adventices

ça pousse comme ça veut

parfois

parfois on laisse se poser au hasard un très léger message que l'air de l'hiver emporte à peine plus loin

parfois un rayon le réveille à midi par le mini-miracle d'une branche amie duveteuse de givre

parfois on retient son souffle un instant pour que l’infime plume tente sa part de grâce

Format vertical, couleur
Devant un fond gris-bleu foncé où se découpe un vague carré lumineux beige rosé, dans l'angle supérieur droit sur 1/4 de la hauteur 2/5 de la largeur, l'extrémité d'un rameau de figuier terminé par un double bourgeon sur laquelle est posé une minuscule plume ébouriffée de duvet blanc. L'extrémité des barbes du duvet ainsi que tout le profil légèrement duveteux du rameau sont finement illuminés à contrejour. Un fil de soie, araignée ou chenille, d'une finesse extrême relie les profils des 2 bourgeons terminaux.
2 petits Hankos rouges, yang, en bas à droite de l'image en guise de signature (Kohaji en kanji et hiragana dans un cercle et la lettre G dans un carré)


Photo par Gilles Le Corre « plume d'ange sur un rameau de figuier – 19 décembre 2023 » Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP


nuages en lambeaux

le vent chasse l'horizon

désir dans les herbes

 

un air vif qui nous traverse

sur la peau une caresse


Photo “Horizon” par Johan Neven, licence CC BY 2.0.    


sol gelé

rameau mort

son bois sec

brisé net

sous le pied

dans le silence

le chant d'hiver

de la forêt

   


ombres même la nuit

nous sommes des ombres
insaisissables sans consistance
fugaces mouvantes et sans limites

tout dévie vers nous
les flux de lumière les plus infimes

ainsi nous formons silhouettes en négatif monstres tournoyants que la nuit même n'interrompt pas

#nousSommes


tracé en secret par le vent

entre fourrés et broussailles

le chemin de feuilles

fragile balisage

pour guider sur leurs pas

les amants de l'automne


Photo par Geneviève Sygan


obscurs signes flottants sans cesse changeants fils lumineux confus dessinés par la lune sur l'eau fuyante

nos indéchiffrables messages instables écheveaux de reflets bientôt noyés dans les eaux noires

Photo “Moon Water” par Bill Jacobus, licence CC BY 2.0


pluie tranquille lente traînée de bruine pluie venteuse folle qui fonce de traviole pluie battante pluie chantante pluie qui crépite sur ma capuche

pluie des trottoirs trempés pluie des flaques pluie qui rigole des chéneaux aux caniveaux aux ruisseaux

pluie des arbres qui s'ébrouent pluie sans nombre et sans horaire pluie qui tombe sur moi sur vous sur tout

visage vers le ciel je tends vers vous mes lèvres et vous bois à pleine gorge

— devenir avec vous millions de gouttes d'eaux !


brume basse arbres hauts

leur liberté défie la pente et troue le ciel

grand désordre vibrant leur puissant chant de vie


Photo par Gilles Le Corre « sur la pente, dans les nuages – 19 octobre 2023 » Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP


silence sous le nuage

le combat a cessé dans la forêt profonde

les troncs s'entêtent encore vers le ciel bas

leurs branches inventent des oiseaux

depuis longtemps partis


Photo par Gilles Le Corre, « la forêt dans le brouillard, au sommet de la T. – 19 octobre 2023 » Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP


les oiseaux sont partis ce matin

avec mille poussières dans les yeux je m'invente un nouveau jeu avec des jetons pour marquer la recette du point perdu

ce matin les oiseaux ont quitté la partie


sans pudeur aucune se dévêtir des lambeaux — beauté sans écorce

l'arbre sait abandonner les blessures des années

dans le miroir inutile mon torse nu ne montre rien

sous l'écorce une autre écorce et bien d'autres encore


Phto pxhere.com licence CC0


lentement

là-haut

nos songes

défilent

 

un océan blanc

les emporte

au-dessus des forêts

 

un seul souffle

dans le ciel

va déchirer le voile

puis crever les torrents

de nuages

 

nous verrons alors

au réveil sur le rivage

se dessiner enfin

d'autres images

   

Photo par @technicaltundra@mastodon.social, licence CC-by-nd 4.0


le pied prend appui

sur l’air

quand le corps

s’envole


le regard perce les parois de la peau

et rejoint

la main

plus court chemin

de l’œil au dessin




Dessin de Gilles le Corre « Étude N° 261 Crayon rouge sur papier vergé 26 x 34 cm Novembre 2023 », – Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP


patience des rochers

indifférents à l'eau captive

 

le ciel a renoncé

aux lumières du soir

 

dans le jour qui s'éteint

le sable vibre encore

 

le flux toujours revient

dans la nuit sans personne

 
Photo par Amanda Hinault, licence CC BY-SA 2.0

fièvre des jours rompus

insaisissables filaments

dans le sable aveuglant

traces en pointillés


votre ardeur n’est pas la mienne

je n’ai pour incandescence

que la danse des reflets

sur l’eau vive d’un ruisseau

   


#poésie

étreinte de feu

pour embraser le bois mort

feuillage d'automne

 

irrésistibles torsions

d'un corps ravi par l'amour


Photo © Geneviève Cygan

#poésie #photo