Miyazaki, son univers, mon univers.
Aujourd'hui, je vais vous parler d'une de mes légères obsessions : Miyazaki et son univers. Et vous savez pourquoi j'aime l'univers de Miyazaki ? C'est parce qu'il parle à mon cœur. Depuis toujours, l'imagination est une part importante de ma vie. A tel point qu'elle est encrée en moi. Je me souviens encore maintenant que, petite, je préférais les films animés plutôt que les films en prises de vue réelles. Je me souviens de plusieurs déceptions quand je tombais sur un générique animé qui me plongeait dans un autre monde, clairement identifié par un style bien défini, et qu'une fois le générique fini, on arrivait sur un film en prises de vue réelles. (Je crois me souvenir que c'était “La Panthère rose”, le film en question).
J'ai toujours adoré les histoires qui m'éloignaient du monde réelle. Hors de question de voir des films trop réalistes, la réalité en est suffisamment équipée (de réalisme) ! À moi les fées, les sorcières et autres dragons et mondes parallèles ! Vivent les aventures folles d'enfant capables de fabriquer des outils ingénieux, les petits êtres qui vivent cachés dans le sous-sol de ta maison, les jouets qui prennent vie quand tu ne regardes pas, tout ce qui est loin de la vie réelle, c'est ma came. Je peux aussi parler de la SF et les sabres laser, les vaisseaux qui voyagent à la vitesse de la lumière, etc. C'est aussi un univers assez éloigné pour me faire rêver/voyager même si souvent, la SF sert de terreau pour expliciter notre monde réel. D'ailleurs, ça n'est pas un souci. J'aime l'imaginaire, j'aime des histoires inventées de toutes pièces. Si derrière, il y a une forme de message ou d'avertissement, ou de conceptualisation de ce qu'est notre monde, ou de ce qu'il pourra devenir si on n'y prends pas garde, ça me va aussi. C'est d'ailleurs l'une des forces des films les plus sombres de Miyazaki, comme Princesse Mononoké par exemple (oui, ouf, on y arrive enfin, à mon Miyazaki chouchou)
Je vous parle de lui parce qu'au cours de scrolls infinis sur des vidéos idiotes, je tombe sur l'interview d'une harpiste française (Cécile Corbel), qui raconte son aventure incroyable avec le studio Ghibli pour finir par créer toute la bande originale du film Arrietty, le petit monde des chapardeurs Si vous ne connaissez pas ce film, c'est basé sur des romans fantasy intitulés Les Chapardeurs créés par Mary Norton, et dont les Minipouss, série animée de l'enfance des boomers que nous sommes, sont également inspirés. (Et d'ailleurs, c'est dispo sur Netflix, courez voir ce film, voyons !) Et donc, en tombant sur cette vidéo, je tombe sur cette rousse aux cheveux très longs qui raconte l'univers magique celte qui se rapproche assez de celui des japonais (et du Studio Ghibli, aussi).
Deux choses me frappent avec cette interview :
1/ Cette femme sait parler à mon cœur, avec l'histoire un peu dingue de sa rencontre avec les membres du studio (qui part vraiment d'un coup de chance unique et extraordinaire). D'ailleurs, elle aime se dire que c'est une petite fée qui a remis l'enveloppe contenant son CD pour remercier le Studio Ghibli d'exister entre les mains du producteur Toshio Suzuki.
2/ Comment ça a pu m'échapper cette inspiration celtique dans la musique de ce film ? Peut-être que c'est pour ça que je l'aime autant d'ailleurs. Il a des racines de notre continent, tout en étant conçu par l'un des artistes les plus japonais qu'il soit (pas seulement par sa naissance, mais aussi ses acquis, sa vie et ses croyances).
Les touches magiques apportées par les kami, à la fois dieux et esprits que l'on retrouve dans beaucoup des films de Miyazaki, à commencer par Totoro, mais aussi les noiraudes, ou les warawara… les mondes et personnages dépeints qui ne sont ni complètement les gentils, ni totalement les méchants, mais des teintes variées en fonction de l'expérience vécue. Ça m'a particulièrement marqué lorsque dans Princesse Mononoké, le jeune Ashitaka va tour à tour défendre les humains, puis les kami férocement protégés par San, l'humaine qui déteste les humains. Pas qu'Ashitaka soit une girouette, non. Il va défendre les personnes qui sont en position de faiblesse. Ces mondes de Miyazaki sont profondément humanistes, parfois défaitistes, comme Princesse Mononoké qui s'achève sur la mort du dieu-cerf, mais souvent teintés d'optimisme malgré tout comme Totoro.
Ce que j'aime aussi, c'est que pour les gens qui travaillent au Studio Ghibli, réaliser un film, c'est comme s'ils devaient tout donner. Les quelques documentaires que j'ai pu voir montrent une équipe déterminée à achever leur film coûte que coûte, pour le public, pour les aider à surmonter les épreuves (on le voit dans le documentaire “10 ans avec Miyazaki” proposé par NHK, après la catastrophe de Fukushima, ils décident de continuer à travailler pour terminer leur film Le vent se lève). Ce que je trouve important à retenir ici, ce n'est pas de continuer à faire travailler les gens, mais plutôt de considérer que le travail d'artiste a une valeur aussi importante que des secouristes qui viendraient en aide aux sinistrés. Que Miyazaki pense que ses films aideront les gens à se relever, à continuer, à les aider à tourner la page. C'est probablement un peu présomptueux, mais je trouve ça très vrai, aussi. Il existe beaucoup de gens qui ont déjà dit à leur artiste favori que leur art (musique, film, spectacle, peu importe) leur a sauvé la vie. C'est de ce point de vue-là que je trouve beau cette façon de voir son travail.
Évidemment, comme il s'agit en plus de dessins animés, c'est une touche de magie en plus de la magie ! J'ai été nourrie aux anime (qu'on appelait encore “manga” à l'époque, on confondait un peu tout) du Club Dorothée, des animations parfois bâclées, pas tant parce qu'il s'agissait d'animations japonaises mais putôt parce qu'il s'agissait de conditions de travail rudes imposant de bâcler le résultat. Que du coup, mes parents trouvaient moche. Alors, le jour où Princesse Mononoké est arrivé en France, j'ai fait découvrir ça à mes parents. Avec succès, je dois dire.
Plus tard, dans mon ancienne vie professionnelle, je me suis prise de passion pour la création animée. Alors j'ai commencé à apprendre les techniques d'animation, et surtout celles qui sont utilisées par les studios Disney, parce qu'ils les ont inventés : les fameux 12 principes de l'animation. Et puis, en voyant les règles d'animation de marche et de course proposées par Miyazaki, j'ai aussi découvert qu'en réalité, il existait d'autres techniques et que, habitués à Disney, ce qui pouvait passer pour une animation trop saccadée (ou speed, ou autre) est en réalité un choix artistique. Ça paraît évident à dire comme ça, mais en réalité, l'univers proposé par le Studio Ghibli en général et par Hayao Miyazaki en particulier fourmille de milles choses incroyables qui me mènent de découvertes en découvertes.
Rien que par ce texte improvisé, on a traversé la culture shintoïste (bien que Miyazaki ne se déclare pas shintoïste en tant que religion, mais par le côté animiste, surtout), on a découvert une harpiste française, l'univers des principes de l'animation américaine ET japonaise, et l'univers magique japonais ET celtique.
Et c'est exactement pour ça que j'aime autant l'œuvre de Miyazaki san.