Lectures d'été

Pour alléger la bibliothèque du camion, nous sommes partis avec une liseuse chacun (car cet outil littéralement communiste qu'est la bibliothèque municipale en prête au même titre que des documents) c'est bien pratique et pour ma part ça faisait un moment que je n'en n'avais plus utilisé, notamment car :

  1. je rechigne à acheter des fichiers numériques au prix de livres neufs
  2. je n'ai pas envie de maintenir une bibliothèque numérique personnelle, je passe suffisamment de temps comme ça devant un écran (c'est également la raison pour laquelle je ne trie plus mes photos, du coup je n'en fais rien -des photos- et petit à petit je n'en fais plus du tout).

Évidemment grâce au collectivisme susmentionné on peut emprunter un paquet de livres numériques à la bibliothèque ce qui fait tomber l'argument précédent, en fait je préfère lire des livres en papier et aussi me déplacer ça active ma graisse.

Mais là c'est pas comme si j'avais le choix, alors j'ai réinstallé Calibre et je dois dire en passant que c'est une merveille d'ingénierie open source, j'ai récupéré grâce à Jérôme -encore lui- un paquet de trucs de la Team Alexandriz (qui est un groupe de pirates, non pas de la musique comme aux temps glorieux des années 2000, mais de la littérature française, et dont les productions sont encore facilement accessibles sur les internets) et suis parti avec une sélection.

Les vacances c'est l'occasion de bouquiner et je me suis dit que j'allais chroniquer ces trois semaines. Alors évidemment Alexandriz est un groupe de nerds donc certains genres sont sur-représentés, notamment la science-fiction (des vaisseaux spatiaux et des extraterrestres, j'aime bien), la fantasy (des elfes, des trolls, de la magie dans une ambiance pseudo-moyennageuse avec des noms débiles de lieux et personnages -ce qui me fait penser à cette note géniale de Boulet qui m'a de nouveau fait rire aux larmes à l'instant-, j'aime quand c'est bien fait), la bit-lit (loups-garous et vampires avec des intrigues à l'eau de rose, ça me fait marrer, mais alors vraiment à très petite dose) et la romance (comme son nom l'indique, là je suis moins client). Et il y a pas mal de classiques aussi hein faut pas croire.

Donc j'ai lu quoi ? (désolé pour la suite hein je parcours ma fameuse bibliothèque numérique afin de m'en souvenir et donc ils sont classés par ordre alphabétique d'auteur)

Douglas Adams

Un grand classique de SF foutraque britannique. Tous les informaticiens connaissent car c'est grâce à lui que 80% du temps quand on demande “la réponse” il y a un nerd dans l'assemblée pour penser très fort ou répondre 42. J'avais essayé de lire H2G2 il y a quelques années déjà et ça m'était tombé des mains : trop foutraque et trop britannique sans doute ? je maintiens car j'ai réessayé et je n'ai pas réussi à aller au-delà du troisième chapitre. Ça passait peut-être mieux sous sa forme originelle de feuilleton radiophonique sur les ondes de la BBC.

Par contre j'ai lu avec grand plaisir un cheval dans la salle de bain qui est aussi très très second degré en étant plus accessible. Je suis peut-être préconditionné après avoir regardé la deuxième adaptation en série télé qui est une jolie réussite. D'ailleurs je n'ai pas les deux tomes suivants et j'en suis triste.

Asimov

Là encore un grand classique, des années 60 cette fois : Asimov a inventé les trois lois de la robotique abondamment reprises par la suite et il a été le seul lauréat du prix Hugo pour trois livres (le début de Fondation). J'en ai lu un paquet quand j'étais ado et j'avais gardé le souvenir d'une écriture pas terrible avec des intrigues et des personnages très datés. Olive m'ayant fait (re)lire Les courants de l'espace qui en fait était pas si mal, je me suis dit pourquoi pas et j'en ai repris plusieurs.

