Le Vautour

Le Vautour

Je ne connaissais pas Gil Scott-Heron lorsqu'on m'a offert Le Vautour. Je ne savais pas encore quel impact il avait eu sur le milieu de la musique ou quel poète il était.
J'ai découvert Gil Scott-Heron à travers ce roman qui est son tout premier, écrit en 1969 alors qu'il avait 20 ans.

J'ai découvert une plume dure et sombre, qui fait le portrait de l'Amérique noire des années soixante, plongeant dans les rues d'un New York vivant au gré des drames, des fêtes et des trafics de drogue.
J'ai découvert une histoire grave, commençant par son apogée : la mort d'un jeune dealer, et cherchant des raisons à ce crime dans des retours en arrière dans la vie de ceux qui l'ont côtoyés.
J'ai découvert un univers sombre et désenchanté, dans lequel la plupart des jeunes ne se sentent même pas autorisés à s'en sortir, dans lequel tout est bon pour tirer un peu son épingle du jeu, dans lequel les militants pataugent, doutent, trébuchent...

Ne prends pas pour un affront ce qui n'est que plaisanterie. Si quelqu'un te lance du sel, tu n'en éprouveras nulle douleur, à moins que ta chair soit à vif.

J'ai découvert certaines pages remplies de poésie, certains paragraphes d'une beauté obscure, d'une crudité choquante, d'une vérité criante...
J'ai découvert un talent brut, qui nous dépeint le réel visage de la société de l'époque, sa profonde iniquité, sa redoutable duplicité, tout en réussissant à faire éclore des vrais moments de noblesse.

J'ai découvert, un peu tard, un grand Monsieur.


Le Vautour | Gil Scott-Heron | Traduit par Jean-François Ménard | Editions de l'Olivier / Points