Un Spicilège

Datamania

A travers le voyage métaphorique de son personnage principal, un médiateur numérique prenant conscience des impacts de ses actions en ligne sur l'intégrité de ses données privées, Datamania nous sensibilise à l'utilisation qu'en font les grandes entreprises régissant la vie en ligne. Au-delà d'une simple dénonciation, cette bande dessinée prend plutôt le parti de la sensibilisation et nous donne certaines clés pour nous protéger.

Avec un graphisme clair et coloré, une intrigue ludique et un vocabulaire adapté, il m'a semblé, à la lecture, que Datamania était parfait pour aborder le sujet avec les ados qui se sont incrustés sous mon toit. Ce fut donc une lecture partagée avec mes deux garçons de 13 et 15 ans, tous deux férus de jeux vidéos, consommateurs de contenus en ligne (surtout vidéos) et globalement assez peu sensibles mais tout de même curieux de la question.
Après leur retour de lecture, je dois dire que Datamania est, pour l'instant du moins, le support qui m'a été le plus utile pour aborder avec eux les sujets autour de la vie privée numérique, des GAFAM et assimilés, des logiciels libres et toutes ces choses qui me semblent importantes et pour lesquelles je trouve qu'ils manquent dramatiquement d'informations. Ils ont tous les deux pris du plaisir à le lire et en sont sortis avec des clés de compréhension et avec des questionnements qui m'ont fait penser qu'ils avaient eu un réel début de prise de conscience sur le sujet. Ils ont également spontanément adopté quelques bons réflexes conseillés dans le livre et ils abordent à présent tout ce qui leur est familier avec un œil beaucoup plus critique qu'avant.

J'ai pour ma part trouvé la BD particulièrement bien conçue. On y fait un véritable tour d'horizon du sujet de manière très didactique. Beaucoup de concepts qui peuvent paraître rébarbatifs deviennent soudainement limpides et, loin d'être catastrophiste ou culpabilisant, l'auteur met plutôt l'accent sur les leviers qui sont à notre portée pour reprendre le contrôle.

C'est un ouvrage que je conseille à tous ceux qui sont sensibles au sujet sans y connaître grand-chose, parfait donc pour les jeunes !

N'oubliez pas de supprimer les cookies...


Datamania | Audric Gueidan et Halfbob | Dunod Graphic

Valentina

Troisième visite dans la cité malade de Mertvecgorod après l'extraordinaire Images de la fin du monde et le non moins palpitant Feminicid. Christophe Siébert délaisse ici ses constructions hybrides pour se recentrer, non sans maîtrise, sur une trame plus classique de roman noir.
Classique... tout est relatif, cependant, quand les lignes sont volontairement floues...

A Mertvecgorod, une bande d'ados d'un quartier dévalorisé (mais quel quartier est vraiment valorisé dans cette cité-ogresse ?) tentent d'oublier qu'ils sont déjà condamnés en se lançant mollement dans tous les excès entre deux passages à l'école, le tout sur une bande originale sentant bon le punk russe des années 90. Leur monde est bientôt fissuré par le meurtre sordide de leur voisine, la vieille Valentina, travestie dont la condition n'était pas plus enviable que la leur. L'enquête qui suivra leur révélera que le pire leur était encore caché.

Comme toujours dans les livres liés à Mertvecgorod, l'essentiel n'est pas l'intrigue, mais ce qu'elle permet de révéler sur l'univers de cette ville fictive et cauchemardesque. Christophe Siébert continue à nourrir le monstre, à l'enrichir, à le polir.

Tu vois, ce que j'ai compris très tôt, ce qui me répugne, c'est ce qui se cache derrière la paix. Toute cette masse de violence, de saloperies, juste pour que tous ces cons puissent se lever en paix le matin, prendre le bus, aller travailler, gagner leur fric, le dépenser. La face cachée de ce monde de merde.

Roman d'atmosphère à la fureur intellectualisée, Valentina alterne les scènes violentes et crues avec les plongées dans les méandres d'une société viciée, à la rencontre de personnages plus détestables les uns que les autres (le flic en tête...). La plume de Christophe Siébert fait toujours merveille, elle donne corps, lumière et odeurs aux scènes et aux pensées les plus dégueulasses, notamment les dires de celui qui perd la raison, pour lesquels elle devient d'une précision hallucinante, rendant la litanie crade subtilement poétique.

