Un Spicilège

Voile vers Byzance

La collection Une heure lumière est toujours celle dans laquelle je me réfugie entre deux lectures longues. Je suis quasiment certaine d'y trouver des textes dont la brièveté n'affecte ni la beauté ni la qualité. Ce fut une fois de plus le cas avec cette novella de Robert Silverberg qui, en une heure et demi de lecture, nous conte une histoire touchante d'amour et d'éternité.

Elle nous détaille l'histoire de Charles Phillips, sorte de voyageur temporel malgré lui, projeté dans un futur dans lequel l'espèce humaine, devenue immortelle, trompe son ennui en recréant les plus célèbres cités que la civilisation ait portées. Guidé par Gioia, femme énigmatique avec laquelle il noue une histoire d'amour, il tente d'apprivoiser les moeurs et de trouver sa place dans un monde sans but.

Texte d'une rare poésie, Voile vers Byzance aborde avec délicatesse des thèmes forts et universels : l'immuabilité, la conscience de soi, la définition de l'existence. Sa lecture permet de se perdre dans ses réflexions tout en arpentant les rues de grandes cités disparues, baignant le voyage dans une certaine nostalgie. L'écriture finement ouvragée de Silverberg, se prête à merveille à cette atmosphère mélancolique. Sa passion pour l'histoire lui permet de nous immerger complètement dans l'ambiance d'antan.

Une lecture comme un instant suspendu de beauté et de lyrisme. Il n'est vraiment pas nécessaire de faire long pour frôler l'excellence.


Voile vers Byzance | Robert Silverberg | traduit par Pierre Paul Durastanti | Le Bélial'

Knit’s Island, l’île sans fin

Film documentaire insolite, Knit's Island se passe en immersion totale dans un jeu vidéo open world survivaliste plein de zombies (DayZ, pour ne pas le nommer). Dans ce monde qui se joue en ligne, de nombreux individus connectés tentent de survivre. Pour cela, certains s'organisent en véritables communautés. Les trois réalisateurs ont choisi de pénétrer ce lieu sous les avatars d'une équipe de tournage et de passer par ce médium (y passant des centaines d'heures et pas moins de 4 années) pour interviewer les joueurs de ces différents groupes et interroger leur rapport au jeu et au réel.

Ce qui frappe en premier lieu dans ce dispositif, c'est l'humilité et le respect avec lequel les réalisateurs sont allés à la rencontre des joueurs. Sur leur terrain, selon leurs règles, avec patience, discrétion et sans jugement. La profonde désolation qui caractérise l'univers du jeu contribue à rendre cette immersion profonde et troublante. Les paysages sont magnifiquement désolés, l'animation des personnages est parfois hasardeuse... tout cela nous entraîne dans un trouble diffus, que les paroles des différents interviewés ne font que renforcer. Quand on les laisse libres de s'exprimer, les joueurs sont particulièrement surprenants. Les avatars leur permettent de se dévoiler avec une sincérité parfois désarmante, toujours fascinante. Les chemins qu'ils prennent pour survivre dans le monde virtuel s'avèrent extrêmement différents, permettant l'émergence de véritables organisations.

Le parti pris esthétique fort du film doublé par le véritable engagement des réalisateurs font de Knit's Island une réussite à bien des niveaux, véritable passerelle qui gomme complètement la frontière entre le virtuel et le réel, prouvant par là même à quel point elle est mince, presque résorbable.


Knit’s Island, l’île sans fin | Ekiem Barbier, Guilhem Causse et Quentin L’Helgoualc’h | 2022

Le prince des profondeurs

Même si je suis très intéressée par l'étude du comportement animal, je ne me serais pas jetée sans réfléchir sur un livre dont le sujet principal est l'intelligence du poulpe. Pourtant, quelques avis et notamment celui de Christophe/Post Tenebras Lire et celui de Stéphanie Chaptal/De l'autre côté des livres ont tout à fait réussis à me convaincre de me lancer dans la lecture de ce livre du philosophe des sciences Peter Godfrey-Smith. Comme d'habitude, je peux leur faire confiance les yeux fermés : ce livre m'a emballée !

