Un Spicilège

La Grande Route du Nord

Vance avait assisté à de nombreux interrogatoires, il avait vu de nombreuses personnes choquées, dans le déni, hostiles, désireuses de paraître innocentes. DiRito ne mentait pas, il en était sûr. Toutefois, la vérité était subjective.

J'ai lu l'intégrale de La Grande Route du Nord dans le cadre de mon challenge 12 mois, 12 livres, 12 (masto)potes (challenge qui, comme vous pouvez le constater, a pris un peu de retard, mais en même temps, peu importe !). Il m'a été conseillé par Stéphane Desienne et je l'en remercie beaucoup. Si vous ne connaissez pas Stéphane, sachez que c'est un auteur que j'affectionne particulièrement, vous pouvez découvrir ou retrouver l'ensemble de son travail sur son site internet.
Cela faisait très, très, très longtemps que je ne m'étais pas lancée dans la lecture d'une fresque de science fiction de cette ampleur. Depuis l'adolescence, je pense, moment où je dévorais les grands classiques du space opera comme Dune, Les Cantos d'Hypérion ou le génialissime Cycle de Fondation... En règle générale, mon intérêt se porte sur des romans plus courts, rarement sur des sagas, ce fut donc un vrai défi de me lancer dans cette lecture.

Bien heureusement, Peter Hamilton sait y faire pour rendre ce bloc de près de 1000 pages tout à fait séduisant grâce à une intrigue suffisamment complexe pour être intéressante, sans perdre le lecteur pour autant. Il sépare d'ailleurs son récit entre deux fils de narrations différents, tous les deux liés au meurtre à Newcastle d'un membre de la plus puissante famille de la ville, qui exploite aussi le portail permettant d'accéder à la planète St Libra, colonisée et exploitée pour ses ressources. Le premier suit l'équipe de la police chargée de l'enquête, le second une expédition scientifique et militaire lancée dans la jungle hostile de St Libra.
S'il m'a fallu quelques dizaines (une à deux centaines... mais on ne compte plus à ce stade) pour me mettre dans le rythme du roman qui démarre un peu âprement, c'est avec tout le plaisir lié aux grands récits d'aventures que j'ai lu la suite. L'auteur sait parfaitement insuffler un souffle épique et évocateur à son histoire, tout en y mêlant une intrigue policière, bientôt politique, des plus intrigantes.
J'ai cependant accusé le coup d'une petite baisse de rythme pendant le 2nd tiers du récit, facilement compréhensible, mais qui a tout de même nécessité un peu de motivation pour en sortir, pour ensuite ne plus quitter ma lecture qu'à regret tant le mystère me tenait en haleine.

Je suis donc ravie que Stéphane m'ait bousculé dans mes habitudes pour retrouver le plaisir de lire un récit au temps long, à l'intrigue particulièrement élaborée et à la dimension épique certaine.


La Grande Route du Nord | Peter F. Hamilton | Traduit par Nenad Savic | Bragelonne

RIP, T5 - Fanette, Mal dans la peau des autres

Décidément, cette série de BD ne cesse de confirmer ses qualités, et ce dernier tome est tout à fait à la hauteur des précédents.
Pour ceux qui ne connaissent pas, RIP nous présente un univers centré autour d'une bande de drôles de personnages qui exercent le métier de nettoyeurs de lieu de mort : quand certaines personnes meurent dans l'indifférence générale, ils sont chargés de faire le ménage. Chaque tome de la série se focalise sur l'un d'entre eux, et ces différents récits entremêlés tissent le canevas d'une intrigue policière complexe et sordide.

Ce sont des BD particulièrement violentes, autant physiquement que socialement. Quand on croit qu'on a atteint l'abîme, on se rend compte qu'on n'a fait qu'en effleurer la profondeur. Difficile d'avoir une lecture empathique. On est plutôt dans le dégoût et la curiosité malsaine.
Il faut dire que Gaet's sait y faire pour créer une histoire à tiroirs dans laquelle je n'ai pour l'instant trouvé aucune faille. C'est précis, parfaitement orchestré, et le suspens est distillé pour nous garder vraiment en haleine.
S'ajoutent à cela les dessins de Julien Monier, auxquels j'accroche vraiment d'autant plus que la couleur est superbe !