Cela devient une habitude : lire un livre de cet auteur est éprouvant, car aucun espoir n'est possible. Il faut choisir le bon moment pour ne pas se laisser submerger et apprécier à sa juste valeur l'abîme étrangement envoûtant que représente cet univers qu'on a paradoxalement du mal à quitter.

N'oubliez pas de boire beaucoup...


Valentina | Christophe Siébert | Au Diable Vauvert

Le grand n'importe quoi

C'est à travers un abécédaire que Jean-Pierre Marielle a décidé de nous livrer son autobiographie, après plus de 50 ans de carrière. Si la forme peut surprendre, elle en dit beaucoup sur la simplicité et la modestie de la personne. Nul n'est besoin de nous livrer un compte-rendu circonstancié de sa vie personnelle et d'artiste, mais à travers quelques notions, quelques noms, quelques idées, il brosse son propre portrait en toute transparence et en toute humilité.
Ayant en outre choisi de découvrir ce livre au format audio, lu par son auteur, j'ai pu profiter encore de sa voix magnifique, de son phrasé inoubliable.

Il y avait une atmosphère quasi anarchiste à mes débuts. Nous étions considérés comme des marginaux, presque des voyous. Nous n'étions plus à l'époque où les comédiens étaient excommuniés et enterrés nuitamment mais nous demeurions suspects. C'est maintenant un métier que l'on choisit comme on ferait n'importe quoi d'autres. Parfois faute de mieux, souvent par vanité.

Ce que nous offre Jean-Pierre Marielle à travers ce livre, c'est une véritable leçon de vie. Il était de ces comédiens qui se sont lancés dans une carrière artistique par attrait pour l'art, de ceux qui ne couraient pas après la notoriété, de ceux pour qui la célébrité n'était qu'une conséquence parfois pesante, souvent insignifiante, de ceux qui, avant tout, cherchaient à faire rayonner la grâce.
Il pose donc un regard bienveillant et lucide sur l'ensemble de sa vie et ne s'évertue à travers les lignes qu'à en extraire les instants, les pensées, à travers lesquels une certaine grâce transparaît.

les livres, films, et musiques qui me touchent sont réunis par la grâce. Je n'ai pas la moindre idée de sa définition, mais je la lis, la vois, l'entends. C'est une bénédiction mystérieuse venue d'on ne sait où et prend sans doute des formes différentes selon que l'on soit croyant ou athée. Il appartient à chacun de la rencontrer, mais il faut lever la tête. Elle se tient toujours un peu au-delà de notre regard et nous dépasse.

Il ressort donc de la lecture une immense élégance couplée à une tranquillité reposante.
Le livre ne manque pourtant pas d'anecdotes truculentes qui raviront tout lecteur féru d'histoire du cinéma. Il y évoque ses aventures et ses amitiés avec des grands noms du milieu mais sans nous donner l'impression que l'on ne fait qu'entrevoir un sacro-saint milieu à jamais inaccessible.
Jean-Pierre Marielle, au crépuscule de sa vie, parvient à transmettre la sagesse et la sérénité des grands personnages, ceux qui ont le talent et ne cherchent rien de plus que la diffusion d'un peu plus de poésie autour d'eux.

N'oubliez pas qu'après avoir l'avoir lu, tous les matins du monde n'auront plus la même saveur...


Le Grand n'importe quoi | Jean-Pierre Marielle | Audiolib / Calmann-Lévy

Archéologie des trous

Archéologie des trous est l'un de recueils de nouvelles les plus inhabituels qu'il m'ait été donné de lire. Avec pour fil conducteur ce concept aussi banal qu'inspirant qu'est le trou, Stacy Hardy explore tout un tas de thématiques, parfois franchement absurdes, parfois violentes ou crades. Les trous du corps avant tout, naturels ou artificiels, le corps envahi, le corps parasité reviennent plusieurs fois. Les trous de l'âme aussi, les trous du cœur, sont aussi abordés. Les trous de la société, les trous du tissu urbain sud-africain dans lequel prend part l'ensemble des histoires, enfin, sont abondamment explorés.