Le coup de génie de l'auteur, c'est d'avoir réussi à élever un contenu de vulgarisation scientifique (issu d'une part de ses propres observations en tant que plongeur et d'autre part de la littérature scientifique sur le sujet) vers des réflexions hautement philosophiques sur la nature même de l'intelligence, la conscience de soi et autres notions abstraites. Si les poulpes (ou les céphalopodes en général) sont les plus indiqués pour aborder ces concepts quand leur forme d'intelligence s'est développée parallèlement à celle des hominidés, l'auteur n'hésite pas à étendre le périmètre des formes animales étudiées jusqu'aux être unicellulaires.

Le style très fluide et abordable de Peter Godfrey-Smith, sa grande capacité de vulgarisation et la simplicité de certains des médiums qu'il emploie nous embarquent sans difficulté dans son épopée. Toutes les audaces étant alors permises, on se prend à imaginer avec lui quelle civilisation pourrait émerger si les poulpes avaient le temps et l'espace nécessaire pour la développer.

Comme toujours, aller à la rencontre de l'autre, surtout s'il est très différent, est le meilleur moyen de remettre en question ses propres croyances et certitudes, et on ressort de cette lecture empli d'idées nouvelles, un bon paquet de préjugés en moins.


Le prince des profondeurs | Peter Godfrey-Smith | traduit par Sophie Lem | Flammarion / Champs sciences

Écrire Mazan

Cela fait longtemps que je suis le travail d'Élise Costa que je tiens pour la chroniqueuse judiciaire dont j'apprécie le plus le travail. Je n'avais cependant pas lu les papiers qu'elle a dédiés à l'affaire Mazan pour le magazine Slate.fr. L'histoire était trop lourde, omniprésente, je ne m'en sentais pas la force. En revanche, ce livre, je voulais le lire. Car il ne parle pas seulement de l'affaire. Il parle aussi de la façon dont elle va être racontée. Et comment raconter l'indicible ? Par quel angle ramener un peu d'humanité dans l'horreur ?

Elise Costa propose dans cet ouvrage de plonger au cœur de son métier. Sur la page de droite, on retrouve le texte des 6 longs articles qu'elle a consacrés à l'affaire pour Slate.fr ; sur la page de gauche, une reproduction du carnet qu'elle a tenu : des notes, des croquis, des réflexions éclairant le texte.

Ce fut une lecture extrêmement éprouvante tout autant qu'émouvante. S'abîmer dans les détails d'un procès si tragique, qui a fait cohabiter l'immoral avec l'abject n'est pas chose facile. Élise Costa a cependant cette virtuosité dans l'écriture qui lui permet de nous emmener très loin sans pour autant nous abîmer. Elle écrit toujours avec pudeur, délicatesse et tact. On sent qu’elle a à cœur de retransmettre au plus près la vérité, sans nier l’émotion. Ses notes permettent finalement de comprendre comment elle élabore le récit qu'elle souhaite nous transmettre. Comment elle choisit son angle, quel aspect est le plus important. Elle s'est en effet appliquée, pour chacun de ces articles à mettre en avant des personnes sur lesquelles l'affaire a eu un impact : un officier de gendarmerie, le magistrat chargé des relations du parquet avec la presse, l'avocate commis d'office de l'un des accusés... À travers leurs yeux, c'est un autre aspect de l'affaire qui est décrit, et on se rendra vite compte de la terrible portée qu'un tel dossier peut aussi avoir sur certains professionnels.

Écrire Mazan est passionnant autant pour la chronique judiciaire d’une affaire hors-norme qui a bousculé la société que pour les notes d’écritures développant les rouages d'un métier complexe. Je le conseille aux personnes désireuses de comprendre les mécanismes d'écriture du réel.