Mouais je confirme c'est quand même pas gégé tout ça, les personnages féminins sortent d'un chromo des années 60, les autres sont terriblement stéréotypés on a tous envie de les baffer. En plus les explications pseudo-scientifiques (ou scientifiques tout court, Asimov était surtout connu en tant que vulgarisateur) se trainent en longueur dans une langue des années 40 c'est à s'arracher les cheveux ce boulgi-boulga (ou à sauter pleins de paragraphes) je me demande à quel point la traduction est en cause.

Il faudrait que je relise Fondation pour voir mais alors j'ai la flemme.

Agatha Christie

Je ne vous fais pas l'injure de vous la présenter, c'est aussi un auteur dont j'ai englouti des palanquées d'ouvrages quand j'étais ado et je me suis demandé ce que cela donnerait de les relire maintenant.

J'ai un faible pour Hercule Poirot j'avoue et à la relecture ca passe presque bien. Je dis presque parce que tout est raconté par son sidekick Hastings qui est l'équivalent du Dr Watson mais en moins bien : il est malheureusement d'une stupidité sans borne et me sort par les yeux. Il est absolument impossible que Poirot puisse le supporter au quotidien et encore moins l'avoir pour ami, ça gâche tout. Non content d'être un imbécile fini c'est aussi un sale machiste rétrograde (ce qui n'est bien entendu pas le cas d'Agatha Christie c'est un contrepoint mais il est bien trop forcé). Poirot est vraiment bien par contre et il y a des répliques savoureuses quel dommage qu'Agatha (oui je l'appelle par son prénom elle ne risque plus de s'en formaliser) n'ait pas foutu Hastings à la baille dès le deuxième opus.

Bon il faut que je relise un ou deux classiques pour confirmer même si ça m'énerve d'avance d'avoir à supporter ce personnage imbécile.

Glen Cook

J'ai relu et ce doit être pour la troisième fois, les premiers volumes de la Compagnie noire (et uniquement parce que je n'ai pas les autres sous la main) haaa ça c'est de la bonne fantasy comme j'aime et qui passe encore mieux à la relecture c'est formidable, la psychologie des personnages est bien épaisse et ambivalente, ça trucide à la pelle, la magie est soit incompréhensible soit de la pure illusion et en prime on change régulièrement de narrateur. Il y a peu de personnages féminins sauf deux des protagonistes principaux et il n'y a pas de bon ou de mauvais et les relations entre les personnages deviennent de plus en plus complexes au fil de la saga qui hélas n'est pas terminée.

En plus pour contrarier Boulet les personnages et les lieux ont des noms faciles à retenir genre Plume, Trajet, Aviron ou Bélvédère.

Michael Crichton

J'ai un gros faible pour Crichton depuis que j'ai lu Jurassic Park il y a fort longtemps et dans le tas, là, il y avait Pirates et ben c'est pas décevant, une bonne histoire de... pirates qui casse pas trois pattes à un canard mais que j'ai lu d'une traite. Un moment idéal de plage donc, avec intrigue capilo-tractée, personnages attachants et peu vraisemblables assaisonnés avec une pincée de vérité historique pour que ça sonne presque juste.

Robert Holdstock

J'ai lu La forêt des myhtagos bien sûr, c'est de la fantasy de haute volée, sombre et oppressante, moite et mystérieuse et dont les références sont nombreuses et profondes. Ce n'est pas facile d'accès par contre, ce qui est encore plus vrai du Codex Merlin, une relecture du mythe de Merlin mélangé avec celui des Argonautes. Bref cette fois-ci c'est Le souffle du temps qui émerge, la 4° de couverture dit que c'est sa seule incursion dans la SF. L'avantage c'est qu'il y a pleins d'idées non développées qui rendent l'univers très riche, on se focalise sur le psychologie des personnages qui sont difficiles à suivre je trouve. Pas inoubliable il a bien fait de rester sur son filon mythologique.

Simenon

Parmi les classiques, j'ai aussi l'intégrale des Maigret en voilà une valeur sûre on n'est jamais déçu par ce bon vieux commissaire, en plus on les avale comme les demis qui montent de la brasserie Dauphine, hop !

