Messieurs les agriculteurs, mesdames les agricultrices, Vous protestez avec raison contre vos conditions de travail et réclamez une revalorisation de votre beau métier. Je ne peux que vous soutenir dans votre combat, du moins tant que vous ne vous trompez pas de cible. Ma sympathie pour votre mouvement s'est trouvée écornée ce soir en quelques minutes de reportage télévisé, au cours desquelles vous m'êtes apparus défenseurs d'une agriculture non pas raisonnée mais industrielle, non pas respectueuse de l'environnement mais empoisonneuse des terres et de la nature, non pas favorable à une alimentation locale mais à un marché libéralisé. Sinon comment comprendre le chahut organisé autour de la visite de la ministre écolo de l'agriculture wallonne ? Pourquoi vous en prendre à la représentante d'un parti qui milite pour une agriculture soutenable alors que le premier responsable de votre situation est le libéralisme économique qui vous met en concurrence avec le monde entier ? Bien évidemment, cette mise en concurrence est insoutenable si dans le même temps l'accès aux armes chimiques de l'agriculture industrielle vous est coupé. Mais fustiger les règles de préservation de la nature et de la santé plutôt que l'absence de protections commerciales voulue par l'idéologie libérale, c'est tirer sur l'ambulance plutôt que sur le premier responsable de votre situation, celui qui vous a rendu dépendant des banques et des marchands de poisons. Le représentant de la FUGEA, interviewé peu après en studio, a heureusement remis l'église au milieu du village et m'a redonné l'espoir de voir votre beau métier retrouver ses valeurs de paysannerie. Car ce n'est qu'en s'associant avec la nature, plutôt qu'en la combattant, que nourriciers et mangeurs pourront construire ensemble le monde de demain. MarcDS