Pérégrinations d'une masterante

Il s'agit ici de tenir le journal de la rédaction de mon mémoire de master 2 Humanités numériques.

Le bout du chemin ?

Il y a 6 mois presque, je commençais ce blog. Et il y a 3 semaines, je passais ma soutenance à Montpellier... Cette fois, ça y est, je suis diplômée, d'un master 2 Humanités numériques. C'est le moment de jeter un coup d'œil par dessus mon épaule.

Regards en arrière

On m'a parfois dit durant ces années de reprise d'études : c'est courageux... peut-être, mais je ne m'en suis pas aperçue ! Il est vrai aussi que j'ai bénéficié des conditions idéales pour mener ce travail, c'est un facteur important. J'ai été portée aussi par ma curiosité et bientôt mon enthousiasme pour les Humanités numériques, leurs formes multiples qui font d'ailleurs débat, concept si difficile encore à expliquer simplement à mes proches... j'ai peut-être bien succombé à l'envoutante richesse des chemins qu'elles ouvrent, chemins qui semblent s'éloigner et puis convergent à nouveau... J'ai ainsi pu avoir comme objectif de garder du plaisir à apprendre et travailler. Sans idéaliser le parcours, je retiens surtout les moments de découverte par les lectures, les temps de mises en pratique, les avancées malgré les doutes, le plaisir d'écrire aussi, laborieux souvent, mais quelle satisfaction quand le fil logique finit par apparaître en évidence...

Le charme des chemins exploratoires

J'ai enfin pu creuser la notion d'écrits d'écran d'Emmanuel Souchier, aux côtés souvent d'Yves Jeanneret. J'ai trouvé fascinant la façon dont l'histoire de ces écrits d'écran s'inscrit dans celle des supports papier : le retour du rotulus, le geste de tourner les pages qui se retrouve sur le balayage d'écran, et de façon plus cachée, l'emprunt aux codes utilisés dans les manuscrits dans le langage informatique, comme ce pied de mouche...

un pied de mouche, soit un c majuscule barré verticalement, signalant en début de ligne le changement de paragraphe Le c majuscule barré verticalement en début de ligne signale le changement de paragraphe. Pour plus d'informations, cliquez ici (1).

J'ai trouvé riche l'approche par la notion d'énonciation éditoriale, qui prend en compte l'ensemble du contexte matériel, économique, culturel de la conception d'un écrit d'écran y compris la possibilité d'évolution de ce support, une caractéristique du numérique. J'ai aimé la notion de signes-passeurs, expression parlante (ce qui fait signe pour désigner un passage vers un autre contenu), qui fait jouer à plein la sémiotique. J'ai aimé aussi le concept d'image de texte, avec une double acception : l'image que l'on a du texte dans son contexte à l'écran, avec Emmanuel Souchier et Yves Jeanneret à nouveau, et l'image au sens numérique avec Marie-Anne Paveau, quand il s'agit d'une capture d'écran ou d'une photographie de texte, complexe à traiter dans le cadre de l'accessibilité mais aussi perturbante pour nos sens et qui nous renvoie à cette image bien connue...

représentation d'une pipe sur fond brun clair avec la phrase Ceci n'est pas une pipe en dessous Tableau de Magritte – Ceci n'est pas une pipe

La sémiologie avec le couple signifiant/signifié est presque un jeu à pratiquer : quels codes sont mis en œuvre, quelles références ? Quelles évidences ne le sont finalement pas ? J'ai découvert le webdesign avec Nicole Pignier, avec un petit voyage dans le temps parce que l'ouvrage qui m'a servi de base date des débuts du web... ce qu'elle y dit reste bien sûr pertinent, mais il m'a fait faire un retour dans le passé (merci archives.org !) qui permet de voir l'évolution du net.

Le mot Dior sur fond noir apparaît progressivement, la dernière lettre est en cours de constitution par l'arrivée de petits rectangles s'accumulant Capture d'écran de la fin de l'animation de la page d'accueil du site Dior en 2004 à partir du site archive.org. Pour voir l'animation, cliquez ici.

J'ai connu ces interfaces qui nous semblent aujourd'hui si datées, et où la technologie reste apparente, mais le flux des pages qui défilent sous nos yeux tous les jours nous les fait oublier... Inscrire une observation d'un site dans cette histoire du web n'est pas inutile : que restera-t-il dans 10 ans de ce dont la présence nous semble indispensable et évidente aujourd'hui sur nos écrans ? Quand on réfléchit à un site en terme de robustesse, cette question est incontournable, surtout dans la visée de l'accessibilité.

J'ai aimé aussi le regard sur les sites de gestion de bases de données, avec Marie Després-Lonnet, notamment. Là, le lien avec ma pratique professionnelle d'aujourd'hui est fort, puisque je nourris la base de données du centre de documentation où je travaille, et j'essaie d'accompagner au mieux les élèves dans la manipulation de l'outil.

L'accessibilité, d'ailleurs : j'ai découvert, un peu effarée, l'inaccessibilité numérique de la plupart des sites, et je commence à développer le réflexe d'aller voir en bas de page si le site que je consulte est conforme. Je vais être désormais vigilante à mes propres pratiques, notamment en vidéo... Il semble que les choses bougent un peu, mais si on peut faire un peu pression... Je n'ai pas lu Amartya Sen, je n'en ai eu que des citations, mais son travail sur les capabilités me semble très porteur. J'ai aimé aussi l'approche de D. Chêne qui vise une accessibilité ciblée, en fonction des particularités de chacun : ne donner que les outils nécessaires pour telle particularité, sans encombrer d'outils dont on n'a que faire... Une sorte d'idéal qui peut sembler inaccessible mais qui peut servir de boussole...

Et si s'il y avait d'autres chemins à explorer ?

Vue sur la côte depuis le Mont-Saint-Michel, le ciel est gris Vue depuis le Mont-Saint-Michel

Maintenant mon mémoire est terminé, il va bientôt être publié sur la plateforme Dumas. J'ai appris que sur le lieu de mon stage, où mon travail a été suivi avec attention, une formation sur l'accessibilité va bientôt avoir lieu... et dont la formatrice se trouve être Valérie Mansard, référente accessibilité numérique à l'ENS de Lyon, avec qui j'avais pu m'entretenir par téléphone juste avant la soutenance... C'est déjà une grande satisfaction d'avoir pu contribuer, si peu que ce fût, à cette évolution... J'ai quelques pistes à la fois pour poursuivre ma réflexion sur le sujet, et pour mettre en œuvre une médiation.

  • Pour donner un cadre clair à mon projet, j'ai l'intention de créer une structure de type micro-entreprise.
  • Ensuite, je compte me renseigner sur l'ergonomie du web, par les lectures de Jakob Nielsen et Bastien & Scapin, conseillées par mon jury. Cela me permettrait d'aller plus loin sur la mise en œuvre l'accessibilité numérique sur des sites, et notamment des sites avec des outils de recherche, car dans ce contexte, on sort du cadre relativement simple du texte et de l'image.
  • J'aimerais axer ma réflexion sur les manuscrits : comment rendre accessible ce type de support ? Un manuscrit peut être remarquable par ses enluminures, par le texte même, par les annotations dans les marges... Qu'est-ce qui doit être rendu accessible ? Faut-il faire une mise en accessibilité globale avec accès à une transcription du texte, une traduction, un commentaire, une description de la présentation, de l'histoire ? Ou au contraire faut-il en cibler les points remarquables ? Faut-il rendre accessible le manuscrit entier, ou page par page ? Pour quel public ? Les chercheurs ? Un public de curieux ? Selon les situations, les moyens alloués, les réponses seront différentes... Mais y-a-t-il un minimum à donner systématiquement dans la visée d'une harmonisation des pratiques ?
  • J'envisage de réaliser des vidéos pouvant être utilisées dans différents cadres : qu'est-ce qu'un manuscrit, quel vocabulaire est utilisé pour le décrire ? Comment fonctionne un visualiseur ? Comment peut-on identifier l'origine d'un manuscrit ?... un peu à la manière du laboratoire de l'historien de Thierry Buquet sur le site de La Lettre volée, avec un média plus actuel.
  • J'ai envie de créer des pages Wikipédia sur différents “sites de chercheurs”, à commencer par la bibliothèque virtuelle du Mont-Saint-Michel. Là aussi, il faut au préalable que je me forme à l'édition dans ce contexte.
  • Pourquoi pas créer ma propre plateforme de médiation...

