Noël
Si j'étais comédienne et que je ne savais pas pleurer sur commande, je pourrais tenter de penser aux “fêtes” de fin d'année qui vont démarrer dans 10 jours. Succès garanti, quel que soit le cadre : maison (sanglots irrépressibles), boulot, train, vie associative (larmes plus ou moins discrètes qui dévalent mes joues sans bruit).
Hier, j'ai fait quelques emplettes pour les cadeaux et j'ai trouvé plein de choses que j'aurais aimé offrir à mon amoureux. Lui aurait déjà sans doute commandé plein de livres pour moi qui attendraient sous le sapin mural mais qu'il aurait du mal à tenir secrets jusqu'au jour J (”Allez, on en ouvre qu'un” puis un 2e, un 3e...)
La simple idée de fêter Noël sans lui me déchire le cœur en mille confettis, c'est juste inenvisageable.
Cela fait déjà une semaine que je pleure tous les jours, plusieurs fois par jour, même et j'en ai encore pour une autre semaine. Après, ce seront les retrouvailles avec la famille dans ce gîte qu'il aimait bien et il n'y aura plus trop de temps pour le chagrin. Comme pendant le voyage en Grèce, nous vivrons dans le bruit et l'agitation de cette période particulière, entre tarots endiablés et repas riches, une dizaine de personnes autour de la table et pas trop d'espace pour être seule avec mon chagrin.
Il y aura les souvenirs aussi, de ces 3 derniers Noëls avec lui, où il a apprivoisé ma famille remuante et s'est fait une place de choix dans le cœur de tous, une place que je n'ai pas vraiment mesurée jusqu’au jour où il est mort et où mes proches ont été plongés brutalement dans un deuil presque aussi douloureux que le mien (je l'ai bien vu lors des 2 cérémonies et dans leur façon d'être autour de moi).
Je suis désemparée, je ne sais pas si je vais y arriver. Cela fait si mal, c'est si douloureux... Je n'ai pas envie que Noël arrive, je voudrais arrêter le temps et puis tant qu'à faire, le remonter jusqu'aux jours où mon amoureux était vivant, avec moi.
Je pensais avoir fait le plus dur mais non, le plus dur est encore devant moi et je ne sais pas si j'aurai la force, le courage d'affronter ça. Je crois que je n'y arrive plus, après avoir fait illusion jusque là. Et je n'ai même plus envie d'y arriver. Je me sens si fatiguée, je n'ai souvent même plus envie de vivre. Cela demande trop d'efforts et pour trop peu de sens puisqu'il n'est plus là. Je me demande où tout cela va bien me mener.