Toujours debout (round 2)
J'ai réussi à tenir aussi pendant ces vacances, passées, il est vrai, loin de chez moi et en compagnie de 8 autres personnes de ma famille, 24h/24h : ça aide à penser à autre chose qu'à son propre nombril ou en l'occurrence, qu'à son chagrin.
Il y a eu le voyage, la beauté de ce pays jusque là inconnu, le soleil et la chaleur, les montagnes, la mer (et les baignades), les sites antiques, les histoires mythologiques racontées à mes petites nièces par ma sœur (qui, si elle se lasse de son boulot, pourrait se reconvertir en guide touristique), les repas où l'on parle fort et les nuits à 6 dans une pièce.
Moi j'ai beaucoup suivi le mouvement, participant parfois activement, d'autres fois moins. Il y a aussi eu quelques moments difficiles où le chagrin, tapi en embuscade, m'a repris par surprise, me laissant loin derrière le groupe. Je ne voulais pas gâcher la fête alors j'ai essayé de pleurer en solitaire (mais peu d'occasion d'intimité dans ce contexte), j'ai un peu camouflé ma tristesse par moments et bon gré mal gré, j'ai tenu bon, dans cette communauté familiale bruyante et joyeuse, à mon rythme.
J'ai aussi rêvé de mon amoureux, pour la première fois depuis qu'il est mort. Un rêve d'une tristesse infinie, où il me quittait sans que je sache vraiment pourquoi, ni si c'était définitif (mais au fond de moi, je savais que ça l'était). Ce rêve assez court m'a éveillée en larmes et voulant le poursuivre dans l'espoir d'une réponse, j'ai fait aussitôt après un autre rêve professionnel où toutes les personnes que j'appréciais et sur qui je pouvais compter m'abandonnaient, elles aussi. Je compte explorer ce sentiment profond d'abandon dans les temps qui viennent car il n'est pas nouveau.
Je suis rentrée chez moi hier. J'aurais pû attendre aujourd'hui mais je crois que j'étais pressée de retrouver mon appartement, encore plein de mon amoureux et surtout, la première chose que j'ai faite, c'est d'aller revoir l'endroit où ses cendres sont dispersées parce que je crois que cela m'avait manqué. C'était beau comme un sous-bois dans la lumière du couchant, apaisant, rassurant. La photo est là
Je lui parle moins à voix haute, je pleure un peu moins aussi, je sens que le travail de deuil progresse doucement. Lundi, je reprends le boulot, celui qui m'avait aidé à tenir debout, au début. On va voir comment tout cela va se passer...