Lecture

Comme je l'ai déjà dit ici, la lecture n'a jamais été aussi compliquée pour moi que ces dernières semaines : difficultés de concentration qui me demandent de relire des passages entiers, divagations mentales qui m'entrainent tellement loin que je perds le fil, larmes soudaines et sans rapport avec le contenu du livre (ou alors juste un mot), bref, c'est compliqué.

J'ai néanmoins trouvé un livre dans lequel j'arrive à avancer et il se trouve que c'est un journal de deuil, celui de Joyce Carol Oates, dont l'époux est décédé subitement après une brève maladie. Le livre s'intitule “J'ai réussi à rester en vie”.

Il y a dans ce livre tellement de passages que j'aurais pu écrire, certains même qui ont été écrits ici, c'est pour moi confortant de voir que ce que je ressens, d'autres l'ont ressenti avant moi de la même manière et l'ont parfois exprimé de la même manière, pas toujours académique.

Alors je sais bien que je ne suis pas la première ni la dernière ni la seule, j'en ai bien conscience depuis que je raconte mon histoire ici ou là et que d'autres me racontent la leur en retour. Mais j'avais envie (ou besoin ?) de lire quelque chose là-dessus et ce livre m'aide à traverser ces jours flous où plus rien ne semble avoir de sens pour moi.

Je surligne des passages qui me parlent, qui résonnent en moi de manière singulière. Par exemple, quand elle va le voir à l'hôpital où il vient de décéder :

A présent, il s'est retiré dans un lieu où je ne peux plus plus le suivre. Simplement derrière ses yeux fermés.

Ou alors, plus tard, après les obsèques :

Il y a quelque chose de terrifiant à être seul, plus même qu'à se sentir seul. Et à présent, c'est ma vie. C'est ce que sera ma vie. Cette solitude, cette angoisse, cette peur de l'heure suivante, de la nuit qui vient et du matin qui suivra, [...] voilà ce que sera le reste de ma vie sans mon mari : incroyable, impossible à croire et pourtant – évidemment vrai.

Je partagerai sans doute d'autres passages, Joyce Carol Oates écrit tellement mieux que moi.