La solitude
Après la mort de mon amoureux, j'ai été immédiatement très entourée. J'ai appelé mes parents, comme une petite fille blessée appelle à l'aide. Mes sœurs sont aussi venues très vite et j'ai reçu d'innombrables coups de fil et messages de la famille plus éloignée. J'ai prévenu mes collègues, mes amis ici, le téléphone n'a cessé de sonner, de vibrer, de donner du réconfort sous forme de mots ou d'images qui m'ont été d'un grand secours.
Parfois les gens me disaient à quel point ils étaient désolés de ne pas trouver les mots, de ne rien pouvoir faire mais le fait de les savoir là, quelque part, en train de compatir à mon chagrin, de penser à mon amoureux disparu, c'est quelque chose d’extrêmement précieux. Nous faisions communauté dans la peine, nous formions une grande chaine d'humanité et je me suis sentie reliée à tout le monde, y compris les personnes que je ne connaissais absolument pas (ses collègues, par exemple).
Les mots reçus tout au long de ces premières semaines sans lui ont été d'un grand réconfort et en même temps, ils venaient aviver le déchirement d'avoir perdu cet homme merveilleux, qui a laissé auprès de tous ceux qui l'ont connu un souvenir fort et singulier.
Et pourtant.
Pourtant, même au milieu de cette communauté de chagrin, même au milieu des gens nombreux qui sont venus lui rendre un dernier hommage il y a une semaine, je me suis rendue compte que j'étais seule. Cet homme était ma moitié, je lui disais souvent qu'il remplissait ma vie de bonheur et d'amour, qu'avec lui, je me sentais enfin “complète”. Maintenant qu'il est parti et qu'il ne reviendra plus jamais, je me sens si seule que je pourrais en crever.