Les battements de cœur
Hier, avec une collègue et son mari, nous sommes allés replanter, dans les règles de l'art, le petit arbre du souvenir que les stagiaires de mon amoureux avaient tenu à mettre en terre le jour de la cérémonie de dispersion des cendres. C'était un geste symbolique qui m'avait beaucoup touché mais ce n'étaient pas des spécialistes et je voyais bien que ce petit chêne vert aurait mérité un peu plus de chances.
Hier, donc, à la veille de la Sainte-Catherine (où tout ce qui est planté prend racine, comme le dit le dicton), nous avons déterré l'arbre, creusé un trou plus profond, défait la motte où les racines étaient un peu à l'étroit, arrosé, mélangé la terre au terreau plus riche et coupé quelques unes des branches qui étaient mortes. Le mari de ma collègue (dont c'est le métier, de planter des arbres) m'a rassuré sur l'emplacement et ses chances de survie. D'ailleurs, quelques bourgeons récents étaient là pour attester de la bonne santé de cet arbre que je nomme “l'arbre du souvenir”.
Il y a maintenant plus de 3 mois que mon amoureux est parti, je pleure moins souvent, de manière moins inopinée qu'aux débuts. Je lui parle encore à voix haute, de temps en temps, comme s'il était à côté de moi. Il me manque dans toutes les petites choses du quotidien : pour lui faire partager un éclat de rire à la lecture d'une BD, pour commenter l'actualité, pour regarder les mésanges picorer dans la mangeoire sur le balcon.
Ces derniers temps, une chouette hulotte a élu domicile près de chez nous. Je l'entends quand je rentré à la nuit tombée et parfois aussi le matin en partant de bonne heure, quand le jour n'est pas encore complètement levé. C'est nouveau, cette chouette et je ne peux m'empêcher de penser qu'à travers ses hululements, c'est mon amoureux qui m'envoie un petit signe. Je deviens un peu cinglée, je crois... ;–)
En terminant une série hier, j'ai réalisé que mon amoureux était un fervent défenseur du don d'organes. Il avait harcelé ses parents pour qu'ils fassent une carte de donneurs quand il était étudiant, c'est son papa qui m'a raconté ça récemment. Lorsqu'il est mort, tout a été si vite et son corps étant parti à la morgue pour autopsie judiciaire, je n'ai même pas pensé à le signaler et je me demande si, le sachant, il aurait été possible de faire des prélèvements quand même (à mon avis non).
Dans la série que je regardais, la jeune veuve écoute le cœur de son mari défunt battre dans la poitrine d'un receveur à qui il a sauvé la vie. J'aurais tellement aimé que des organes de mon amoureux puissent aider d'autres personnes...