Je suis vraiment accro à cette série ! J'ai hâte d'en savoir plus, de connaitre tous les tenants et les aboutissant de l'intrigue, tant celle-ci est captivante.


RIP, T5 – Fanette, Mal dans la peau des autres | Scénario de Gaet's | Dessins de Julien Monier | Petit à petit

Les mille et une vies de Billy Milligan

La notion d'irresponsabilité en matière pénale est une question grave. On risque de mal interpréter sa prise de position, de jeter le discrédit sur les autres patients présentant ce syndrome, sur le témoignage psychiatrique et la profession tout entière. Si le juge Flowers accepte de considérer ce trouble de la personnalité — classé jusque-là dans la catégorie des névroses — comme un motif d'irresponsabilité mentale, cette décision fera date dans l'histoire de la jurisprudence de l'Ohio et même probablement des Etats-Unis.

De Daniel Keyes j'ai lu avec beaucoup d'émotion le splendide Des fleurs pour Algernon, qui laissait transparaitre chez cet auteur une formidable humanité. C'est ce qui m'a convaincue de lire Les mille et une vies de Billy Milligan bien que je sois d'une grande méfiance dès que le sujet de la maladie mentale est abordé.
William Stanley Milligan est en effet un criminel américain assez connu pour avoir été accusé de 3 viols et extorsion de fonds et jugé non responsable de ses crimes en raison de son trouble dissociatif de l'identité (TDI). Ce livre est le résultat des nombreuses heures d'entretien que ses différentes personnalités ont accordées à l'auteur, lui permettant de reconstituer le plus précisément possible ce qui a été la vie de cet homme particulier, et comment il en est arrivé à commettre les actes qui ont fini par l'accuser.

Si le traitement assez sensationnaliste des faits, surtout au début, m'a quelque peu gênée, d'autres lecteurs m'ont permis de remettre ce livre dans le contexte de son époque, au moment où on découvrait presque complètement ce trouble mental. J'ai aimé cependant que l'auteur évacue complètement l'idée d'excuser ou non les actes de Billy Milligan pour se concentrer sur la description minutieuse de sa vie. En effet, elle permet de comprendre l'enchaînement de circonstances et de connaître un peu mieux l'affection dont il souffre, sans tomber dans l'angélisme, Billy Milligan ne m'étant pas particulièrement apparu comme sympathique au cours du récit.
Impossible cependant pour moi de ne pas être révoltée par le traitement (ou plutôt l'absence de traitement ou de prise en charge correcte) dont il a souffert toute sa vie, le maintenant dans la souffrance, et, le plus souvent, dans l'échec quand des améliorations semblaient possibles.

Daniel Keyes confirme ses formidables talents d'écrivain et son infinie humanité dans ce livre tellement riche d'enseignements et d'émotions. Écrit comme un roman à suspense, richement documenté, il nous plonge au cœur de nombreuses réflexions. S'il faut le prendre avec un peu de recul aujourd'hui qu'on en sait un peu plus sur le TDI et que le cas Billy Milligan ne se présente plus comme représentatif à lui tout seul de l'immense complexité de ce trouble, on y trouve tout de même un certain nombre de clés de compréhension, en rendant sa lecture particulièrement enrichissante.


Les mille et une vies de Billy Milligan | Daniel Keyes | Traduit par Jean-Pierre Carasso | Calmann-Levy

Underscore

Excellente série documentaire au ton originale et à la réalisation particulièrement moderne proposée par Arte. Pas étonnant quand on sait que ceux qui se cachent derrière ces émissions sont Quentin Boëton (plus connu sous le nom de Alt 236) et Gilles Stella.

