Fils et Mailles

La forge des textes, mon atelier d'écriture.

Le vent hurle. Je suis dans l’eau, pieds dans les footstraps. Je dispose la voile juste comme il faut, chaque geste calculé pour démarrer en waterstart.

Un instant précis : le vent s’engouffre dans la voile et comme la main puissante d'un géant m'extirpe de l' eau. Je m'élève et m'accroche. La planche s’arrache de l’eau et file comme un dauphin. La vitesse explose, le sel me frappe, le vent me plaque, chaque muscle hurle.

Virage serré : je penche, je contrebalance, le harnais prend mon poids, me propulse encore plus vite. Vagues et rafales : je vole, je chute presque, je reprends. Chaque mouvement est un duel avec le vent, l’eau, la gravité. Le cœur tambour, l’adrénaline brûle mes veines : je suis pleinement vivant.

Et je ris, rauque, trempé, ivre de vitesse et de contrôle. Rien d’autre n’existe. Je file avec le vent, libre, brutal, pur.

Le kiff !

#MercrediFiction #waterstart #SurfAdrénaline #KiffTotal

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Le tiroir coince un peu. Je force légèrement, ça râle, puis ça cède. J’y glisse la main sans regarder, juste au toucher, et quand je la retire, j’ai trois CD entre les doigts.

Lalanne. Donna Summer. Anathema.

Je les pose devant moi comme trois cartes tirées d'un jeu étrange. Je ne sais jamais lequel me surprend le plus : le romantique un peu lunaire avec sa maison du bonheur, la diva disco qui brille même dans l’ombre, oh i feel love ! ou les frères sombres d’Anathema qui me parlent comme si j’étais seul au monde. Trois morceaux de moi, tirés au hasard, mais jamais vraiment par hasard. Le tiroir est encore ouvert, comme une invité. Un clin d'œil. – Encore ! Alors je replonge la main à l'aveugle. Les objets viennent à moi comme ils veulent. Cette fois, mes doigts accrochent un fin boîtier. Je le reconnais tout de suite : Shine. Je sens presque Rachmaninov faire vibrer le piano à travers le plastique du DVD, comme si le film me disait : « Tu te souviens ? »

Je le pose à côté des trois CD, et l’ensemble ressemble maintenant à un Cairn improbable : le disco, le rock brumeux, la poésie, et un pianiste en éclats de lumière.

J'ouvre un peu plus le tiroir, et ma main tombe sur un livre — L’ami retrouvé. Il a pris un peu d’âge. Je le dégage. Un petit souffle de poussière s’élève, comme un soupir retenu depuis trop longtemps. Le tenir me serre la paume, comme si l’histoire n’avait jamais vraiment fini de me parler. Je le garde entre mes mains un instant, ensuite je le pose avec les autres, comme une pièce en plus dans un puzzle.

Ma main repart encore, plus en profondeur cette fois, là où les choses se cachent. Je touche du métal froid. La montre de mon père. La sensation me traverse d’un seul bloc : pas de tic-tac, pas de mouvement, mais quelque chose qui bat quand même — dans ma poitrine, pas dans le boîtier. Je la sors, je la retourne, je reconnais les petites griffures. Elle ne donne plus l’heure, mais elle donne une mémoire. Ça suffit.

La carte de fête des pères apparaît juste derrière, un peu pliée, un peu fragile. Je la prends, je lis à peine — je n’ai pas besoin de lire. Le papier se souvient à ma place.

Je fouille encore. Et je tombe sur la photo. Mon amour beauté sublime. Un bébé dans ses bras. Je ne la regarde pas longtemps : juste assez pour que quelque chose chauffe, juste assez pour que quelque chose refroidisse. Je la pose autrement, légèrement décalée, comme si elle avait son propre territoire sur la table.

Tout au fond, près de la paroi du tiroir, ma main rencontre du bois. Je le sais avant même de le remonter. Le badge. Ma tortue avec mon prénom. Je le fais tourner du bout du pouce : elle a le même sourire qu’à l’époque, le même air de dire : « Allez, on y retourne. » ou « Je fais comme je peux ».

Je la pose près de la montre, et bizarrement, ça fait une belle paire.

