Un Spicilège

Anatole Bernolu a disparu C'est un petit bijou d'écriture comme seul Le Dilettante a réussi à m'en faire découvrir que ce premier roman de Pauline Toulet. On y lit les histoires inattendues d'Anatole Bernolu, un personnage atypique, discret, étrange et surtout, un personnage assez seul, persuadé d'avoir fait une grande découverte au sujet de Claude Lévi-Strauss et déterminé à le faire savoir. Mais au-delà d'un récit en trompe-l'œil, c'est avant tout l'écriture inventive et maîtrisée de Pauline Toulet qui m'a réjouie pendant cette lecture.

Cela dit, votre comité de lecture aurait dû noter cette absence, déclare Jérôme avec cette générosité qui consiste à partager les torts qui sont pleinement les siens.

Anatole Bernolu a disparu est un roman désopilant, qui fait la part belle aux figures de style, aux belles formules et à une rédaction originale, toute en connivence avec le lecteur, qui nous fait penser que le narrateur nous raconte un scénario qu'il semble découvrir tout en en connaissant déjà la fin (je vous assure que c'est bien ça). Il en a fallu du savoir-faire, à Pauline Toulet, pour nous proposer un roman qui, sous des airs de chronique légère, cache une telle élégance, une vision si juste des travers de nos contemporains, mais également un hommage appuyé à l'Oulipo. Elle a su pourtant emporter mon adhésion en quelques chapitres, par une histoire bien plus impactante qu'on ne pourrait l'imaginer. Il y a de la vérité dans cet ouvrage, et je ne peux que recommander la lecture rafraîchissante des histoires d'Anatole Bernolu.


Anatole Bernolu a disparu | Pauline Toulet | Le Dilettante

Au fond du trou

Après le très atypique mais très réussi 18H30, Maxime Chamoux et Sylvain Gouverneur signent une nouvelle mini-série sur arte.tv, Au fond du trou, avec une nouvelle approche originale.
Tournée dans une unité de lieu et de temps (un minigolf, une après-midi) elle suit, le temps de ses 6 épisodes (chacun d'une 15aine de minutes), 6 histoires différentes, 6 trajectoires mettant en scène des personnages originaux. Parfait théâtre de la vie, ce sont des petits drames, à chaque fois, qui se jouent, transformant en tribunal ce lieu festif et léger qu'est le minigolf. Frôlant parfois l'absurde sans y tomber complètement, cette série mêle habilement l'humour et la gravité, sait doser la sensibilité et réussit à conserver le ton parfait pour mettre en exergue les travers des uns et des autres.


Au fond du trou | Maxime Chamoux et Sylvain Gouverneur | 2023

Jamais trop tard

Prêté par un ami, Jamais trop tard est un de ces livres que je n'aurais jamais pu découvrir autrement que conseillé par quelqu'un. En effet, je n'en connaissais pas l'auteur, et la quatrième de couverture ne m'aurait sans doute pas convaincue. Pourtant, Jamais trop tard est de ces délices cachés qui ne se dévoilent qu'à force d'intérêt et de patience. Lorsqu'on abaisse les barrières de nos certitudes de lecteur, il se révèle des plus enrichissant.

Contant l'histoire de la disparition impromptue d'une jeune femme, Donna et de la quête incessante de son compagnon, Art, pour la retrouver, Jamais trop tard n'a pourtant rien d'un livre policier ou d'une chronique sentimentale. Construit sans aucune respiration, c'est le récit d'une quête sans fin, sans ordre. La quête d'un signe, d'une aide, d'une compréhension. Plaçant la ville (New York) et ses habitants au cœur de l'intrigue, l'auteur en fait ressortir toutes les discordances. Elle est noire de monde mais bercée d'une indifférence mêlée de violence, elle est foisonnante sans que l'on puisse en suivre les méandres, elle ne s'arrête jamais de vivre mais on peut s'y évanouir sans laisser de trace.

Sillonnant sans interruption ce décor urbain étouffant, notre héros, Art, oscille entre prosaïsme et naïveté touchante et ne cesse de nous étonner, au milieu de tant d'incongruités, par la justesse de certaines de ses pensées.

