Réapprendre à écouter de la musique.
J’ai été une abonnée de Spotify de la première heure. Je trouvais cool de pouvoir accéder aux nouveaux albums de mes artistes favoris pour avoir éventuellement l’envie d’acheter le cd s’il me plait vraiment. A l’époque des CD/K7, on n’avait accès qu’aux morceaux sortis en single, pour le reste, c’était la surprise. Et à part quelques rares exceptions, j’ai tendance à aimer 2/3 morceaux par artiste. Pas de quoi acheter toute une discographie.
Après l’augmentation de trop, j’ai préféré migrer vers Apple Music : j’ai une Apple TV, et combiné avec TV+ et Arcade, ça revenait moins cher. Et j’aime beaucoup Apple Music et son écosystème. C’est un bon son, le système de buffer est propre, j’ai un gros choix, et ça fonctionne à merveille.
Pourtant, l’éthique, la souveraineté numérique, le besoin de ne plus laisser un algorithme décider pour moi et l’envie de participer à l’écosystème du libre me titillent de plus en plus. J’ai conscience de la prison dorée que représente Apple et tout son marché, j’ai un MacBook, un iPhone, un iPad, une Apple TV, et des fonctionnalités comme pouvoir copier quelque chose sur mon téléphone et le coller sur mon ordi, me facilitent vraiment la tâche ! Mais par petites touches, j’essaye peu à peu de revenir à des choses plus simples, peut-être un peu moins pratiques, mais des choses auxquelles on était habitué avant l’avènement du streaming en abonnement.
Un parcours semé d’embûches.
Ce parcours sur l'écoute de ma musique s'inscrit totalement dans mon travail de déGAFAMisation, déjà évoqué sur ce blog. Alors, d’abord, je suis plutôt fière d’avoir le même iPhone depuis 7 ans. Quand mon Apple Watch m’a lâché il y a quelques années je n’ai pas eu envie de réinvestir dedans. Maintenant, mon compte Apple n’est plus associé à mon gmail, mais à mon mail issu de mon nom de domaine à moi. J’ai pris un abonnement chez zaclys pour pouvoir avoir un cloud sans effort et une autre adresse mail hors gafam.
Mais je ne passe pas sous Linux. J’ai toujours Windows sur mon pc fixe pour jouer et utiliser des logiciels pas dispos ailleurs. (Logiciels que j’ai payé donc pas prête à passer à une version plus ou moins équivalente sous Linux), et la musique sur Apple Music reste incroyablement facile. Je démarre l’app, j’ai quelques playlists par ambiance que je veux installer, ça se joue sur mon Apple TV de façon seamless bref, puisque c’est un environnement ultra contrôlé, c’est, de fait, ultra maîtrisé.
Mais pas petites touches, j’y travaille…
Pourtant, mon iPhone, quand je prends le train pour aller au bureau ne tient pas du tout la route en terme de batterie. (Si j’écoute de la zik, je peux recharger mon tel à 11h/12h !). Alors j’ai investi dans un bon vieux lecteur mp3 dans lequel je mets mes musiques et ça fait le taf (par exemple, ça manque de playlists par genre, ici ça mélange mes BO avec des sagas mp3). Et franchement, depuis que je l’ai acheté, je l’ai pas encore rechargé ! J’en ai pas eu besoin !
J'ai aussi commencé à mettre des musiques sur mon Nextcloud, et j'utilise le logiciel open source Supersonic qui se connecte à ma bibliothèque Nextcloud et fait office de lecteur intelligent au même titre qu'un Spotify ou un Apple Music. Un grand merci à l'auteur ou l'autrice de cet article de blog qui explique les étapes, très simples, pour utiliser Supersonic.
Ce que je constate, c'est que je n'écoute pas la même chose si je suis sur un service de streaming ou sur un service offline. Par exemple, j'ai l'intégrale de Boby Lapointe en mp3, tous les albums de Michael Jackson, des lives des Wriggles, quelques sagas mp3 (Le donjon de Naheulbeuk, Adoprixtoxis, Reflet d'Acides, etc.). Tandis que sur Apple Music, je serais plutôt sur des musiques de films (John Williams, Joe Hisaishi, Danny Elfman) ou de jeux vidéos. Au-delà du fait que je ne possède pas 100% de ce que j'écoute sur Apple Music, je me demande pourquoi les choix sont si différents ? Attention, je ne me plains pas, ça me permet de redécouvrir des artistes dont j'avais oublié l'existence (Nightwish, Maniacx et autres Emmy Rossum ou Eddy Louiss) et de retrouver mon ancienne façon d'écouter de la musique, celle qu'on choisissait soigneusement pour faire la playlist parfaite, mais d'alterner entre la musique sur Apple Music et celle que je possède, me fait remarquer la différence entre les deux.