Les pistes sont nombreuses... Je prends pour l'instant le temps de flâner et de retrouver de l'énergie, mais le désir est là de ne pas trop m'attarder et de poursuivre mon chemin... J'en profite pour remercier tous ceux qui m'ont accompagnée, mes proches, l'équipe du Pôle du Document numérique de la MRSH de Caen, ainsi que les enseignants du master qui ont impulsé en moi le désir de lectures, toujours là... J'ai déjà ouvert un nouvel espace dans mon logiciel de prise de notes : Projet – lectures...

(1) L'image est extraite du manuscrit 82 de la bibliothèque de Vendôme, folio 425.

Prochaine étape : observer

jumelles Image par Pat de Pixabay

Et pour cela, se construire un outil, une grille permettant de passer en revue les sites de mon corpus. J'ai plusieurs sources théoriques : l'approche benchmark de N. Pignier et B. Drouillat, les tableaux d'analyse de E. Souchier et al. et le Référentiel Général d'Amélioration de l'Accessibilité. Très bien. Mais comment articuler le tout ?

Tout mettre à plat

Je suis une grande adepte des cartes mentales, alors je décide d'en ouvrir une, et chaque branche permet d'éclater les notions de mes 3 références, ainsi que le rappel de mon directeur de mémoire sur la structuration d'une page web. Une jolie carte mentale, donc... au fur et à mesure que je la remplis, les liens se font, les mêmes mots apparaissent, alors que les approches sont différentes. carte mentale Ma carte mentale, illisible en l'état, mais dont sur laquelle on voit les liens en construction Pour la première fois, je lis en détail les critères de la RGAA, je vois l'intérêt de passer par les tests de critères qu'ils proposent : avec les questions posées, on est directement guidé vers une observation précise, parfois de la surface de la page, ce qui est visible, parfois de ce qui est caché, ce qui est en-dessous : les balises d'une liste par exemple, celle d'une citation... J'avance, mais je me perds un peu, je doute... Pause. croisement de chemins Image par Klaus de Pixabay Et en fin de journée, alors que je reprends ma carte, je vois mes sites internet comme 2 objets, voire 3 : – un objet médiatique, version E. Souchier – un objet sémiotique, version N. Pignier – et éventuellement, un objet accessible, version RGAA C'était peut-être une évidence depuis le début, je ne la vois clairement que maintenant. Mais cet éclairage devrait grandement m'aider pour la suite. Sentiment puissant que les choses prennent corps, font sens, progressivement... je ne suis pas sûre d'avoir une nuit reposante, il est possible que le cerveau, que je sens un peu surmené, continue à jouer à trouver des liens possibles pendant la nuit. Tout cela ne me dit pas encore comment formuler ma grille d'évaluation : peut-être simplement à partir de ce que je vois à l'écran : – page d'accueil – menu – bannière – etc. C'est dans l'interprétation de ce que j'observe que les regards sémiotique, médiatique et accessible vont s'exercer... ça y est je suis en train de forger une méthode d'observation...

Le temps de la réflexion

Je pense mieux comprendre pourquoi N. Pignier dit vouloir se détacher de l'approche écrits d'écran de Souchier (“nous ne pensons pas que l’écrit soit « tout à la fois l’objet et l’outil » du réseau internet. (p.93)”), elle aborde tout ce qui relève du graphisme, des illustrations, du scénario de façon plus approfondie ; alors que E. Souchier, s'il parle du “temps du design et de l'ergonomie”, ne les traite pas. Il a une approche plus approfondie peut-être de l'objet médiatique comme objet de pouvoir. Il s'agit pour moi de défendre l'idée que les 2 approches ne se contredisent pas, qu'elles valent la peine d'être explorées toutes les deux, surtout dans le cadre d'un travail sur des sites de chercheurs où l'écrit est très présent. et où je compte faire une analyse des textes...

Le lendemain, construction de la grille

Je reprends également l'article de M. Costes sur les sites de manuscrits pour me guider. chemin sinueux Image par Silvia de Pixabay Et peu à peu se dégage une répartition en plusieurs entrées : – un contexte général, qui peut être rempli après-coup, peu importe, mais nécessaire pour comprendre ce qui se passe avant la rencontre usager/dispositif, au stade de l'énonciation éditoriale ; – la page d'accueil : on part du principe que c'est par là que l'usager prend contact avec le site (même si d'autres accès sont possibles, c'est par là aussi que les concepteurs envisagent le 1er contact, donc là qu'ils mettent en avant les accroches, les valeurs...) ; – l'ensemble du site, assez vite. Les points d'observation, que ce soit médiatique ou sémiotique s'étendent très vite au-delà de la page d'accueil, sans parler de l'accessibilité. Sur l'ensemble du site : – interactivité (par le corps, par l’engagement) ; – discours ; – perception ; – ergonomie (organisation visuelle et navigation). Ma grille est très chargée avec toutes les notions des différentes approches. Je prends le parti d'effacer toutes les descriptions et de m'en tenir aux entrées principales. Je glisse quelques mots-clés pour ne pas perdre l'angle de l'observation. Elle me semble faire sens. Je garde également la version intermédiaire, comme grille guide permettant de revenir sur les différentes interprétations possibles selon les regards médiatique, sémiotique ou liés à l’accessibilité. Je n'ai plus qu'à la tester...

Écrire pour garder trace...

L'essentiel de ce post a été rédigé dans le feu de l'action, je ne l'ai que très peu repris avant de le publier. J'ai pu prendre appui dessus dans la rédaction de ma partie méthodologique. Je la relis avant de publier, je m'amuse de mon enthousiasme, et j'espère que mon directeur, à qui je viens d'envoyer méthodologie, grille d'analyse et test, les approuvera...

Mélange des genres ?

La lecture de Lire, écrire, récrire : Objets, signes et pratiques des médias informatisés(1) publié en 2003 par E. Souchier, Y. Jeanneret, & J. Le Marec a été la source de quelques questionnements, en plus de pistes pour la méthodologie à mettre en œuvre. Dans cet ouvrage, le terme d'humanités numériques n'est mentionné nulle part. Pourtant il ne fait aucun doute pour moi que les sujets traités appartiennent bien à ce mouvement de recherche. Les humanités numériques ont différentes acceptions, et l'une d'entre elles est d'étudier ce que le numérique fait à notre société. L'objet de l'ouvrage, les médias informatisés entrent tout-à-fait dans cette catégorie. C'est donc un première raison d'intégrer cet axe de recherche dans les humanités numériques.