Dans ce futur là, la race et la richesse n'offriront plus aucune protection. Les rats ne font pas dans la discrimination. Le capitalisme s'effondrera sous le poids collectif d'une infestation de rats.

Archéologie des trous est une claque littéraire, qui sera sans doute trop difficile d'accès pour certains. Originales parfois jusqu'à l'incompréhensible, certaines nouvelles me sont clairement passées au-dessus, quand d'autres m'ont scotchée à mon siège (mention spéciale coup de cœur absolu pour Comment faire l'acquisition d'un pou de langue ? – oui, oui, le titre correspond tout à fait à la nouvelle – aussi fascinante que brillante).
Le véritable coup de force de l'auteur étant d'avoir réussi à mêler la corruption des corps à celle de la société, et d'avoir su passez de nouvelles puissamment organiques à d'autres puissamment revendicatrices avec la même force sauvage.

Une lecture en apnée, donc, en incrédulité, en fascination, pour un recueil de nouvelles violent et cru, une bousculade opportune.

Pensez à déglutir, une fois la lecture terminée.


Archéologie des trous | Stacy Hardy | Traduit par Elisabeth Malaquais et Jean-Baptiste Naudy | Rot-Bo-Krik

Reel Injun

Quel plaisir de pouvoir enfin regarder ce film que je souhaitais voir depuis des mois (merci arte.tv !).
Reel Injun ou Hollywood et les indiens est un documentaire de Neil Diamond, lui-même natif canadien, dans lequel il parcourt l'Amérique du nord sur les traces de la représentation des natifs américains au cinéma.

À travers ses expériences et ses rencontres, il relate l'évolution de leur image, passant tour à tour de la figure noble au sauvage, du délinquant à la figure inspirante, tout en faisant un parallèle avec l'évolution globale de la société américaine.
Reel Injun donne la parole à nombre d'intervenants passionnants, comme les acteurs autochtones Adam Beach, Russel Means, Sacheen Littlefeather (qui fit tant scandale lorsqu'elle prit la parole au nom de Marlon Brando pour dénoncer l'occupation de Wounded Knee) ou le poète et activiste John Trudell... Il évoque également des figures marquantes comme Iron Eyes Cody (acteur spécialisé dans les rôles de natifs américains alors que lui-même avait des origines... siciliennes) ou l'humoriste d'origine onneiouts Charlie Hill.

Véritable plongée dans un pan iconique de l'histoire du cinéma américain, Reel Injun est passionnant a bien des égards. Ne laissant aucun aspect du sujet de côté, il en brosse un portrait complet et parfaitement documenté. On en apprend beaucoup sur le cinéma américain et sur son impact sociétal, sur ses prises de conscience également.


Reel Injun | Neil Diamond | 2009

Les Libres

Dans un monde à l'hostilité calculée, une femme passe ses heures, ses jours, sa vie à parcourir les pages remplies de lettres aléatoires de livres innombrables à la recherche d'un mot, d'une phrase, d'un sens...
Sur une Terre ravagée par l'Homme, une poignée de survivants trompent leur ennui en jouant à un étrange jeu de simulation, le jeu de la poétique.

Sur cette trame aussi intrigante que mince, Stéphane Crozat déploie un roman fantastique à l’âpreté que j'ai failli trouver rédhibitoire.
Il faut s'accrocher, vraiment, pour s'intéresser à des personnages dont la froideur empêche toute forme d'empathie, pour imaginer un paysage qui semble aussi monotone que désolé, pour comprendre les règles d'un univers qui frôle l'absurde.

Oui je perdais. Un monde parfait, c'est figé, c'est froid. Et puis, surtout, ça n'était parfait que de mon point de vue. Ça ne marchait pas. Dès qu'il y a deux êtres humains dans un monde, ils se font chacun une idée différente de la perfection. J'ai essayé de vivre seul aussi, à la perfection. Je me suis surtout fait chier. La perfection, c'est chiant. Alors j'ai cherché autre chose, un équilibre plutôt qu'une perfection.