En revanche, il faut noter que je n'écoute pratiquement jamais les suggestions de l'algorithme ; ou de DJ embauchés par Apple, c'était leur cheval de bataille quand ils sont arrivés sur le marché, je doute que ce soit toujours le cas, je pense qu'ils sont passés au sacro-saint algorithme, bref, j'ai quelques playlists et je me limite à celles-ci, sauf quand je choisis sciemment d'aller (re)découvrir des artistes dont j'ai pas entendu parler depuis longtemps. (Tiens, est-ce que Timberlake a fait des nouveaux albums ? Ah ? Orelsan a sorti un nouveau CD ? Allons l'écouter...)
Une vidéo issue de l'émission Tracks sur Arte m'a donné envie de partager cette expérience, parce que le titre s'inscrit parfaitement dans le cadre de mes tâtonnements autour d'un retour à une musique qui m'appartient réellement et que je contrôle : Faut-il réapprendre à écouter de la musique. C'est intéressant de voir comment les musiciens interviewés choisissent de se jouer des algorithmes, ou racontent comment les services de streaming sont vu comme une colonisation (très pertinente analogie, je trouve), bref, je conseille Tracks en général, et cette émission en particulier.
Comment découvrir de nouveaux artistes alors ?
Si on revient en arrière, dans les années 90, la musique, c'était via la radio : Skyrock pour le rap, Fun Radio pour la pop, etc. ou via les chaînes musicales (MCM, MTV, etc.) Dans l'absolu, c'est toujours plus ou moins le cas, mais je ne suis pas sûre que ce soit comme ça que la majorité des gens découvrent encore de nouveaux artistes ou de nouvelles chansons. Actuellement, en ce qui me concerne, sauf à de très rares exceptions, j'ai découvert de nouveaux artistes via les playlists de grève de France Inter, ou, parfois, des chroniques d'André Manoukian à la bonne époque de Par Jupiter ! l'émission de Charline Vanhoenacker. Je prends parfois la peine de lire les chroniques musicales de Libé, chez qui je suis abonnée, histoire de voir si je peux tomber sur des perles. (Je reste ouverte à beaucoup de choses, mais très difficile ^^). Et puis, parfois, je discute avec mes collègues, on se partage les morceaux qu'on écoute, et là aussi, on découvre des nouveautés ou des vieux morceaux à côté desquels on est passés. Quoiqu'il en soit, ma culture musicale est assez large, étendue, grâce à des années d'écoute active de chaînes musicales, de découvertes via la famille, les amis, la radio, etc. Par ailleurs, ayant un background musical (j'ai joué de plusieurs instruments, fait du solfège, appris à écouter autant de l'opéra que du rock ou des artistes plus mainstream), je ne “consomme” pas la musique, je l'écoute avec toutes les fibres de mon corps. C'est d'ailleurs pour ça que si je veux écouter de la musique en codant, il faut que ce soit sans paroles, parce que sinon, ça phagocyte tout mon cerveau et je ne peux plus me concentrer sur le taf. Et même sans paroles, je fais un excellent air chef d'orchestre sur des BO de John Williams ou de Joe Hisaishi !
Un bilan ?
Je ne suis pas sûre qu'on puisse parler de bilan, à proprement parler, ici, on est vraiment sur des tâtonnements sur ma façon d'écouter la musique, mais cet article m'a permis de comprendre une chose : je ne vais pas me débarrasser tout de suite d'Apple Music, parce que je ne me laisse pas guider par les algorithmes (ou beaucoup moins que si je me laissais porter par leurs playlists de recommandations basées sur mes goûts, qui sont très souvent à côté de la plaque), mais je vais continuer à redévelopper mon élaboration d'autres types de playlists avec mes mp3 et des ressources open source garanties sans IA et sans algo parce que j'ai des morceaux qui n'existent pas sur ces plateformes, et parce qu'ici, la musique m'appartient, sans DRM, sans abonnement et pour toujours.
N'hésitez pas à partager vos expériences autour de la musique, comment vous l'écoutez, vos choix, vos envies, ça m'intéresse aussi de connaître votre expérience autour du streaming.