Car l'absurdité survient, aussi subtile que l'écriture de Stephen Dixon, berçant le récit d'une perspective kafkaïenne qui en réhausse d'autant plus la qualité. Cette chronique ininterrompue prend alors des allures d'épopée fantastique, tragique, à l'image de la noirceur des rues New Yorkaises et nous laisse, finalement, autant de perspectives que de limites.

Note: Lu dans l'ancienne édition des éditions Balland, j'ai préféré indiquer les références de l'édition actuelle, toujours disponible aux éditions Cambourakis.


Jamais trop tard | Stephen Dixon | Traduit par Isabelle El Guedj | Éditions Cambourakis

Kafka à Paris

Xavier Mauméjean est un nom que je vois passer depuis longtemps. Pour ses romans parus chez des maisons d'édition que j'affectionne, pour ses participations à des projets que j'ai suivis, pour son expertise sur Sherlock Holmes. Jamais, cependant, je ne m'étais encore attaquée à l'un de ses ouvrages, et quel oubli !

Kafka à Paris m'a interpellée sur la table de la librairie des Utopiales, d'abord car c'est un bel objet, ensuite parce que j'aime l'œuvre de Kafka et Paris (et c'est difficile de faire un meilleur titre), enfin car le résumé de ce roman m'a immédiatement intriguée. En effet, à partir d'un fait apparemment réel (les quelques jours que Franz Kafka a passés à Paris avec son ami Max Brod en 1911) Xavier Mauméjean s'est attaché à développer tous les détails possibles d'une épopée.

En multipliant les références, Xavier Mauméjean signe un texte généreux et drôle. Une histoire passionnante à découvrir, enrichie par le plaisir immense de déceler ici et là les clins d'œil à l'œuvre de Kafka ou à l'histoire. On en affectionne les personnages et leur charme désuet, on y adore l'ambiance du Paris du début du XXème siècle, si merveilleusement retranscrite.

Installés à une table comme au spectacle, jambes croisées pour en essorer la fatigue, ils observèrent la cohue en gaieté ou morose, cette précision dans le rapport humain qui sans cesse calcule sa façon d'être. Les Parisiens, que l'on tient à tort pour blasés, ne cessaient de changer d'attitude.

Mais au-delà de la justesse de l'intrigue, ce sont les immenses qualités littéraires de l'ouvrage qui m'ont subjuguée. Cela faisait des années, je pense, que je n'étais pas tombée à ce point amoureuse d'une écriture comme je peux l'être de celle de Xavier Mauméjean. Chaque idée, chaque phrase, chaque tournure, chaque mot même semble soigneusement choisi pour tisser un texte d'une finesse remarquable, incroyablement doux à la lecture et terriblement évocateur. Autant de justesse est difficile à se figurer. J'aimerais littéralement en garder chaque phrase.

J'ai pris une gigantesque claque et j'ai eu un profond coup de cœur pour ce livre et cet auteur, que je vais rapidement retrouver.


Kafka à Paris | Xavier Mauméjean | Alma Éditeur

La danse de Gengis Cohn

Il y a sans doute des dizaines d'interprétations à faire de La danse de Gengis Cohn et de la manière dont il s'inscrit dans la bibliographie de Romain Gary. Elles sont d'ailleurs faciles à trouver, et pour la plupart, assez intéressantes. Il faut dire que Gary, en plus d'être un écrivain talentueux, est également un personnage fascinant, de par ses origines et son histoire. Quant à La danse de Gengis Cohn, c'est un livre tellement foisonnant, tellement dense, tellement indescriptible qu'il n'est pas étonnant qu'il inspire autant de monde.

J’ai froid dans le dos. Je sens soudain « qu’un danger terrible plane sur ceux de ma race : des nazis qui ne seraient pas antisémites. Vous imaginez un peu le mal que ça peut nous faire, un Hitler qui ne serait pas du tout contre les Juifs, au contraire, qui serait seulement contre les nègres ? Les Allemands ont failli nous avoir. Heureusement qu’ils étaient racistes.

