Le mensonge suffit

Le mensonge suffit

Après avoir découvert Christopher Bouix avec Alfie (que j'ai beaucoup aimé), j’étais curieuse de voir jusqu’où allait aller son exploration de l'univers des robots. Le mensonge suffit confirme bien à quel point il est doué pour transformer un thème classique de science-fiction en le miroir grinçant de notre époque. Dans un futur où la justice est devenue un divertissement retransmis en direct à la télé, un homme affronte un androïde d’interrogatoire. Pendant cent-vingt minutes il peut essayer de convaincre le public de son innocence avant qu'ils ne votent.

Avec ce qui ressemble à un thriller d’anticipation, l'auteur réussit à livrer une satire à la fois d'un monde livré à la machine mais également d'une société régie par le spectacle. Sa grande maîtrise narrative fait une fois de plus merveille : par la description des coupures pub ou des annonces du présentateur, il parvient à faire exister tout un univers sans jamais que l'on quitte le plateau de télé. L'humour noir, omniprésent, fait mouche. On rit souvent mais de ce rire qui finit dans un grincement de dents. Car ce que le livre dit, au fond, c’est qu’il faut se méfier des robots, mais encore plus de ceux qui les dirigent. La fausse légèreté de ton est le rempart parfait pour exposer une vérité grinçante : quel que soit le système mis en place, les puissants trouveront toujours le moyen d'en tirer les ficelles.

Fort de son humour acide et de sa lucidité dérangeante, Le mensonge suffit est un roman aussi divertissant qu’inquiétant qui confirme tout le bien que je pense déjà de l'auteur.


Le mensonge suffit | Christopher Bouix | Au Diable Vauvert