L'inclassable ornithorynque

Deux ornithorynque par John Gould (1804-1881) Deux ornithorynque par John Gould (1804-1881) – Domaine public

Un autre élément me semble caractéristique des humanités numériques : les méthodologies impliquant différentes disciplines. J'ai le souvenir d'une conférence suivie dans le cadre de ma licence à l'université de Caen sur la transdisciplinarité, conférence que l'intervenante, Marie Chagnoux, linguiste et informaticienne, inaugurait avec l'image d'un ornithorynque : celle-ci exprimait selon elle la difficulté à expliquer simplement ce que sont les humanités numériques, cet étrange objet inclassable. Au cours de cette conférence, elle faisait notamment la différence entre pluridisciplinarité, interdisciplinarité et transdisciplinarité. Dans le 1er cas, autour d'un même objet, chaque chercheur va utiliser les données et les exploiter selon les méthodes de sa discipline, les dynamiques restent étanches. Dans le 2e cas, l'interdisciplinarité, on essaie de croiser davantage les disciplines. Enfin, dans le 3e cas, la transdisciplinarité, il s'agit de décloisonner les disciplines, chacun apporte des compétences, mais il s'agit de construire en commun un nouveau langage et de nouvelles méthodes, que chacun s'approprie ; ainsi, un informaticien est susceptible de mener des entretiens pour collecter des données. Interdisciplinarité et transdisciplinarité sont, on le voit, plus exigeants en terme d'écoute de l'autre.

De l'ornithorynque à l'interdisciplinarité

Cette conférence m'est revenue en tête à la lecture de la conclusion de Lire, écrire, récrire car les auteurs évoquent avec précision leur façon de travailler en interdisciplinarité. La construction d'une pratique interdisciplinaire est présentée comme un acquis majeur de ce travail. Ainsi,

terrain par terrain, personne n’a joué le rôle du sémioticien par rapport à un « comparse » ou à un « adversaire » qui ferait le sociologue, mais chaque équipe a joué le jeu de la mise en œuvre d’un croisement d’approches sémiotiques et sociologiques. §23

Marie Chagnoux insistait particulièrement sur le temps passé à expliquer le jargon de chaque discipline, et l'importance à dire : “je ne suis pas sûr.e d'avoir compris” et à redemander des explications, et dans l'autre sens, de prendre le temps d'expliquer les subtilités de sa propre discipline. Cet aspect m'avait marqué par tout ce qu'il implique d'humilité dans sa pratique et de respect et de confiance en l'autre dans le temps pris pour expliquer. On retrouve cet aspect dans Lire, écrire, récrire : E. Souchier, Y. Jeanneret, & J. Le Marec parlent de la “porosité” des approches qui amène à ouvrir les observations sur d'autres terrains.

Plus fondamentalement, c’est parce que l’axe polémique qui oriente la problématique propre à chaque terrain est compris collectivement, que la manière dont chaque approche porte la critique des autres est constructive. §27

Ici la construction se concrétise dans une élaboration théorique avec la volonté partagée de

combiner des approches sémiotiques et des approches anthropologiques ou sociologiques afin de dépasser les limites de chaque champ. §36

Cette compréhension collective, dans le respect, la volonté d'échange et l'humilité par rapport à ses propres connaissances sont des pratiques finalement profondément humaines, que j'aime considérer comme inhérentes aux Humanités Numériques.

Interdisciplinarité nécessaire pour penser le complexe...

Par ailleurs, à plusieurs reprises apparaît dans cette réflexion l'expression “objet complexe”. Cette fois, c'est la vidéo du séminaire d'ouverture du labo LHUMAIN, en 2019 qui me vient à l'esprit(2). J'avais noté :

Pour Pascal : il est impossible de concevoir le tout sans les parties et les parties sans le tout. Dans les humanités numériques, on serait dans une démarche non pas de cultiver les différences entre les points de vue de l'objet complexe que représente le numérique dans les sociétés humaines mais plutôt de retrouver les points communs et d'essayer de tisser l'ensemble de ces réflexions, et cela aussi par la dialogique évoquée par Edgar Morin : trouver le ET plutôt que le OU BIEN. La pensée complexe est une alternative à la pensée binaire, une façon de ne pas tomber dans le simplisme. “je vois un arbre vert donc tous les arbres sont verts”, aux effets très négatifs pour la richesse de la pensée.

Je pense que je vais arrêter là ce détour par l'interdisciplinarité, c'est une question qui m'enthousiasme beaucoup, et autour de laquelle je tourne depuis un moment du fait, je pense, de ma profession, professeur-documentaliste... mais il est temps de revenir à mon chemin principal...

Et le mémoire dans tout ça ?

Sur le papier, rien de nouveau. Mais la lecture (pour l'instant partielle, j'ai laissé 2 chapitres de côté, sur les messageries et les bibliothèques) de Lire, écrire et récrire et la lecture en oblique de Le numérique comme écriture(3) de E. Souchier, V. Jeanne-Périer et G. Meijia-Gomez me donnent l'impression d'être suffisamment armée pour commencer ma grille d'observation des sites. J'avais commencé à explorer la proposition de benchmark de N. Pignier(4), tout en me posant la question de comment articuler les différentes approches sémiotiques et linguistiques... Je crois que je vais procéder autrement : reprendre tous les critères qui me semblent pertinents, (dont certains qui n'apparaissent dans aucune des études lues jusqu'à présent, par exemple tout ce qui concerne le contexte économique), et voir à quoi les relier... Cela me semble plus pragmatique... Je vais donc reprendre ma grille et commencer à y inscrire mes critères d'observation, sans perdre de vue que mon objectif est de proposer des solutions pour améliorer l'accessibilité des sites de chercheurs à tous.

(1) Souchier, E., Jeanneret, Y., & Le Marec, J. (2003). Lire, écrire, récrire : Objets, signes et pratiques des médias informatisés. Éditions de la Bibliothèque publique d’information. https://books.openedition.org/bibpompidou/394 (2) Unité de recherche L H U M A I N (Réalisateur). (2021, avril 19). Humanités Numériques et Pensée Complexe [Enregistrement vidéo]. https://www.youtube.com/watch?v=Y9_r87J4QB8 (3) Souchier, E., Candel, É., Gomez-Mejia, G., & Jeanne-Perrier, V. (2019). Le numérique comme écriture. Théories et méthodes d’analyse. https://doi.org/10.3917/arco.souch.2019.01 (4) Pignier, N., & Drouillat, Benoît. (2004). Penser le webdesign : Modèles sémiotiques pour les projets multimédias. Harmattan.

Mon Himalaya

Vue sur l'Himalaya - Domaine public Vue sur l'Himalaya – Domaine public J'ai envoyé hier ma première proposition de cadre théorique à mon directeur de mémoire. Comme je l'indiquais dans mon précédent post, c'est l'étape qui m'impressionnait le plus dans mes pérégrinations. Construire un cadre théorique signifie avoir des références théoriques... et là, le doute s'installe vite.

Prendre confiance

Je suis lente à lire, comprendre, assimiler, résumer... J'ai besoin d'au minimum 2 heures pour un article, et cela peut facilement aller jusqu'à 4 heures. Ce blog m'a aidée car c'était l'occasion de reprendre les notions vues, de les combiner, et de m'assurer que l'ensemble était cohérent. Peu à peu, malgré mes difficultés, j'ai senti que la lecture de nouveaux articles devenait plus aisée, parce que des notions commençaient à s'ancrer et s'articuler entre elles. Restait à m'atteler à la rédaction. Je sentais que je commençais à avoir du contenu, j'ai commencé une carte mentale, je butais encore sur l'organisation et le sens à donner à l'ensemble. C'est là qu'avoir dans son entourage quelqu'un qui suit mon travail est précieux ! Une amie m'a dit deux choses : “tu as ce qu'il faut” et “il est temps”. L'impulsion était donnée. J'ai repris mes lectures, j'ai fait le point sur les domaines de recherche des auteurs, j'ai compilé toutes les citations qui me semblaient pertinentes ou potentiellement utilisables, j'ai repris également ma carte mentale... Comment organiser ? Par discipline convoquée (Sciences de l'Information et Communication, Sémiotique ?) ou par notions ? J'ai finalement pris une approche plus pragmatique en partant du lieu où tout se passe, la rencontre entre un site (avec derrière ce site, ces concepteurs) et un usager, à savoir, l'écran. J'ai alors commencer à tout tricoter ensemble, et, lentement, laborieusement, ça a pris forme. Je me suis rendu compte que j'avais assez de contenu et que le tout était plutôt cohérent. C'était finalement plaisant de faire le lien entre toutes les notions, j'ai vu peu à peu l'idée d'accessibilité (l'objet de mon état de l'art) prendre sa place au sein des champs de recherche. Et cela m'a permis aussi de faire émerger ce qui va vraiment me servir par la suite.

