Humanis
J'avais envie de renouer avec une saga, avec de la science-fiction, avec du space opéra. Ce nouveau roman de Stéphane Desienne tombait donc à point nommé. Je connais Stéphane depuis longtemps et je sais qu'il excelle dans ce registre. Je trouve aussi qu'il livre des œuvres de plus en plus abouties et ce dernier opus le confirme tout à fait.
Récit au temps long, Humanis nous narre une histoire de conquête spatiale, quand l'humanité rencontre après des millénaires une espèce qu'elle a elle-même créée et qu'elle pensait éteinte : les humanis, génétiquement modifiés pour s'adapter à la vie en apesanteur.
Entamant son roman comme un techo-thriller, Stéphane Desienne délaisse très vite les soupçons de ce prologue pour déployer une véritable épopée, en laissant s'installer une intrigue millénaire, dans un monde dans lequel l'humanité n'a vaincu les distances qu'en figeant le temps. La dimension temporelle allongée à l'extrême permet de se rappeler, en comparaison, de la fragilité et l'insignifiance d'une vie humaine.
Si les héros sont éphémères, les enjeux sont colossaux et l'auteur parvient tout à fait à retranscrire les perspectives ouvertes par la conquête de nouveaux espaces. Le choc civilisationnel de la rencontre avec une autre humanité et les décisions qui en découlent formant le cœur passionnant de l'intrigue.
L'écriture de Stéphane Desienne s'épanouit franchement pour donner corps et crédibilité à un monde vaste, riche et parfaitement cohérent. Il est dans son élément, et ça se sent. Il prend le temps d'établir une intrigue s'étirant dans le temps, dont l'essence même nécessitait un large espace qu'il a su très bien lui forger.
Si j'ose le dire ainsi, Humanis est un roman infiniment humaniste, dans lequel pointe, sous la crasse réalité, un optimisme touchant profondément à la lecture.
Humanis | Stéphane Desienne | Éditions du 38