Un Spicilège

La pensée selon la tech

En sa qualité de professeur en littérature comparée, universitaire renommé, Adrian Daub nous livre ici un essai sur les influences littéraires et philosophiques des grands noms de la tech. Divisé en 7 sections, chacune d'entre elles aborde un courant de pensée précis et la manière dont il est perçu et utilisé dans la Silicon Valley.
Nous volons donc des théories de McLuhan sur l'importance de posséder un média plutôt que son contenu à celles de René Girard sur les désirs mimétiques en passant par le randianisme (objectivisme) ou l'échec selon Samuel Beckett.

L'esthétique du génie qui règne sur le secteur de la tech repose encore et toujours sur cette espèce de courage purement gestuel, sur le déguisement des petites choses du quotidien en grands actes de non-conformisme, voire de résistance. Vous répétez ce que les gens disent autour de vous et vous pouvez qualifier cela de libre-pensée. Vous investissez l'argent de certaines personnes pour exploiter le travail d'autres personnes, et vous pouvez qualifier cela de prise de risques.

Comme il est facile de s'en rendre compte, La pensée selon la tech est un ouvrage assez pointu faisant appel à des références soutenues qui rendent parfois difficile l'accès aux thèses défendues. Cependant, avec un peu de concentration et de persévérance, porté par l'humour et les capacités littéraires de son auteur, il permet de dresser un portrait assez édifiant des grandes valeurs guidant les choix des acteurs-clés du secteur.
Si ça n'est pas une surprise de se rendre compte qu'ils recyclent beaucoup d'idées conservatrices en leur donnant un look novateur, si leur storytelling autour de la valorisation de l'échec ou de la disruption n'est pas un coup de théâtre, en savoir plus sur les origines de ces idées éclaire beaucoup sur le fond de leurs pensées (le chapitre sur le randianisme ayant pour moi été le plus parlant).

Au-delà d'un pamphlet, La pensée selon la tech est autrement plus éclairant pour se faire une opinion sur l'idéologie qui guide ceux qui tiennent une bonne partie de nos vies entre leurs mains. La mienne est faite.

N'oubliez pas d'éteindre...


La pensée selon la tech | Adrian Daub | Traduit par Anne Lemoine | C&F Éditions

Les Derniers cow-boys français

C'est une drôle d'expérience que celle de lire Léonel Houssam, qui, à la sortie de ce court roman, se faisait encore appeler Andy Vérol. Directs, crus, sans précautions ni censure, sans prudence ni ménagement, ses textes sont des aiguilles chauffées à blanc qui plongent immédiatement dans le regard confortable de l'habituel et fait exploser les globes du conformisme.

Dans ce roman, il narre la fuite éperdue d'un jeune flic abandonné par sa femme, qui, dégoûté en prime des agissements de ses collègues cent fois plus délinquants que ceux qu'ils prétendent combattre, démissionne pour tomber sous l'emprise d'une sorte de gourou aussi inspirant que tordu.

On fait clapoter la surface de l'eau/avec/un/peu/de/mousse avec la paume de nos mains. Elle me dit que je suis cinglé. Je lui réponds : « C'est ma façon à moi d'être perdu.» Je le dis comme si j'étais elle. L'eau. Comme si nous étions fusion.

A travers cette histoire sordide, à travers ses personnages maudits, à travers une succession de scènes répugnantes, Andy Vérol nous livre un texte frénétique, dont l'extrême violence, dont la grossièreté abjecte n'est que le miroir un peu trop efficace des obscénités de notre société. Sous couvert de provocation, c'est une dénonciation franche, un pamphlet aiguisé qui nous est proposé, pour peu qu'on réussisse à se détacher le sens premier des mots.
Par la puissance de sa plume, Andy Vérol réussi le tour de force de garder la lecture captive tout en enchaînant l'insoutenable et sa maîtrise du verbe a fini de me conquérir.

Les Derniers cow-boys français en rebutera sans doute plus d'un. C'est une lecture choquante à plus d'un titre. C'est cependant également un texte d'une force remarquable.

N'oubliez pas de vider la baignoire.