Quelle trame ?

trame d'un métier à tisser et lunettes tissage en cours J'ai d'abord précisé ce que j'entendais par “sites de chercheurs”. Puis j'ai donc considéré l'écran, cet écran noir qui ne devient signifiant que si lui et la machine à laquelle il est relié sont en fonctionnement. L'usager a alors face à lui une “page-écran” à la fois une interface et un support (N. Pignier). Que lui offre cette page-écran ? Des “écrits d'écran” (E. Souchier, Y. Jeanneret) et du “fatras sémiotique” (M. Desprès-Lonnet). L'ensemble est le résultat d'une “énonciation éditoriale” (E. Souchier, Y. Jeanneret) qui s'est faite en amont, lieu de multiples influences humaines et non-humaines. Ce lieu, dans le contexte de sites de chercheurs, est particulièrement important, car la sémiotique des écrans et le webdesign ne sont pas la préoccupation des chercheurs, alors qu'ils sont nécessaires (bien qu'insuffisants) dès lors qu'on a le souci de l'accessibilité. Enfin, je pose la question de ce lieu de la page-écran comme lieu de médiation (P. Fraysse, V. Liquète). En rédigeant ce paragraphe, je m'aperçois que je mets en place une articulation logique dans le passage de l'énonciation éditoriale à la sémiotique et au web design que je n'avais pas vue jusqu'à présent. Encore une raison de poursuivre cette écriture, et un argument pour prendre le temps de poser sa réflexion, de la laisser mûrir et d'y revenir.

Douter, encore, toujours...

C'est maintenant l'attente du retour de mon directeur de mémoire. C'est aussi toujours s'interroger sur les notions, notamment sur celle d'écrits d'écran d'E. Souchier qui ne me paraît toujours pas très claire. J'ai tendance à appréhender cette notion comme “les écrits qui apparaissent à l'écran”, ce que lit l'usager. Mais E. Souchier intègre aussi ce qu'il écrit. Et là, je n'arrive pas à distinguer l'endroit où cette écriture se fait : des supports type blogs ou réseaux sociaux ? Ou encore de plateformes de création de sites ? Mais qui est le scripteur alors ? un usager ou un professionnel ? E. Souchier parle de “lettrure”, ce mot médiéval qui associe l'acte de lire à celui d'écrire. Je trouve l'idée intéressante, mais elle ne m'aide pas à clarifier le tout. J'avais été interpellé par la remarque de N. Pignier qui dit s'éloigner de cette acception d'écrits d'écran

nous ne pensons pas que l’écrit soit « tout à la fois l’objet et l’outil » du réseau internet. (1)(p.93),

et préfère ouvrir la réflexion sur les pages écrans des sites web et leur portée sémiotique. Son approche me paraît plus pragmatique, et bien adaptée à mon travail. Peut-être est-ce là que se loge la réticence que j'avais noté de mon directeur de mémoire à l'évocation du nom de E. Souchier ?

Confiance, doute... J'ai le sentiment d'être à un moment où les deux sentiments co-existent de façon constructive.

... mais poursuivre

La priorité maintenant ? Construire ma grille d'analyse. J'ai 3 modèles sur lesquels je compte m'appuyer : – la grille sémiotique de N. Pignier – un tableau d'analyse de corpus d'E. Souchier (2) – les critères du Référentiel Général d'Amélioration de l'Accessibilité. Je compte également prendre le temps de relire mes notes, vérifier que je ne laisse pas de côté une idée qui pourrait être intéressante. Je pense poursuivre, en parallèle de ce travail plus concret de construction et d'utilisation d'outils, des lectures pour continuer à nourrir la réflexion. J'ai entamé celle de certains articles dans la rédaction du cadre théorique, sans formaliser leur prise de notes, et d'autres sont restés sur le bord du chemin, mais méritent je pense le détour.

Un dernier mot sur l'accessibilité : sur le réseau social Mastodon, et dans mon entourage, je suis en contact avec des personnes concernées par le sujet, et je commence à prendre la mesure de toutes les difficultés liées au handicap... C'est les 20 ans de la loi de 2005 sur l'accessibilité en France. Si peu de chemin parcouru depuis...

(1) Pignier, N. (2009). Sémiotique du webdesign : Quand la pratique appelle une sémiotique ouverte. Communication & langages, 159(1), 91‑110. https://doi.org/10.3917/comla.159.0091 (2) Souchier, E., Candel, E., & Gomez-Mejia, G. (2019). Le numérique comme écriture : Théories et méthodes d’analyse. Armand Colin.

Point d'étape

La vie de masterant·e n'est pas un long chemin tranquille : nuits passées à cogiter (j'ai ainsi mis en place, bien involontairement une ébauche de plan), idées survenant à des moments incongrus où le mémoire est loin d'être la priorité (des hypothèses de travail me sont apparues dans mon trajet en bus, alors même que j'avais laissé cette question en attente jusqu'à présent et que je pensais à autre chose), ou encore nouvelles pistes qui s'ouvrent et qui laissent un temps de perplexité : j'y vais ? ou pas ? Le point positif est que je vois bien que tout cela avance (curieusement, les réflexions nocturnes sont productives) et que je m'immerge peu à peu dans mon sujet. Le point négatif est que les nuits courtes ne favorisent pas le passage à l'action. Il faudrait que je commence à rédiger un bout de quelque chose à envoyer à mon directeur de mémoire, et je tourne autour sans rien entamer, trop de pistes s'ouvrent, et trop de doute s'insinue (ai-je fait assez de lectures sur ce point ?). Il est temps de faire un point, et écrire sur ce blog c'est déjà écrire.

