Faire le vide
Je reviens d'une deuxième expédition à la benne où sont récupérés les vêtements et chaussures pour du recyclage. La première fois, c'était il y a 15 jours et j'avais porté 2 sacs. Aujourd'hui, j'en avais 2 nouveaux mais une descente à la cave pour aller chercher des confitures (celles que nous avions faites ensemble fin juillet, une dizaine de jours avant sa mort) m'a fait sauter aux yeux qu'il restait là des vieilleries qui pouvaient prendre la même direction, donc 2 sacs de plus.
Je n'ai mis dedans que des choses qui ne sont pas “donnables” : tissus usés jusqu'à la corde, chaussures déglinguées ou trouées, bref, du chiffon. Le reste, la majorité, je le donnerai à Emmaüs pour que cela profite à d'autres (de toute façon, mon amoureux n'achetait qu'en recycleries, la boucle sera bouclée).
Depuis, je pleure à gros bouillons. Je pleure ce qu'il faut jeter, le vide qu'il laisse dans les armoires, dans la cave mais surtout dans ma vie, je le maudis, lui et son foutu mini-syndrôme de Diogène qui me demande un travail de titan pour trier tout ce qu'il conservait, je lui demande pardon de jeter ses affaires, je pleure de rage qu'il soit parti comme ça en me laissant tout ce sale boulot qui me déchire le cœur.
Et je n'en suis qu'à 6 sacs. Il m'en reste 10 fois plus à porter à Emmaüs. Je découpe en petits tronçons ces moments de déchirement total, pour me préserver mais je me demande si finalement, je ne devrais pas remplir ma voiture une fois pour toute et en finir.
En tout cas, il va falloir que je retourne acheter des mouchoirs. J'arrive au bout de tous les paquets entamés trouvés dans ses poches en triant ses affaires (plus d'une dizaine). Il va m'en falloir des neufs. L'ironie.