Voilà tout ce petit monde devant moi, sorti juste par les gestes, sans réfléchir, comme ça, sans trier. Chaque objet s’est présenté lui-même pour me dire : « Je suis encore là. »

Et je souris un peu, sans raison, juste parce que le tiroir m’a rendu ce qui ne s’était jamais vraiment perdu. Chaque CD, chaque photo, chaque carte ou badge me murmure un instant de vie, une histoire que je peux presque toucher, sentir, rappeler. Le temps n’a pas effacé ces morceaux de moi ; il les a juste mis sur « pause ». Et maintenant, ils revivent devant mes yeux.

#SouvenirsTactiles #MainDansLeTiroir #ObjetsQuiRevivent #ÉclatsDeMémoire #InstantsIntimes

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Les pods dans ses oreilles, elle plonge dans un univers de visages et de mots, un maillage sans fin. Chaque photo, chaque statut, chaque story est un fil qu’elle pourrait tirer.

Qu’est-ce qu’on montre vraiment ? Et qu’est-ce qu’on cache derrière les filtres, les angles, les lumières parfaites ? Si l’on retirait la brillance, la mise en scène, que resterait-il ?

Elle clique, fait défiler, et rencontre des gens qu’elle ne touchera jamais. Des inconnus, mais qui, pour un instant, deviennent proches. Leurs rires, leurs idées, leurs silences, capturés dans un carré lumineux, tissent un lien invisible. Peut-on sentir la chaleur d’une rencontre qui n’a jamais eu lieu ?

Et puis il y a ces souvenirs partagés, repostés, archivés… des fragments de passé qu’on regarde avec un sourire ou une légère nostalgie. Est-ce pour soi qu’on les garde, ou pour les autres ?

Elle ferme les yeux une seconde. Le monde est loin, mais ces fils qu’elle n’a jamais touchés semblent danser autour d’elle, doux et fragiles. Elle se demande : si elle tirait sur l’un d’eux, quel monde secret se révélerait ?

Elle ouvre de nouveau l’écran, tire un fil au hasard… et sourit. Une connexion, éphémère mais réelle, lui rappelle que même invisibles, certains fils ont le pouvoir de surprendre, de rapprocher, de faire réfléchir.

Et soudain, un fil rebelle s’emmêle dans ses pods. La musique change, un chat apparaît sur l’écran et lui miaule un “salut” comme si c’était la vraie vie. Elle éclate de rire, parce qu’au fond, ces fils invisibles sont parfois aussi absurdes qu’ils sont doux.

#FilsInvisibles #RéseauxSociaux #Maillage #RencontresVirtuelles #Curiosité

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Il la découvre un soir, au détour d’un profil qui ne cherche pas à plaire. Une photo un peu terne, pas de pose calibrée — juste un “je suis comme je suis”. Et bizarrement, c’est exactement ce qui lui plaît.

Ils se rencontrent par la musique. Elle lui balance du métal, du vrai, celui qui cogne dans la cage thoracique comme pour réveiller ce qui dort. Lui qui traverse une période où tout semble englué, il sent quelque chose vibrer. Pas une étincelle amoureuse, non : une fraternité improbable. Une respiration.

Elle lui raconte qu’elle a, elle aussi, navigué dans les eaux sombres. Qu’elle en est ressortie psychanalyste, avec son clin d’œil préféré : in Jung we trust. Ça le fait rire. Ça crée un langage à part. Peut-être un début de mythe personnel.

Mais les fils invisibles, quand ils se tendent trop, finissent parfois par se rompre. Là où il sent une amitié rare — presque une bouée — elle croit percevoir un attachement dont il n’a jamais voulu. Le malentendu grandit doucement, comme une buée sur une vitre. Jusqu’au jour où elle demande : ne plus envoyer de messages. Silence. Rideau. Rien de spectaculaire, juste la fermeture nette d’une porte qui n’a jamais vraiment été ouverte.

Il respecte. Il se tait. Il apprend, à sa manière, à vivre avec ce vide minuscule mais précis. Les morceaux qu’elle lui a partagés, il continue de les écouter. Au début c’est comme un manque, un geste nerveux. Puis, progressivement, il s’éloigne. Pas par rejet : juste parce que les choses vivent leur vie.

Ils sont aux deux extrémités du pays, chacun exilé pour ses propres raisons, mais nés du même département. Une géographie secrète, presque un clin d’œil du destin. Une coïncidence qui aurait pu devenir quelque chose… ou juste une blague de l’univers.