À la croisée des chemins

  • il faudra que j'explique ce que j'appelle “site de chercheurs” : j'ai découvert durant ma licence à Caen que des sites étaient créés par des chercheurs, sur des sujets pointus, ou pas, et sous des formes variées. On peut avoir des dictionnaires, des bibliothèques, des cartes, des éditions numériques d'ouvrages... Il faudra que je vérifie, mais ils sont souvent édités en partenariat avec des Maisons de la Recherche en Sciences Humaines (MRSH). Dans le corpus que je mets en place, je vais me référer à des sites qui sortant de ce cadre mais restent dans le domaine culturel, notamment des banques de données. Il est donc important que je sois claire là-dessus, que je ne sois pas moi-même dans la confusion de ces deux approches.
  • je commence à avoir une idée sur la façon dont je vais construire ma grille d'observation des sites : je vais avoir une stratégie de combinaison de différentes approches : accessibilité pure, avec les critères du Référentiel Général d'Amélioration de l'Accessibilité (RGAA) ; sémiotique de Nicole Pignier dans son livre Penser le webdesign et celle des écrits d'écran de Souchier dans Le numérique comme écriture. J'ai réalisé que toute une partie du RGAA demande une expertise purement informatique, expertise que je n'ai pas. Mon approche est celle des humanités numériques, et non d'une informaticienne. C'est une nuance que j'ai mis longtemps à entendre. Il faudra donc que je précise que je travaillerai sur tout ce qui apparaît à l'écran pour l'usager. J'y ajouterai aussi une partie sur le contexte économique de l'existence des sites.
  • il faut aussi que je finalise mon corpus de sites. J'ai des pistes, au moins 4 sites sur lesquels je me suis décidée. Il m'en faudrait au moins 6. J'ai d'autres pistes, il faut juste que je prenne le temps d'aller les visiter, et de conforter mes choix. Dans ma liste :
    • bien sûr le site de la Bibliothèque Virtuelle du Mont-Saint-MIchel (BVMSM),
    • le site Dezède,
    • le site des essentiels de la Bibliothèque Nationale de France (BNF)
    • le site Nénuphar auquel je pense ajouter :
    • le site des manuscrits de Stendhal
    • celui des manuscrits de Mauriac...
    • ou encore un site des personnages normands... C'est en les explorant et en les comparant les uns aux autres que je pourrai déterminer quelle combinaison sera la plus riche pour faire avancer la réflexion. L'existence d'un article universitaire à leur sujet est aussi une variable que je prendrai en compte, cela permettra d'avoir un aperçu des intentions derrière la conception de ces sites, et du contexte général.
  • Enfin le cadre théorique. Je crois que je commence vraiment à avoir une vue globale, entre Sciences de l'Information et de la Communication (SIC), sciences du langage (sémiotique, linguistique), et peut-être une approche ethnographique : le travail de Bruno Bonu sur les prototypes me paraît avoir un lien, peut-être un peu ténu, mais avec quelque chose à creuser ; l'idée générale est la suivante : un usager tombant sur la page d'accueil d'un site de chercheurs se trouve dans une page web certes, mais, au contraire d'un site classique informatif, les codes, le fonctionnement et les aboutissements lui sont inconnus ; il se trouve finalement dans la posture d'un potentiel usager d'un prototype, or les prototypes font l'objet de présentations spécifiques pour que leurs usagers puissent se les approprier...

Se trouver un cap

Rédiger une ébauche de cadre théorique me semble le plus urgent. C'est ce qui m'impressionne le plus dans la démarche du mémoire. Passer à l'étape d'écriture, même imparfaite, pour le soumettre enfin à mon directeur de mémoire et avoir un regard critique. Cela me permettra de savoir si je ne fais pas fausse route. Je lui soumettrai en même temps mon ébauche de plan, qui s'appuie sur une carte mentale. Celle-ci est bien fouillis pour le moment, elle va évoluer à son rythme. Je pense m'atteler ensuite à la grille d'observation, elle me permettra de faire mes premiers constats.

Petites découvertes au bord du chemin

Je suis inscrite sur le réseau social Mastodon(1). J'y interviens peu mais il est précieux dans ma veille, notamment parce que des militants de l'accessibilité y participent et contribuent. C'est par ce biais que j'ai pu découvrir le site de la mairie de Blois 100% accessible. Il est intéressant de voir que son évolution est le fruit d'une démarche globale de réflexion sur l'usage du numérique par la ville aussi bien sur l'accessibilité que l'éco-conception, la protection des données personnelles ou l'usage de l'intelligence artificielle. Par ailleurs, en parcourant le livre de Marie-Anne Paveau L'analyse du discours numériques , je suis tombée sur la notion de technographisme, qu'elle définit comme

une production sémiotique associant texte et image dans un composite natif d'internet (p.305)

Une des productions émanant des réseaux sociaux est la photographie de texte : il s'agit de faire des captures d'écran d'un texte, avec son contexte de publication (un post sur X, un article sur son site de publication...). Je sais maintenant que ce genre de pratique pose un problème en terme d'accessibilité, puisque les lecteurs d'écran, outil permettant la lecture des écrans pour les personnes malvoyantes, ne peuvent lire une image. Sur le réseau social Mastodon, il est (normalement) d'usage d'accompagner chaque image publiée d'un ALT, soit un dispositif qui permet d'éditer une description de l'image, lisible par un lecteur d'écran. Ainsi, ces captures de texte donnent lieu à des ALT particulièrement utiles puisque le texte est transcrit. L'utilisateur pourrait plus facilement semble-t-il publier directement dans son post le texte qui lui semble intéressant. On voit ici l'importance accordée au contexte de publication présent dans la capture d'écran. Ceci m'a fait penser aux manuscrits numérisés, qui se trouvent dans une situation d'une double inaccessibilité : les écrits manuscrits sont souvent illisibles pour le profane, et l'image numérisée de ces manuscrits est illisible par les lecteurs d'écran. La transcription de ces textes est donc utile à double titre.

Ce temps de mise au point devrait me permettre de poursuivre plus efficacement... Pour suivre mon chemin, je me lance à l'assaut de mon cadre théorique !

(1)Pour en savoir plus sur Mastodon : – https://joinmastodon.org/frhttps://wiki.libretic.fr/fr/service/mastodonhttps://louisderrac.com/ressources/guide-mastodon/

Fatras et bases de données

muguet

Du “fatras” sémiotique...

J'avais mis depuis longtemps dans la rubrique “à lire” de mon Zotero[1] un article écrit en 2004 de Marie Desprès-Lonnet, dont le titre m'intriguait, avec son expression de “fatras sémiotique”[2] : lecture faite, elle y décortique les différents mode de référence (symbolique, iconique, métaphorique...) mis en œuvre dans les logiciels de traitement de texte par le biais des icônes, et qui entrainaient de la part des utilisatrices (des secrétaires de direction) plus une mémorisation de la fonction liée qu'une interprétation de leur signification. La barre d'icônes de mon Writer LibreOffice La barre d'icônes de mon Writer LibreOffice C'est un constat intéressant dans une approche sémiotique du webdesign, amorcée déjà avec Nicole Pignier. Et qui pose la question d'une vigilance à avoir dans une recherche d'accessibilité : rendre intelligibles toutes ces icônes dont la signification peut sembler immédiatement évidente à un utilisateur régulier du numérique mais rester indéchiffrable au non-initié.

...au cadre formalisé et normé des bases de données

Depuis Marie Desprès-Lonnet écrit régulièrement sur les bases de données patrimoniales rendues “accessibles” au grand public non seulement par leur mise en ligne, mais aussi par une volonté de proposer des parcours. Son approche me paraît incontournable dans mon projet, puisque ces bases de données sont conçues comme des outils professionnels, et que leur simple mise en ligne ne les rend pas accessibles pour autant au grand public. L'exemple de la base de données Joconde est éclairante, ce qui apparaît au public sur l'écran est le fruit d'un cheminement et d'un arbitrage entre différents modèles issues de différentes préoccupations :

  • la conservation du patrimoine, une obligation de tenir un inventaire ;
  • l'ingénierie informatique, cadres formels d'une base de données ;
  • la médiation culturelle, avec des parcours qui font référence à une exposition ou une thématique.

L'article fait allusion à la base Joconde telle qu'elle était en 2009, elle a été depuis intégrée à la base plus générale de POP (Plateforme Ouverte du Patrimoine), qui regroupe différents catalogues numérisés.

Ces tensions induisent une grande complexité à mener un projet de mise à disposition au public.

Penser la médiation en lien avec des outils professionnels

Elle poursuit aujourd'hui sa réflexion autour d'autres entrées qui émergent dans ce type de dispositif de médiation[4]. Elle évoque le projet Europeana, qui a pour ambition d'offrir

aux amateurs de patrimoine culturel, aux professionnels, aux enseignants et aux chercheurs un accès numérique aux ressources du patrimoine culturel européen. Pourquoi ? Pour inspirer et éclairer de nouvelles perspectives et susciter des conversations sur notre histoire et notre culture. Pour partager et apprécier notre riche patrimoine culturel. Et pour l’utiliser dans des processus créatifs.

en s'appuyant sur

les milliers de galeries, de bibliothèques, d’archives et de musées européens qui partagent notre conviction que l’accès au patrimoine culturel a un effet transformateur.

