Point d'étape
La vie de masterant·e n'est pas un long chemin tranquille : nuits passées à cogiter (j'ai ainsi mis en place, bien involontairement une ébauche de plan), idées survenant à des moments incongrus où le mémoire est loin d'être la priorité (des hypothèses de travail me sont apparues dans mon trajet en bus, alors même que j'avais laissé cette question en attente jusqu'à présent et que je pensais à autre chose), ou encore nouvelles pistes qui s'ouvrent et qui laissent un temps de perplexité : j'y vais ? ou pas ? Le point positif est que je vois bien que tout cela avance (curieusement, les réflexions nocturnes sont productives) et que je m'immerge peu à peu dans mon sujet. Le point négatif est que les nuits courtes ne favorisent pas le passage à l'action. Il faudrait que je commence à rédiger un bout de quelque chose à envoyer à mon directeur de mémoire, et je tourne autour sans rien entamer, trop de pistes s'ouvrent, et trop de doute s'insinue (ai-je fait assez de lectures sur ce point ?). Il est temps de faire un point, et écrire sur ce blog c'est déjà écrire.
À la croisée des chemins
- il faudra que j'explique ce que j'appelle “site de chercheurs” : j'ai découvert durant ma licence à Caen que des sites étaient créés par des chercheurs, sur des sujets pointus, ou pas, et sous des formes variées. On peut avoir des dictionnaires, des bibliothèques, des cartes, des éditions numériques d'ouvrages... Il faudra que je vérifie, mais ils sont souvent édités en partenariat avec des Maisons de la Recherche en Sciences Humaines (MRSH). Dans le corpus que je mets en place, je vais me référer à des sites qui sortant de ce cadre mais restent dans le domaine culturel, notamment des banques de données. Il est donc important que je sois claire là-dessus, que je ne sois pas moi-même dans la confusion de ces deux approches.
- je commence à avoir une idée sur la façon dont je vais construire ma grille d'observation des sites : je vais avoir une stratégie de combinaison de différentes approches : accessibilité pure, avec les critères du Référentiel Général d'Amélioration de l'Accessibilité (RGAA) ; sémiotique de Nicole Pignier dans son livre Penser le webdesign et celle des écrits d'écran de Souchier dans Le numérique comme écriture. J'ai réalisé que toute une partie du RGAA demande une expertise purement informatique, expertise que je n'ai pas. Mon approche est celle des humanités numériques, et non d'une informaticienne. C'est une nuance que j'ai mis longtemps à entendre. Il faudra donc que je précise que je travaillerai sur tout ce qui apparaît à l'écran pour l'usager. J'y ajouterai aussi une partie sur le contexte économique de l'existence des sites.
- il faut aussi que je finalise mon corpus de sites. J'ai des pistes, au moins 4 sites sur lesquels je me suis décidée. Il m'en faudrait au moins 6. J'ai d'autres pistes, il faut juste que je prenne le temps d'aller les visiter, et de conforter mes choix. Dans ma liste :
- bien sûr le site de la Bibliothèque Virtuelle du Mont-Saint-MIchel (BVMSM),
- le site Dezède,
- le site des essentiels de la Bibliothèque Nationale de France (BNF)
- le site Nénuphar auquel je pense ajouter :
- le site des manuscrits de Stendhal
- celui des manuscrits de Mauriac...
- ou encore un site des personnages normands... C'est en les explorant et en les comparant les uns aux autres que je pourrai déterminer quelle combinaison sera la plus riche pour faire avancer la réflexion. L'existence d'un article universitaire à leur sujet est aussi une variable que je prendrai en compte, cela permettra d'avoir un aperçu des intentions derrière la conception de ces sites, et du contexte général.
- Enfin le cadre théorique. Je crois que je commence vraiment à avoir une vue globale, entre Sciences de l'Information et de la Communication (SIC), sciences du langage (sémiotique, linguistique), et peut-être une approche ethnographique : le travail de Bruno Bonu sur les prototypes me paraît avoir un lien, peut-être un peu ténu, mais avec quelque chose à creuser ; l'idée générale est la suivante : un usager tombant sur la page d'accueil d'un site de chercheurs se trouve dans une page web certes, mais, au contraire d'un site classique informatif, les codes, le fonctionnement et les aboutissements lui sont inconnus ; il se trouve finalement dans la posture d'un potentiel usager d'un prototype, or les prototypes font l'objet de présentations spécifiques pour que leurs usagers puissent se les approprier...
Se trouver un cap
Rédiger une ébauche de cadre théorique me semble le plus urgent. C'est ce qui m'impressionne le plus dans la démarche du mémoire. Passer à l'étape d'écriture, même imparfaite, pour le soumettre enfin à mon directeur de mémoire et avoir un regard critique. Cela me permettra de savoir si je ne fais pas fausse route. Je lui soumettrai en même temps mon ébauche de plan, qui s'appuie sur une carte mentale. Celle-ci est bien fouillis pour le moment, elle va évoluer à son rythme. Je pense m'atteler ensuite à la grille d'observation, elle me permettra de faire mes premiers constats.
Petites découvertes au bord du chemin
Je suis inscrite sur le réseau social Mastodon(1). J'y interviens peu mais il est précieux dans ma veille, notamment parce que des militants de l'accessibilité y participent et contribuent. C'est par ce biais que j'ai pu découvrir le site de la mairie de Blois 100% accessible. Il est intéressant de voir que son évolution est le fruit d'une démarche globale de réflexion sur l'usage du numérique par la ville aussi bien sur l'accessibilité que l'éco-conception, la protection des données personnelles ou l'usage de l'intelligence artificielle. Par ailleurs, en parcourant le livre de Marie-Anne Paveau L'analyse du discours numériques , je suis tombée sur la notion de technographisme, qu'elle définit comme
une production sémiotique associant texte et image dans un composite natif d'internet (p.305)
Une des productions émanant des réseaux sociaux est la photographie de texte : il s'agit de faire des captures d'écran d'un texte, avec son contexte de publication (un post sur X, un article sur son site de publication...). Je sais maintenant que ce genre de pratique pose un problème en terme d'accessibilité, puisque les lecteurs d'écran, outil permettant la lecture des écrans pour les personnes malvoyantes, ne peuvent lire une image. Sur le réseau social Mastodon, il est (normalement) d'usage d'accompagner chaque image publiée d'un ALT, soit un dispositif qui permet d'éditer une description de l'image, lisible par un lecteur d'écran. Ainsi, ces captures de texte donnent lieu à des ALT particulièrement utiles puisque le texte est transcrit. L'utilisateur pourrait plus facilement semble-t-il publier directement dans son post le texte qui lui semble intéressant. On voit ici l'importance accordée au contexte de publication présent dans la capture d'écran. Ceci m'a fait penser aux manuscrits numérisés, qui se trouvent dans une situation d'une double inaccessibilité : les écrits manuscrits sont souvent illisibles pour le profane, et l'image numérisée de ces manuscrits est illisible par les lecteurs d'écran. La transcription de ces textes est donc utile à double titre.
Ce temps de mise au point devrait me permettre de poursuivre plus efficacement... Pour suivre mon chemin, je me lance à l'assaut de mon cadre théorique !
(1)Pour en savoir plus sur Mastodon : – https://joinmastodon.org/fr – https://wiki.libretic.fr/fr/service/mastodon – https://louisderrac.com/ressources/guide-mastodon/