Les descriptions sont inégalables et Simenon arrive à faire vivre toute cette population de manière tellement vraie c'est fou, avec un soupçon de nostalgie vu que c'est un monde oublié maintenant : je commence par le début et ça se déroule dans les années 30.

Hugh Laurie

J'avoue j'ai presque honte, je l'avais déjà vu trainer en rayon et avais failli le lire avant qu'un espèce de pré-remords m'en empêche, la peur sans doute de me faire arnaquer de nouveau par une quatrième de couverture, comme ça m'arrive si souvent. Hugh Laurie est plus généralement connu sous le nom de “dr House”, par les gens qui regardaient des sitcoms médicales dans les années 2000. Là, le livre venant sans effort il est arrivé dans ma pile, c'est en fait une bonne surprise dans le genre pas prise de tête, et rigolo, englouti sur la plage.

Arturo Perez-Reverte

J'avais lu les premiers volumes du Capitaine Alatriste sans aller au bout de la série du coup j'ai pris les deux qui manquaient et maintenant je sais pourquoi je m'étais arrêté en route. L'effort est louable, le personnage principal est plus espagnol que le roi et c'est du roman historique de bonne facture, mais un peu fatiguant à la longue en plus il m'énerve à faire revivre des personnages historiques. Bref.

Gene Wolfe

Alors ça. Ses livres sont pour la plupart épuisés en français (plusieurs d'entre eux ne sont pas traduits alors que c'est un écrivain majeur je ne comprends pas) du coup il m'en manque certains et j'en connais peu de lecteur. Grâce à Alexandriz j'ai pu lire le dernier tome d'une de ses séries principales et qui me manquait, Le livre du nouveau soleil. Évidemment les fins de série c'est toujours moins bien, c'était quand même l'occasion de me replonger dans l'ambiance unique de Wolfe.
C'est mystérieux, allusif, écrit comme si ça coulait de source, bizarre et profond, si je continue je vais me mettre à employer trop de superlatifs comme les auteurs des guides de voyage qu'on a embarqué avec nous.

Lisez Gene Wolfe c'est tout bonnement génial. C'est peut-être de la SF, ou bien un mélange de SF et de fantasy s'il faut absolument coller une étiquette. Le livre du nouveau soleil est un roman initiatique où le personnage principal est particulièrement humain et naïf, entrainé dans des évènements qui le dépassent et nous dépassent aussi car tout est mystérieux dans ce monde mourant situé très loin dans le futur.

J'avais aussi beaucoup aimé Soldat des brumes, l'histoire d'un soldat perse en -500 qui perd la mémoire à chaque fois qu'il dort et qui écrit ses aventures pour lui-même afin de conserver son intégrité psychologique et dont le récit constitue le roman. En contrepartie il a la capacité de voir et d'interagir directement avec les personnages mythologiques. Follement original et prenant.

Larry McMurtry

Là c'est un livre physique, j'ai découvert Lonesome Dove par hasard en piochant en librairie mais j'avais plutôt commencé par la fin (ce qui n'est pas très important) donc je suis parti avec le premier volume (et j'aurais dû prendre la suite tant pis ça attendra septembre). McMurtry a obtenu le prix Pulitzer pour ce roman et il est aussi connu comme scénariste (notamment de Brockeback montain). C'est du western, ça se passe en 1840 au Texas après le détachement du Mexique et avant le rattachement aux USA, ca se lit comme on boit de l'eau, c'est désopilant par moment, terrible par d'autres tandis que les personnages ont pleins de failles et sont par conséquent très attachants. Ça donne une bonne idée de la difficulté de la vie des colons (ou en tout cas c'est très vraisemblable). Je recommande vivement là aussi.

Conclusion

Bon l'exercice de rétrospective me fait dire que c'est pas fameux tout ça j'ai pas découvert grand-chose d'inoubliable, même si ça m'a fait plaisir de relire certains bouquins. À ce stade je ne sais pas trop vers quoi me tourner, je viens de commencer Isolation de Greg Egan que j'avais envie de lire depuis un moment, à suivre au prochain épisode

#lectures #ete2024