L'histoire part d'une farce. Celle d'un commissaire de police allemand, ancien nazi, hanté sans relâche par l'esprit de l'une de ses victimes, un comique juif. Il hérite de l'enquête autour de la mort de 22 personnes, toutes retrouvées sans pantalons et extatiques.

Pour ma part, j'ai avant tout beaucoup ri à la lecture de cet oeuvre dont l'extravagance m'a surprise. Romain Gary s'est absolument tout autorisé, et pousse l'humour noir dans ses retranchements avec beaucoup de talent. On y découvre, au milieu d'un délire sans retenue, son humanité absolue, sa rage, ses accès de colère contre l'imbécilité, contre la violence systémique. En effet, la farce du début permettra à l'auteur de développer en seconde partie beaucoup plus allégorique, personnifiant la vie et la mort elle-même, tournant autour d'un mauvais goût assumé délicieusement mordant.

Il ne faut pas être intellectuel pour apprécier La danse de Gengis Cohn, ni d'en décortiquer chaque ligne. Je suis sans doute passée à côté de la moitié des références. J'ai pris de plein fouet, en revanche le talent de Gary pour les mots, les excès et les rires.


La danse de Gengis Cohn | Romain Gary | Gallimard/Folio

Ceux qui rougissent

C'est une série très tendre que je viens de découvrir sur arte.tv. Ceux qui rougissent, de et avec Julien Gaspar-Oliveri m'a rappelé mes années de collège et les cours de théâtre que j'y ai suivis. Mon professeur aussi nous en a fait, des cours atypiques, basés sur l'expression corporelle ou l'exacerbation des sentiments. Cela m'a beaucoup marqué et “quelques” années après, je m'en souviens encore. Je me souviens également de l'impact que ces cours ont eu sur mon estime de moi, la perception que j'ai de mon corps... C'est sans doute pour ça que j'ai été si touchée par cette série.

On y retrouve en effet l'histoire d'un groupe de lycéens dont le cours de théâtre va être chamboulé par l'arrivée d'un professeur remplaçant qui bouscule rapidement la troupe, plutôt habituée jusqu'ici à réciter mollement du Shakespeare. Portée avant tout par son réalisme extrême, proche du documentaire, et par son casting de jeunes absolument parfait (mention spéciale à Nicolas Kessler, particulièrement bluffant) Ceux qui rougissent parle avant tout de l'adolescence, cette période pendant laquelle la construction est si difficile, l'estime fragile et l'égo handicapant. Tournée dans un gymnase qui gomme les provenances, on ne s'attache qu'aux personnalités et aux échanges. Ces adolescents qui se ressemblent dans leurs disparités et ce jeune professeur de théâtre, qui ne sera jamais nommé, dont la sensibilité et la détermination portent le groupe.

Une très jolie découverte, un peu frustrante de par son format court (8 fois 10 minutes environ), qui a su me happer et m'a laissée toute émue.


Ceux qui rougissent | Julien Gaspar-Oliveri | 2024

À la recherche de mon frère

C'est la seconde fois que je me laisse tenter par un ouvrage des Éditions Goutte d'Or après La pierre jaune qui m'avait déjà laissée un peu sur ma faim. C'est également le constat que je dresse après avoir terminé À la recherche de mon frère. Malgré un sujet passionnant (le complotisme et comment réagir face à un proche qui s'y engouffre) Elliot Wax signe un livre, certes intéressant, mais dont certains aspects m'ont laissée dubitative.

