, nous aurons un peu marché durant les vacances mais décidément je ne me fais pas aux dénivelés ça reste infernal de monter 500 m le long de pentes à 20%.

balade

Au passage on croise de grands pans d'une roche sédimentaire assez marrante car on jurerait de grand blocs de béton mélangés à des galets.

galets

Faisant foin des ours potentiels (mais souvenez-vous du sifflet !), nous laissons tout de même des roumains mal équipés nous doubler en sifflotant dans la pente, grand bien leur fasse ils serviront d'apéritif au prédateur de la forêt. Nous hissons péniblement notre graisse jusqu'à la fameuse cascade où nous ont précédé des nonagénaires ingambes.

cascade

Et là comme sur les rives de toutes ces rivières, on enjambe un fracas de troncs monstrueux, jetés comme des fétus par les éléments.

arbres

En redescendant je me fais la réflexion que cette forêt, située au cul du monde, tout de même relativement difficile d'accès, permet malgré tout aux gens d'exercer leur capacité à pourrir l'environnement : il est impossible de faire 10 pas (j'ai compté) sans croiser un papier blanc qui traine au sol. Et je ne compte même pas les innombrables morceaux de plastique, non uniquement le papier qui est selon toute vraisemblance (je ne suis pas allé vérifier non plus) du papier hygiénique ou des mouchoirs ou des lingettes, ces saloperies mettent des dizaines d'années à se décomposer, surtout dans un tel environnement.

Bref une fois que j'ai commencé à les regarder, impossible de les dé-voir j'avoue ça me pourrit un peu la balade (c'est aussi la première fois que je vois autant de déchets).

pente

Sinon c'est un jolie forêt, humide, pentue et comme dans tous les parcs que nous avons visité, truffée d'arbres morts, morts et tombés il y en a une quantité stupéfiante à divers degrés de pourrissement (un arbre en forêt mets une centaine d'années à disparaitre complètement du fait de la décomposition, c'était écrit sur une pancarte).

Il y a quelques passages tellement en pente qu'il faut utiliser les mains, le climat est humide mais heureusement pour nos fonds de culotte qu'il ne pleut pas.

En redescendant on arrive à la station de ski dont une partie fonctionne aussi l'été, c'est assez marrant, notamment parce que dans les pistes on n'oublie pas de récolter le foin, il faut bien vivre.

ski

Après nous être bien aérés il est temps de faire la route de nouveau pour nous rapprocher de notre objectif de demain : les monastères de Bucovine. Au passage, nous enfilons des routes longeant des paysages terriblement bucoliques. Parmi les nouveautés ici : des tas de bois hauts comme les maisons quand ce ne sont pas des empilements de troncs déposés négligemment sur le trottoir. Et aussi une densité conséquente de camions transportant des grumes. J'en déduis habilement que 1. les forêts restent denses (malgré les dégâts qu'on peut constater en passant devant des parcelles dévastées par les tracteurs géants et les coupes à blanc), 2. les hivers sont rudes et 3. ils utilisent le bois pour tout faire ici.

bois

On constate aussi que les maisons ont des décorations encore différentes du judet d'à côté, même quand il s'agit de constructions des années 70 ou 80, le ciment est propice aux motifs géométriques sculptés / gravés / imprimés. On s'arrête faire des courses dans un supermarché qu'on choisit parce que des vaches en goguette en squattent le parking.

maison

Notez les gouttières je ne m'en lasse pas.

Et point d'orgue, je ne peux résister à vous partager ce monument, capté au milieu d'une friche en plein milieu des bois, impossible de savoir ce qu'il commémore.

monument

#roumanie #ete2024