Un Spicilège

Reel Injun

Quel plaisir de pouvoir enfin regarder ce film que je souhaitais voir depuis des mois (merci arte.tv !).
Reel Injun ou Hollywood et les indiens est un documentaire de Neil Diamond, lui-même natif canadien, dans lequel il parcourt l'Amérique du nord sur les traces de la représentation des natifs américains au cinéma.

À travers ses expériences et ses rencontres, il relate l'évolution de leur image, passant tour à tour de la figure noble au sauvage, du délinquant à la figure inspirante, tout en faisant un parallèle avec l'évolution globale de la société américaine.
Reel Injun donne la parole à nombre d'intervenants passionnants, comme les acteurs autochtones Adam Beach, Russel Means, Sacheen Littlefeather (qui fit tant scandale lorsqu'elle prit la parole au nom de Marlon Brando pour dénoncer l'occupation de Wounded Knee) ou le poète et activiste John Trudell... Il évoque également des figures marquantes comme Iron Eyes Cody (acteur spécialisé dans les rôles de natifs américains alors que lui-même avait des origines... siciliennes) ou l'humoriste d'origine onneiouts Charlie Hill.

Véritable plongée dans un pan iconique de l'histoire du cinéma américain, Reel Injun est passionnant a bien des égards. Ne laissant aucun aspect du sujet de côté, il en brosse un portrait complet et parfaitement documenté. On en apprend beaucoup sur le cinéma américain et sur son impact sociétal, sur ses prises de conscience également.


Reel Injun | Neil Diamond | 2009

Les Libres

Dans un monde à l'hostilité calculée, une femme passe ses heures, ses jours, sa vie à parcourir les pages remplies de lettres aléatoires de livres innombrables à la recherche d'un mot, d'une phrase, d'un sens...
Sur une Terre ravagée par l'Homme, une poignée de survivants trompent leur ennui en jouant à un étrange jeu de simulation, le jeu de la poétique.

Sur cette trame aussi intrigante que mince, Stéphane Crozat déploie un roman fantastique à l’âpreté que j'ai failli trouver rédhibitoire.
Il faut s'accrocher, vraiment, pour s'intéresser à des personnages dont la froideur empêche toute forme d'empathie, pour imaginer un paysage qui semble aussi monotone que désolé, pour comprendre les règles d'un univers qui frôle l'absurde.

Oui je perdais. Un monde parfait, c'est figé, c'est froid. Et puis, surtout, ça n'était parfait que de mon point de vue. Ça ne marchait pas. Dès qu'il y a deux êtres humains dans un monde, ils se font chacun une idée différente de la perfection. J'ai essayé de vivre seul aussi, à la perfection. Je me suis surtout fait chier. La perfection, c'est chiant. Alors j'ai cherché autre chose, un équilibre plutôt qu'une perfection.

Pourtant, mon entêtement, ma volonté de comprendre, mon intuition que ce quelque chose, qui semblait tour à tour poindre puis se dérober à la lecture, allait bientôt s'expliquer, se sont révélés payants. L'incompréhension s'est muée en intérêt, l'indifférence en compassion. L'intrigue s'est éclairée, les rôles se sont étoffés, la structure même du roman a trouvé son sens et je peux affirmer que certains passages sont au final les plus symboliques, les plus poignants, les plus poétiques que j'ai lus ces dernières semaines.
On ne ressort pas de la lecture des Libres la joie au cœur, mais on en ressort ébranlé, éveillé, conscient de nouvelles choses, tant les thèmes abordés sont profonds.

Pensez, une fois la lecture terminée, à lancer une nouvelle partie...


Les Libres | Stéphane Crozat | C&F Éditions

Lonely Betty

Lonely Betty est une novella signée par l'auteur de polar Joseph Incardona et parue une première fois en 2010. Elle est présentée ici dans une nouvelle édition, illustrée par le magnifique travail de Thomas Ott.
Elle compte l'histoire de cette ancienne institutrice, Betty, qui, le jour de ses 100 ans et alors qu'elle est mutique depuis des dizaines d'années, se met tout à coup à vouloir faire des révélations sur une disparition non élucidée...

