Le slogan « Pas de police forte sans justice forte » a l’air d’inspirer Les Grandes Gueules sur RMC, dans leur « Pas de pitié pour le refus d'obtempérer » le 20 Mai 2025. Entendre cet échange par procuration m'a décidé à en parler ici.
Je n'ai rien contre l'existence de la justice punitive, dans une logique protectrice de la force. Mais il y en a qui ne jurent que par elle. Et c'est ça qui m'inquiète. On abordait notamment la délinquance chez les jeunes, dans cette émission; le mot “sanction” a été répété plus d'une dizaine de fois, et pas une fois je n'ai entendu le mot “prévention”. A la limite le mot “formation”, mais toujours dans une logique punitive. On ne s'y privait pas de donner au LFI un rôle de “protecteur des racailles”. Je ne nie pas l’existence de la délinquance. Mais les « racailles » qui détournent les fonds, ou qui se privent de subventionner les associations d'éducation populaire, on en parle? Ce sont ces mêmes assos qui visent à accompagner ces jeunes, pour ne pas les voir sombrer dans le cycle de la violence.
On peut aussi en venir aux CRA, et à l’état dans lequel sont laissées les prisons…
Article de Amnesty International, « Prison en France : alerte sur les conditions de détention »
Je vois deux extrémités au problème : on crée de la violence en la légitimant, et on en crée aussi en rejetant socialement toute personne qui reproduit cette violence quelle qu'elle soit... quitte à rétablir la peine de mort. Question pratique : comment entrer en résistance face au cycle de la violence pour ne pas le perpétuer ?
C’est l’optique de la justice restaurative, amenée en occident par Dominic Barber (Vidéo en anglais qui expose le concept: « Dominic Barber Restorative Justice » sur la chaîne David Vinegrad). Cette alternative existe dans notre justice française actuelle. Elle met en place, entre autre, des médiations entre victimes et criminels.
« Qu’est-ce que la justice restaurative ?
La justice restaurative (appelée aussi « restauratrice » ou « réparatrice ») est gratuite et complémentaire de la justice pénale. La justice restaurative offre un espace confidentiel, sécurisé et volontaire, de parole et d’échanges sur les ressentis, les émotions, les attentes de toutes les personnes concernées par l’infraction et ses répercussions. Elle consiste à faire dialoguer, avec l’aide d’un médiateur neutre et formé, une victime, l’auteur d’une infraction ou toute personne concernée. Elle vise la reconstruction de la victime, la responsabilisation de l’auteur de l’infraction et sa réintégration dans la société. Toute mesure de justice restaurative est confidentielle et autonome de la procédure pénale.
– Elle peut être mise en place à tous les stades d’une procédure pénale : avant, pendant ou après le procès et même en l’absence de poursuites. – Son déroulement, son succès ou son échec n’ont pas de conséquence sur la décision judiciaire. – Elle est une démarche personnelle et volontaire, et non une décision judiciaire. – Elle peut être arrêtée à tout moment par l’un des participants. – Son contenu n’est pas communiqué au juge. »
Source : Justice.fr
Médiation ou non, l'accompagnement des incarcérés est aussi nécessaire à mon sens que l'accompagnement des victimes. En effet, les “obligations de soin” leur imposent la consultation d'un professionnel de la santé. Cette injonction débouche souvent sur un échec, d'autant qu'il y a souvent refus de ces professionnels à les suivre. Pour éviter les récidives, les C-PIP peuvent accompagner les détenus sur un chemin de prise de conscience.
Certains délits très graves, rendent les victimes directes ou collatérales indisponibles au pardon. La justice restaurative a donc ses limites. Mais elle mérite qu’on lui donne sa chance.

Divinité associée: Mâat, déesse de la vérité, de la justice, de l'harmonie et de l'équilibre, qui instaure les normes de la vie citoyenne.
Ce travail est sous licence CC BY-NC-ND 4.0