Quand on a grandi avec internet on a du mal à concevoir le moment où l'on regardera des émissions qui surfent sur la nostalgie du web. On a une impression de modernité, presque d'éternité. On s'imagine qu'il ne sera pas possible, un jour, de jeter un regard en arrière sur ce nouveau média, déterrant les archives de ce qui nous semble pourtant effroyablement d'actualité.
C'est pourtant ce que fait cette série, avec brio, se concentrant sur la contre-culture issue d'internet. Chaque épisode en explore une thématique (les gifs, les creepypastas, les memes...) et nous en rappelle l'histoire, tout en commençant par une introduction fictionnelle particulièrement dérangeante.

À l'instar du contenu, la façon dont les émissions sont conçues est tout aussi intéressante. Les images, le montage, la voix hypnotique du narrateur, la musique... tout est fait pour qu'on passe un très bon moment.


Underscore | Quentin Boëton & Gilles Stella | 2022

La nuit était chez elle

En même temps, avais-je vraiment envie de faire face au défi d'une nouvelle rencontre ? De surmonter tous ces moments gênants, ce retard à rattraper pour retrouver une intimité qui ne serait jamais qu'une approximation de celle que j'avais connue ?

Le Correspondant local Alex Lolya revient donc pour une nouvelle enquête après avoir réussi à me plaire dans un genre pour lequel j'avais pourtant un peu de désintérêt. Cette fois-ci, il est aux prises avec un mystérieux manuscrit semblant avoir été écrit de la main de Louis-Ferdinand Céline, attirant la convoitise et semant la violence sur son passage.
Une fois de plus, j'ai suivi ce récit sans déplaisir, contente que j'étais de retrouver l'ambiance du village du Sud-Ouest situé au cœur du livre. Je me suis attachée à Alex Lolya, son flegme et son côté désabusé que de nouvelles péripéties viennent bousculer un peu. J'y ai retrouvé des personnages, des lieux et des situations familières, qui nourrissent l'univers du livre et lui apportent toute sa crédibilité.

Laurent Queyssi manie de nouveau sa plume évocatrice pour nous offrir un récit rythmé de nombreux rebondissements, au suspense souvent critique et à la violence froide. J'ai en effet trouvé que La nuit était chez elle nous épargnait peu, nous cueillant au sein de l'histoire par une brutalité inattendue, rendant la lecture délicieusement éprouvante.

Par la maîtrise de ce second volume centré autour d'Alex Loyla, l'auteur confirme que ce personnage et l'univers dans lequel il évolue ont bien la substance suffisante à la création de nouvelles histoires, et je ne serais ni fâchée, ni surprise que d'autres aventures nous soient proposées.


La nuit était chez elle | Laurent Queyssi | Alibi

Cinq nouvelles du cerveau

Un film documentaire qui présente les travaux de 5 scientifiques étudiant le cerveau, la conscience ou encore l'intelligence artificielle, questionnant les frontières expérimentales et éthiques complexes liées à ces matières .

Sur un sujet propice à la peur, le réalisateur prend le parti de faire un film plus contemplatif que sensationnaliste, qui présente autant les personnes que leurs travaux. On y apprend tout de même pas mal de choses, et on se pose également beaucoup de questions.

Le temps fort a été pour moi ce moment ou l'un des chercheurs indique à un de ses étudiants qu'il n'y a pour l'instant rien dans le fonctionnement du cerveau qu'on ne puisse pas reproduire artificiellement, et qu'il avait donc abandonné l'idée que notre cerveau puisse avoir quelque chose de spécial. Je trouve cela assez glaçant, au final...


Cinq nouvelles du cerveau | Jean-Stéphane Bron | 2021

Requiem en catastrophe majeure

Des décors qui tombent, des départs d'incendie dans les coulisses... quand le café des distributeurs a été remplacé par de la chicorée, nous avons compris que nous avions affaire à un maniaque capable du pire.

Après avoir bien apprécié le premier opus des aventures d'Évariste Cosson (j'en parlais à l'époque sur mon ancien blog), j'étais très contente de le retrouver dans la suite de ses aventures. Etant donné que ce personnage réussi toujours parfaitement à se mettre dans le pétrin, c'est assez jouissif de suivre ses tribulations en imaginant s'il va réussir à s'en sortir (et de quelle façon...).
Dans ce roman, le voilà en train de se débattre avec une ancienne gloire du rock qui, s'il vient pourtant de passer l'arme à gauche, n'en a manifestement pas fini avec les concerts, tandis que son camarade, le très charismatique Gidéon Bomba, l'entraine dans une effraction aux multiples conséquences.