Cette mise en commun de données a nécessité un large travail de mise en cohérence des bases de données pour que celles-ci soient “partageables”, au prix d'une approche suffisamment générique pour intégrer tout type d'objet, d'un tableau à sa représentation sur une diapositive, d'un texte à un enregistrement sonore...

Face à cette gigantesque hétérogénéité, le portail propose d’accéder aux ressources disponibles à partir d’une « variété de formats éditoriaux qui racontent les histoires des collections étonnantes que l’on trouve sur notre site web. Les blogs, les expositions et les galeries mettent en valeur les collections de différentes institutions et encouragent le public à s’intéresser à ce contenu d’une nouvelle manière ». (p.50)

Voici ici un exemple de “mises en récit” créé dans ce cadre : https://www.europeana.eu/fr/stories/pauline-viardot-a-european-diva

Elle mentionne dans son article une autre approche du British Museum qui utilise une ontologie (à base de classes et de propriétés) servant de modèle de référence conceptuel pour le domaine du patrimoine culturel. Cette ontologie, initiée par un consortium CIDOC-CRM a l'objectif de rapprocher les pratiques documentaires entre musées et bibliothèques. Le British Museum s'est emparé de l'outil mais pour en développer une dimension “argumentative” : plutôt que d'apporter une vision consensuelle sur un objet, il cherche à

préserver différents points de vue sur les items représentés. L’objectif est de fournir aux chercheurs un outil de réflexion et de mise en lien de divers éléments (acteurs, lieux, événements, objets, concepts, idées) dans le but de créer de nouvelles connaissances. (p.55)

On n'est plus dans une approche de médiation, l'outil est réservé aux chercheurs, pour la création de nouvelles connaissances. Mais ce qui me paraît intéressant ici est la volonté de rendre visible le travail des experts. Comment rendre cet aspect visible et abordable pour le grand public ? Il me semble que rendre compte pour un objet, au-delà d'un seul état de connaissance, la façon dont la connaissance s'est construite, et se construit encore sur cet objet, est une approche intéressante, et qui est apparaît aussi dans des écrits actuels de médiations, comme ici dans le cadre particulier des recherches menées en lien avec les œuvres spoliées pendant la 2e guerre mondiale. L'article continue sur l'agrégation des contenus dans le cadre du web sémantique (Wikidata par exemple), mais cela me semble s'éloigner de mon sujet, et déjà trop de portes s'ouvrent à ma réflexion.

Pour conclure sur les travaux de Marie Després-Lonnet, sa réflexion sur les bases de données me semble assez proche de ma préoccupation en ce qui concerne ce que j'appelle des “sites de chercheurs”. D'autre part, elle fait référence à d'autres auteurs que je commence à croiser comme Nicole Pignier pour le webdesign ou Jean Davallon pour la médiation culturelle. J'ai le sentiment d'avoir un cadre théorique qui commence à se construire...

[1] outil de gestion de références documentaires [2] Després-Lonnet, M. (2004). Écrits d’écran : Le fatras sémiotique. Communication & Langages, 142(1), 33‑42. https://doi.org/10.3406/colan.2004.3301 [3] Després-Lonnet, M. (2009). L’écriture numérique du patrimoine, de l’inventaire à l’exposition : Les parcours de la base Joconde. Culture & Musées, 14(1), 19‑38. https://doi.org/10.3406/pumus.2009.1505 [4] Després-Lonnet, M. (2024). Entrer par la documentation ? Modalités alternatives de visite des musées de Beaux-arts : Article inédit, mis en ligne le 24 juin 2024. Les Enjeux de l’information et de la communication, 242(S2), 43‑60. https://doi.org/10.3917/enic.hs15.0043 [5] Vous pouvez la découvrir ici sous forme de jeu

Entrée dans les écrits d'écrans

Itinéraire d'une rencontre

J'ai “rencontré” Emmanuël Souchier pour la 1e fois en 2e année de licence, avec un devoir de Culture numérique sur la thématique de “matière et forme en lien avec la typographie”. J'étais tombé sur son article sur le travail d'éditeur de Balzac[1], qui, pour faire bref, se livrait à de petites plaisanteries assez étonnantes dans ses mises en page. Depuis son nom est revenu plusieurs fois dans mes pérégrinations d'étudiante, avec les concepts d'”écrits d'écran” et d'”énonciation éditoriale”. Dans ma pile “À lire” sur mon outil de gestion bibliographique Zotero, j'avais inscrit depuis longtemps son article “L’écrit d’écran, pratiques d’écriture & informatique”[2]. J'ai évoqué son nom lors d'un entretien avec mon directeur de mémoire, mais il n'a pas rebondi. Pourtant, dans ma recherche sur l'accessibilité, et l'ergonomie du web, le nom d'E. Souchier revient régulièrement, encore récemment avec Nicole Pignier, sémioticienne autrice avec B. Drouillet de “Penser le webdesign”[3] (que je viens de terminer, enfin) et qui elle aussi fait référence à son travail, pour y apporter une critique ; il me semble par ailleurs que sa réflexion sur ce qui se passe entre le scripteur et le lecteur avec l'écran au milieu me paraît intéressante dans un travail sur le “rendre accessible” un savoir ; de plus, je viens de découvrir qu'il a récemment donné une conférence à un congrès de l'APDEN (Association Professionnelle des Professeurs-Documentalistes) et je peux aussi prendre l'argument professionnel pour m'y attarder ; enfin, s'engager dans un master, c'est aussi prendre le temps de creuser un peu des notions ! (et je pense que mon directeur de mémoire, s'il me lit, ne m'en tiendra pas rigueur !)

Ce que je retiens

Un ancrage dans l'histoire de l'écriture

Il faut d'avoir avoir bien conscience que l'article a été écrit en 1996 ! On est donc encore au début des usages personnels de l'informatique, et des logiciels de traitement de texte. Ainsi E. Souchier écrit que la personne tapant son texte ne peut avoir qu'au moment de l'impression une idée du rendu final de son texte... ce qui n'est plus vraiment le cas aujourd'hui. Encore que cette idée pourrait être discutée : lors de la rédaction d'écrits longs, j'ai besoin d'imprimer pour avoir un regard global sur le tout. Et E. Souchier note que même dans le cas d'une apparente similitude avec l'arrivée des traitements de texte, il reste de toute façon une différence entre la lettre éclairée sur l'écran et celle, matérielle, d'encre et de papier une fois l'impression faite. Souchier inscrit la transformation due au numérique sur l'acte d'écrire dans l'histoire globale de l'écriture :

La trace-mouvement du copiste médiéval, la forme-surface du typographe et le point-coordonné de l'informaticien marquent des ruptures essentielles dans l'histoire des supports et des outils de l'écrit. (p.107)

Il indique également que les trois cohabitent encore : cette affirmation de 1996 m'interroge un peu : est-ce que c'est encore vraiment le cas aujourd'hui ? Je me souviens de ma perplexité quand il a fallu, lors des examens en présentiel pendant ma licence, ressortir papier et stylo pour rédiger mon devoir : cela n'allait pas de soi, loin de là... La main est toujours là dans l'acte d'écrire, mais n'a plus forcément la place prépondérante (selon l'âge et les habitudes du scripteur). Plus loin, il ajoute qu'il y a une rupture dans la relation au corps de l'écriture :

Numérisée, puis recomposée au seul profit de l'œil, la lettre a perdu sa pérennité matérielle et sa relation corporelle directe. (p.108)

Un peu d'ergonomie

Dans une approche ergonomique, il exprime le souhait que dans l'élaboration des outils informatiques ne soit pas renvoyée aux oubliettes la longue expérience des usages de l'écriture, manuelle puis imprimée, avec les différentes professions inclues dans le processus ; et que ces outils répondent à un réel besoin. Il lui paraît important que l'homme ait la possibilité d'affirmer sa domination sur la machine. J'ai du mal à dire sur ce point si les outils répondent aujourd'hui à des besoins réels mais je fais le lien avec ce qu'il écrit en commun avec Yves Jeanneret dans un article ultérieur[4] sur la nécessaire éducation au numérique, indispensable à une réelle démocratisation des pratiques numériques.