Écrire Mazan | Élise Costa | Marchialy

Panorama

Je ne connaissais pas du tout Lilia Hassaine avant de me plonger dans Panorama qui est pourtant son troisième roman. Ce qui m'a séduite avant tout, c'est l'intrigue de ce thriller d'anticipation : dans une France qui, par dérive sécuritaire, a cédé à la transparence absolue (les murs mêmes des habitations le sont), une famille entière disparaît un beau matin, sous le regard de ses voisins. L'enquête sera confiée à Hélène, une policière bien déterminée à mener enfin une enquête dans ce monde dans lequel son métier ne sert d'habitude plus à grand-chose. L'accroche est efficace ! Le roman l'est tout autant. Il est même un des plus réussis que j'ai lus ces derniers temps.

Lilia Hassaine parvient à proposer une intrigue très maligne, couplée à une réflexion plutôt énervée sur les dérives dans lesquelles un système peut basculer. En effet, ce qui est intéressant, déjà, c'est comment on en est arrivés là. Ce que dit d'une société sa volonté de tout montrer, de tout regarder, de tout surveiller. Ce que ça aliène. Ce que ça détruit : la spontanéité, la passion, les aspérités.

La dérive sécuritaire a permis de pousser les gens à accepter l’inacceptable : la transparence totale. Le prix à payer est infini : les gens sont enfermés dans leur propre enfer, prisonniers de l'image.

L'évolution du personnage d'Hélène (un petit bijou narratif, ceci dit en passant) qui est la voix de ce récit, incarne parfaitement cette thématique et la lie à l'enquête qui, en plus de maintenir la lecture sous tension, permet de révéler les coulisses de cette société aliénée.

L'écriture de Lilia Hassaine est assez âpre, froide, clinique. C'est assez déroutant mais il faut reconnaître que ça colle parfaitement avec le sujet et que ça participe même à l'ambiance très désincarnée du roman.

Il n'y a pas beaucoup de reproches à faire à ce roman qui fut une très agréable surprise si ce n'est un côté un peu trop léché. Je ne crache jamais sur un peu plus d'irrévérence ou de folie, mais cela ne m'a pas empêchée de beaucoup apprécier cette lecture. Lilia Hassaine signe ici un roman très solide, aux idées fortes et à la réalisation quasi parfaite (cette évolution de personnage, encore une fois, m'a scotchée : un sans-faute !).


Panorama | Lilia Hassaine | Gallimard/Folio

Hitler à Hollywood

Avec un titre pareil et datant de 2011, Hitler à Hollywood ne pouvait être qu'un film belge. Assez inclassable, il s'agit d'un faux documentaire racontant comment, au moment où l'actrice Maria de Medeiros est en train d'élaborer un (autre) documentaire hommage à Micheline Presle, celle-ci lui explique avoir tourné pendant la guerre un film qui n'est jamais sorti d'un réalisateur ayant complètement disparu. S'en suivra une véritable enquête bientôt entravée par des personnages mystérieux, suggérant l'existence d'un drôle de complot.

Il fallait tout de même la trouver, cette idée ! Sur cette trame, Frédéric Sojcher signe un film hors norme, mêlant une réalisation qui se veut immersive avec un traitement de l'image très artificiel, saturant la couleur de ses actrices principales, notamment les tenues chatoyantes de Maria de Medeiros. Celle-ci porte d'ailleurs une bonne partie du long métrage sur ses seules épaules et s'en tire plutôt bien. Sur le fond le film présente une réflexion opposant cinéma hollywoodien et cinéma européen qui aurait pu être mieux traitée. Dommage qu'au-delà de certains poncifs, le réalisateur n'aille pas plus loin dans son propos. Dommage aussi que le manque de naturel de certains dialogues nous sorte vite de l'illusion d'un documentaire.

Hitler à Hollywood vaut quand même son visionnage pour l'objet filmique complètement improbable qu'il est. Pour son ton loufoque et ses scènes cocasses. Pour son parti pris esthétique mettant en valeur la lumineuse Maria de Medeiro. Pour le plaisir de retrouver la merveilleuse Micheline Presle.


Hitler à Hollywood | Frédéric Sojcher | 2011

L'anthropologie n'est pas un sport dangereux

L’intérêt que je porte à l'anthropologie n'a cessé de croître avec les années. Quand j'ai entendu parler de Nigel Barley, un anthropologue qui vulgarise sa pratique sous la forme d'essai qui s'avèrent en plus très drôles, je ne pouvais que craquer. L'anthropologie n'est pas un sport dangereux est loin d'être son premier ouvrage, mais c'est le premier de sa série consacrée à l'Indonésie. Il y raconte son séjour sur l'île isolée de Sulawesi et tout ce qui en a découlé (notamment la visite de certains des habitants à Londres).