Lonely Betty coche toutes les cases du polar noir, si ce n'est qu'on se rend rapidement compte que tout cela n'est pas vraiment sérieux.
Joseph Incardona a poussé le potard à fond et nous régale bientôt de portraits enjoués, de rebondissements farfelus et de réparties cocasses, n'hésitant plus, chemin faisant, à multiplier les références et même à briser le 4e mur.
On suit donc avec amusement toutes ces aventures, d'autant plus qu'il est impossible d'ignorer l'immense tendresse et le bel hommage de l'auteur aux maîtres du genre.
enter image description here

Lonely Betty ne resterait cependant qu'une sympathique novella sans les illustrations de Thomas Ott qui donnent tout son caractère à l'ouvrage. Non seulement la technique employée (la carte à gratter) est splendide, mais de plus, le trait de Thomas Ott ne pouvait pas mieux coller à l'univers burlesque de l'ouvrage. Chaque illustration souligne parfaitement l'ambiance, chaque personnage ne pouvait être plus parfaitement esquissé.
Je ne peux donc que vous recommander de ne surtout pas choisir une autre édition que celle-ci !

Pensez à tirer les cartes, une fois la lecture terminée, un roi pourrait sortir...


Lonely Betty | Joseph Incardona | Illustré par Thomas Ott | Finitudes

enter image description here

Ce qui me lie à la Marelle, au monde d'Ambre, à son tarot mythique, c'est une histoire de plusieurs décennies à présent (je ne reviens pas sur la genèse de mon pseudo et rappelez-vous du titre de mon ancien blog... hmm...). C'est donc avec l'émotion qui nous vient toujours quand la nostalgie nous prend que j'ai reçu cette semaine la Tarot de la Marelle, doublé du Tarot du Labyrinthe, tous deux signés de la si brillante illustratrice Florence Magnin, et proposés grâce au travail magique des Éditions Nestiveqnen.
Au terme d'un crowdfunding victorieux et de deux années de travail, ils nous livrent un coffret absolument sublime, contenant 2 jeux de tarot, 2 tirages d'art ainsi qu'un livret entièrement repensé. !

Je ne sais pas comment exprimer le plaisir que j'ai eu à redécouvrir cet univers sous un autre angle, plus riche et plus lumineux. Le talent de Florence Magnin explose dans cet écrin sur-mesure.
Ayant la chance de posséder la version d'origine, il fut facile de la comparer à la nouvelle et de se rendre compte du travail titanesque qui a été fait pour magnifier les illustrations.

Quant au livret, il n'a plus grand-chose à voir avec celui signé François Nedelec (disparu il y a quelques années, et auquel il rend hommage). Riche des textes signés Chrystelle Camus et des nombreuses illustrations couleurs, c'est un véritable décryptage de toutes les subtilités des 2 jeux de tarots qu'il propose.
Que dire enfin du second jeu de tarot, le Tarot du Labyrinthe, sinon qu'il est également divin ? Il explore d'autres univers (notamment la mythologie, très présente), une autre manière d'organiser les cartes. Il est sans doute plus personnel à Florence Magnin dans ses références, et peut parfaitement s'intégrer au premier dans son interprétation.

Laidlaw

Voici que j'achève (les mauvaises langues diront “enfin !”) mon challenge 12 mois 12 livres, 12 (masto)potes par ce roman qui m'a été conseillé par Pololasi (mille mercis !).

Laidlaw s'inscrit dans la plus pure tradition des polars noirs : un crime sordide (le viol et le meurtre d'une jeune femme), un univers glauque (les bas-fonds de Glasgow), un héros avec une part d'ombre non négligeable : l'inspecteur Jack Laidlaw, compétent mais dépressif, qui souhaite retrouver le meurtrier autant pour clore son enquête que pour le soustraire à la justice populaire, qui pourrait s'avérer expéditive.