Pourtant, mon entêtement, ma volonté de comprendre, mon intuition que ce quelque chose, qui semblait tour à tour poindre puis se dérober à la lecture, allait bientôt s'expliquer, se sont révélés payants. L'incompréhension s'est muée en intérêt, l'indifférence en compassion. L'intrigue s'est éclairée, les rôles se sont étoffés, la structure même du roman a trouvé son sens et je peux affirmer que certains passages sont au final les plus symboliques, les plus poignants, les plus poétiques que j'ai lus ces dernières semaines.
On ne ressort pas de la lecture des Libres la joie au cœur, mais on en ressort ébranlé, éveillé, conscient de nouvelles choses, tant les thèmes abordés sont profonds.

Pensez, une fois la lecture terminée, à lancer une nouvelle partie...


Les Libres | Stéphane Crozat | C&F Éditions

Lonely Betty

Lonely Betty est une novella signée par l'auteur de polar Joseph Incardona et parue une première fois en 2010. Elle est présentée ici dans une nouvelle édition, illustrée par le magnifique travail de Thomas Ott.
Elle compte l'histoire de cette ancienne institutrice, Betty, qui, le jour de ses 100 ans et alors qu'elle est mutique depuis des dizaines d'années, se met tout à coup à vouloir faire des révélations sur une disparition non élucidée...

Lonely Betty coche toutes les cases du polar noir, si ce n'est qu'on se rend rapidement compte que tout cela n'est pas vraiment sérieux.
Joseph Incardona a poussé le potard à fond et nous régale bientôt de portraits enjoués, de rebondissements farfelus et de réparties cocasses, n'hésitant plus, chemin faisant, à multiplier les références et même à briser le 4e mur.
On suit donc avec amusement toutes ces aventures, d'autant plus qu'il est impossible d'ignorer l'immense tendresse et le bel hommage de l'auteur aux maîtres du genre.
enter image description here

Lonely Betty ne resterait cependant qu'une sympathique novella sans les illustrations de Thomas Ott qui donnent tout son caractère à l'ouvrage. Non seulement la technique employée (la carte à gratter) est splendide, mais de plus, le trait de Thomas Ott ne pouvait pas mieux coller à l'univers burlesque de l'ouvrage. Chaque illustration souligne parfaitement l'ambiance, chaque personnage ne pouvait être plus parfaitement esquissé.
Je ne peux donc que vous recommander de ne surtout pas choisir une autre édition que celle-ci !

Pensez à tirer les cartes, une fois la lecture terminée, un roi pourrait sortir...


Lonely Betty | Joseph Incardona | Illustré par Thomas Ott | Finitudes

enter image description here

Ce qui me lie à la Marelle, au monde d'Ambre, à son tarot mythique, c'est une histoire de plusieurs décennies à présent (je ne reviens pas sur la genèse de mon pseudo et rappelez-vous du titre de mon ancien blog... hmm...). C'est donc avec l'émotion qui nous vient toujours quand la nostalgie nous prend que j'ai reçu cette semaine la Tarot de la Marelle, doublé du Tarot du Labyrinthe, tous deux signés de la si brillante illustratrice Florence Magnin, et proposés grâce au travail magique des Éditions Nestiveqnen.
Au terme d'un crowdfunding victorieux et de deux années de travail, ils nous livrent un coffret absolument sublime, contenant 2 jeux de tarot, 2 tirages d'art ainsi qu'un livret entièrement repensé. !

Je ne sais pas comment exprimer le plaisir que j'ai eu à redécouvrir cet univers sous un autre angle, plus riche et plus lumineux. Le talent de Florence Magnin explose dans cet écrin sur-mesure.
Ayant la chance de posséder la version d'origine, il fut facile de la comparer à la nouvelle et de se rendre compte du travail titanesque qui a été fait pour magnifier les illustrations.

Quant au livret, il n'a plus grand-chose à voir avec celui signé François Nedelec (disparu il y a quelques années, et auquel il rend hommage). Riche des textes signés Chrystelle Camus et des nombreuses illustrations couleurs, c'est un véritable décryptage de toutes les subtilités des 2 jeux de tarots qu'il propose.
Que dire enfin du second jeu de tarot, le Tarot du Labyrinthe, sinon qu'il est également divin ? Il explore d'autres univers (notamment la mythologie, très présente), une autre manière d'organiser les cartes. Il est sans doute plus personnel à Florence Magnin dans ses références, et peut parfaitement s'intégrer au premier dans son interprétation.