La démocratisation annoncée par les idéologues se traduit finalement par un éclatement, une complexification des compétences d'écriture : en se propageant, mais sous des formes complexes, l'institution de l'image du texte appelle des compétences particulières, des lucidités particulières, que les programmes éducatifs ne prennent pas en charge et qui relèvent, ainsi, des habiletés et des opportunités. (p.13)

Je ne vais pas m'étendre sur ce point ici, mais en tant que professeur-documentaliste, je ne peux qu'aller dans son sens. À la suite de la perte de matérialité, la lettre devient abstraite, et cette abstraction contamine le texte : celui-ci, se déroulant à l'écran, redevient un volumen des temps anciens, les rouleaux avalant et dévoilant en synchronie le texte lu et le texte à venir. Dès 1996, apparaît un atout du numérique, ce que E. Souchier nomme un

étoilement associatif des écrits. (p.114)

que je pratique effectivement ici au moment même de l'écriture de ce post : faire apparaître plusieurs fenêtres sur son écran.

Entrée en scène

Il poursuit en notant la différence de traitement (toujours en 1996) entre l'écran et l'imprimante : l'écran règne, tandis que l'imprimante peut être reléguée dans un bureau adjacent... c'est l'écrit qui est valorisé :

de ce fait, l'écran, et par là même l'écrit, deviennent objets de spectacle : la relation est médiatisée et c'est l'écran qui en est la scène et l'acteur, cachant et exhibant tout à la fois. (p.115)

D'une façon qui me surprend, E. Souchier aborde dès cette période l'aspect exhibitionniste des écrits d'écran. Pour moi, cet aspect se rattache à la pratique du blog (et de tout ce qui allait suivre en matière d'étalement de vies privées), mais son usage n'en était qu'à ses balbutiements en 1996. Si je comprends bien, E. Souchier nous dit que : – écrire, que ce soit sur papier ou sur écran est une activité secrète et discrète, mais qui se donne à voir ; – cependant, cela est accentuée avec l'informatique.

La distance, parfois fort subtile et souvent d'une grande complexité, établie entre l'auteur et l'écrivain – le moi intime et l'écrit socialisé –, disparaît de la scène informatique pour laisser place à une transparence d'acteur, à une mise en scène performante. Si l'écriture élabore une herméneutique du caché-révélé, l'écrit informatique met en scène un couple de voyeur-exhibitionniste. (p.118)

E. Souchier poursuit sur des considérations plus philosophiques sur le rapport de l'homme au sacré. Sur ces derniers points, je ne suis pas sûre de tout saisir correctement. Par contre, je trouve cela intéressant dans le cadre de l'écriture de ce blog, dont pour l'instant je mesure deux effets : – il est indéniable que je m'expose ; – cette exposition m'oblige à réfléchir de façon certainement encore plus poussée que je ne le ferai pour un écrit strictement personnel.

Et l'énonciation éditoriale...

Dans son article en commun avec Y. Jeanneret, aborde ce concept d'énonciation éditoriale qui :

désigne l'ensemble de ce qui contribue à la production matérielle des formes qui donnent au texte sa consistance, son “image de texte”. Il s'agit d'un processus social déterminé, qui demeure largement invisible du public, mais qui peut néanmoins être appréhendé à travers la marque qu'impriment les pratiques des métiers constitutives de l'élaboration, de la constitution ou de la circulation des textes. (p.8)

Dans une critique des postures critiques sur les effets des publications numériques, ils disent que :

Ces analyses éludent l'élément tiers ou médian qui fait que “le texte n'est jamais un “dialogue”[5], que le rapport entre le scripteur et l'auteur reste, sur l'écran comme dans l'imprimé ou la lettre, médiatisé par un objet qui lui donne forme. Le média de l'écriture n'est pas seulement le lieu de passage d'un flot informationnel ; c'est l'objet matériel configuré qui cadre, inscrit, situe et, par là-même, donne un statut au texte”. (p.7)

Me destinant à un travail de médiation, cette position me semble intéressante : considérer ce qui se passe, ou ce qui est donné à voir sur l'écran comme un média, et donc un espace de transition, un entre deux entre récepteur et émetteur. Ce qui est sans doute une évidence, mais dans une démarche de réflexion où tant de concepts à maîtriser se bousculent, ne me paraît pas inutile de noter ou rappeler. Dans la foulée, ils font référence à un écrit de Jean Davallon[6], nom apparu dans notre cours de médiation culturelle... une porte de plus à ouvrir...

Je ne perds pas de vue que mon directeur de mémoire ne m'a pas spontanément incitée à aller dans l'exploration de ces concepts, ce qui m'engage à garder une distance critique... La suite de l'exploration et des échanges me permettra d'y voir plus clair...

[1] Souchier, E. (2015). Le carnaval typographique de Balzac. Premiers éléments pour une théorie de l’irréductibilité sémiotique. Communication langages, N° 185(3), 3‑22. [2] Souchier, E. (1996). L’écrit d’écran, pratiques d’écriture & informatique. Communication & Langages, 107(1), 105‑119. https://doi.org/10.3406/colan.1996.2662 [3] Pignier, N., & Drouillat, B. (2004). Penser le webdesign : Modèles sémiotiques pour les projets multimédias. Harmattan. [4] Jeanneret, Y., & Souchier, E. (2005). L’énonciation éditoriale dans les écrits d’écran. Communication & Langages, 145(1), 3‑15. https://doi.org/10.3406/colan.2005.3351 [5] Roland Barthes, Le plaisir du texte, dans Oeuvres complètes, vol. 4, 2002 [1974], Seuil, Paris, p.227 [6] Jean Davallon, « La médiation : la communication en procès ? », Médiation & Information (MEI), n°19, 2004, p. 37-59

Une pause...

Début de vacances dans ma zone, petites célébrations familiales, un moment de pause où l'esprit vagabonde et fait émerger des visions.

Collisions

  • Je n'ai pas beaucoup d'illustrations dans mon blog, ce serait bien d'en mettre de temps en temps ;
  • mon mémoire doit prendre pour objet l'exemple de la bibliothèque virtuel du Mont-Saint-Michel ;
  • une illustration s'impose : une représentation du Mont-Saint-Michel...

    Et leurs effets...

  • Mon objectif en vue : la silhouette du Mont-Saint-Michel au loin (mon projet de mémoire) Une vue sur un paysage de campagne, avec au fond sur la ligne d'horizon, à gauche, la silhouette du Mont-Saint-Michel

  • Mon objectif atteint : le Mont-Saint-Michel (mon mémoire) Une vue de près du Mont-Saint-Michel

  • Ouvertures possibles une fois l'objectif atteint : vue depuis l'abbaye du Mont-Saint-Michel sur la côte (celles de la conclusion de mon mémoire, et/ou d'un possible changement professionnel) Vue sur les terres depuis l'abbaye du Mont-Saint-Michel, le ciel est très nuageux

    Avec quelques conséquences...