En effet, face aux dérives bien réelles dans lesquelles s'engouffre son frère, il commence par essayer de le comprendre en infiltrant un organe de presse puis le camp d'un homme politique, tous deux taxés de complotistes (tout a été anonymisé dans le livre mais 2 clics permettent facilement de savoir de quoi et qui on parle exactement). Cet aspect du bouquin est particulièrement intéressant. Mettant à mal une bonne dose de certitudes, Elliot Wax semble y croiser des personnes loin d'être volontairement malveillantes. J'aurais vraiment aimé qu'il pousse plus loin ses investigations mais malheureusement ces infiltrations tournent rapidement court. Parallèlement, il cherche un moyen de renouer avec son frère, voire de trouver les bons arguments pour le faire abandonner toutes ses croyances. C'est la partie du livre qui a peiné à me convaincre. Outre le fait qu'on a l'impression dès le début qu'il fait tout à l'envers, on a du mal à déceler, sans doute à cause d'une trop grande pudeur (mais à ce moment-là, pourquoi écrire un livre qui dévoile absolument tout de la vie de son frère ?) les bonnes motivations derrière ses actes, et, alors qu'une prise de conscience tardive (liée au fait qu'il interroge enfin les bons interlocuteurs) le pousse à la confession, je me suis surprise à comprendre et à ressentir bien plus d'empathie pour son grand frère complotiste.

Cela fait que je suis ressortie de cette lecture sans savoir vraiment quoi en penser. J'y ai appris des choses, c'est indéniable, il y a des éléments intéressants dedans, mais les motivations de l'auteur gâchent un peu tout.


À la recherche de mon frère | Elliot Wax | Éditions Goutte d'Or

L'anomalie du train 006

Quand j'ai envie ou besoin de me réjouir de ma lecture, je me tourne vers Vis Comica, un excellent site traitant de littérature humoristique tenu par Francis Mizio. Je n'ai jamais été déçue par ses recommandations et c'est là que j'ai découvert L'anomalie du train 006, chaudement recommandé.

Cela faisait des années que je n'avais pas lu de pastiche. Avec ce livre, j'ai été gâtée : ce n'est pas un mais bien six auteurs auxquels s'attaque Pascal Fioretto. S'il est facile de penser à Hervé Le Tellier grâce au titre, il est moins évident, mais tout aussi désopilant de reconnaître Joël Dicker, Virginie Despentes, Emmanuel Carrère, Aurélie Valognes ou Sylvain Tesson.

C'est un véritable amusement de distinguer les tropes employés à outrance par tous nos auteurs (Hervé Le Tellier en tête, passablement étrillé, mais n'en gardant apparemment pas rancune puisqu'il signe la préface) et je salue par la même le formidable talent de Pascal Fioretto qui signe un texte pétri d'humour et de références tout en appuyant sur les facilités trop souvent empruntées par certains auteurs.

Les très grandes qualités de style de l'ouvrage nous permettent rapidement de pardonner ces petites taquineries et tout le monde ressort grandi de cette lecture extrêmement drôle.


L'anomalie du train 006 | Pascal Fioretto | Éditions Heriodos

Les morts ont la parole

J’ai découvert le Docteur Boxho (comme beaucoup, je crois) à travers ses interviews dans un podcast aussi célèbre que décrié. J'avais vite décroché, cependant, car l'interview m’agaçait un peu. Trop sensationnaliste, trop superficiel, il m'était difficile d’accrocher au personnage à travers l'angle choisi.

Cependant, j’ai un très vif intérêt pour la médecine légale et quand il s’est agit de choisir un nouveau livre audio pour m’accompagner dans mes footings, je me suis laissée tenter par son tout premier ouvrage, me disant qu’il serait à minima suffisamment distrayant pour détourner mon attention de mes efforts.

J’ai été assez surprise de découvrir que dans son livre, le Docteur Boxho est tout ce qu’il n’est pas dans les interviews dont je parlais au-dessus : humble, pédagogue, respectueux et ayant avant tout à cœur de partager des connaissances autour de cette profession fascinante qui, sans nul doute, est devenue une passion. (Petite parenthèse pour me dire que finalement, mon aversion venait sans doute plus de mes intérêts complètement divergents avec l'interviewer que de l'interviewé).

Les morts ont la parole permet en effet d'en découvrir beaucoup plus sur le métier de médecin légiste et sur le système judiciaire belge, puisque c'est le pays dans lequel exerce le Docteur Boxho. Outre de nombreux rappels historiques, il se sert de certains cas qu'il a eu à traiter au cours de sa carrière pour détailler les techniques employées, leur évolution, leurs intérêts et leurs limites. C'est une véritable mine d'or pour qui s'intéresse à la discipline. Les cas en question, s'ils sont souvent insolites, présentent avant tout ce qui fait l'essentiel du quotidien d'un médecin légiste : beaucoup de suicides et quelques morts suspectes.