Les derniers cow-boys français | Andy Vérol/Léonel Houssam | Pimientos/Pylône

Alfie

Alfie est un roman particulièrement astucieux. Écrit du point de vue d'une intelligence artificielle nouvellement installée dans la maison d'une famille ordinaire, l'étrange naïveté qui émane de cette conscience en construction fait d'Alfie un livre très facile d'accès et pourtant diablement intelligent.
En faisant un pas de côté salutaire, en abordant le quotidien de cette famille semblable à des milliers d'autres d'un point de vue externe et étranger, il met en avant les travers qui nous touchent tous avec une efficacité désarmante.

Alfie est un roman effroyablement drôle. Piquant.
Absolument toutes nos aliénations, tous nos biais y sont pointés et tournés en dérision. Toutes nos peurs liées à l'intelligence artificielle, toutes les dérives réelles ou fantasmées possibles seront aussi évoquées. Lorsque le ton commence à changer, au fur et à mesure que cette intelligence artificielle, au début très candide, apprend et devient de plus en plus consciente, on commence à osciller entre l'amusement et la tension. Jusqu'à frôler le malaise.

Christopher Bouix nous offre un récit à la trame juste, parfaitement équilibré, à l'écriture dynamique. Alfie fait partie de ces romans qu'il est difficile de poser avant la fin tant le cheminement est efficace, jusqu'à un final à la hauteur du voyage. Je n'aborderai pas, pour ne pas gâcher la surprise, toutes les idées de génie, toutes les références utiles qui nourrissent cette intrigue passionnante, mais j'ai trouvé cela brillant du début à la fin.
Ce fut le genre de lecture que j'apprécie particulièrement : divertissante, et dont les thèmes abordés et la perspicacité sont sources de réflexions, et font naître des envies de connaissances.

N'oubliez pas de déconnecter.


Alfie | Christopher Bouix | Au Diable Vauvert

Datamania

A travers le voyage métaphorique de son personnage principal, un médiateur numérique prenant conscience des impacts de ses actions en ligne sur l'intégrité de ses données privées, Datamania nous sensibilise à l'utilisation qu'en font les grandes entreprises régissant la vie en ligne. Au-delà d'une simple dénonciation, cette bande dessinée prend plutôt le parti de la sensibilisation et nous donne certaines clés pour nous protéger.

Avec un graphisme clair et coloré, une intrigue ludique et un vocabulaire adapté, il m'a semblé, à la lecture, que Datamania était parfait pour aborder le sujet avec les ados qui se sont incrustés sous mon toit. Ce fut donc une lecture partagée avec mes deux garçons de 13 et 15 ans, tous deux férus de jeux vidéos, consommateurs de contenus en ligne (surtout vidéos) et globalement assez peu sensibles mais tout de même curieux de la question.
Après leur retour de lecture, je dois dire que Datamania est, pour l'instant du moins, le support qui m'a été le plus utile pour aborder avec eux les sujets autour de la vie privée numérique, des GAFAM et assimilés, des logiciels libres et toutes ces choses qui me semblent importantes et pour lesquelles je trouve qu'ils manquent dramatiquement d'informations. Ils ont tous les deux pris du plaisir à le lire et en sont sortis avec des clés de compréhension et avec des questionnements qui m'ont fait penser qu'ils avaient eu un réel début de prise de conscience sur le sujet. Ils ont également spontanément adopté quelques bons réflexes conseillés dans le livre et ils abordent à présent tout ce qui leur est familier avec un œil beaucoup plus critique qu'avant.

J'ai pour ma part trouvé la BD particulièrement bien conçue. On y fait un véritable tour d'horizon du sujet de manière très didactique. Beaucoup de concepts qui peuvent paraître rébarbatifs deviennent soudainement limpides et, loin d'être catastrophiste ou culpabilisant, l'auteur met plutôt l'accent sur les leviers qui sont à notre portée pour reprendre le contrôle.

C'est un ouvrage que je conseille à tous ceux qui sont sensibles au sujet sans y connaître grand-chose, parfait donc pour les jeunes !

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Datamania | Audric Gueidan et Halfbob | Dunod Graphic

Valentina

Troisième visite dans la cité malade de Mertvecgorod après l'extraordinaire Images de la fin du monde et le non moins palpitant Feminicid. Christophe Siébert délaisse ici ses constructions hybrides pour se recentrer, non sans maîtrise, sur une trame plus classique de roman noir.
Classique... tout est relatif, cependant, quand les lignes sont volontairement floues...

