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from lambdada
Aujourd'hui, je tranchais un melon, du jambon sec était posé sur la table, j'ai pensé à Carmelita (une femme qui ne s'est jamais appelée et que je n'ai jamais surnommée ainsi, qui sera Carmelita le temps que je raconte l'histoire ici), une actrice de théâtre que j'ai connue un peu hors scène. Un jour après un spectacle de ses amis, où elle ne jouait pas, Carmelita et moi avons discuté intimement, puis elle m'a invité à l'accompagner au repas des artistes. C'était à la bonne franquette sur une table installée au milieu du hall du théâtre, avec diverses salades « maison », etc. Saisissant un plat où il y avait des tranches de tomates d'un côté, du jambon de l'autre, j'ai proposé à Carmelita de la servir ; elle m'a dit « je suis végétarienne », puis « pas les tomates qui ont touché le jambon ». Je ne suis pas végétarien mais je n'ai rien contre une femme avec un régime alimentaire différent – j'ai connu une allergique au gluten et ce n'est pas cela qui nous a séparés ; néanmoins, j'ai trouvé qu'avec son « pas les tomates qui ont touché le jambon », elle en faisait un peu trop, je me suis dit que Carmelita était peut-être un peu chiante, puis j'ai soufflé en pensée, afin de l'éloigner, sur ce petit nuage faisant un peu d'ombre sur notre histoire qui n'existait pas encore. Ensuite, la vie et ses aléas a fait que… Il ne s'est rien passé de sentimentalo-sexuel avec Carmelita, et nous avons disparu l'un pour l'autre. Je ne connais toujours pas le régime végétarien.
from Ma vie sans lui
De la normalité du monde
Je me rends compte que j'écris souvent la formule suivante “dans un monde normal” depuis quelques mois. Hier, par exemple, “dans un monde normal, mon amoureux aurait fêté ses 53 ans”. Et cette expression qui m'est devenue familière veut bien dire ce que je pense, profondément. Le monde, là, au dehors, autour de moi, n'est plus “normal” depuis que mon amoureux est mort.
Je me sens en perpétuel déséquilibre, entre la vie quotidienne qui suit son cours avec ses aléas, ses routines et le grand trou qui s'est ouvert sous mes pieds, brusquement et qui m'absorbe parfois, puis me recrache, exténuée de chagrin.
Certains moments me semblent excessivement “normaux” (je ne sais pas bien ce que ce terme recouvre, à vrai dire, dans le monde et la société dans laquelle nous vivons, en 2025) : aller bosser, accueillir des élèves, faire cours, déjeuner avec des collègues, faire du yoga, donner mon avis en réunion, aller à un spectacle et y prendre du bon temps, tout cela n'a pas changé depuis 11 mois. En revanche, d'autres me semblent totalement “anormaux”, voire incongrus : fêter Noël sans lui, ne pas pouvoir lui souhaiter son anniversaire, aller visiter une maison à vendre, programmer des vacances ou un voyage, se recueillir au pied d'un petit chêne vert fraichement planté, prendre l'apéro en solitaire, faire la sieste, regarder une série.
Je n'ai pas eu besoin de réfléchir 107 ans pour trouver le point commun de tous ces moments a-normaux : la solitude. Toutes ces choses que nous faisions ensemble et que je fais désormais seule me paraissent totalement étranges. Étrange au point que je sors parfois de mon corps et je me vois les faire seule, c'est d'une tristesse sans nom.
Je l'ai déjà écrit ici et c'est toujours le cas, il est avec moi, parfois, surtout dans des moments que j'aurais adoré partager avec lui. Quand je sors du collège épuisée mais satisfaite de ce que j'ai fait, quand je viens de faire quelque chose de difficile mais que j'ai réussi. Je l'entends me dire “Petite forte”. Et il m'arrive de le penser, que je suis forte.
Mais il y a aussi des tas de moments où il n'est vraiment plus là, ni en pensée, ni en parole. Il n'est plus là du tout, effacé de ma vie, gommé de cette Terre. C'est effrayant. Et je refuse que le monde l'oublie. Je n'ai plus de nouvelles de son père, ni de ses collègues. Tout le monde a tourné la page. Ma famille n'en parle plus non plus. Je suis la seule à maintenir la flamme du souvenir et elle est parfois lourde à porter. Alors je parle de lui à tous les gens que je croise et tant pis si je passe pour une folle. J'essaie juste de ne pas être trop insistante.
Je pense qu'il serait heureux de voir que je survis, que je me bats avec ce foutu deuil, il serait heureux de savoir que je vais bientôt déménager dans une maison avec un merveilleux jardin et il serait sûrement heureux que je sois heureuse à nouveau, un jour, peut-être. Mais, ne suis-je pas en train d'écrire ça pour me donner une médaille, pour me justifier de ne pas m'être effondrée ? Ne serait-ce pas de la méthode Coué ?
Moi, je serais heureuse que le monde me paraisse de nouveau “normal”. C'est beaucoup demander, je commence même à considérer l'idée que cela n'arrivera plus. Le monde ne sera plus jamais normal après avoir vu mourir dans mes bras, en dix minutes, un homme plein de vie autour duquel mon existence gravitait. J'ai perdu mon soleil, cela peut arriver à n'importe qui d'entre nous alors je ne vois pas comment le monde pourrait être normal à nouveau.
Je vais devoir apprendre à marcher avec ce fardeau qui me déséquilibre, sur ce chemin de deuil, semé de gouffres et d'embûches, je vais devoir apprendre à danser sur cette corde raide, malgré le vent et les nuages, malgré les chaussures pas toujours adaptées, je vais devoir apprendre à vivre avec ce manque qui me fait perdre mes repères, mon cap.
Cela va bientôt faire un an et j'ai pourtant l'impression de tout juste entamer le chemin...
from cedval
La barrière symbolique du 100 kilomètres à vélo peut intimider quand elle n'a jamais été franchie.
Cela parait beaucoup et c'est l'impression que j'avais aussi avant de me mettre sérieusement au vélo en début d'année (et ce n'était même pas pour appliquer une bonne résolution 😅) et de parcourir cette distance.
A l'occasion de mon premier petit voyage à vélo, de Orléans au Mans (environ 190 km), j'ai eu l'occasion de dépasser cette barrière (presque) 2 fois en 2 jours !
Je m'étais fixé pour objectif d'aller au Festival International du Voyage à vélo qui se déroulait au Mans début février (en hiver donc 🙈).
Crédits : Cyclo Camping International
J'ai vraiment bien aimé de Festival, je vous ai raconté cet événement à l'occasion de mon premier article sur ce blog (c'est par là).
Cette fois-ci je vais vous raconter comment je me suis préparé pour cet itinéraire, et donc mon premier 100 km au passage.
Cela ne faisait qu'un mois que j'avais commencé à rouler sérieusement 😁 (j'en parle ici). C'était donc un sacré défi !
J'ai acheté mon premier vélo fin novembre 2024 (j'en parle ici).
Je n'avais pas encore vraiment commencé à rouler sérieusement avec et c'était l'hiver. Il me fallait donc un objectif pour me motiver 😁.
En décembre, j'ai découvert par hasard l'existence du Festival International du Voyage à vélo qui allait se dérouler au Mans le mois de février suivant.
L'idée de voyager à vélo est une des raisons qui m'a poussé à me mettre plus sérieusement au vélo : j'étais donc bien motivé par l'idée d'aller à ce festival.
2 raisons supplémentaires d'y aller se sont ensuite ajoutées pour me motiver d'y aller !
La première c'est la présence de Joffrey Maluski à cet événement qui sera présent pour dédicacer son livre “Islande, une traversée hivernale” pour ceux et celle qui ont participées à sa campagne de financement participative sur Ulule. Il y avait une option livraison en main propre au Mans, je me suis senti obligé de choisir cet option : cela me forçait à y aller quoi qu'il arrive 🙈. Je vous recommande sa vidéo sur son aventure si vous ne l'avez pas vu 😍.
L'autre raison qui a confirmé que je devais aller à cet événement est la présence de Emeline (Mastodon : @emeline@piaille.fr) et Jean-Pierre (@ramuncho@mastouille.fr) qui allaient animer un stand au Festival pour présenter le livre pour enfant “Emeline et Olympe” (aussi sur Ulule) qu'ils ont auto-édités.
L'occasion était trop bonne pour me motiver à en faire mon premier voyage à vélo !
Ensuite il fallait s'y préparer 😅 .
Le hors série du magazine 200 Débuter à vélo m'aurait bien aidé mais il n'était pas encore sorti. Il a tellement eu de succès qu'il est en cours de réassort.
L'idée était là, maintenant il fallait la mettre en pratique !
J'ai dû déterminer par où j'allais passer. Le plus simple est d'utiliser un itinéraire tout fait si vous en trouvez un, sur Komoot ou OpenRunner par exemple.
Vous pouvez aussi créer votre propre trace, c'est ce que j'ai fait !
A vélo, il est préférable de préparer sa trace sur les longs itinéraires. Il faut absolument éviter les routes à fort trafic routier sous peine de passer un moment désagréable (et potentiellement dangereux) !
Mieux vaut donc utiliser un outil dédié à cette pratique pour éviter toute mauvaise surprise : il en existe un certain nombre, on pourrait écrire un article entier sur le sujet (une idée pour plus tard 😅).
Sur Mastodon, on m'avait recommandé BikeRouter (aussi appelé BRouter), c'est l'outil que j'ai utilisé pour créer ma trace.
Il possède différents réglages orienté vélo pour favoriser des routes à faible trafic. Ces réglages vont favoriser les passages par des itinéraires vélo référencés.
En effet, en France, il existe des itinéraires vélos, que cela soit au niveau départemental, régional, national ou européen. Ils empruntent des routes à faible trafic ou des voies dédiés au vélo.
Sur la cartographie de BikeRouter qui utilise OpenStreetMap, ces routes références sont repérables par un code couleur via le calque CycloOSM qui est sélectionné par défaut.
Pour mon trajet, j'ai emprunté une partie de la Loire à vélo qui est aussi référencé au niveau européen comme l'Eurovélo 6.
Après Vendôme, j'ai suivi une partie de la V47 : La Vallée du Loir à vélo.
Vous pourrez trouver l'itinéraire complet sur OpenRunner.
Parlons un peu matériel !
Pour les détails concernant le vélo que j'ai utilisé, je vous invite à lire mon article sur le sujet ici.
Voici à quoi ressemblait mon fidèle destrier le jour du départ :
Je n'avais pas encore beaucoup investi en matériel vélo, à part le porte-bidon Zéfal, le bidon et le sac de selle Z Adventure R11 de la même marque française 🇫🇷 (et Loirétaine).
Pour attacher mon sac à dos à l'avant, j'ai acheté un support Rhinowalk avec le support spécifique Brompton. Très pratique pour sangler le sac dessus mais pas très optimisé 😅.
D'un point de vue vêtements, c'était en hiver, j'ai donc réutilisé mes vêtements d'hiver et de randonnées : couche de base manche en mérinos épais, pareil pour les chaussettes. Chaussures de randonnée en © Gore Tex et couche polaire pour le haut.
En veste j'ai utilisé ma belle veste Mova Cycling rouge bien flashy que j'avais obtenu via cette campagne de financement participatif Kickstarter.
Ah oui, j'ai failli oublier de parler du GPS dans lequel j'ai investi pour suivre la route : un Karoo de chez Hammerhead.
Reçu la veille du départ 😅, il a été très pratique pour suivre la trace sur un trajet aussi long sans avoir de stress avec la batterie du téléphone. Le GPS avait de l'autonomie pour les 2 jours si besoin.
Le matériel ne faisant pas tout, il a bien fallu sortir pédaler pour s'entrainer en hiver : bien habillé ça passe 😁.
Pour cela, j'ai commencé à utiliser le vélo pour les trajets Gare/Domicile, 10 kilomètres aller et retour plusieurs fois par semaine.
Accompagné de la Social Ride MayoJaune tous les lundi soir sur Paris et quelques autres trajets, j'ai pu rouler 350 kilomètres en janvier, parfait pour s'acclimater à la température (3 °C en moyenne 😅) et au matériel.
J'avais donc découpé mon itinéraire sur 2 jours avec une nuit prévue potentiellement à Vendôme. Je ne me sentais pas de faire les 190 kilomètres du trajet que j'avais préparé en une journée !
A part l'itinéraire, je suis parti sans avoir réservé d'hébergement, j'ai juste regardé rapidement les disponibilités autour de ma trace avant de partir. Je m'étais dit que j'aviserais le moment venu en fonction de ma progression. Il faut embrasser la liberté que le vélo nous apporte !
Pour commencer mon trajet en douceur, j'ai rejoins le tracé de la Loire à vélo qui passe par Orléans.
C'est plat et bien indiqué. Plutôt agréable et peu fréquenté en hiver, je me demande bien pourquoi 🤣.
Je l'ai suivi jusqu'à Beaugency où j'ai bifurqué dans les terres. Un bon vent de face pendant quelques heures comme la Beauce sait offrir (température 3 °C).
En allant à mon rythme, j'ai mis un peu moins de 5 heures pour arriver à Vendôme sans compter les nombreux arrêts.
Je suis arrivé vers 18h à Vendôme, je me suis directement rendu à l'hôtel que j'avais réservé dans l'après-midi.
Très pratique d'avoir un vélo pliant pour ne pas galérer avec dans l'hôtel !
Il n'y avait pas encore le sticker MayoJaune (@mayojaune@masto.bike) de collé à l'arrière de mon casque 😁.
Belle occasion de brièvement découvrir cette ville que je ne connaissais pas du tout.
Étant arrivé vers 18h, le temps de prendre une douche et de se poser un peu il était déjà l'heure de manger : 100 km (ou presque) ça creuse !
Au final, vu qu'il faisait déjà nuit, j'ai surtout découvert un super restaurant complétement au hasard (cela n'étonnera pas ceux qui me connaisse 🤣).
Une crêperie cave à cidre !
Une des galettes que j'ai pu déguster (et ce n'est pas la seule que j'ai prise !) :
Après ces efforts et ce bon repas, j'ai bien dormi 😁.
Réveil vers 8H avec un bon petit déjeuner copieux à l'hôtel pour bien prendre des forces.
La météo était toujours nuageuse avec risque de pluie et une température qui était toujours dans les 3° C.
J'ai repris la route et emprunté une partie de la V47, une voie vélo le long de la vallée du Loir qui est bien indiqué :
Plus tard, en arrivant sur la commune de Les Roches-l'Evêque, je tombe sur ce panneau route barré.
Étant à vélo, je continue. Je me dis que cela doit quand même passer :
Ou pas 🤣🙈 :
Cela ne passe pas, demi-tour obligatoire ! Le GPS a mis du temps à comprendre la manœuvre.
Si je me rappelle bien, c'est à ce moment qu'il a commencé à pleuvoir et cela ne s'est ensuite pas arrêté de la journée !
Heureusement que j'ai trouvé ce bel abribus pour m'abriter de la pluie pendant ma pause déjeuner :
Ayant un vélo Gravel 😎, sur la suite du chemin j'ai emprunté une ancienne voie de chemin de fer qui a été reconvertie en voie verte cyclable :
Après plusieurs heures sous cette petite pluie fine et ininterrompue, j'étais content d'arriver au Mans :
Entrée de ville tout ce qu'il y a de désagréable avec aucune piste cyclable et beaucoup de trafic vu l'heure auquel je suis arrivé. C'est quand même toujours un plaisir de doubler des files de voitures qui patientent dans des petits bouchons 😁.
J'étais bien content d'être accueilli chez les parents de Sylvain (@Sylvain_V@mastodon.social) après au moins 4 heures sous la pluie. C'était bien pratique de pouvoir tout faire sécher dans le garage !
Pour ceux que cela intéresse voici les données fournies par mon compteur pour les 2 journées.
Orléans – Vendôme :
Vendôme – Le Mans :
J'ai pris beaucoup de plaisir sur ces 2 jours malgré les conditions météo qui n'étaient pas terrible.
C'était même une bonne chose car cela m'a permis de me tester dans ces conditions et ma préparation m'a permis de bien m'adapter et de ne pas être frustré.
Par contre, je ne vais pas vous cacher que j'étais pressé d'arriver le second jour après plusieurs heures sous la pluie. J'étais bien habillé, donc tant que je m'arrêtais pas, je ne sentais pas l'inconfort. Par contre, j'aurais surement eu du mal à repartir après un arrêt prolongé si il avait fallu remettre les vêtements encore humide !
Voilà, j'espère que je vous ai donné envie de vous lancer dans votre premier 100 km 🚀.
Vous n'êtes pas obligé de tenter ça en hiver comme moi hein 🤣. J'ai juste profité de l'occasion qui se présentait.
Ce n'est pas forcément évident de ce lancer seul.e, renseignez vous autour de vous, je suis sûr que vous trouverez un groupe ou événement qui pourra vous accompagner et vous conseiller pour réaliser ce premier 100 km !
D'ailleurs, si vous êtes à Paris ou alentour, MayoJaune organise un tel événement le Dimanche 20 juillet à 8h45, place de la Bastille à Paris : infos sur le Discord.
Un staff bienveillant vous accueillera avec plaisir pour vous accompagner sur un 100 km au petit oignon 🚲.
#Velo #VoyageAVélo
from LegalizeBrain
Ça a de nouveau été Inter l'entremetteuse : on est à l'automne 2002, je débute ma troisième et dernière année de thèse, je bosse. Ça se passe globalement bien, mais c'est beaucoup de boulot, les relations avec ma directrice de thèse sont souvent tendues, mon premier article de journal est dans les tuyaux, mais elle m'emmerde avec sa manie de vouloir discuter chaque virgule... En plus j'ai un mariage à préparer.
Et donc Inter diffuse Faites Monter, de l'album l'Imprudence qui vient tout juste de sortir. C'est magistral, mais cette fois, je me dis que je dois m'intéresser au travail de ce type ! Je ne peux pas une nouvelle fois ne pas m'y intéresser plus que ça. (sans le savoir, j'ai laissé passer Fantaisie Militaire, que je découvrirai après la bataille)
J'achète l'album, et je me plonge dedans, comme je le faisais à l'époque : une première écoute quasi religieuse, une après-midi chez moi, sans rien faire d'autre qu'écouter. Puis je le ponce : le matin dans le baladeur, la journée dans le casque de l'ordi, des jours, des semaines sans rien écouter d'autre... Quel trip !
Il y a une unité incroyable dans cet album, sa poésie me parle par sa bizarrerie, et je nage dans cette piscine de musique qui ne ressemble à rien de ce que j'écoute à l'époque. Je trouve ça génial, j'adore.
Cet album berce ma fin de thèse, et Bashung est donc remercié dans mon manuscrit, aux côtés de Garbage, Morcheeba, Purcell et Heitor Villa-Lobos “pour m’avoir accompagnés lors de la rédaction de ce rapport”.
Ça a été la seconde et dernière rencontre avec Bashung : il m'a accompagné depuis sans qu'une troisième fois ne soit nécessaire. C'est bien simple, je crois qu'un exemplaire de ce CD a été le premier cadeau que j'ai fait à ma future seconde épouse, quelques années plus tard, alors que je venais de la rencontrer, pour qu'elle comprenne mieux qui je suis.
from LegalizeBrain
Quand je fréquentais encore l'école maternelle, j'avais pris cette étrange habitude, lorsque j'étais vraiment très content, de dire “C'est bon la Vitang !”
Je n'avais aucune idée de pourquoi ou comment j'avais inventé cette expression. J'étais déjà gourmand à l'époque, et pour moi, la Vitang, ça ne faisait aucun doute, c'était un truc délicieux, qui se mangeait. Un truc inventé, évidemment, je le savais bien... Disons que pour moi c'était le met ultime, et l'évoquer était le meilleur moyen de célébrer un bon moment.
Évidemment, les adultes autour de moi étaient très surpris. Iels entendaient “C'est bon, la vie tangue !” et se demandaient où j'avais bien pu capter cette étrange phrase. Iels étaient peut-être un peu inquiets de savoir à quel moment un potentiel alcoolique avait pu dire cela à portée de mes oreilles...
Ça restera un mystère, je ne sais pas moi-même, on ne saura jamais.
Aujourd'hui, plutôt adepte des plans plan-plan, et alors que la vie a pas mal tangué ces dernières années, je ne suis plus si sûr d'autant aimer la Vitang...
from LegalizeBrain
C'était un dimanche après-midi, dans l'une des deux salles du cinéma municipal Jacques Becker. Celle-là même où j'avais vu les trois Mad Max d'affilée lors d'une nuit marathon de cinéma dont Melvin Zed et moi nous souvenons encore...
Nous étions arrivé très en avance mes parents et moi (les bénéfices d'avoir une mère anxieuse), la salle était presque déserte et nous attendions le début du film. Lequel ? L'histoire n'en a pas gardé la mémoire.
Quoi qu'il en soit, on devait être fin 1991, ou début 1992 : Bashung venait de sortir l'album Osez Josephine, et ce cinéma où on nous faisait patienter en musique nous a donc diffusé Madame Rêve.
Pour moi, jusque-là, Bashung c'était dans le bruit de fond : j'en entendait régulièrement sur Inter, dont j'étais déjà un auditeur assidu, mais d'une oreille distraite, en faisant autre-chose, et l'idée d'acheter un album de lui ne me serait pas venue à l'esprit. Mon horizon musical d'alors, c'était plutôt Metallica et Suicidal Tendencies, côté métal, et Ludwig von 88 et les Berruriers Noirs, côté punk. Mélange un peu confus, j'en conviens (j'étais jeune, dirons-nous).
Il s'est passé un truc ce jour là, je ne sais pas précisément quoi... j'étais d'une humeur méditative, dans cette salle quasi-déserte, et j'ai vraiment plongé dans cette chanson, j'ai été emporté dans le Rêve de Madame, un truc hyper puissant dont je me rappelle encore tant d'années plus tard.
Bizarrement, alors que les hormones sexuelles baignaient mon cerveau à cette époque (j'étais jeune, donc), je suis passé totalement à côté de la dimension sexuelle de cette chanson ce jour là. Juste cette sensation incroyable de constater qu'un type a le talent de créer l'équivalent sonore d'un rêve et de m'y emmener avec lui.
Première vraie rencontre avec Alain Bashung, donc, mais pas dernière : malgré ce trip saisissant, je ne suis pas allé acheter l'album, je ne me suis pas intéressé à la carrière de cet artiste, j'ai gardé ce souvenir et c'est tout.
from Blog d'une enfant de ce siècle
Définition de CNRTL -Individu dont la morphologie est anormale -Créature -Chose qui s'écarte des normes habituelles.
Etymologie (latin) monstrum « avertissement des dieux » monstrare « montrer, faire voir, indiquer, avertir »
Le monstre au sens du “Freak”, je le définis comme l'individu qu'on expose pour sa morphologie dite “difforme”, censée inspirer la peur, le dégoût, la moquerie, la compassion ou la curiosité malsaine. En somme, l'être humain martyrisé pour sa différence. En témoignent l'exposition coloniale, la figure de Quasimodo, la créature de Frankenstein, Edward aux mains d'argent, la femme à barbe, ou encore Joseph Merrick, surnommé “The Elephan man” (image ci-dessous).
Mais il y aussi un autre sens que prend ce mot dans notre société: le monstre en termes de moralité. Ce monstre-là peut commettre le mal sous couvert de bienveillance. Et quand il s'agit de ça, le mot “monstre” s'entend autrement.
Les origines du mal sont profondes, qu'elles viennent ou non de bonnes intentions. Et ce qui les rend si peu reconnaissables, c'est qu'elles n'ont ni couleur de peau, ni nationalité, ni rang social, ni genre, ni métier, ni morphologie spécifique, ni profil social typique, et qu'elles peuvent grandir subtilement en chacun tant qu'elles ne sont pas mises à jour. “Les voix du mal passent à travers ton gros gilet pare-balles” (Dixit Swift Guad)
Le mal commence là où on a mal soi-même, là où nos blessures n'ont pas guéri, là où le monstre crie parce qu'on n'a pas soigné ses plaies, là où un besoin est insatiable. C'est là où la vulnérabilité est la plus forte que le monstre s'exprime, jusqu'à commettre l'anormal, l'extrême, l'improbable, l'impensable, mais aussi l'impardonnable, le viol, le crime, le lynchage, la torture, l'homicide, le génocide...
Je pense notamment à des figures qui ont inspiré l'horreur et la fascination dans les médias : Michelle Carter ayant poussé son ami au suicide soit-disant par amour, que SKYND interprète dans son morceau au titre éponyme, “Michelle Carter”. Ou l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès, cet homme ayant tué les membres de sa famille avant de se donner la mort. Ou encore à Jim Jones, qui a orchestré dans sa secte le suicide collectif au Temple du peuple.
Mais le titre de monstre n'est pas exclusif aux crimminels. Ce qu'il y a de plus monstrueux quand un être humain commet de pire, c'est que ce soit pas un “monstre sacré”, mais un être humain, donc de notre espèce, qui l'ait commis. Ce qui impliquerait que nous en serions capables nous-mêmes, dans certaines conditions...
“Le monstre, c'est l'ego” (Dixit Jérôme Colin). J'entends là que le mal est à la base du narcissisme qu'on possède tous, la résistance où germent nos graines de colère, de résilience, mais aussi de haine, de déni et de rejet. Je considère qu'on a tous un beau monstre derrière nos enveloppes corporelles humaines, qu'il ne s'agit pas de cacher, mais auquel il s'agit de faire face. Nous sommes tous capables de faire “le mal”, de blesser, de tuer, de faire souffrir, même accidentellement, il s'agit de le reconnaître: en être capable signifie que nous en avons le pouvoir, pas fatalement que nous allons en user.
Pour autant, “Monstre” est un titre que je revendique moi-même. A mon sens, en tant qu'artistes, en nous “montrant” sur scène, nous remplissons un rôle de “monstres” au sens étymologique. Nous mettons au grand jour les travers humains, auxquels nous somme mêlés nous-même. C'est l'intérêt que prend la catharsis et la projection émotionnelle, occasion de voir en nous les tares que nous nous contentions d'ignorer par suffisance... Voilà pourquoi je suis sensible aux paroles de Stupeflip quand il dit aimer les monstres depuis l'enfance :
Je dédie donc cet article à tout.e.s les Nimona, qui ont compris que tout ce qu'ielles feront pour répondre à ce que la société ou leur entourage attend d'eux, ne sera jamais assez. A tous ces rejetés qui, ayant ou non emprunté une mauvaise pente, se sont servi de cette monstruosité qu'ielles se sont crues être face aux procès d'intention, pour mettre le monde au défi en continuant d'exister à ses dépends. Alors oui, le monstre, c'est aussi celui qui souffre. Celui qu'on qualifie de monstre par rancoeur, ou qui se qualifie lui-même de monstre par culpabilité maladive.
Qualifier une personne est une manière très directe pour la mettre à distance. C’est commun. Il est plus confortable de se dire que l’autre est « inhumain », « cruel », « bizarre », « invasif », « lâche » ou « hypocrite », sans admettre la part d’inhumanité, de cruauté, de bizarrerie, d’avidité ou d’hypocrisie qu’on peut porter en soi. Le monstre est là, derrière nos yeux. Nous portons le même masque qu'on prête à ceux qui sortent de notre ordinaire ou de nos canons de pensée, qu'on exclue ou qu'on persécute.
Je ne vais pas jusqu’à dire que « personne n’est innocent », simplement que notre part d’innocence n’exclue pas en nous la part monstrueuse qui la contrebalance. “The beast is in us, not in the face” (“La bête est en nous, pas dans le faciès”, Dixit Karliene)
Divinité associée: Cthulhu, créature extraterrestre, inventée par Howard Phillips Lovecraft. Sa seule vue peut provoquer la démence. On le suppose issu des mythes du Kraken et de Dagon, un dieu sémite. Le fantasme de cette divinité monstrueuse a été nourri par la xénophobie de Lovecraft, mais aussi un sentiment d'insignifiance de l'être humain face aux forces qui le dépassent. Nota Bene, dans sa vidéo “Lovecraft et le mythe de Cthulhu”, développe l'univers de Lovecraft où règne la peur de l'inconnu.
from Cyril Cincet / Photographies
#nice
from Impulsion Végé
Qu'est ce qu'on mange ce midi ? Il fait chaud (et c'est un scandale parce que c'est l'hiver par chez moi) et personne n'a envie de cuisiner. Bon, on a une boite d'haricots rouges dans le placard, un poivron et des tomates dans le frigo. C'est parti pour une salade !
Ingrédients : – 1 grosse boîte d'haricots rouges – 1 poivron rouge – 2 tomates – 1 petit oignon – feta – ½ cs de moutarde – 2 cs de vinaigre balsamique – 4 cs d'huile d'olive – sel, poivre
Instructions : 1. Dans un saladier, faire la vinaigrette avec la moutarde, le vinaigre, l'huile, le sel et le poivre. 2. Egoutter et ajouter les haricots rouges. 3. Couper le poivron, les tomates et les oignons en petits morceaux de la taille que vous préférez. Ajouter au saladier. 4. Ajouter de la feta coupée en petits cubes. 5. Mélanger le tout. C'est prêt.
#PlatFroidVégétarien
from Blog d'une enfant de ce siècle
Il est une langue qui ne tient pas qu'à la langue, mais à tout le corps. Une langue qui s'appelle bien “langue” et non “langage”, puisque riche d'une culture qui mérite la reconnaissance. L'intelligence n'est pas que l'apanage des mots, loin de là. Et celle qui transpire dans cette langue m'a redonné un nouveau souffle. Cette langue, c'est la langue des signes.
En image: Une manifestation de sourds en 1993, initiée par l'association Sourds en colère.
Nous avons été cruels avec les sourds. Et je m'inclue dans ce “nous”, car ma personne a été marquée par les actes de mes ancêtres, de ma “patrie”, de mes semblables entendants et ignorants. Je vous raconte l'histoire telle qu'on me l'a racontée.
Congrès de Milan, 1880. Un mec qui se réclame du domaine de la santé, présente deux enfants sourds à ses congénères européens. Mais ce qu'il ne dit pas, c'est que l'un des deux est devenu sourd, il n'est pas né tel quel. Il veut démontrer que l'usage du langage verbal ne représente aucune contrainte pour un sourd... La supercherie fonctionne: l'adulte parle à cet enfant, il lui répond oralement. La France fait partie des pays qui a signé cet accord de Milan. Il n'y est pas stipulé clairement que la langue des signes est interdite, mais c'est tout comme.
Documentaire Ouvre l'oeil “Sourds et Malentendus” :
Cette langue est encore trop invisibilisée et sous-estimée. Souvent reléguée à “une aide pour la mémoire du bébé”, elle nous relie pourtant à notre corps et aux autres, qu'importe l'âge ou la nation. Car c'est une langue qui n'a pas de patrie définie, et qui pourtant reste fédératrice. Il existe une langue des signes propre à chaque pays, et elle possède son Esperanto: La langue des signes internationale.
J'ai envie de rendre hommage à cette langue. A cette rencontre du souffle et des corps. Non pas m'approprier la culture des sourds pour la leur voler, au service de mes propres intérêts. Mais plutôt découvrir, et faire connaître ses richesses en profondeur. Plonger dans le silence des sourds, c'est pour moi narguer les bruits du monde. On pourrait y perdre de vue la qualité vitale d'un lien humain, par-delà les différences. J'ai beau ne pas être née dans leur monde, aucune langue n'a pu combler autant mon besoin de connexion que la langue des signes. Je crois qu'elle mérite mieux que le sort que nous lui avons fait subir durant au moins un siècle.
Livre conseillé pour en apprendre davantage sur l'histoire de cette langue : “Il était une fois, les sourds français”, de Patrice Gicquel EAN 9782810613069
Lieux conseillés: -Associations ou organismes qui organisent des activités avec la communauté sourde (par exemple, CSCS44) -Associations ou organismes qui donnent des cours de langue des signes bénévolement (par exemple, les cours du mercredi soir 18h30 au bar du Chat Noir de Nantes) -L'école de référence pour apprendre en identifiant son niveau: STEUM
Evenements : -Spectacles signés, concerts chansignés -Journée Mondiale des Sourds -Handiclap -La Nuit du Slam (Toulouse) etc...
Ressources : -Les chaînes Youtube d'apprentissage de LSF qui sont tenues par des sourds (celles qui sont tenues par des entendants sont majoritairement imprécises) -Les dictionnaires Elix et Spread the sign, mais toujours confirmer le signe avec un sourd de sa région -Les livres d'apprentissage sur les base de la LSF (Exemple: “ABC...LSF”)
Références : -Créations de David Laigre, artiste plasticien sourd qui rend hommage à la LSF dans ses oeuvres (lien Insta vers laigresfactory44) -Chansignés sur YouTube de Albaricate, Vinzslam, Signes à l'Oeil... -Parcours d'Emmanuelle Labory... -Film recommandé: “Sound of Metal” (2019). Il retrace le parcours d'un homme devenu sourd, confonté d'un côté à la communauté sourde, et de l'autre, à l'implant comme promesse de “guérison”.
from Ma vie sans lui
Le chemin
Je pleure moins. Moins souvent, jusqu'à 8 jours d'affilée, ce qui n'était jamais arrivé depuis “le jour où” et moins en quantité. Parfois, les larmes montent aux yeux et elles restent là, en bordure de mes paupières, indécises et fragiles. Je pleure moins, donc. *
Pour autant, je ne sais pas si c'est vraiment un soulagement. Pour ma vie sociale et professionnelle, sans aucun doute. Je peux parler de mon amoureux sans pleurer, je peux parler de nous deux, de notre histoire, de notre amour incroyable, du destin sans pleurer. Je peux parler de sa mort (du moment où il est mort, je veux dire) sans pleurer mais il ne faut pas trop insister. La limite est là. J'imagine que pour mes proches, c'est un vrai mieux.
Pour mon chemin de deuil (parce que je préfère ce mot à celui de travail), je ne sais pas dire si c'est bénéfique, il est sûrement trop tôt pour le dire. Je continue à faire exister mon amoureux à travers mes souvenirs, les objets et les traces qui me restent de lui, je continue à vivre mon chagrin mais d'une autre façon que dans ces torrents de larmes que j'ai versés pendant des mois. Je pense à lui, souvent, surtout en cette période de grands changements (achat d'une maison, préparation de mon déménagement). Mais je lui parle moins à voix haute.
De temps en temps, mes yeux viennent chercher les siens sur l'unique photo de lui que j'ai laissée au mur, au-dessus de mon bureau, les autres ayant rejoint la valise de souvenirs. Sur cette photo, nous posons tous les deux, le long du sentier douanier breton. Derrière nous, la mer et des rochers, et des bruyères en fleur. Le ciel est gris mais nous avons l'air heureux. Et ses yeux se plissent comme pour sourire, c'est tellement lui sur cette photo !
Je le regarde et je soupire. C'était le temps heureux du premier été que nous avons passé ensemble, un temps heureux pour toujours, même s'il n'est plus là maintenant. J'aurai pour toujours ce moment ainsi que tous les autres où nous avons été heureux.
“Pour toujours”, c'est ce qu'il disait depuis le tout début à propos de nous deux. Il ne le savait pas mais pour lui, il avait raison. En ce qui me concerne, mon amour pour lui est encore là, intact (ce qui me laisse parfois sans voix tant cette chose me paraissait impossible les premiers jours), mais “pour toujours”, je ne peux évidemment pas l'affirmer.
Et c'est ce qui me terrifie le plus sur ce chemin de deuil, d'envisager la fin de mon amour pour lui, un jour. Je ne suis pas prête.
from Mednum Codex
#5 Hors les Murs , Hors les cadres
Au sein de la municipalité pour laquelle je travaillais, j’étais rattaché au service politique de la ville, dont le plus gros contingent était formé par les animateurs et animatrices jeunesse. Ce service politique de la ville avait été crée suite à des heurts entre certains jeunes et la police. Ma responsable m’a demandé d’intervenir dans un collège, suite à la sollicitation de celui-ci, pour parler des dangers d’internet. Pour cette intervention j’étais accompagné (chaperonné?) par une juriste de l’antenne de justice et du droit. L’intervention était basée sur ce qu’on avait le droit de faire sur internet et sur les sanctions en cas de manquement.
Je me suis vite rendu compte du coté hors sol du message. Nous intervenions auprès d’élèves de sixièmes âgés de 11 ans, et par définition pas pénalement responsables de leurs actes. Ils n’étaient pas censés pouvoir utiliser les services qu’ils utilisaient et mentaient évidemment sur leur âge pour pouvoir le faire. En fait , on était en train de leur reprocher que leurs parents ne s’intéressent pas à ce qu’ils font. Aujourd’hui encore, je vois des interventions dans lesquelles on explique à des enfants qu’il faut installer l’ordinateur dans une pièce centrale et installer un logiciel de contrôle parental . Parfois ces enfants ont 8 ans ! Sauf qu’on leur demande en réalité d’être le relais de ce message à leurs parents. D’une manière générale , les adultes ne s’intéressent que trop peu aux activités numériques de la jeunesse. Quand ils s’y intéressent ce n’est que pour pointer les travers, les dérives et autres excès. Dans ces mêmes interventions on me demandait de parler du happy slapping. Ce sont des vidéos ou on va filmer l’agression d’une autre personne. Bien sur ce sont des cas qui existent mais ils ne se sont pas représentatifs du quotidien des pratiques numériques de la jeunesse.
Quand je préparais mon brevet d’animateur de quartier on m’a expliqué qu’il fallait arpenter chaque immeuble de son secteur, que c’était la base du métier. J’ai décidé d’appliquer ce conseil à Internet et pendant tout un été j’ai navigué sur des centaines de skyblogs locaux pour voir ce qu’ils contenaient et je n’ai rien trouver d’extraordinaire. Il y avait bien sur des publications à la gloire de leurs idoles comme Shakira ou Ronaldo . Mais je voyais mal l’une de ces deux stars porter plainte pour l’utilisation de leur photo sur un blog d’adolescent. Je n’imaginais pas plus le photographe ou l’agence de presse poursuivre en violation du droit d’auteur un élève de 6ième parce qu’il avait reproduit une photo de Christiano Ronaldo dans une publication disant combien c’était un grand joueur. On avait imaginé des interventions sur un coin de table et les adultes en étaient parfaitement satisfaits. On a même eu droit aux honneurs de la presse et on a également été distingué par le Forum Français de la Sécurité Urbaine. Je me rappelle d’une discussion croustillante avec un dirigeant de l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine qui m’expliquait par ailleurs qu’internet c’était pas la vraie vie. Bref, les adultes étaient largués et globalement cela n'a pas changé.
Alors j’ai repris une logique propre à l’éducation populaire : apprendre par le faire. A partir de 2008 j’ai encadré des reportages vidéos réalisés par les jeunes pendant les vacances scolaires. Avec eux nous avons appris à nous documenter pour travailler un sujet, cadrer, filmer, faire et refaire une prise , monter, trouver des musiques libre de droit...Les jeunes de 8 à 16 ans faisaient des portages sur le patrimoine de la ville, les festivals de musique, le musée de la pêche, l’institut de recherche scientifiques local… Tous ces reportages étaient publiés sur internet et comme internet n’oublie pas , ils y sont toujours. Malheureusement j’ai du continuer de faire des interventions « dangers d’internet » principalement pour éviter de laisser le terrain à des associations qui voyaient des pédophiles derrière chaque internaute…
Au fil des années le discours théorique a laissé place au discours pratique puis il a été alimenté par le discours scientifique. J’ai eu la chance de rencontrer Yann Leroux, Vanessa Lalo , Stéphanie de Vanssay avec qui j’étais en phase sur les discours mais qui avaient l’avantage de poser un regard scientifique sur mes intuitions. La thématique des écrans est devenue centrale dans les rapports concernant les enfants. On a eu droit aux tueurs en séries nourris par les jeux vidéos en particulier. C’était un argumentaire simpliste qui me parlait beaucoup car j’avais été rôliste à l’époque de la profanation du cimetière de Carpentras. Il y a vaut eu un raccourci de la pensée transformant tous les rôlistes de France en profanateurs de tombe potentiels. Il n’en est rien évidemment. Le numérique a eu aussi le droit son lot de paniques morales et cela ne cesse de continuer. A mon sens cela ne fait que montrer la déconnexion des adultes (et en particulier les politiques) avec la jeunesse en général. Pour le médiateur numérique c’est un vrai défi.
Je ne peux compter le nombre d’arguments absurdes que j’ai pu entendre sur ce sujet ou sur d’autres liés au numérique. Mais chacun d’entre eux peut vous amener à douter de vos propres arguments. Et en cas de doute , seule la science peut amener un éclairage juste et neutre. C’est ainsi que parfois on glisse de la position de médiateur numérique à celle de médiateur scientifique. Il nous faut avancer des arguments issus des plus hautes autorités comme l’académie des sciences ou le GIEC pour répondre aux inepties. Ce n’est pas pour autant qu’on arrive à faire entendre raison. ET parfois on peut avoir le sentiment d’être « seul contre tous ». Sauf qu’avec Internet on est jamais vraiment seul.
from Mednum Codex
Je vous parlais dans l’article précédent de mes premiers ateliers. Dans cet article-ci je vais vous présenter ce que je faisais en dehors de ateliers. En effet les ateliers étaient organisés le matin et l’après midi l’espace public était en accès libre pour l’ensemble des usagers. Les gens venaient et moyennant une carte d’abonnement pouvaient utiliser les ordinateurs pour faire ce dont ils avaient besoin ou envie. Pour ma part je les aidais dans des demandes dites de premier niveau. C’est à dire dans des demandes ne nécessitant pas une expertise technique particulière. Souvent j’intervenais pour de la mise en forme de texte en particulier pour des CV. Mais je pouvais être sollicité pour de multiples autres raisons.
Au début des années 2000, le numérique était choisi par les usagers. L’accès à Internet reposait beaucoup sur des sites épanouissants et divertissants. Petit à petit le numérique a été imposé et est devenu imposé aux usagers. Ainsi en 2008 les annonces de Pole Emploi sont entièrement mises en ligne. Pourtant à l’époque , la proportion d’internautes est encore faible, d’autant plus chez les demandeurs d’emplois qui, par définition, ont un pouvoir d’achat restreint. C’est la première d’une longue série d’injustices que le numérique va engendrer pendant 20 ans encore. On oblige celles et ceux qui en sont le moins capables d’avoir recours au numérique sans aucune autre alternative. Mais ce mouvement n’est pas encore un mouvement de fond, et il constitue une exception. Il deviendra une norme une dizaine d’années plus tard.
Beaucoup d’usagers fréquentent l’espace numérique. Au plus fort de son succès il reçoit 3 000 visites par an, soit 10 % de la population théorique de la ville. Les profils sont très hétéroclites. Les seniors viennent aux ateliers du matin. L’après midi , je vois passer quelques demandeurs d’emploi. Certains vont fréquenter l’Espace Numérique pendant plusieurs années. J’ai « des habitués » qui viennent tous les jours, des jeunes, des mamans, des cadres, des saisonniers ; le lieu est un espace de mixité dans lequel règne une ambiance conviviale, presque familiale. Je peux passer du dépannage d’un fichier excel au paramétrage d’un GPS en quelques secondes. J’accompagne aussi bien pour des billets d’avion que pour des publications Facebook, ou du débeugage d’un ordinateur qui plante sans oublier le toner de l’imprimante qu’il faut changer. Le médiateur numérique est un touche à tout, un vrai généraliste des usages du numérique. Cela ne l’empêche pas d’avoir une ou plusieurs spécialités. Cependant sa pluvalue réside dans sa polyvalence. Paradoxalement cette polyvalence peut être un handicap quand on souhaite changer de métier. Cela ne sera pas sans incidence sur la reconnaissance professionnelle de ce métier, mais j’en reparlerais à un autre moment.
Il y a toute une grande partie de la population que je ne vois jamais. Alors je mets rapidement en place des « Cafés du Web ». L’idée est relativement simple pendant 1h30 je vais présenter une technologie, une innovation, un usage au plus grand nombre. Ce rendez-vous devient mensuel et petit à petit il devient itinérant. Initialement je l’organisais au sein de mon Espace Public Numérique, puis pour toucher de nouveaux publics je le délocalise dans d’autres lieux comme la médiathèque, la Halte du Manège (la structure associative pour les séniors) ou l’office du tourisme. Pendant plusieurs années, je vais aborder une trentaine de thématiques différentes allant aussi bien de la présentation de Facebook qu’à la consommation collaborative, le logiciel libre, les arnaques en ligne et bien d’autres encore… Avec ce format l’EPN devient un lieu ressource pour le territoire pour toutes les questions liées au numérique. Grâce à une bonne présence en ligne, je parviens aussi à faire intervenir des experts sur leurs thématiques et à les confronter au grand public.
Et puis surtout j’interviens , hors les murs, le plus souvent sur commande institutionnelle. Situé entre deux lycées , un collège et une école je suis très vite sollicité par ces établissements pour effectuer des séances de sensibilisation aux dangers d’internet. A cette époque on parler surtout de téléchargement illégal et de happy slapping. c‘est comme ça que je me suis intéressé aux pratiques numériques de la jeunesse. Ma formation d’animateur de quartier était encore toute fraîche dans ma tête et c’est peut être pour cela que je me suis d’abord spécialisé dans ce domaine.
from Mednum Codex
Quand je tiens les permanences l’après midi, il m’arrive de répondre à des sollicitations ponctuelles d’usagers. Celles ci sont rarement complexes et comme j’ai déjà une habitue de l’ordinateur je parviens à les résoudre assez rapidement. Cela me permet de gagner en confiance et d’envisager mes premiers ateliers avec moins d’appréhension. Le matin, j'organise des ateliers d'initiation.
A cette époque moins d’un Français sur deux à accès à Internet à domicile, le smartphone n’a pas encore fait son apparition, l’Ipad encore moins. Facebook est un réseau tout juste naissant. Les ateliers d’initiation à internet ont tout leurs sens. Beaucoup d’usager vont littéralement découvrir Internet et faire leur premiers pas sur le web au sein de l’espace numérique. J’ai reçu de nombreuses demandes de la part de la structure associative dédiée aux seniors. Je ne dispose que de 8 ordinateurs au sein de l’EPN et j’ai une liste de demandes d’une trentaine de noms. Mes recherches sur Internet ne m’ont pas permises de trouver un programme d’un autre EPN en France. Je sais que le plus proche est situé à une centaine de kilomètres du mien. Je vais donc partir de zéro.
Les ateliers numériques sont assez troublants au début. Les apprenants ont l’âge de mes parents. Ils sont appliqués, posent des questions et notent parfois minutieusement dans un cahier ce que je peux dire. J’utilise un vidéo projecteur avec lequel je diffuse sur un tableau blanc l’écran de mon ordinateur. C’est ainsi que je montre les manipulations à effectuer au groupe. