Les larmes
Je crois que je n'ai jamais pleuré autant de toute mon existence. Et pourtant, je pleure facilement, dans la vie de tous les jours. Un film émouvant, une chanson qui me touche, un mot gentil, l'eau déborde de mes yeux à de nombreuses occasions. Depuis un mois et quatre jours, je pleure tous les jours et plusieurs fois par jour. Le chagrin, la solitude, le manque, les souvenirs des moments heureux qui n'arriveront plus, je pleure doucement ou à gros bouillons, c'est selon.
Je pleure allongée dans le noir quand le sommeil me déserte, je pleure en cuisinant ou en faisant la vaisselle, je pleure en plein milieu d'une page de livre (sans rapport avec ce que j'essaie de lire – la lecture est compliquée en ce moment, j'ai la capacité de concentration d'un poisson rouge), je pleure sous la douche, je pleure en marchant dans la forêt, je pleure en conduisant (ne faites pas ça chez vous, c'est dangereux).
Je me demande comment il est possible que le corps puisse produire autant de larmes... (et je comprends mieux le médecin qui m'a conseillé de beaucoup boire).
Aujourd'hui, il fallait bien que ça arrive, j'ai craqué devant les élèves. J'avais réussi jusque là à esquiver en me sauvant dans le couloir lorsque je sentais l'émotion monter mais là, je n'ai pas pu. Ils ont eu l'air un peu inquiets alors je leur ai expliqué pourquoi je pleurais, en plein comité de rédaction du journal du collège (il y avait un lien avec mon amoureux) et que ce n'était pas grave, que j'étais juste triste mais que ça allait passer et effectivement, rapidement, on est passé à autre chose. C'est bête, c'était la première fois que je remettais du mascara depuis le jour funeste...
Je me dis que les larmes finiront par s'estomper, j'y crois dur comme fer. D'ailleurs, il me semble déjà qu'elles sont moins fréquentes. Dans ces larmes, j'évacue la peine, la colère, le sentiment d'injustice, le vide dans lequel je suis plongée. Alors je les laisse faire, je ne lutte pas (trop). Par contre, je vais me démaquiller à titre préventif pour ce soir : la semaine dernière, on a commencé le cours de yoga par la position dite du “cadavre” et j'avoue, j'ai un peu sangloté en silence.