On suit donc l'auteur dans ses périgrinations, alors qu'il ne nous cache rien de ses galères matérielles. Entre deux tirades fustigeant le tourisme, il nous dira tout de ses interactions avec les Torajas, ceux qui peuplent cette île reculée.

C'était ma première phrase en indonésien adressée à un Indonésien. Est-ce que ça marcherait ? Vue de l'extérieur, une langue ressemble toujours à une fiction peu plausible.

L’anthropologie, vue de l’intérieur, est aussi passionnante que je l’imaginais. Tout du moins présentée de la manière dont le fait Nigel Barley. En effet, il nous plonge dans les aspects les plus pratiques de la discipline avec nonchalance et un humour détaché qui m'a tout de suite séduite et son écriture très directe donne un dynamisme fou à l'histoire. Au delà d'un récit de voyage ou d'un compte rendu d'étude, ce livre est avant tout le récit de rencontres, celle qui permettent au chercheur d'analyser et d'interpréter les différences, comme le disait Lévi-Strauss. Je ne sais pas si c'est son statut d'anthropologue qui veut ça, mais l'humanité avec laquelle Nigel Barley évoque toute ses aventures est palpable à la lecture et la rend d'autant plus plaisante. La curiosité, si elle est dépourvue de jugement, est une qualité rare que ce livre met particulièrement en avant.


L'anthropologie n'est pas un sport dangereux | Nigel Barley | Traduit par Bernard Blanc | Payot

Le Maître du Haut Château

Beaucoup de choses ont déjà été dites sur Le Maître du Haut Château, une des œuvres les plus connues de Philip K. Dick, classique parmi les classiques de la science-fiction et de l'uchronie. Adapté en série il y a quelques années, tout le monde ou presque connaît le postulat de base : l'intrigue se déroule dans un monde alternatif dans lequel les Allemands et les Japonais ont gagné la Seconde Guerre mondiale.

Je ne l'avais jamais lu, je n'ai toujours pas vu l'adaptation, mais j'en connaissais suffisamment l'intrigue, et j'ai déjà lu suffisamment de Philip K. Dick pour me retrouver en terrain familier.

Il a pourtant de quoi surprendre, voire déstabiliser, ce roman. Avec un tel postulat, on pourrait s'attendre à lire une fresque politique ou militaire. Au contraire, Philip K. Dick s'attache à centrer son intrigue sur les actions et les réflexions d'une poignée de personnages, la plupart situés dans la partie ouest des États-Unis, sous domination japonaise. C'est ce qui fait tout l'intérêt du roman : il ne décrit pas comment l'occupation a lieu mais quel impact elle a sur l'existence et sur les états d'âme des protagonistes : comment ils perçoivent et intériorisent cette soumission forcée. Hautement philosophique, Le Maître du Haut Château est également un livre qui questionne sans cesse le réel. Par l'omniprésence du Yi King, ou Livre des transformation, véritable oracle qui guide spirituellement les personnages, et qui rappelle que la réalité peut basculer à tout instant, et par celle d'un autre livre, la Sauterelle pèse lourd écrit par le fameux maître, qui imagine un monde dans lequel les alliés auraient gagné la seconde guerre mondiale, et qui finit par brouiller les pistes entre le réel et l'imaginaire.

Loin d'être une épopée épique, Le Maître du Haut Château est un roman au rythme choisi, à la complexité intime, dont l'uchronie est le parfait prétexte à questionner l'identité et la réalité elle-même.


Le Maître du Haut Château | Philip K. Dick | traduit par Jacques Parsons | J'ai Lu

Les animaux dénaturés

Il en a fallu, à Vercors, de la virtuosité pour réussir à mettre autant d'humour dans un livre qui commence pourtant par la mort d'un nouveau-né, tué par son géniteur. Il lui en a fallu du talent pour nous glisser au milieu d'un roman philosophique une histoire d'amour qui est parmi les plus improbables que j'ai lues.

