Pourquoi et comment se réapproprier son temps sur son smartphone #1
Pour mener à bien un objectif, mieux vaut avoir une bonne motivation.
Une question d’identité
Le temps est important, et la manière dont nous donnons de notre temps à nos différentes activités reflète l’importance qu’elles ont pour nous. Ou du moins, cela devrait.
Le temps que nous passons pour chacune de nos activités défini aussi notre identité. *Chacune des expériences que nous vivons au quotidien participe à transformer à la fois notre appréhension du monde et nos capacités d’interaction avec celui-ci.*
Plus nous donnons de temps à une activité, plus cette activité participera à construire notre identité, et ce parce que :
- Nous développerons de nouvelles connaissances, restreintes ;
- Nous rencontrerons de nouvelles personnes, d’un certain milieu ;
- Nous vivrons de nouvelles choses, que d’autres ne vivront pas ;
- Nous lirons de nouvelles choses, qu’encore d’autres ne liront jamais.
Notre identité est ce qui nous rend unique, ce qui nous distingue d’autrui. C’est pourquoi mieux contrôler là où nous dédions notre temps est capital pour la construction de soi et de la personne que nous souhaitons devenir.
Ce que nous faisons aujourd’hui de nos journées construit ce que nous serons demain, autant (bien) choisir.
Ce que l’on veut de nous
Aujourd’hui les services et applications utilisées sur nos différents appareils (smartphone, tablette, ordinateur, TV, smartwatch, etc.) sont pleines de ce que nous pouvons appeler des recommandations.
Ces recommandations sont là pour nous présenter du contenu auquel il est vraisemblable que nous portions un intérêt pour que nous interagissions avec. Ce type de recommandation n’est pas une simple information, c’est un déclencheur d’action.
Nous pouvons alors comparer ces recommandations à des sollicitations puisqu’elles nous présentent un certain type de contenu dans l’objectif de générer chez nous un certain type de réaction.
Nous sommes des humains et nous sommes vulnérables, mais surtout ces sollicitations sont bien construites, alors il est parfois difficile de ne pas succomber à la tentation et de ne pas réaliser la réaction attendu de nous :
- Cliquer sur le lien d’une publicité ciblée Facebook ;
- Regarder une vidéo des recommandations YouTube ;
- Suivre un sujet d’actualité parce qu’il est dans les tendances Twitter ;
- Dérouler le flux dans la zone ‘explorer’ d’Instagram ;
- Lire les gros titres de Google Actualité.
Le temps que nous passons suite à une seule sollicitation n’est finalement pas dramatique, mais parce que ces sollicitations ne sont pas isolées et surviennent de nombreuses fois dans une seule journée, cela n’est plus marginal.
Jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, année après année, nous donnons de notre temps à ces sollicitations. Depuis combien d’années avons-nous un compte Facebook ? Et YouTube ?
Nous passons en moyenne trois heures par jour sur les réseaux sociaux, soit à peu près 45 jours cumulés par an. Plus de temps que je ne passe pour ma part à faire du sport ou à lire un roman.
Mais surtout trois heures par jour c’est plus de temps que nous passons chaque nuit à rêver. Plus de temps est désormais passé sur ces outils pleins de sollicitations, qu’à nos rêves, leur créativité et leurs fantasmes.
C’est pourquoi chaque parcelle de temps consacrée suite à l’une de ces sollicitations peut avec le temps, changer concrètement notre appréhension du monde, nos connaissances, notre identité.
Ces changements qui surviennent petit à petit sont le fruit de sollicitations, elles-mêmes basées sur des algorithmes de recommandation sur lesquels nous n’avons pas de contrôle, et dont il est même difficile de comprendre leur fonctionnement.
À qui devrai-je faire confiance ?
Je ne crois pas que les recommandations de manière générale soient mauvaises en soit. Il faut distinguer au moins trois types de recommandations :
- Les recommandations faites par des amis, de la famille, ou tout individus auxquels nous pouvons apporter une estime affective ;
- Les recommandations faites par des personnes sachantes dans leur domaine ;
- Les recommandations faites par des algorithmes (dont nous n’avons pas la maitrise).
C’est cette dernière catégorie que je vise, puisque celle-ci cadre et restreint l’expression et la construction de l’identité d’un individu.
En effet ces recommandations par algorithme n’empêchent pas la construction d’une identité, bien au contraire, elles sont tout aussi performantes pour construire une identité. Leur problème c’est qu’elles ne reposent pas sur les choix de l’individu.
Il est tout à fait normal de suivre les recommandations d’amies lorsqu’il s’agit de choisir une série à regarder, avoir un avis sur son dernier rencard, ou encore choisir un quartier ou habiter.
De la même manière il est tout à fait pertinent de suivre les recommandations de personnes sachantes lorsqu’il s’agit de choisir son prochain ordinateur, un prêt bancaire ou des soins à suivre.
La difficulté avec les recommandations par algorithme, et principalement sur les réseaux sociaux, c’est que celles-ci n’ont pas nécessairement vocation à nous informer, mais à nous encourager à passer davantage de temps encore sur la plateforme – consommer toujours plus de contenu.
Ces recommandations ne nous permettent alors plus de nous construire exclusivement à partir de nos désirs, de nos préférences, de l’estime que nous apportons à nos proches, ou de la pertinence des recommandations d’experts et expertes. Ces recommandations et sollicitations vont parfois même se substituer à celles d’amies, de la famille, ou d’experts et expertes ; pour générer chez nous certains désires, certaines connaissances, certaines habitudes.
Notre identité ne se construit alors plus autour de nos choix et de nos cercles affinitaires, mais à partir d’algorithmes méconnus et sans aucune vocation salutaire.
C’est pourquoi pour ma part je ne souhaite pas laisser ces services que j’utilise impacter mon identité sur le long-terme d’une manière que je ne contrôle pas.
Mon temps, mon identité ; comment la récupérer ?
Nous allons donc nous intéresser ensemble dans cet article à quelques exemples simples et drastique que nous pouvons mettre en place pour réduire le nombre de sollicitations quotidiennes. En commençant par son smartphone avec son écran d’accueil, les notifications, puis quelques astuces pour éviter les recommandations sur les réseaux sociaux quand cela est possible et changer leur usage.
Les exemples qui suivront chercheront donc à répondre à deux objectifs principaux :
- Réduire l’usage et la consultation de certains services et applications à un usage délibéré, et donc pour cela : limiter les sollicitations directes et discrètes à ouvrir une application. Ces modification se feront directement sur notre smartphone.
- Se réapproprier le choix du contenu des applications, et donc pour cela : restreindre ou éviter les recommandations de certains contenus d’applications. Ces modifications se feront en altérant l’usage de certains réseaux sociaux.