Je suis décentraliste.
Je suis décentraliste. Je me permets ce néologisme pour parler de décentralisation. Terme qui est cher aux habitants de Mastodon et aux contributrices et contributeurs ainsi qu'aux utilisatrices et utilisateurs du monde merveilleux de l'open source. Parlons donc décentralisation.
La décentralisation par le numérique
Celle que vous connaissez, c'est celle de Mastodon et plus généralement du monde de l'open source. Quand un amateur de vérité arrangée prend le pouvoir dans l'un des pays les plus puissants du monde occidental, c'est une remise en question de tous les systèmes centralisés dont le pouvoir repose sur 5 entités : les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). On ne veut plus que nos données servent à nourrir des desseins capitalistes, alors on passe par un réseau social et des outils décentralisés. Comme des petits îlots de liberté.
Mais pas que...
On peut étendre ce principe de décentralisation à l'agriculture par exemple. On a déjà mille preuves que des étendues de champs monoculture ruinent l'écosystème (puisque souvent accompagnées de son lot de pesticides, de cultures dédiées à nourrir des bêtes maltraitées, ou même juste à produire de la matière à brûler pour faire genre on fait de la “valorisation”). On sait déjà qu'en réduisant les champs à taille humaine, pour viser une zone de chalandise raisonnable, ça limite les coûts et la pollution des transports, ça permet une diversification des cultures, si on ajoute à ça des terrains bordés de haies, ça renforce la résilience de nos terres face aux défis climatiques (l'eau que nos terres asséchées sont par exemple incapables d'absorber, pas seulement parce qu'il y a beaucoup d'eau, mais aussi parce qu'il n'y a plus de vivant sous terre et plus de haies pour filtrer tout ça naturellement), et ça permet de mieux rémunérer les paysans tout en offrant des fruits et légumes locaux, et, mécaniquement, moins chers.
Et après la culture, l'autre culture...
Mais on peut aller encore plus loin. Si vous cherchez un album plutôt rare d'un artiste pourtant connu, ou un film issu d'un studio qui a coulé, ou encore, vous voulez revoir une série qui a été annulée... vous ne pouvez tout simplement pas (à moins de remuer ciel et terre pour trouver des versions physiques, pas toujours disponibles, ni en bon état, ni même sur un support que vous seriez encore capable de lire). Ces 3 exemples, c'est du réel pour moi :
L'album Sang-mêlé d'Eddy Louiss est introuvable en version numérique. Le film Fievel et le nouveau monde n'est disponible à l'achat numérique que chez certains des GAFAM (donc, le fichier ne vous appartient pas, ce n'est qu'un prêt longue durée). La série Willow que Disney a tout simplement fait disparaître de sa plateforme sans autre forme de procès.
Dans ces cas-là, non seulement la décentralisation est la clé pour que tout puisse être disponible, mais je pense même que le piratage peut sauver ces œuvres prêtes à sombrer dans l'oubli le plus total.
Au-delà de cette problématique d'oeuvres oubliées, on a aussi la problématique d'oeuvres numériques soumis à des DRM (Digital Rights Management) : les musiques et films, oui, mais aussi les ebooks.
Pour moi, décentraliser tout ça permet de faire découvrir tout un pan de la culture laissée de côté parce que pas “bankable”.
Plus généralement, la décentralisation permet une chose qui casserait l'un des leviers du capitalisme : le pouvoir. S'il y a plein de petits vendeurs de légumes locaux, plein de petites maisons d'éditions qui offrent l'ebook du livre physique acheté, plein de petits studios qui proposent des musiques de divers artistes, on assainit la chaîne de distribution tout en empêchant 2 ou 3 grosses multinationales de s'emparer de tout. Le pouvoir morcelé, c'est la conséquence de la décentralisation.
Et les quelques exemples que je viens de citer, permettraient selon moi de mettre en place un cercle vertueux qui, à plus long terme, sauverait le monde. (les humains, la nature, la Terre) Vu que le capitalisme n'aurait plus rien à y faire.
Est-ce un doux rêve ? Peut-être. Est-ce pour autant qu'on doive se réveiller et continuer à nourrir le capitalisme ? Pas nécessairement non plus.
La lutte s'organise, elle se fait à plein de petits niveaux, et devinez quoi. C'est par là que commence la décentralisation :)