A Mertvecgorod, une bande d'ados d'un quartier dévalorisé (mais quel quartier est vraiment valorisé dans cette cité-ogresse ?) tentent d'oublier qu'ils sont déjà condamnés en se lançant mollement dans tous les excès entre deux passages à l'école, le tout sur une bande originale sentant bon le punk russe des années 90. Leur monde est bientôt fissuré par le meurtre sordide de leur voisine, la vieille Valentina, travestie dont la condition n'était pas plus enviable que la leur. L'enquête qui suivra leur révélera que le pire leur était encore caché.

Comme toujours dans les livres liés à Mertvecgorod, l'essentiel n'est pas l'intrigue, mais ce qu'elle permet de révéler sur l'univers de cette ville fictive et cauchemardesque. Christophe Siébert continue à nourrir le monstre, à l'enrichir, à le polir.

Tu vois, ce que j'ai compris très tôt, ce qui me répugne, c'est ce qui se cache derrière la paix. Toute cette masse de violence, de saloperies, juste pour que tous ces cons puissent se lever en paix le matin, prendre le bus, aller travailler, gagner leur fric, le dépenser. La face cachée de ce monde de merde.

Roman d'atmosphère à la fureur intellectualisée, Valentina alterne les scènes violentes et crues avec les plongées dans les méandres d'une société viciée, à la rencontre de personnages plus détestables les uns que les autres (le flic en tête...). La plume de Christophe Siébert fait toujours merveille, elle donne corps, lumière et odeurs aux scènes et aux pensées les plus dégueulasses, notamment les dires de celui qui perd la raison, pour lesquels elle devient d'une précision hallucinante, rendant la litanie crade subtilement poétique.

Cela devient une habitude : lire un livre de cet auteur est éprouvant, car aucun espoir n'est possible. Il faut choisir le bon moment pour ne pas se laisser submerger et apprécier à sa juste valeur l'abîme étrangement envoûtant que représente cet univers qu'on a paradoxalement du mal à quitter.

N'oubliez pas de boire beaucoup...


Valentina | Christophe Siébert | Au Diable Vauvert

Le grand n'importe quoi

C'est à travers un abécédaire que Jean-Pierre Marielle a décidé de nous livrer son autobiographie, après plus de 50 ans de carrière. Si la forme peut surprendre, elle en dit beaucoup sur la simplicité et la modestie de la personne. Nul n'est besoin de nous livrer un compte-rendu circonstancié de sa vie personnelle et d'artiste, mais à travers quelques notions, quelques noms, quelques idées, il brosse son propre portrait en toute transparence et en toute humilité.
Ayant en outre choisi de découvrir ce livre au format audio, lu par son auteur, j'ai pu profiter encore de sa voix magnifique, de son phrasé inoubliable.

Il y avait une atmosphère quasi anarchiste à mes débuts. Nous étions considérés comme des marginaux, presque des voyous. Nous n'étions plus à l'époque où les comédiens étaient excommuniés et enterrés nuitamment mais nous demeurions suspects. C'est maintenant un métier que l'on choisit comme on ferait n'importe quoi d'autres. Parfois faute de mieux, souvent par vanité.

Ce que nous offre Jean-Pierre Marielle à travers ce livre, c'est une véritable leçon de vie. Il était de ces comédiens qui se sont lancés dans une carrière artistique par attrait pour l'art, de ceux qui ne couraient pas après la notoriété, de ceux pour qui la célébrité n'était qu'une conséquence parfois pesante, souvent insignifiante, de ceux qui, avant tout, cherchaient à faire rayonner la grâce.
Il pose donc un regard bienveillant et lucide sur l'ensemble de sa vie et ne s'évertue à travers les lignes qu'à en extraire les instants, les pensées, à travers lesquels une certaine grâce transparaît.

les livres, films, et musiques qui me touchent sont réunis par la grâce. Je n'ai pas la moindre idée de sa définition, mais je la lis, la vois, l'entends. C'est une bénédiction mystérieuse venue d'on ne sait où et prend sans doute des formes différentes selon que l'on soit croyant ou athée. Il appartient à chacun de la rencontrer, mais il faut lever la tête. Elle se tient toujours un peu au-delà de notre regard et nous dépasse.

