Là où on s'aime, il ne fait jamais nuit
Notre première rencontre a eu lieu une chaude journée de juillet, au sortir du confinement. Je me souviens comme si c'était hier du moment où je l'ai aperçu, sur cette place où il m'attendait (j'étais en retard), de son regard, de son sourire, d'avoir posé mon sac à dos pour me jeter dans ses bras et de ses premiers mots : “On y est”.
Nous nous sommes serrés fort, puis très vite, nos bouches se sont trouvées et le clodo qui était assis sur le banc pas loin a été le seul témoin de ce baiser d'anthologie qui venait sceller un amour tout neuf et durable.
La journée s'est passée comme dans un rêve. Nous avons déambulé dans les rues, le long de la Saône, sur les pavés, nous arrêtant tous les 10m pour nous regarder, nous embrasser encore et encore. Je pense ne pas avoir lâché sa main des heures durant.
Nous sommes allés voir une expo de photos, nous avons grignoté un morceau, nous avons parlé encore et encore, nous avons exploré nos corps à travers nos vêtements, comme des ados timides qui flirtent cachés. Nous nous sommes regardés, embrassés tellement que le soir venu, j'avais encore la sensation de sa bouche sur la mienne, des heures après l'avoir quitté.
En le raccompagnant au train, je lui ai offert un livre et une carte, écrite le jour-même, au crayon à papier parce que je n'avais pas de stylo sur moi.
Je viens de la retrouver, en triant ses papiers personnels. Cette carte comporte un symbole rouge, probablement d'une langue disparue. Au-dessus est inscrit “Là où on s'aime, il ne fait jamais nuit” (proverbe africain).
Et au dos, j'ai écrit : “Et donc, en chacun d'entre nous, il ne fera plus nuit. Parce que je t'aime, que tu es venu illuminer ma vie, la réveiller, me réchauffer. Je t'aime, mon feu d'artifice, ma lumineuse évidence. Merci pour cette merveilleuse journée que je n'oublierai jamais. Et rendez-vous pour les prochaines que j'espère nombreuses“
Il faut absolument que je repense à cette phrase, il ne fera plus jamais nuit, même en ces temps où j'ai l'impression que le jour n'existe plus.