Au-delà de l'aspect scientifique, je n'ai pu m'empêcher de ressentir une sorte d'hommage dans la volonté du docteur Boxho de faire toute la lumière sur la manière dont ces personnes ont disparu. Il transparaît, à la lecture, qu'il a à cœur de traiter les défunts avec égards. Le tout avec une pointe d'humour belge (un des meilleurs du monde) qualité supplémentaire à ajouter à un ouvrage qui n'en manque déjà pas.

Je ne regrette donc pas mon choix, ayant passé un excellent moment (les douleurs dans les jambes en moins) à la découverte de cette discipline captivante.


Les morts ont la parole | Docteur Philippe Boxho | Kennes Éditions/Audiolib

Fragile

Je connais Nicolas Martin essentiellement par son métier de journaliste et de vulgarisateur scientifique : pour l'excellente émission La méthode scientifique, pour le podcast Les idées claires, entre autres. Pourtant, de par mon intérêt pour l'imaginaire français, j'entendais de plus en plus souvent son nom. Et puis je l'ai vu dans des tables rondes, j'ai lu une nouvelle (dans l'anthologie des Utopiales 22) et je me suis surprise à apprécier de plus en plus ses prises de parole et son écriture. C'est tout naturellement, alors, que je me suis intéressée à son premier roman (après moultes nouvelles et quelques essais), paru de plus aux éditions Au Diable Vauvert, gage supplémentaire de qualité.

Dans Fragile/s Nicolas Martin nous plonge dans une société française sclérosée, fascisante, grandement affaiblie par une baisse drastique de la fécondité entraînant des naissances multipliées d'enfants touchés par des polyhandicaps : les fragiles. C'est dans ce contexte que l'on suit l'histoire de Typhaine, qui, avec son mari Gauthier, sont choisis pour participer à un programme de fertilité leur permettant d'avoir un enfant sain. La position de Gauthier, travaillant pour l'État, y est pour beaucoup, et Typhaine ne tarde pas à se rendre compte que le prix à payer pour cet enfant inquiétant est très lourd : surveillance, pressions et mise à l'écart de sa grande fille fragile...

Fragile/s est le parfait titre pour cette histoire. En effet, on dit souvent qu'on peut juger une société à la manière dont elle traite les plus fragiles (et si vous voulez mon avis, cela marche à toutes les échelles : la société, le groupe, la famille, le couple, et même -surtout- l'individu) et Nicolas Martin dépeint admirablement ce qu'il en est pour les régimes autoritaires : au moindre problème, ils s'empressent d'accentuer les pressions sur les plus précaires : handicapés, immigrés, et bientôt les femmes. En faisant de tous ces fragiles le centre de son roman, Nicolas Martin donne la parole à ceux qui ne l'ont pas souvent. Le traitement qu'il fait du handicap (ceux qui me connaissent savent à quel point j'y suis sensible) m'a particulièrement touchée. Le personnage de Typhaine, crucial, lui permet de dresser un portrait de femme absolument superbe. Fragile, elle aussi, mais également farouche, révoltée, résistante. On ne peut que s'attacher à ses combats.

L'écriture de l'auteur est percutante, et ses choix de narration font mouche, en poussant au maximum l'art de faire passer un message sans le dire. C'est original, particulièrement bien trouvé et cela sert impeccablement l'intrigue. La construction du roman est implacable : on ressent l'étau se resserrer autour des personnages jusqu'au malaise. Un seul petit bémol à ce roman remarquable : un élément fantastique supplémentaire à la fin du récit que j'ai trouvé dispensable. Cela n'entache néanmoins en rien la lecture et j'ai refermé Fragile/s notablement bouleversée, me disant que je devais continuer à m'intéresser à la carrière de romancier de Nicolas Martin.


Fragile/s | Nicolas Martin | Au Diable Vauvert