Avec le temps, la musique devient neutre. Ni douleur, ni nostalgie. Juste une trace. Comme un parfum qui s’estompe mais dont il reste une molécule dans l’air, imperceptible et persistante.

Et puis un soir, sans prévenir, une chanson surgit dans la playlist aléatoire. Un de ces groupes qu’elle lui avait fait découvrir. Il lève les yeux, surpris, et il lui semble entendre — juste l’espace d’une seconde — une toute petite voix intérieure murmurer : Tu vois, certains fils ne tiennent plus rien… mais ils continuent de vibrer quand on passe à côté.

Il sourit. Peut-être que c’est ça, le secret : ne pas chercher à renouer, simplement accepter que certaines personnes ne restent pas… mais laissent dans la vie une fréquence supplémentaire. Un souffle. Un ton. Un accord.

Et parfois, ça suffit.

#récit #rencontreVirtuelle #musiquePartagée #filsInvisibles #émotion

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Lucie prépare sa playlist pour le grand jour : demain, rendez-vous galant. Chaque morceau est choisi pour la mettre dans le mood parfait, du réveil à la nuit. Même sa sonnerie d’alarme doit ouvrir la journée en douceur, avec ce morceau léger et joyeux qu’elle adore.

Mais la fatigue, son côté tête en l’air et cette excitation qui lui tourne dans la tête font des ravages. Au lieu de sa sonnerie douce, son smartphone lui inflige un morceau de metal de la mort en hurlements égosillés.

À 7 h pile, l’alarme rugit. Encore à moitié endormie, elle bondit du lit, renverse son mug de café sur le bureau. Le chat, effrayé, grimpe sur le rideau et disparaît derrière les coussins du canapé. Chaque bouton semble se moquer d’elle. Son rituel parfait vole en éclats dès le premier instant de la journée.

Elle commence à s’habiller. Plus léger, la fin du printemps l’y invite. Tenue un peu plus glamour, qui la met en valeur, laisse voir juste ce qu’il faut pour séduire sans en faire trop. Elle enchaîne les essais devant le miroir, imagine déjà la soirée parfaite.

Et là… sa playlist se met à balancer “Petit Papa Noël”, à fond dans le salon. Non, c’est pas possible ! Elle cligne des yeux, redémarre son téléphone, appuie sur tous les boutons… rien n’y fait. Elle éclate de rire et de désespoir à la fois. Son smartphone a décidé de saboter son rendez-vous galant ! On a hacké mon phone ! pense-t-elle, complètement dépitée.

Enfin le soir arrive. Elle est prête, scintillante, le sourire aux lèvres. Son cœur bat à l’idée de rencontrer ce bel Adonis de l’appli de rencontre : beau, brun, musclé, bronzé, yeux capables de scanner l’âme en profondeur… enfin, tout ce qu’elle a imaginé.

Et voilà… son téléphone hurle avec une sonnerie d’ambulance ! Jamais elle ne met cette sonnerie. C’est la misère totale.

Elle regarde sur l’écran qui appelle, tremblante : c’est lui… son date !

« Allo Manu ? » bredouille-t-elle.

« C’est Ken. Je suis là, à la terrasse du Sans Soucis. Je te vois d’ici. Tu es superbe ! Je te fais signe. J’ai une chemise fuchsia. »

Elle ouvre grands les yeux. Ce n’est pas du tout le type de la photo ! Ce n’est pas le mec de la photo !

Elle jure de virer son téléphone, ce « débloqué complet » qui l'a harcelée toute la journée. Mais en fait… il l'a prévenue depuis le matin avec sa sonnerie d’ambulance que quelque chose coince. Chaque alarme, chaque morceau inattendu, chaque hurlement de métal était un signal subtil.

À présent, elle comprend tout. Elle chérit à nouveau son beautiful phone, avec sa coque rose fluo, et prend la tangente avec humour et légèreté.

Moralité : écoute la musique de chaos de ton téléphone… lui, ton GPS, ton coach, sait mieux que toi où tu dois aller, ou pas.

#humour #rendezvousgalant #smartphone #playlist #quotidien

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Le temps a passé. Il a gommé et retouché les souvenirs.

Mentalement, René visualise et fait le voyage à Toulon. En un instant il se retrouve à mille deux cent kilomètres de chez lui, soixante ans plus tôt.

