Ce que j'ai appris aux Journées d'Été des Écologistes 2025 🌻

Les notes que j'ai prises lors des conférences / ateliers / formations. Évidemment incomplètes et orientées !

Cet été, les journées d'été des écologistes avaient lieu à Strasbourg. Je m'étais fait un programme un peu light pour profiter aussi de ma petite famille, et avoir du temps pour discuter avec les copaines. Mais j'ai quand même pu participer à quelques ateliers et formation. En voici une restitution un peu au kilomètre.

Sommaire

La conférence de Chapoutot sur le parallèle entre l'accession des nazis au pouvoir et aujourd'hui

Le jeudi, j'ai démarré la journée par la conférence avec l'historien Johan Chapoutot qui compare l’accession des nazis au pouvoir en 1932 et le contexte politique actuel. Passionnant. Et un peu beaucoup flippant.

Quelques learnings :

Les nazis n'ont pas gagné d'élections pour arriver au pouvoir

Le contexte actuel ressemble beaucoup au contexte qui a mis Hitler au pouvoir

Au départ, les industriels sont pas super chauds patates pour soutenir les nazi : Ils sont condescendants envers ces personnes qu'on connait mal et qui ne fréquentent pas nos cercles. Mais les Dominique Seux de l'époque font les entremetteurs etles industriels se retrouvent dans une vision de restauration de l’autorité et de réduction de la démocratie et du pouvoir des syndicats. Ils finissent par soutenir le nazisme. Et ils auront eu “raison” car la guerre les aura largement enrichis.

Point constitution

La constitution de Weimar de 1919 avait un article qui a permis à la droite et à « l’extrême centre » de gouverner en se passant du parlement. Les nazis arrivés au pouvoir n’ont eu qu’à poursuivre l’engagement dans cette brèche dans la continuité.

OK. Pas de bol.

Mais !

Conclusion

Bref, c’est (ultra)flippant.

Mais Chapoutot conclut avec un message d'espoir : l'accession des nazi au pouvoir n'était PAS inéluctable en allemagne, ça ne l'est pas non plus chez nous. Il y a eu des « accidents » qui auraient totalement pu se passer différemment, mais clairement, le contexte est le même.

Formation médiatraining

L'après midi, on change d'ambiance. #Mediatraining N'ayant pas d'ambition électorale, je ne suis pas dans le public cible.

Nous avons parlé de plusieurs types de prise de parole dans le cadre de la préparation aux élections municipales. • L’interview : ◦ En direct ◦ Pour un reportage • Le débat (non abordé car beaucoup plus compliqué) Nous avons aussi abordé le rôle de l’image et de l’impression que l’on donne ainsi que les communiqués de presse.

J'ai appris quelques trucs, et surtout ça m'a donné du grain à moudre sur certains trucs dont j'étais convaincue, donc ça c'est intéressant.

Conseil pour les interviews surtout dans la perspective d'un reportage, TV ou écrit

On a regardé quelques photos illustrant des articles de presse sur des écolos qui travaillent / préparent leurs campagnes pour les municipales. Bon, la photo d'une bande de gars débraillés dans un jardin, c'est pas super pro.

1. Gérer le cadre

Proposer un lieu neutre et qui donne une impression de sérieux et de politique : • Exemple : un point de vue d’où on voit la ville où on candidate • Contre exemple : Dans son jardin

2. Se déguiser en candidat·e respectable.

Ça j'ai eu du mal. Pour moi c'était classiste de nous demander d'adopter les codes des puissants.

L'avis de la formatrice : le but des élections est de récupérer des voix de personnes qui ne voteraient pas nécessairement pour nous. La moitié des électeurices ont plus de 50 ans, et ces électeurices sont conservateurs. Iels pensent que quelqu’un qui ne fait pas l’effort de bien s’habiller (c’est-à-dire de prendre certains des codes vestimentaires des « dominants » = s’habiller comme quelqu'un du PS) ne mérite pas d’être élu·e / ne sera pas sérieux.

C’est nul, mais aujourd’hui ça fonctionne comme ça.

3. Préparer le contenu de l’interview

4. Pendant l'interview : garder le cap

Souvent on se plaint que lea journaliste n'a retenu que ce qui ne compte pas... Mais souvent c'est qu'on a parlé beaucoup trop longtemps.

On a travaillé le fait de ne pas reprendre l'argumentaire de nos détracteurs sur un exercice (enfin, ça n'a pas été fait dans ce sens là, ce qui pédagogiquement est un peu dommage) où on devait répondre à des journalistes après une action activiste d'écologistes contre l'utilisation d'un pesticide.. Bref, un exemple de comment répondre sans prendre l'argumentaire de l'opposition :

Le communiqué de presse

Il faut faire simple, court et surtout facile à lire. C'est l'opposé de complet et précis.

