Une Juge des libertés et de la détention, le 16 avril 2025 :
“MAIS COMMENT?! ON ATTEND DE L'ADMINISTRATION DE LA LOYAUTÉ ET LE RESPECT DE LA DIGNITÉ DE LA PERSONNE!”
Monsieur, je vous présente nos excuses. Je m'engage à intervenir auprès du greffe du centre de rétention pour que cela ne se produise plus”.
Depuis 60 jours, Monsieur est au centre de rétention dans l'attente d'un laisser passer que doit délivrer son consulat et d'un vol.
Ils sont au dossier à l'appui de la demande de troisième prolongation en rétention que sollicite la Préfecture.
Le LP a été délivré le 2 avril et le vol a été réservé le 3.
C'est en entretien avocat ce matin, que j'annonce à Monsieur que son vol est prévu pour ..demain. Personne ne l'en avait informé.
En audience, je balance à la juge et lui rapporte qu'il s'agit d'une pratique de l'administration qui s'installe.
L'Office français de l'immigration et de l'intégration a en charge d'aider les gens à récupérer leurs affaires, mais jamais trop à l'avance parce qu'il n'y a pas de place au centre pour stocker et ni trop proche du vol parce que çà demande de l'organisation.
Voilà pour le côté matériel.
Et il y a le côté humain aussi (ha ben oui, des humains c'est vrai). Ne pas informer quelqu'un – qui attend depuis 60 jours dans un lieu terrible (avec l'espoir qu'il ne sera pas reconnu par son pays d'origine dans les 90 jours et qu'il devra en conséquence être libéré), qui s'est établi ici, en France depuis des années (sans le morceau de papier qui va bien), qui va devoir rentrer au pays sans rien – qu'un vol est prévu le lendemain, c'est déloyal et violent.
(On ajoute à la lâcheté que l'administration laisse aux avocat.es la charge de porter leur saloperie)
Alors je vois déjà les sales langues dirent “ben çà lui fait une belle jambe tiens que la juge s'en saisisse et lui présente des excuses”
Et bien si, çà ramène un peu d'humanité et de considération dans des lieux où il n'y en a pas.