Il ressort donc de la lecture une immense élégance couplée à une tranquillité reposante.
Le livre ne manque pourtant pas d'anecdotes truculentes qui raviront tout lecteur féru d'histoire du cinéma. Il y évoque ses aventures et ses amitiés avec des grands noms du milieu mais sans nous donner l'impression que l'on ne fait qu'entrevoir un sacro-saint milieu à jamais inaccessible.
Jean-Pierre Marielle, au crépuscule de sa vie, parvient à transmettre la sagesse et la sérénité des grands personnages, ceux qui ont le talent et ne cherchent rien de plus que la diffusion d'un peu plus de poésie autour d'eux.

N'oubliez pas qu'après avoir l'avoir lu, tous les matins du monde n'auront plus la même saveur...


Le Grand n'importe quoi | Jean-Pierre Marielle | Audiolib / Calmann-Lévy

Archéologie des trous

Archéologie des trous est l'un de recueils de nouvelles les plus inhabituels qu'il m'ait été donné de lire. Avec pour fil conducteur ce concept aussi banal qu'inspirant qu'est le trou, Stacy Hardy explore tout un tas de thématiques, parfois franchement absurdes, parfois violentes ou crades. Les trous du corps avant tout, naturels ou artificiels, le corps envahi, le corps parasité reviennent plusieurs fois. Les trous de l'âme aussi, les trous du cœur, sont aussi abordés. Les trous de la société, les trous du tissu urbain sud-africain dans lequel prend part l'ensemble des histoires, enfin, sont abondamment explorés.

Dans ce futur là, la race et la richesse n'offriront plus aucune protection. Les rats ne font pas dans la discrimination. Le capitalisme s'effondrera sous le poids collectif d'une infestation de rats.

Archéologie des trous est une claque littéraire, qui sera sans doute trop difficile d'accès pour certains. Originales parfois jusqu'à l'incompréhensible, certaines nouvelles me sont clairement passées au-dessus, quand d'autres m'ont scotchée à mon siège (mention spéciale coup de cœur absolu pour Comment faire l'acquisition d'un pou de langue ? – oui, oui, le titre correspond tout à fait à la nouvelle – aussi fascinante que brillante).
Le véritable coup de force de l'auteur étant d'avoir réussi à mêler la corruption des corps à celle de la société, et d'avoir su passez de nouvelles puissamment organiques à d'autres puissamment revendicatrices avec la même force sauvage.

Une lecture en apnée, donc, en incrédulité, en fascination, pour un recueil de nouvelles violent et cru, une bousculade opportune.

Pensez à déglutir, une fois la lecture terminée.


Archéologie des trous | Stacy Hardy | Traduit par Elisabeth Malaquais et Jean-Baptiste Naudy | Rot-Bo-Krik

Reel Injun

Quel plaisir de pouvoir enfin regarder ce film que je souhaitais voir depuis des mois (merci arte.tv !).
Reel Injun ou Hollywood et les indiens est un documentaire de Neil Diamond, lui-même natif canadien, dans lequel il parcourt l'Amérique du nord sur les traces de la représentation des natifs américains au cinéma.

À travers ses expériences et ses rencontres, il relate l'évolution de leur image, passant tour à tour de la figure noble au sauvage, du délinquant à la figure inspirante, tout en faisant un parallèle avec l'évolution globale de la société américaine.
Reel Injun donne la parole à nombre d'intervenants passionnants, comme les acteurs autochtones Adam Beach, Russel Means, Sacheen Littlefeather (qui fit tant scandale lorsqu'elle prit la parole au nom de Marlon Brando pour dénoncer l'occupation de Wounded Knee) ou le poète et activiste John Trudell... Il évoque également des figures marquantes comme Iron Eyes Cody (acteur spécialisé dans les rôles de natifs américains alors que lui-même avait des origines... siciliennes) ou l'humoriste d'origine onneiouts Charlie Hill.