Laidlaw

Voici que j'achève (les mauvaises langues diront “enfin !”) mon challenge 12 mois 12 livres, 12 (masto)potes par ce roman qui m'a été conseillé par Pololasi (mille mercis !).

Laidlaw s'inscrit dans la plus pure tradition des polars noirs : un crime sordide (le viol et le meurtre d'une jeune femme), un univers glauque (les bas-fonds de Glasgow), un héros avec une part d'ombre non négligeable : l'inspecteur Jack Laidlaw, compétent mais dépressif, qui souhaite retrouver le meurtrier autant pour clore son enquête que pour le soustraire à la justice populaire, qui pourrait s'avérer expéditive.

En effet, s'il en a l'air, Laidlaw s'émancipe pourtant rapidement des carcans du roman noir en y additionnant une dimension sociale conséquente, et la psychologie de son héros se révèle plus subtile qu'a priori.

Il s'agissait de tout ce qu'une femme n'avait pu retirer d'une relation, et de la dignité qu'elle avait préservée en dépit de cela, il s'agissait de tout ce qu'un homme avait caché par rapport aux promesses dont il ne savait probablement pas comment il les avait faites. Il s'agissait d'orgueil préservé et d'orgueil perdu.

La lecture de Laidlaw m'a été infiniment triste. Le regard que porte le héros éponyme sur la société qui l'entoure y est pour beaucoup. Semblant souvent être le seul à vouloir ramener un peu de raison dans un monde gangrené par la violence, l'autoritarisme et l'hypocrisie, je fus vite gagnée par ses propres désillusions.
Le roman est ponctué de nombreuses considérations sur la vie, la société, et l'infini pessimisme qui s'en dégage finit par peser trop lourd.
L'écriture de William Mcilvanney s'avère de plus redoutablement efficace dès qu'il s'agit de décrire le tragique se jouant en quelques secondes, en un regard, en une parole, et quelques scènes semblant anodines ont réussi à me remuer.

Le malaise a d'ailleurs persisté un moment, on peut dire que Laidlaw fut une lecture marquante.

Pensez à boire un café fort, après la lecture, et faites un sourire à vos voisins...


Laidlaw | William Mcilvanney | Traduit par Jan Dusay | Rivages/Noir

Close encounters with Vilmos Zsigmond

J'ai eu le plaisir de pouvoir découvrir sur grand écran ce documentaire de Pierre Filmon, parti à la rencontre du grand chef-opérateur Vilmos Zsigmond, qui a marqué de son empreinte le nouvel Hollywood.
Collaborateur de Robert Altman, Steven Spielberg, Brian de Palma, et beaucoup d'autres, il signe la photo de nombreux chefs-d'oeuvre comme Rencontre du 3ème type (qui donne son nom au documentaire), Voyage au bout de l'enfer ou le magistral Delivrance que j'ai eu la chance de pouvoir redécouvrir sur grand écran à cette occasion.

Derrière la caméra de Pierre Filmon, il est impossible de ne pas s'attacher à cet homme charismatique. À travers ses souvenirs et les interviews de ceux qui l'ont côtoyé, nous découvrons avant tout l'immensité de sa carrière, mais également l'envers du décor, l'importance capitale que représente le métier de chef opérateur (“cinématographer” en anglais, que je trouve bien plus parlant, le documentaire revenant d'ailleurs sur les enjeux qui se sont cachés derrière ces titres). L'hommage est grandiose et passionnant, absolument irrésistible. Le nombre d'intervenants, de grands noms, tous unanimes sur le professionnalisme de Zsigmond est impressionnant mais c'est l'homme en lui-même qui a fini par emporter mon enthousiasme.

En effet, pour moi qui suis fascinée par les métiers de l'ombre, le regard plein d'admiration porté par Pierre Filmon envers cet homme exceptionnel ne pouvait que me toucher profondément. En plus de tout ce qu'il m'a appris, ce documentaire m'a donné envie de voir ou revoir nombre de films.

Pensez à écumer les médiathèques une fois le film terminé, le sourire de Vilmos guidera vos choix...


Close encounters with Vilmos Zsigmond | Pierre Filmon | 2016