En effet, s'il en a l'air, Laidlaw s'émancipe pourtant rapidement des carcans du roman noir en y additionnant une dimension sociale conséquente, et la psychologie de son héros se révèle plus subtile qu'a priori.

Il s'agissait de tout ce qu'une femme n'avait pu retirer d'une relation, et de la dignité qu'elle avait préservée en dépit de cela, il s'agissait de tout ce qu'un homme avait caché par rapport aux promesses dont il ne savait probablement pas comment il les avait faites. Il s'agissait d'orgueil préservé et d'orgueil perdu.

La lecture de Laidlaw m'a été infiniment triste. Le regard que porte le héros éponyme sur la société qui l'entoure y est pour beaucoup. Semblant souvent être le seul à vouloir ramener un peu de raison dans un monde gangrené par la violence, l'autoritarisme et l'hypocrisie, je fus vite gagnée par ses propres désillusions.
Le roman est ponctué de nombreuses considérations sur la vie, la société, et l'infini pessimisme qui s'en dégage finit par peser trop lourd.
L'écriture de William Mcilvanney s'avère de plus redoutablement efficace dès qu'il s'agit de décrire le tragique se jouant en quelques secondes, en un regard, en une parole, et quelques scènes semblant anodines ont réussi à me remuer.

Le malaise a d'ailleurs persisté un moment, on peut dire que Laidlaw fut une lecture marquante.

Pensez à boire un café fort, après la lecture, et faites un sourire à vos voisins...


Laidlaw | William Mcilvanney | Traduit par Jan Dusay | Rivages/Noir

Close encounters with Vilmos Zsigmond

J'ai eu le plaisir de pouvoir découvrir sur grand écran ce documentaire de Pierre Filmon, parti à la rencontre du grand chef-opérateur Vilmos Zsigmond, qui a marqué de son empreinte le nouvel Hollywood.
Collaborateur de Robert Altman, Steven Spielberg, Brian de Palma, et beaucoup d'autres, il signe la photo de nombreux chefs-d'oeuvre comme Rencontre du 3ème type (qui donne son nom au documentaire), Voyage au bout de l'enfer ou le magistral Delivrance que j'ai eu la chance de pouvoir redécouvrir sur grand écran à cette occasion.

Derrière la caméra de Pierre Filmon, il est impossible de ne pas s'attacher à cet homme charismatique. À travers ses souvenirs et les interviews de ceux qui l'ont côtoyé, nous découvrons avant tout l'immensité de sa carrière, mais également l'envers du décor, l'importance capitale que représente le métier de chef opérateur (“cinématographer” en anglais, que je trouve bien plus parlant, le documentaire revenant d'ailleurs sur les enjeux qui se sont cachés derrière ces titres). L'hommage est grandiose et passionnant, absolument irrésistible. Le nombre d'intervenants, de grands noms, tous unanimes sur le professionnalisme de Zsigmond est impressionnant mais c'est l'homme en lui-même qui a fini par emporter mon enthousiasme.

En effet, pour moi qui suis fascinée par les métiers de l'ombre, le regard plein d'admiration porté par Pierre Filmon envers cet homme exceptionnel ne pouvait que me toucher profondément. En plus de tout ce qu'il m'a appris, ce documentaire m'a donné envie de voir ou revoir nombre de films.

Pensez à écumer les médiathèques une fois le film terminé, le sourire de Vilmos guidera vos choix...