Rue Messager. Il peut marcher, se déplacer. La saison aussi a changé.

Alors que le poêle ronfle dans son salon, il est transporté en plein été, là-bas.

Le soleil darde et la journée est très chaude et lumineuse.

La petite maison de ses grands-parents. Il traverse le portail sans même l’ouvrir et s’avance dans l’allée du petit jardin. De grosses grappes de raisins pendent tout le long de la treille. Il pourrait entrer dans la maison, mais au lieu de cela il choisit de la contourner pour se retrouver derrière.

Soudain, c’est le soir. Sous le grand abricotier, toute la famille est rassemblée dans la bonne humeur autour de la table en ciment recouverte de mosaïque — celle que son grand-père et son père ont fabriquée. La soupe au pistou fume. Instant iconique.

Et puis un sentiment étrange se mêle à tout cela : il se sent comme un revenant. Il voit la scène mais ne peut y prendre part. Eux ne le voient pas. Il ne peut ni les toucher, ni leur parler, ni participer aux éclats de rire. Et il se voit lui-même, enfant.

Quel vertige étrange et intemporel ! Son cœur se serre de tristesse. Il ne peut pas rester ici plus longtemps.

Retour dans le présent. Il fait nuit noire. Dans son fauteuil de solitude, il ne doit pas faire de bruit — ne pas réveiller son épouse qui dort dans la chambre à côté.

Il prend conscience qu’il tient son smartphone, seule source de lumière.

Son trouble se dissout, et il veut encore retourner là-bas, à la rue Messager — avec l’application Gmaps cette fois. C’est rapide, mais tout de même plus lent que par l’esprit.

Il repère la rue sur le plan, clique sur Street View et se place devant le portail, comme auparavant. Mais cette fois il ne peut pénétrer. Seulement regarder à travers le portail et la grille. La petite maison a changé d’apparence. Un étage a été ajouté.

Il ne ressent plus la présence des siens. Il voulait retrouver les choses passées, les êtres aimés — mais ils ne sont plus là. La maison est encore là, mais transformée, méconnaissable. Des inconnus l’habitent.

La roue du temps a tourné. Des décennies ont passé, et il réalise encore une fois que lui aussi s’approche, inexorablement, du moment où il les rejoindra — là-bas, dans le jardin derrière la maison, autour de la soupe au pistou.

Alors, il abandonne Gmaps et retourne se coucher doucement dans le noir, auprès de sa bien-aimée. Il glisse sa main sous le drap jusqu’à sentir sa présence, et ferme les yeux en quête de sommeil.

Comme le Titanic glissant sur l’eau glacée vers l’iceberg, il se rapproche, lui aussi, de la Rue Messager d’il y a soixante ans. Et tout contre sa femme, il garde en tête l’image du vieux couple à la fin du film, prêt pour la dernière scène du dernier acte.

#récit #RueMessager #souvenirs #nostalgie #temps #famille

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Des oiseaux de tournent autour de ma tête et me donnent des coups de bec. Le frimas m'enveloppe dans cette nuit qui n'en finit pas. Je suis perdu et vulnérable. Que va-t-il arriver ? Suis-je coupable? Ai-je démérité ? J'ai perdu le fil des années. Quand cela a-t-il commencé ? Suis-je proche de la fin ? Des souvenirs s'effacent et ne sont remplacés par rien. Je dois m'en aller. Courir. Marcher vers ma destinée funeste. Quelqu'un pour me rassurer ? Ne serait-ce qu'une main sur mon épaule. Je me sens si seul et perdu ! Perdue, mon adresse. Quelle est cette rue ?

L'Ouarsenis, les cèdres immenses, majestueux. J'y suis presque. Le retour vers le berceau. Je suis né d'ailleurs je m'en souviens ! Une école que je reconnais. Le coiffeur veut me couper les cheveux et je pleure. Il me donne de petits flacons parfumés pour me distraire...

Je suis à nouveau dans cette rue qui m'est inconnue. J'entends une douce musique qui s'accentue petit à petit. Et une vibration... Je tourne le regard vers la source... Mon téléphone. Je suis allongé dans mon lit... Comme précipité d'en haut ou propulsé d'en bas, je percute le réel. J'ai un rendez-vous. Un rendez-vous que j'aurais aimé éviter...