    On ne s'attardera pas sur le fait que le ciel soit particulièrement gris et bas sur la 3e étape ; je fais un parallèle entre mon travail sur un mémoire et un monument fameux, et donc pas vraiment œuvre d'humilité ; le mot de “pérégrination” choisi pour mon intitulé prend tout son sens et se matérialise ! Un rapprochement inattendu se fait entre le cheminement géographique du pèlerin et le cheminement cognitif de la réalisation d'un mémoire... Le mien va prendre beaucoup de chemins de traverse et sera loin d'être direct, surtout si je fais des pauses de ce genre ! Il est temps de revenir à des choses sérieuses...

Définitions, encore

Les posts précédents tendaient à rattraper le décalage entre mes premiers tâtonnements autour de ce mémoire, et son état réel d'avancement. On entre aujourd'hui dans le suivi pas à pas de mes réflexions...

Une lecture

Dans mon état de l'art, j'évoque un article de Mylène Costes sur les sites de manuscrits numérisés [1], dans lequel elle fait allusion aux travaux de Nicole Pignier et Benoît Drouillat sur le webdesign [2]. Elle s'est appuyé sur ces travaux pour analyser et comparer les différents sites de manuscrits numérisés. Je me suis donc lancée dans cette lecture pour pouvoir établir une comparaison des sites qui constitueront mon corpus. Cette lecture me prend du temps, le contenu est technique, et la question se pose de la pertinence de son contenu vis-à-vis de mon mémoire. Par ailleurs, je me rends compte que je manipule des notions qui vont au-delà de l'accessibilité et qui mériteraient que je m'y attarde un peu : web design, d'abord, mais aussi ergonomie, et, puisque Nicole Pignier est sémioticienne, sémiotique.

À mes dictionnaires

Je propose donc ici un rapide tour d'horizon de ces termes. Pour ergonomie, Le CNRTL propose la définition suivante : « Ensemble des études et des recherches qui ont pour but l'organisation méthodique du travail ». La définition du dictionnaire Le Robert est elle aussi dirigée vers le travail : “Adaptation d'un environnement de travail (outils, matériel, organisation…) aux besoins de l'utilisateur.” Cependant le CNRTL souligne que la racine grecque ergo- signifie “travail” mais aussi “action”. On peut donc se permettre de comprendre l'ergonomie dans un contexte autre que celui de travail. Le terme “action” me semble en effet mieux correspondre à la situation de l'internaute devant son écran, qui n'est pas nécessairement dans une situation de travail : il agit plus qu'il ne travaille (au besoin il agit dans le cadre d'un travail), et il souhaite simplement que son action soit efficace afin d'accéder de la façon la plus économique et rapide possible à l'information qui l'intéresse. Sur la question du webdesign et du design, Le Robert nous dit que le premier est la “conception d'interfaces web” et que le second est une “esthétique industrielle appliquée à la recherche de formes nouvelles et adaptées à leur fonction”. Si la notion d'innovation ne me paraît pas la priorité, celle de l'adaptation à une fonction est par contre essentielle, surtout si l'une des fonctions que l'on se donne est de donner accès à une information. Pourquoi la sémiotique ? Nicole Pignier est sémioticienne, et dans son article [3] elle défend l'idée que

le design des interfaces graphiques des textes en ligne – le webdesign – donne en expérience à l’usager une représentation imaginaire et éthique des énonciateurs, une sorte d’ethos.

Elle prend de la distance vis-à-vis de points de vue exprimés par Emmanuël Souchier mais aussi de Jean Davallon, Marie Després-Lonnet, Yves Jeanneret, Joëlle Le Marec qui réduiraient les productions web à l’écrit qui serait « tout à la fois l’objet et l’outil » du réseau internet. Selon elle, les interfaces graphiques des sites ont également une portée sémiotique et culturelle. Cette approche me paraît très intéressante dans un travail sur l'accessibilité numérique. La sémiotique est une science des significations qui s'est ancrée dans le champ des sciences humaines.

Au final, il me semble que partir sur ces termes n'est pas hors-sujet À suivre...

[1] Costes, M. (2015). Les sites de manuscrits numérisés : Quelle prise en compte du public non expert ? Les Enjeux de l’information et de la communication, 162(2), 53‑67. https://doi.org/10.3917/enic.019.0053 [2] Pignier, N., & Drouillat, Benoît. (2004). Penser le webdesign : Modèles sémiotiques pour les projets multimédias. Harmattan. [3] Pignier, N. (2009). Sémiotique du webdesign : Quand la pratique appelle une sémiotique ouverte. Communication & langages, 159(1), 91‑110. https://doi.org/10.3917/comla.159.0091

Un état de l'art

Le choix d'une notion

Suite à un échange avec mon directeur de mémoire, me voilà partie à faire un état de l'art autour de la notion d'accessibilité. Un état de l'art, c'est essayer de faire le tour d'une notion pour élaborer sa propre définition de cette notion, celle sur laquelle on pourra s'appuyer dans le reste du travail. Le choix de la notion de l'accessibilité est logique, puisqu'il s'agit de réfléchir à rendre un certain type de sites web accessible au plus grand nombre. J'avais d'ailleurs commencé une petite recherche de mon côté, grâce à laquelle j'avais trouvé l'article de Vincent Liquête : L’accessibilité web comme porte et enjeu de médiation des savoirs [1] que je trouvais bien en lien avec mon sujet, que j'ai bien sûr intégré à mon état de l'art et qui me servira sans doute à nouveau. Pour m'aider, pendant notre échange, mon directeur de mémoire fait une recherche rapide et m'envoie quelques références.

Premières approches

Quelques jours plus tard, j'y jette un coup d'œil et je suis un peu déstabilisée : l'accessibilité dont il est question dans ces articles est liée... au transport. Dois-je le contacter ? Dois-je ignorer ces références ? Je décide de prendre le temps de les lire malgré tout, et j'y trouve finalement de quoi bien alimenter la réflexion sur cette notion d'accessibilité : ils posent notamment les enjeux d'égalité. Je commence par rendre compte de l'évolution de la notion d'accessibilité à celle d'accessibilité universelle, j'expose ensuite les problématiques de l'accessibilité dans les transports, que je décline ensuite sur celles liées au numérique, avec entre autres les recommandations du W3C. En effet, un parallèle assez convaincant se dessine entre la navigation sur un site web et les déplacements dans un ville : comment accéder au service, à la ressource ou à l'information dont j'ai besoin le plus rapidement et avec le moins d'énergie possible. J'enchaîne alors sur le retard pris en France malgré les enjeux que j'expose ensuite. Enfin, j'aborde la question de l'accessibilité des manuscrits mis en ligne ce qui resserre le sujet sur ma problématique. Plus loin dans la rédaction de cet état de l'art, je finis par établir un parallèle

Ma définition maison

J'aboutis à la définition suivante, qui pourrait bien évoluer encore par la suite. L’accessibilité à un site informatif consiste à donner accès à ses contenus à tous grâce à : • une navigation simple et claire qui permette à chacun de comprendre rapidement comment accéder aux ressources quelque soit son niveau d’expertise du sujet couvert et quelque soit son objectif (de la recherche à la simple découverte) ; • au besoin un dispositif de médiation ; • une prise en compte des 4 axes du RGAA : perceptibilité, utilisabilité, compréhensibilité et robustesse.

[1] Liquète, V. (2015). L’accessibilité web comme porte et enjeu de médiation des savoirs. Distances et médiations des savoirs. Distance and Mediation of Knowledge, 3(12), Article 12. https://doi.org/10.4000/dms.1200