Digne successeur d'Évariste, j'ai retrouvé dans Requiem en catastrophe majeure toute cette ambiance à la fois fantasque et très ancrée dans une réalité de petit entrepreneur parisien. Olivier Gechter continue à enrichir un univers vaste et cohérent, auquel on n'a aucun mal à adhérer et qui nous laisse alors pleinement profiter du récit.
Son sens de l'humour n'étant en outre plus à démontrer, j'en apprécie particulièrement le cynisme et la finesse. Evariste Cosson manie avec brio le sarcasme et affronte ses déconvenues avec un détachement étrangement sophistiqué. Si on ajoute à tout cela une intrigue originale et solide, menée de plus à bon rythme, on obtient le cocktail parfait pour passer un moment de lecture particulièrement récréatif !


Requiem en catastrophe majeure | Olivier Gechter | Mnémos

Mes Vrais Enfants

“Oh, Mark... Si c'est maintenant ou jamais, alors...

Lu dans le cadre de mon challenge 12 mois, 12 livres, 12 (masto)potes, c'est bien grâce à Ezelty que j'ai eu la chance de découvrir ce livre de Jo Walton et je l'en remercie beaucoup car je l'ai beaucoup apprécié.
Me voilà un peu partagée au moment d'en parler parce que je me demande s'il n'est pas préférable de ne rien savoir sur ce livre... La 4ème de couverture elle-même en dit trop, à mon avis. Je vais donc prendre le parti de n'absolument rien dévoiler de son intrigue, ni de sa construction. Juste ça : Mes vrais enfants narre l'histoire d'une femme dans l'Angleterre du XXème siècle, et c'est une uchronie. Je vous assure qu'avec ça, je ne soulève rien de ce qui fait de ce livre une œuvre incomparable... ce que je préfèrerais voir découvert à la lecture.

Mes vrais enfants est un livre remarquable dans son écriture comme dans son propos. Un livre ambitieux dans sa construction. Il passe de la dystopie à l'utopie dans un équilibre parfait, mêlant récit personnel et historique dans un subtil mélange. C'est également un récit d'une très grande profondeur sociétale, résolument féministe, et tourné vers la quête de la parentalité et de la transmission.
L'écriture claire et très descriptive de Jo Walton le rend particulièrement agréable à lire, et si j'ai parfois pensé que certains personnages ou situations manquaient de nuances, c'est l'ensemble et ce à quoi il mène qui est admirable.

En effet, l'entièreté du récit est construite pour attirer le lecteur dans une fin bouleversante, le plongeant dans un abîme de réflexions.
Encore une fois, Mes vrais enfants est le type d'ouvrage que j'affectionne particulièrement, car il ne se contente pas de raconter, il questionne aussi beaucoup. J'ai d'ailleurs eu la grande chance d'écouter l'auteur lors de 2 tables rondes aux Utopiales, et je n'ai pas été étonnée de découvrir une personne aussi passionnante à écouter qu'à lire.


Mes Vrais Enfants | Jo Walton | Traduit par Florence Dolisi | Denoël / Lunes d'encre

H Positive

Peut-être avez-vous déjà entendu parler de l'Euthanasia Coaster ? ce concept de montagnes russes imaginé par Julijonas Urbonas et “conçu pour ôter humainement – avec élégance et euphorie – la vie d'un être humain”, selon son concepteur. Il commencerait par une montée de plus de 500 mètres de haut, suivi par une chute brusque et 7 boucles qui plongeraient les passagers dans une hypoxie cérébrale prolongée et donc fatale.

