Chien Blanc

Chien Blanc

J'ai vu Chien Blanc, un excellent film québécois d'Anaïs Barbeau-Lavalette.
Adaptation apparemment assez fidèle du roman autobiographique éponyme de Romain Gary (que je n'ai pas lu), il se passe à l'époque où l'écrivain vivait aux Etats-Unis en tant que Consul Général de France. Alors que les noirs américains sont en pleine lutte pour leurs droits civiques et que Martin Luther King vient d'être assassiné, Romain Gary et sa femme, Jean Seberg, très engagée auprès de la communauté noire, retrouvent devant leur porte un chien égaré qu'ils décident d'adopter. Ils se rendront vite compte que le chien a été dressé par un propriétaire sudiste, l'ayant entraîné à attaquer systématiquement les personnes noires.

Chien Blanc est film très percutant, qui mêle la fiction à beaucoup d'images d'archives de l'époque particulièrement pénibles à regarder tant elles sont violentes. Au milieu de ces thèmes très difficiles à aborder, Denis Ménochet, Kacey Rohl et K.C. Collins (entre autres) livrent une interprétation saisissante de justesse.
Impossible de ne pas être bouleversé par l'humanisme qui se dégage du personnage de Romain Gary, par ses colères, par ses doutes, par le désespoir de celui de Jean Seberg, par la sagesse de celui de Keys. Impossible aussi de retenir sa détresse devant l'absurdité de cette situation, devant ces fureurs légitimes. Impossible également de ne pas tomber en amour de ce chien, symbole des égarements humains, à la présence attendrissante.

Chien Blanc est une œuvre à la réalisation particulièrement soignée. Les plans sont travaillés et la musique les accompagne parfaitement. Certaines scènes prennent vraiment aux tripes, la réalisatrice jouant avec les regards caméra pour impliquer le spectateur au cœur du drame qui se joue. Le message est clair, criant de vérité.

Je ne sais pas si la réalisatrice a vraiment fait honneur au texte que Gary que je ne connais pas, mais elle met à l'honneur l'homme, assurément.


Chien Blanc | Anaïs Barbeau-Lavalette | 2022