L'introduction

Tout en haut du CP, les 5 W

Ex : le groupe local des écologistes du Grand Libournais Nord Gironde vous convient à une conférence le 23/04/2072 à la salle des fêtes de Libourne pour comprendre le scandale de la déchetterie de Lapouyade.

Titre et sous titre

Ex : • Titre : Déchetterie à Lapouyade • Sous titre : un scandale financier

Un ou deux paragraphes de contexte

On peut faire ça en 600 signes. En faisant ça, on facilite la vie du journaliste qui peut reprendre à l’identique le communiqué pour en faire une rubrique courte dans un journal. On a eu plusieurs témoignages de communiqué de presse repris à l'identique par lae journaliste, et c'est pas mal car au moins comme ça c'est bien notre message qui passe.

Atelier OFF radicalement votre sur les quartiers populaires : avant garde de l’écologie

1. Ne pas apporter l'écologie dans les quartiers populaires

Les intervenant·es nous ont rappelé que les habitant·es de ces quartiers ont en général des modes de vie plus « écologiques » que les personnes qui ont plus de moyens. Il est donc très malvenu que les écolos urbains viennent dans les quartiers pour « apporter l’écologie » et donner des leçons de comportement.

2. Parler positivement des quartiers populaires

Le deuxième point est qu’on voit souvent ces quartiers comme des lieux qui manquent de tout. Et c’est en partie vrai : ils manquent d’espaces verts, ils manquent de transports en commun et d’habitats décents. MAIS ils ont une vraie solidarité et un dynamisme impressionnant qui sont des modèles pour les quartiers pépères plus « favorisés ».

3. Laisser sa place

Enfin, le matériel de campagne des écolos, les personnes qui les représentent, ne sont pas du tout audibles dans les quartiers populaires. Il y a nécessité d’avoir plus de diversité sociale dans le parti, surtout dans les postes de représentation.

Les personnes qui sont actuellement au pouvoir (têtes de liste, co-secrétaires, etc) doivent se retirer pour laisser la place à des personnes qui ont peut être parfois une moins bonne formation politique (c'est l'excuse pour ne pas laisser sa place) mais qui sont confronté·es à un plafond de verre.

es personnes qui subissent le plafond de verre et qui sont issues des quartiers populaires sont intelligentes, brillantes, et ne demandent qu’à apprendre.

Aux hommes et femmes blanches bien né·es de laisser leur place et d’être des soutiens pour les accompagner dans l’exercice du pouvoir 🙌

Grâce à cet atelier, j'ai pu (mieux) découvrir : • Sabah Badji (tête de liste à Avignon), • Hassen Hammou (Marseille) • Melissa Camara (Eurodéputée) • Lydia Frentzl (Conseillère municipale à Marseille)

Formation sur la lutte contre l'antisémitisme

Je n’ai aucune formation sur ces sujets, je ne reconnais jamais un nom d’origine juive, j’avais donc tout à apprendre.

Erreur n°1 : penser que le fait de se reconnaître (ou d’être perçu comme) juif·ve est lié à la religion

C’est une erreur qui est souvent faite, même par des personnalités politiques qui vont dire « tout mon soutien aux personnes de confession juive » au lieu de dire « tout mon soutien à la communauté juive ».

On se sent juif car on a une histoire d’immigration juive, qu’on a des parents ou des grands parents juifs, qu’on est dans une culture juive, ou qu’on a la religion juive, ou … Et parfois, on ne se sent pas juif, mais on nous renvoie l'être. Comme dirait Sartre (m'a-t-on dit sur Mastodon), « c'est l'antisémite qui fait le juif ».

Erreur n°2 : partager et renforcer les mythes antisémites

Un grand nombre de messages (ou de visuels ou ...) sont antisémites quand ils propagent ou refont vivre des grands mythes antisémites (et évidemment, il y en a plein que je ne connaissais pas)

Mythe n°1 : Le mythe déïcide

Il y a un mythe (faux donc) qui dit que c’est le peuple juif qui aurait tué Jésus. Ce mythe chrétien a justifié de nombreux massacres de juifs. Ce mythe est encore utilisé aujourd’hui pour dénoncer le génocide palestinien est ça renforce l’antisémitisme. On a vu par exemple une image avec un jésus en croix portant le foulard palestinien avec derrière lui une foule de militaire rappelant les SS et encore derrière les ruines de Gaza. Cette image rappelle le mythe déïcide et rend responsable du génocide les juifs et non l'armée israélienne.

Mythe n°2 – les juifs sont responsables de tous les maux.

Les sociétés fonctionnent toujours avec la recherche de boucs émissaires. Les juifs ont souvent été désignés comme les boucs-émissaires évidents. Ils ont par exemples été désignés comme responsables de la peste ou des puits empoisonnés ou de tous les maux de la société.

Pour la peste, on peut expliquer car ils étaient moins touchés par la peste car ils étaient exclus / isolés… Quand les juifs ont été expulsés de France, le rôle de bouc-émissaire a été transféré aux femmes, et en particulier aux sorcières.

On retrouve ce trope par exemple quand :

◦ Il y a un crime pédophile, on se demande si le suspect est juif ◦ Il y a une personnalité juive, on l’accuse de pédophilie.

Mythes 3 et 4 : richesse et pouvoir

Les deux derniers mythes permettent de se désolidariser de la lutte contre l’anti-sémitisme qui serait moins grave que les autres racismes. En effet, les autres racismes seraient envers des personnes plus pauvres que la moyenne et moins puissantes que la moyenne, donc c’est plus charitable de les plaindre. L’antisémitisme serait un problème de bourgeois blancs.

Sauf que l’antisémitisme tue encore aujourd'hui, et qu’aucune mort ne vaut davantage qu’une autre.

Alors on fait quoi ?

On n'a pas eu beaucoup d'infos sur quoi faire, mais je retiens deux choses :

  1. Se former pour repérer les tropes anti-sémites
  2. Écouter et ne pas se vexer si on nous fait remarquer qu'on a dit quelque chose d'antisémite
  3. Ne pas mettre en concurrence des drames, des victimes, des mémoires, des nombres de morts etc.

On peut dénoncer le massacre des gazaouis sans être antisémite. Ce n'est pas utile de comparer le nombre de morts dans différents conflits pour faire des compétitions. C’est du whataboutisme qui nuit toujours aux luttes.

OFF radicalement votre – l’antispécisme

Je n’ai pas été très à l’aise avec les intervenant·es de la société civile que j’ai trouvés plutôt méprisant·es ou condescendant·es avec les personnes qui ne pensent pas comme elleux.

’ai par contre apprécié à la discussion que j’ai ensuite eue avec Théo et Charlotte qui m’ont expliqué que l’anti-spécisme n’est pas une théorie figée et que je ne suis pas obligée d’adhérer à tout ce que dit Aymeric Caron pour me revendiquer de l’anti-spécisme.

Il suffit en gros de dire qu’on veut sortir d’un système de domination des animaux, comme on peut être féministe et ne pas adhérer aux thèses de toutes les féministes.

Du coup, je crois que je pourrais me définir comme anti-spéciste 🤔

(j'avoue que les posts des vegan ultra véner de masto me font avoir pas du tout envie de porter cette étiquette... mais on a probablement besoin de modérés qui portent aussi cette étiquette)

Formation – résolution de conflit

J’ai été rassurée que ça ne soit pas une formation qui utilise des outils BS comme le disc ou autres. Le formateur s’appuie sur deux cadres :

Dans cette deuxième approche, l’idée est que le conflit pour souvent entre plusieurs personnes, mais il révèle un problème sous-jacent de structure ou de culture. J’ai beaucoup aimé cette idée et j’aimerais approfondir ce sujet. 📖

Malheureusement, la formateur a passé beaucoup de temps à présenter des anecdotes personnelles et on a peu eu l’occasion de pratiquer et/ou de conseils pratiques.

Atelier OFF Radicalement Votre – Retour sur la commission d’enquête sur les VSS dans le monde de la culture

Il y avait 3 intervenantes pour cet atelier :

Je retiens deux éléments :

  1. Aujourd’hui il est super difficile de médiatiser une affaire de VSS (par ex elles n'arrivent pas à médiatiser une affaire avec 800 victimes présumées dont 300 ont déjà porté plainte 😦 )
  2. Il y a un énorme besoin de formation, et de formation de qualité, qui prenne en compte la question du patriarcat et de l’aspect systémique des VSS. Et ça c'est ma came, et ça me donne envie d'agir.

Conclusion

Je suis bien contente d'avoir été à ces journées pour apprendre des nouvelles choses. Je suis aussi contente d'avoir mis cette liste au propre pour partager, et surtout, ne pas tout oublier sitôt dans le TGV du retour 😉.

On peut poursuivre la discussion avec plaisir, par mail ou sur mastodon 😉.

#LesEcologistes