Si le projet en lui-même a le mérite de questionner la fin de vie, le court-métrage de Glenn Paton permet de poser des mots et des images fortes sur ces réflexions. Vraiment court (guère plus de 5 minutes), il met en scène le monologue directement adressé au spectateur de Mark, un homme apparemment riche, puissant et en forme (formidable Roger Barclay) qui, se sachant condamné, se fait construire le funeste Roaler Coaster afin de partir avec panache. Mark n'est pas un homme sympathique, mais l'archétype d'un puissant comme on les imagine : mégalomane, cynique, dénué d'empathie... sa volonté assumée de vouloir maîtriser sa mort pour qu'elle soit aussi hors du commun qu'il estime être sa vie suffit même à dépeindre le personnage.

Doté d'un budget conséquent et d'un montage hypnotique, maitrisé de bout en bout, intrigant, dérangeant et riche de réflexion, H positive est l'exemple par excellence du type d'œuvre que j'adore : très court qui frappe très fort.


H Positive | Glenn Paton | 2015

Traduire Hitler

C'est sur ces bases que le véritable débat s'engagea aussi à la fin 2015 : loin des polémiques s'installa une saine et légitime discussion entre historiens, journalistes et intellectuels. Quelle était l'utilité de publier une nouvelle traduction et une édition critique d'un livre pareil ? Quels en étaient les risques, quels en seraient les avantages ? Et surtout, pourquoi ce livre soulevait-il tant de questions ?

En ces temps troublés en ligne, s'il y a une chose que je dois concéder aux réseaux sociaux, c'est bien la lumière qu'ils m'ont permis de mettre sur un métier auquel je ne m'étais pas intéressé avant d'être blogueuse : la traduction littéraire. C'est en effet en côtoyant des personnes exerçant ce métier et en lisant les retours qu'elles font sur leur travail que j'ai commencé à me rendre compte de l'importance et de l'implication qu'il entraîne.

Olivier Mannoni fait partie de ceux-là. Traducteur de l'allemand, spécialisé dans les textes sur le IIIème Reich, c'est à lui que la maison d'édition Fayard s'adresse quand le projet d'une nouvelle édition de Mein Kampf voit le jour. Le projet de traduction évolue cependant, alors que, sous l'impulsion de l'historien Florent Brayard, nouveau directeur de publication, il lui est demandé, non pas de rendre le texte le plus compréhensible possible, mais plutôt de le rendre à son état d'origine : confus, parsemé de nombreuses fautes, redondances et incohérences, parfois quasiment illisible. Le texte sera alors publié accompagné d'un appareil critique très fourni, sans que son titre apparaisse.
Alors que l'ouvrage est paru en mai 2021 sous le titre Historiciser le mal, Olivier Mannoni revient dans ce court essai sur le long processus de traduction qu'il a demandé et sur les polémiques qui ont jalonné le projet.

Le cas de Mein Kampf ne pouvait être plus parfait pour mettre en avant le travail de traduction tant Olivier Mannoni réussi à nous faire comprendre à quel point le verbe, le style, les expressions d'Hitler sont utilisés pour faire passer ses idées abjectes par de nombreux procédés sémantiques. La traduction avait donc aussi pour enjeu de mettre à jour ces manigances qui se cachent pourtant dans la langue même. Le chemin fut long et éprouvant, et l'auteur évoque précisément les effets que ce travail a eus sur sa vie.

Alors, fallait-il rééditer Hitler ?
La polémique a enflé et l'auteur y répond parfaitement, avec mesure et justesse.
Oui, il fallait le faire.
Oui, il fallait se pencher sur les méthodes d'Hitler.
Oui, il fallait faire en sorte qu'il soit possible de comprendre, et de se souvenir.
En effet, alors qu'il évoque, dans la dernière partie de l'ouvrage, comment des échos lugubres à tout ceci se font de nouveau entendre de plus en plus, son analyse en est d'autant plus pertinente, quand les mêmes procédés rhétoriques semblent entraîner les mêmes effroyables conséquences.

Traduire Hitler est un ouvrage remarquable, aussi intelligent que juste. Le genre d'ouvrage qui réussit avec brio, en un peu plus de 100 pages, à enrichir le lecteur sur de nombreux sujets, éclairant le présent à la lumière de l'histoire.


Traduire Hitler | Olivier Mannoni | Héloïse d'Ormesson