Dans les années 1950, Vercors s'interroge sur la définition de ce qu'est un Homme. Ne parvenant pas à une réponse claire, il imagine ce roman dans lequel une équipe de scientifiques, à la recherche du “chaînon manquant”, découvre une nouvelle espèce d'hominidés qu'ils sont bien incapables de classer en tant qu'“Hommes” ou “animaux”. La question devant être tranchée rapidement pour contrecarrer les vues de certains industriels sur cette main d'œuvre bon marché providentielle, ils imaginent un moyen pour obliger les autorités à prendre position. S'en suivra une véritable tornade judiciaire et politique qui aura pour mission de répondre à cette question insoluble : qu'est-ce qui distingue l'animal de l'Homme, cet animal dénaturé ?

Ce n'est pas que c'est difficile, mon vieux, c'est que c'est arbitraire. Il vaudrait mieux tirer au sort, cela irait plus vite. Et ce ne serait pas moins exact. Il y a trois cents ans que Locke a demandé, à propos des monstres humains, quelle est la borne entre la figure humaine et l'animale, quel est le point de monstruosité auquel il faut se fixer pour ne pas baptiser un enfant, pour ne pas lui accorder une âme. Vous voyez que ce n'est pas nouveau. Alors vous comprenez que ce n'est ni en trois jours ni en trois mois qu'on fixera un point qui traîne depuis des siècles.

Roman hautement réflexif, Les animaux dénaturés emprunte à la biologie, à l'anthropologie, à la philosophie, à la théologie pour répondre à cette question centrale. On y verra s'affronter divers experts représentant divers courants de pensées scientifiques ou sociologiques et on touchera surtout du doigt à quel point la question est complexe et le champ de recherche étendu. L'auteur n'en oublie pas pour autant l'intrigue, et développe des personnages atypiques, qui permettent quelques respirations et intermèdes incongrus salutaires.

Le style souffre un peu d'un certain classicisme mais l'auteur use de multiples procédés narratifs qui rendent la lecture dynamique. Outre l'analepse initiale, on passera d'un récit romantique à un roman épistolaire, d'un essai scientifique à une fable philosophique en passant par le pamphlet, le discours, la satire.

Passionnée par la question, j'ai lu Les animaux dénaturés en quelques jours, emballée par l'histoire, conquise par l'humour féroce et persuadée de nourrir mes propres réflexions sur la nature humaine, réflexions qui hantaient déjà mes cours de biologie sur les bancs de la fac. Vercors réussit ici parfaitement à rendre digestes un amas d'informations pointues et disparates, tout en égratignant au passage grands patrons, savants, politiques et cléricaux. Un roman parfait pour qui veut se nourrir intellectuellement.


Les animaux dénaturés | Vercors | Le livre de poche

La valse des pantins

Beaucoup de films de Scorsese m'ont touchée, mais je viens de revoir La valse des pantins et j'en suis restée sonnée. Il semble toujours un peu à part, un peu oublié dans la filmographie de son réalisateur, mais représente, selon moi, l'une de ses plus belles créations.

Abordant le thème de l'obsession, celle de la reconnaissance pour le personnage principal, Rupert Pupkin, prêt à tout pour devenir la nouvelle star de l'humour, La valse des pantins (The king of Comedy en VO) étale tout au long de la pellicule sa bêtise naïve confrontée au cynisme et à la violence aiguë de ceux qui l'entourent.

De Niro et sa moustache improbable y est magistral, Jerry Lewis, dans son premier rôle dramatique, est bluffant. Des thèmes abordés à la violence ordinaire qu'il offre, de la direction d'acteur aux improvisations inspirées, tout est maestria et le tout n'a pas pris une ride dans notre monde où la moindre réalisation doit être mise en scène.

À voir et à revoir pour ce qu'il est : une oeuvre magistrale et inspirante (ce qui n'a pas manqué d'arriver,avec brio).


La valse des pantins | Martin Scorsese | 1983