Véritable plongée dans un pan iconique de l'histoire du cinéma américain, Reel Injun est passionnant a bien des égards. Ne laissant aucun aspect du sujet de côté, il en brosse un portrait complet et parfaitement documenté. On en apprend beaucoup sur le cinéma américain et sur son impact sociétal, sur ses prises de conscience également.


Reel Injun | Neil Diamond | 2009

Les Libres

Dans un monde à l'hostilité calculée, une femme passe ses heures, ses jours, sa vie à parcourir les pages remplies de lettres aléatoires de livres innombrables à la recherche d'un mot, d'une phrase, d'un sens...
Sur une Terre ravagée par l'Homme, une poignée de survivants trompent leur ennui en jouant à un étrange jeu de simulation, le jeu de la poétique.

Sur cette trame aussi intrigante que mince, Stéphane Crozat déploie un roman fantastique à l’âpreté que j'ai failli trouver rédhibitoire.
Il faut s'accrocher, vraiment, pour s'intéresser à des personnages dont la froideur empêche toute forme d'empathie, pour imaginer un paysage qui semble aussi monotone que désolé, pour comprendre les règles d'un univers qui frôle l'absurde.

Oui je perdais. Un monde parfait, c'est figé, c'est froid. Et puis, surtout, ça n'était parfait que de mon point de vue. Ça ne marchait pas. Dès qu'il y a deux êtres humains dans un monde, ils se font chacun une idée différente de la perfection. J'ai essayé de vivre seul aussi, à la perfection. Je me suis surtout fait chier. La perfection, c'est chiant. Alors j'ai cherché autre chose, un équilibre plutôt qu'une perfection.

Pourtant, mon entêtement, ma volonté de comprendre, mon intuition que ce quelque chose, qui semblait tour à tour poindre puis se dérober à la lecture, allait bientôt s'expliquer, se sont révélés payants. L'incompréhension s'est muée en intérêt, l'indifférence en compassion. L'intrigue s'est éclairée, les rôles se sont étoffés, la structure même du roman a trouvé son sens et je peux affirmer que certains passages sont au final les plus symboliques, les plus poignants, les plus poétiques que j'ai lus ces dernières semaines.
On ne ressort pas de la lecture des Libres la joie au cœur, mais on en ressort ébranlé, éveillé, conscient de nouvelles choses, tant les thèmes abordés sont profonds.

Pensez, une fois la lecture terminée, à lancer une nouvelle partie...


Les Libres | Stéphane Crozat | C&F Éditions

Lonely Betty

Lonely Betty est une novella signée par l'auteur de polar Joseph Incardona et parue une première fois en 2010. Elle est présentée ici dans une nouvelle édition, illustrée par le magnifique travail de Thomas Ott.
Elle compte l'histoire de cette ancienne institutrice, Betty, qui, le jour de ses 100 ans et alors qu'elle est mutique depuis des dizaines d'années, se met tout à coup à vouloir faire des révélations sur une disparition non élucidée...

Lonely Betty coche toutes les cases du polar noir, si ce n'est qu'on se rend rapidement compte que tout cela n'est pas vraiment sérieux.
Joseph Incardona a poussé le potard à fond et nous régale bientôt de portraits enjoués, de rebondissements farfelus et de réparties cocasses, n'hésitant plus, chemin faisant, à multiplier les références et même à briser le 4e mur.
On suit donc avec amusement toutes ces aventures, d'autant plus qu'il est impossible d'ignorer l'immense tendresse et le bel hommage de l'auteur aux maîtres du genre.
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Lonely Betty ne resterait cependant qu'une sympathique novella sans les illustrations de Thomas Ott qui donnent tout son caractère à l'ouvrage. Non seulement la technique employée (la carte à gratter) est splendide, mais de plus, le trait de Thomas Ott ne pouvait pas mieux coller à l'univers burlesque de l'ouvrage. Chaque illustration souligne parfaitement l'ambiance, chaque personnage ne pouvait être plus parfaitement esquissé.
Je ne peux donc que vous recommander de ne surtout pas choisir une autre édition que celle-ci !

Pensez à tirer les cartes, une fois la lecture terminée, un roi pourrait sortir...


Lonely Betty | Joseph Incardona | Illustré par Thomas Ott | Finitudes