les herbes hérissées percent la glace traversent la neige
elles vont chatouiller le soleil faible et pâle encore dans l'aube interminable pour que son rire éclate les bulles sous l'eau endormies
Photo © Olivier Bailleux
les herbes hérissées percent la glace traversent la neige
elles vont chatouiller le soleil faible et pâle encore dans l'aube interminable pour que son rire éclate les bulles sous l'eau endormies
Photo © Olivier Bailleux
farouches gardiens du trésor de cailloux précieux épars sur la grève les rochers rouges attendent
nous sommes galets débris de coquilles bouts de rien qui luisent
jour après jour sur nous passent les vagues qui nous polissent
au loin des îles nous appellent que jamais nous ne rejoindrons
le long des aulnes s'élève un murmure chantant pour fondre leur feuillage dans le ciel transparent
le lac et la rivière sa partagent la neige
sous le nuage la forêt et la montagne l'une de l'autre s'éloignent
Photo par Gilles Le Corre « Première neige au village Jeudi 11 Janvier vers 17h30 » Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP
nous sommes une rivière égarée dans le crépuscule glacé de tristes arbres noirs d'un revers de vent chassent nos derniers reflets après la nuit sans répit de nouvelles sources viendront grossir notre courant nerveux que la crue gonfle nos eaux enragées que notre flot puissant engloutisse les broussailles sans horizon et nos rives trop obscures
vrilles tonneaux et boucles notre danse libre nargue les sommets fatigués
nous tournoyons en bande dans l'air glacé
emportés par les souffles du matin vers le plus haut du ciel
Photo « Chocards devant le Ventoux » © Guillaume Laget
tiges de roseaux
leurrées par le ciel dans l'eau
— plongeant dans le bleu
ciel vertige des amants
tomber d'amour vers le haut
Photo par Geneviève Sygan
sur le sentier secret filent parfois des fées
la sombre forêt même écarte ses mâchoires
elle laisse à la clairière sa lumière vibrante
ses éclats vifs s'allument sur les feuilles au sol
des silhouettes passées là ne restent pas de traces
leurs ombres évanouies le soleil les a prises
Dessin de Queen of Argyll “Self-portrait”
soir dans la vallée
les brosses noires des arbres mettent la brume en lambeaux
bientôt le bleu partout s'éteint
la colline grise se hérisse
sa dentelure de forêts grignote le ciel rose
la nuit ne tombe pas elle monte vers les nuages
colline claire sein qui repose calme cachée entre les sombres pins et les brouillards mouvants
lentement tu respires pas une branche ne capture ta langueur infinie