Patrick Dewaere – À part ça la vie est belle

Patrick Dewaere - À part ça la vie est belle

Quand Patrick Dewaere est mort, j'avais 2 ans. Autant dire que ce n'est pas un acteur que j'ai connu de son vivant. Pourtant, je me rappelle exactement dans quel film je l'ai découvert pour la première fois. C'était dans La meilleure façon de marcher, un film de Claude Miller que je garde en grande affection, sans doute car le fait de l'avoir vu jeune l'a rendu d'autant plus marquant. Dewaere, dedans, est particulièrement détestable, et je crois que je n'ai jamais oublié, même après avoir découvert un peu plus de son travail, cette première impression.

Je fais une petite digression pour vous raconter que ce fut également le cas de Jean Carmet que j'ai découvert très jeune dans le très choquant (mais magistral) Dupont Lajoie. J'ai aimé passionnément le travail de Carmet mais je n'ai jamais pu totalement occulter George Lajoie dès que je le voyais.

Pour en revenir à Dewaere, après La meilleure façon de marcher, il y a eu Coup de tête, Série noire, d'autres dont évidemment... Les Valseuses. Film marquant s'il en est, je n'oublirai jamais ni la gêne, ni la fascination qu'il m'a provoquée. Je n'étais pas bien vieille, encore, je crois. Je retire de toutes ces découvertes un profond respect pour son travail et quand j'ai aperçu cette bande dessinée biographique, j'étais très curieuse d'en savoir plus sur l'artiste.

Dans cet ouvrage riche en anecdotes, les auteurs s'attachent à éclaircir un peu le mystère qui entoure le comédien. De son enfance tourmentée à son émancipation, des années Café de la gare à ses grands rôles au cinéma, de ses doutes à ses colères, c'est toute la sensibilité de Dewaere qui nous est contée, sublimée par le trait délicat de Maran Hrachyan qui correspond particulièrement bien à l'ambiance douce amère du récit.

Biographie fouillée à la narration soignée, ni voyeuriste, ni sensationnaliste, elle m'a appris nombre de choses. Balayant tous les aspects de la personnalité de l'artiste, le montrant dans ses triomphes comme dans ses fragilités, on y découvre un homme qui n'a sans doute jamais eu le mode d'emploi de la vie, qui la vivait trop fort jusqu'à s'y abîmer, qui la prenait en grippe jusqu'au geste fatal qui aura eu raison de lui.

Ironiquement, pour quelqu'un qui, semble-t-il, estimait n'avoir jamais assez de succès, je crois qu'il incarne parfaitement celui qui voit malheureusement son succès mieux reconnu après sa mort.

Parfait hommage à son talent et à son travail, la bande dessinée se lit d'une traite, avec plaisir et émotion, et a su combler les attentes de l'amatrice de cinéma français que je suis.


Patrick Dewaere – À part ça la vie est belle | LF Bollée et Maran Hrachyan | Glénat