Close encounters with Vilmos Zsigmond | Pierre Filmon | 2016

Dévorer les ténèbres

Une enquête journalistique qui se lit comme un bon thriller, Dévorer les ténèbres est à l'image de son titre : intrigant, séduisant, mais qui fait craindre le pire.
Il y a en effet une curiosité assez trouble quand on s'intéresse aux véritables affaires criminelles. Richard Lloyd Parry sait d'ailleurs parfaitement y faire référence dans son introduction. Journaliste britannique correspondant en Asie, c'est assez naturellement qu'il s'est penché sur l'affaire de la disparition en plein Tokyo de la jeune anglaise Lucie Blackman. Ce que son enquête mettra en lumière, en revanche n'a rien de naturel.

Parallèlement à l'enquête en elle-même, c'est la trajectoire des différents membres de la famille de Lucie qui est tout d'abord une surprise. L'attitude quasi en opposition de ses parents met en exergue l'animosité qui s'est créée entre eux lors de leur séparation, tandis que leurs doutes, leurs espoirs dérisoires, leurs mises en scène, également, sont longuement décortiqués.

Ensuite, c'est une plongée dans les aspects les moins reluisants de la société tokyoïte qui nous est proposée. La place obscure des jeunes femmes occidentales dans les quartiers chauds de la ville, à la fois fantasmées et méprisées, le fonctionnement de la police, de la justice, mettant en relief les différences culturelles et sociétales pour nous permettre de comprendre au mieux l'enchaînement des événements.

Au-delà d'un sujet aguicheur, Dévorer les ténèbres est avant tout un travail journalistique effarant de minutie, sublimé par une plume accrocheuse. Richard Lloyd Parry est en effet parvenu à couvrir l'ensemble des aspects de cette histoire, à poser un regard, certes, parfois, critique, mais sachant tout de même prendre du recule, autant que possible, pour décrypter ce qui semblerait inconcevable avec notre bagage culturel.

Pensez à aller prendre l'air, une fois la lecture terminée, les rouges-gorges sont de retours...


Dévorer les ténèbres, La disparue de Tokyo | Richard Lloyd Parry | Traduit par Paul Simon Bouffartigue | 10/18 – Sonatine

Rambo

Rambo est un court roman aussi percutant et dramatique que le film qui en est une adaptation fidèle, quoique parsemée de quelques différences.
L'intrigue de Rambo m'avait déjà cueillie lorsque j'ai visionné le film pour la première fois, en découvrir l'histoire originale m'a de nouveau bouleversée. Le roman narre l'histoire d'un jeune béret vert revenu traumatisé de la guerre du Vietnam et dont l'errance sans grand but se heurte à l'hostilité du shérif d'une petite ville. S'ensuivra un conflit brutal et sanglant.

Alors que se déroule une intrigue aux faux airs de thriller, de course-poursuite, de traque et d'action, c'est l'aspect dramatique du récit qui en fait tout l'intérêt. Le roman s'attarde plus sur la psychologie de Rambo, qui y est plus jeune et plus fragile et donne beaucoup plus d'épaisseur au personnage du shérif Teasle, lui-même ancien vétéran de la guerre de Corée, forgeant un lien fort entre ces deux personnages qui se ressemblent et s'opposent.

Écrit dans un style rapide et riche, Rambo est un roman au rythme maîtrisé, l'auteur sachant parfaitement équilibrer son écriture qui brille aussi bien dans les scènes d'action que dans les scènes de réflexions.

Pensez à desserrer le poing une fois la dernière page tournée...


Rambo | David Morrell | Traduit par Éric Diacon | Gallmeister

Sur mon chemin

Un bisou... aussi incongru qu'amical, m'a fait sourire au milieu d'une balade fatigante.

Du champagne, un cadavre et des putes, Tome 3

Les deux premiers tome de Du champagne, un cadavre et des putes sont parmi les œuvres qui ont le plus marqué ma vie de lectrice (pour savoir ce que j'avais à dire du tome 1 c'est ici, pour le tome 2 c'est ). C'est dire si j'ai attendu ce tome avec impatience !

S'il s'inscrit dans la continuité des deux précédents, il marque également une rupture forte dans la perception que j'en ai eu : fini de contextualiser, il est temps de rentrer dans le dur !

