La Couleur des choses

C'est pour ce type de rencontre que j'aime flâner dans les librairies. On y tombe parfois sur un livre dont on n'avait jamais entendu parler et dont la seule apparence suffit à interloquer. Ce fut le cas pour La couleur des choses dont la couverture étonnante m'a sauté aux yeux. Ce graphisme radical, presque schématique m'a fait m'arrêter net, pleine de curiosité. L’histoire qu'il raconte est celle de Simon, un adolescent un peu naïf qui se retrouve malgré lui embarqué dans une suite d’événements incontrôlables : un pari gagnant, une agression, une disparition, puis une cavale...
Après un temps de latence nécessaire pour s'habituer à cette narration “en vue de dessus”, le récit déploie le plein potentiel de son rythme haletant. Panchaud a en effet construit une intrigue cruelle et palpitante, jalonnée de rebondissements qui maintiennent constamment en tension. Ce qui m’a surtout fascinée, c’est la façon dont cet univers graphique si dépouillé parvient tout de même à transmettre toute une palette d’émotions. En utilisant des cercles colorés et des lignes épurées, l'auteur parvient à nous faire vivre une vraie intensité de lecture.
Sans surprise, me connaissant, j'ai trouvé le personnage de Simon profondément touchant. Sa naïveté, sa placidité et l’injustice dont il est victime créent une empathie immédiate. Je suis toujours révoltée face à ce type d'histoires : quand certains exploitent sans scrupule les faiblesses des autres. Trop proche d'une réalité que j'aimerais mieux faite, sans doute.
Si l’intrigue reste parfois prévisible et s’appuie sur des archétypes assez marqués, cela n’a pas émoussé mon plaisir de lecture. La couleur des choses est réellement une expérience de lecture singulière aussi bien graphique que narrative, qui se démarque par son originalité et son efficacité. Un OLNI réjouissant qui mérite pleinement qu'on s'y attarde.
La Couleur des choses | Martin Panchaud | Ça-et-là