Georg Kreis, Blicke auf die koloniale Schweiz. Ein Forschungsbericht
Certaines voix critiquent l’approche postcoloniale comme étant simpliste (p. 12, 52). D’autres affirment qu’elle a un arrière-plan puritain (p. 55). Je pense plutôt que nous assistons à une certaine « juridicisation » de l’histoire (comme c’est également le cas avec le mouvement #MeToo). Le colonialisme est repensé comme une activité criminelle (p. 54, 184). Cela permet de distinguer clairement les rôles de victime et d’agresseur (p. 28). L’historienne n’agit plus comme un juge (Ginzburg), mais plutôt comme un procureur qui écoute la victime afin de débusquer le coupable. L’historiographie est ainsi légitimée, d’une part, pour enquêter sur les dispositifs mis en place pour oublier les méfaits, qui provoquent l’amnésie des événements coloniaux (p. 108, 113, 172), et d’autre part, pour s’opposer aux structures de pouvoir fondées sur l’héritage économique, en soutenant que l’héritage des crimes suisses désavantage toujours les victimes à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe (p. 108). Grâce à cette lecture, Kreis peut expliquer que la Suisse a une responsabilité historique, même si elle n’était pas une puissance coloniale : en tant qu’institutions étatiques, les cantons et puis la Confédération ont omis d’édicter des règles interdisant aux Suisses de perpétrer leurs crimes (p. 173).
Lien : Filippo Contarini, « Georg Kreis, Blicke auf die koloniale Schweiz », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 23 mai 2024, consulté le 06 juin 2024. URL : http://journals.openedition.org/ifha/13507 ; DOI : https://doi.org/10.4000/11pqs
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