Dans ce tome, nous alternons entre les passages du journal d'Alice dans lesquels elle parle de sa condition d'escort, et même plus généralement de la condition des prostituées (Super-Alice contre les sales putes, avouez que ça se pose là !), avec ceux des auditions formelles ou informelles de Lawrence, dialogues tournant au monologue et cristallisés autour de la même idée : quelles sont les causes et les conséquences de la stigmatisation active subie par les prostitués.

Comment ça, plus de 400 pages de thèses pro-putes ? Exactement ! Et c'est tout simplement brillant !

Brillant dans le propos : on est loin du débat bas de plafond, on est loin de l'endoctrinement ou du prosélytisme. On est dans le juste rappel historique et sociétal, on est dans le don généreux de l'ensemble des clés nécessaires pour se forger sa propre opinion. Le discours est richement développé, les pensées solidement étayées. Aucun détail n'est laissé au hasard, aucun biais, aucun préjugé, mais sans cesse sera questionné ce qui est de l'ordre des faits, et ce qui est de l'ordre de l'opinion.
Brillant dans la forme, également. Ce tome est, je pense, celui qui m'a le plus impressionné par la maîtrise de sa structure narrative, de son ton et de son rythme. Les passages racontant une histoire étant peu présents (mais formant tout de même d'indispensables respirations), il faut toute la maîtrise de l'auteur pour rendre vivant des chapitres entiers d'explications. Il va sans dire que c'est parfaitement exécuté. Qu'on ait l'impression de se faire engueuler (non, c'est pas moi, Alice, juré, craché !), qu'on finisse un chapitre en se disant : “Non mais, sérieusement “, qu'on ait envie de hurler, de répondre, de s'indigner avec ou contre les personnages, qu'on se demande où l'auteur veut en venir, on vit cette lecture avec l'intensité d'une épopée. Le propos s'arrête toujours au moment où il le doit, les respirations ponctuent parfaitement le récit, l'alternance surtout, entre les écrits d'Alice et les paroles de Lawrence, différentes mais intriquées, se répondant parfaitement avec pourtant une rupture de ton abyssale, est en elle-même un prodige.

Ne croyez pas, cependant, que l'auteur en a profité pour délaisser ses personnages au profit de ses thèses. Ce tome est également celui où les deux protagonistes principaux se montrent le plus impudique. En effet, si connaître l'histoire de quelqu'un permet de le cerner, entendre la vision qu'il porte sur les choses, découvrir la façon dont il présente ses arguments, observer, surtout, de quelle façon il évoque ceux à qui il s'oppose est infiniment plus éclairant.
La luminosité d'Alice éclate, irradie, déborde quand elle enfile ses gants de boxe. Même quand elle tire à boulets rouges, même quand elle me semble injuste, même quand je ne la comprends pas, je ne peux qu'admirer sa fougue, et me laisser emporter par sa passion. Par contraste, Lawrence apparaît de plus en plus sombre, en figure cynique détachée que plus rien ne peut atteindre, quand la tristesse semble s'échapper de chacune de ses phrases.

Plus de 400 pages, donc, lues avec autant de fougue qu'elles semblent avoir été écrites, qui m'ont émue, attristée, offensée, enthousiasmée, fait rire... confortée, aussi, sans trop de surprise...
Une lecture qui, encore, demande de l'implication et de la confiance en un auteur qui sait toujours où il veut aller, même si parfois le chemin est chaotique.

Une dernière chose : ce tome peut sans trop de soucis se lire indépendamment des deux premiers. Il est (pour le moment du moins, qui sait ce que nous réserve l'avenir ?) le point d'orgue du récit, la concrétisation de ce qui a été construit durant les 2 premiers tomes. Si vous souhaitez prendre le train en route, montez à cet arrêt. Pour ma part, j'attends la suite du voyage.


Du champagne, un cadavre et des putes, Tome 3 | Tristan-Edern Vaquette | Du poignon productions