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J'attends que le jour m'invite à mettre le nez dehors pour composer un panier de bois. J'aurais dû le faire hier mais bon... D'abord une ou deux grosses buches, puis du moyen bois, quelques brindilles et chutes diverses. Avec les cendres de la veille et un papier absorbant humide je nettoie la vitre pour profiter par la suite une vision haute définition. Le feu démarré, je m'installe dans le fauteuil à proximité et je regarde les flammes danser, j'écoute le bois crépiter et le poêle craquer et se dilater. Ce petit rituel a toute mon attention. Bientôt le feu va continuer de lui-même et réchauffer la maison sans moi. Je me lève du fauteuil pour vaquer à mes occupations tout en l'écoutant. Il me tient compagnie.

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Mon mix , ma playlist, c'est la bande son de mon film préféré. Ce film n'existe pas et pourtant il semble si réel. Les scènes changent, se succèdent et m'embarquent dans une fantasy, une fiction onirique. Ces voix, ces rhytmes qui ondulent dans des fréquences bien ordonnées, stimulent mon cerveau et mon imagination. Je me sens bien. Je m'élève à dix milles pieds au dessus de la planète.

Planète bleue de si loin, dont la nature est riche et belle, mais si contaminée par les humains et leurs influences néfastes.

Alors, là-haut, je suis bien ! Je peux rester ainsi en apesanteur des heures. Pas comme ces milliardaires qui s'envoient en l'air dans une fusée et redescendent presque aussitôt, sans la magie du mix, de la playlist. Ils redescendent à peine plus légers de sommes astronomiques qui ne sont que peccadille pour eux.

Pour moi, chaque morceau est une nouvelle scène, un nouveau décor. Mon cœur se gonfle à l'hélium et je flotte dans les airs. Voyageur découvreur comme Christophe Colomb, de nouvelles contrées, de nouvelles créatures, de nouveaux paysages, de nouveaux feelings.

Et là, je suis en apesanteur, comme un astronaute dans sa combinaison, je flotte et je rencontre d'autres aventuriers de l'espace comme moi. Nous nous faisons un signe. Pas besoin de language, sinon des fréquences musicales.

Mais bien trop tôt, je n'ai pas vu le temps passer. Un dernier accord, un dernier rif et la fin de ce périple s'annonce.

Sur le plancher des vaches, je reprends mon sac à dos, alourdi par des choses inutiles et terrestres.

La vie de peine avec des semelles de plomb. J'en aurai pour des heures dans ce mauvais trip qui m'attend avant un nouvel embarquement dans la stratosphère légère et accueillante.

Mon mix, ma playlist !

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C'est le petit rituel de tous les quatre mois . J'ai pris rendez-vous une dizaine de jours à l'avance. Et aujourd'hui me voilà dans la salle d'attente. Oh que j'aurais aimé être ailleurs ! Ici pas de sièges confortables ou hospitaliers. Que de la belle menuiserie, des bancs en chêne massif sombre avec par-ci, par-là des coussins tout fins. Vous l'avez compris, ça fait mal au postérieur ! Bon c'est pas tout. Mon tour va arriver et ... et le voilà enfin ! Ça ne me réjouit pas, mais je sais que la libération approche, car dans dix minutes, montre en main, je serai dehors. La docteure a un petit accent roumain et ne maîtrise pas bien le français, alors au point de vue des échanges, je repasserai. Du point de vue sourire et tutti empathie de même. “ Carte vitale” sont ses premiers mots. C'est important, les premiers mots, quand ses parents l'ont entendu dire pour la toute première fois “ carte vitale “, ça a dû  les chambouler. Top chrono. Le rituel commence. Le blanc des yeux, le fond de la gorge, les oreilles et le stéthoscope à vous faire froid dans le dos. Tout va bien. Aller on retourne au bureau et ordo ( ab chao ) pour quatre mois . Comme je connaissais la scénette par cœur, j'avais déjà préparé mon chèque. Et hop ! La transaction est faite. Je réponds “ carte vitale”. Merci Docteure, bonne fin de journée et bon courage ( aux suivants ). Et voilà, c'est comme ça dans notre désert médical rural. Bon je ne suis pas bon joueur. J'ai toujours ChatGPT pour consulter, me rassurer, me parler avec empathie et me donner des conseils d'ordre médical.

#humour

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