Réflexions à chaud

Et pourquoi pas ?

Voilà ce que je me suis dit, en recevant la lettre récap' annuelle de Zaclys, dans laquelle je découvre que leur offre inclut désormais un blog personnel.

De mon cercle d'amis, lorsque j'étais ado ou post-ado, j'étais dans les premiers à plonger dans l'univers du numérique. J'ai d'ailleurs longtemps été le seul de tout mon entourage. Comme tous les geeks de l'époque, et jeunes cons de surcroît, je regardais d'un œil parfois moqueur certains usages de ce nouveau média.

Les “ASV général !” de tous les Kévin dès qu'ils rentraient dans un salon de discussion, les skyblogs de toutes les Pénélope en recherche d'admirateurs, les “lol” à l'oral de tous ces geeks qui, contrairement à moi, n'avaient pas établi une frontière entre leur vie en ligne et leur vie réelle, puisque celles-ci s'entremêlaient voire se superposaient.

C'est désormais la norme, on a nécessairement une identité en ligne viscéralement liée à celle que nos amis connaissent.

La quête de l'âge, le sexe et la ville de tous les participants du chat n'a pas survécu au bug de l'an 2000. On ne le regrettera pas !

Les skyblogs sont désormais rentrés dans l'Histoire, mais la blogosphère est devenue un univers à part entière, d'une richesse et d'une variété infinie. Je n'ai pas raté ce virage, je l'ai... snobé ?

Je me suis fait plusieurs fois la réflexion, une fois passé ce mépris de l'univers “skyblog” : et pourquoi je n'écrirais pas un blog, moi aussi ?

À l'époque, j'étais plutôt actif sur les réseaux sociaux. Le plus souvent en réaction qu'en création de contenus (il a pu m'arriver de lancer des pavés dans la marre en réagissant à certaines actualités), je me disais qu'après tout, partager son point de vue dans un blog ou en réaction à des posts sur des réseaux sociaux, c'était plus ou moins la même chose ?

La différence que j'y voyais, et que j'y vois encore, c'est qu'avec un blog, on se place au centre. Au centre de l'attention, au centre des intérêts.

Une partie de moi ne peut s'empêcher de penser qu'il faut être sacrément égocentrique pour se réveiller un jour et se dire “je vais écrire des choses tellement inspirantes, tellement brillantes, tellement disruptives que des milliers de gens liront mon blog et attendront avec impatience mes prochains écrits !”

Après tout, pourquoi écrire un blog si on n'espère pas qu'il sera lu, et si possible pas un grand nombre de personnes ?

Est-ce que je suis à la recherche de reconnaissance ? Pas tellement. Pas tellement à la recherche de mon quart d'heure de gloire à la Andy Warhol.

À vrai dire, du fait de mon caractère plutôt réservé, devenir l'espace d'un instant celui vers qui tous les regards sont braqués, ça ne me fait pas vraiment vibrer. Ou peut-être que si, mais on appellerait plutôt ça trembler !

Mais la réussite d'un blog peut être discrète, alors pourquoi pas ? Est-ce que j'ai des choses intéressantes à dire ?

Au cours d'une discussion à ce sujet, une connaissance m'avait dit il y a quelques années que ce n'est pas que pour les autres, pas que pour toucher le plus de monde possible, pas que pour partager son incommensurable savoir, que l'on écrit des blogs ; ça m'avait rassuré sur l'ego de tous les blogueurs mais sans bien comprendre le fond : du coup, pourquoi écrire ? “Pour structurer ta pensée”. À défaut de l'avoir structurée sous forme de blog, cette discussion l'avait bien alimentée. Et puis au fil du temps, je me suis dit plusieurs fois “ah oui ça j'aurais bien aimé écrire sur ce sujet”, ou bien “et si je faisais un blog qui tourne autour de ce sujet ?”.

Voilà les réflexions qui m'ont accompagné depuis ces 5, 10, 20 dernières années, sans jamais sauter le pas.

Est-ce que je viens de le faire ? En tout cas, j'ai maintenant le flacon. L'ivresse viendra-t-elle ? Je n'aurai plus aucune excuse.

Je vous avais prévenu.