Le gouffre du dimanche
Je vais dire les choses crûment : les ouikendes, depuis 2 semaines que je les passe seule, ce sont des gouffres de tristesse. Au début, on marche au bord en allant faire le marché, en voyant un peu des gens, en répondant au téléphone et il y a toujours un moment, de préférence le dimanche, où l'on finit par tomber au fond du trou, quel que soit l'état du moral en se levant. Et le trou peut se révéler profond.
Aujourd'hui, j'ai cuisiné (ce qui n'était pas évident les premiers temps, pas envie, à quoi bon pour manger en tête à tête avec le mur). J'ai fait à manger pour 3 repas, tant qu'à faire, j'anticipe déjà les soirs de fatigue, de flemme, de déprime. Ce faisant, je me suis mis une petite playlist musicale de “petites douceurs”.
Mais quand on écoute vraiment les chansons, ce qu'elles disent (en anglais), c'est l'horreur. Des histoires d'amour perdu, des histoires d'amour naissant mais que je ne peux plus mettre qu'au passé, des regrets, des routes à ne pas prendre, des chansons qui me font penser à mon amoureux, des titres sur lesquels nous n'aurons jamais eu l'occasion de danser.
Me voici donc au fond du trou, du gouffre de tristesse du dimanche. Je n'ai pas terminé mon assiette et j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps en faisant la vaisselle. Je suis tellement triste qu'il ne serait pas déconnant que j'aille m'allonger dans la forêt, là où il repose, pour attendre moi aussi de passer de l'autre côté.
Rassurez-vous, cela ne va pas arriver. Mais je suis tellement démunie face à ces moments où même l'envie de vivre me déserte totalement. Je vais être honnête : il n'y a pas un jour depuis le 12 août dernier où je n'y ai pas pensé, même fugacement. Et finalement, la seule chose qui, même au fond du trou, me fait remonter à la surface, c'est lui. Regarder cette photo de lui où il sourit, où ses yeux pétillent et me disent : “Bien sûr que non, petite F” (F comme forte, c'est une blague entre nous).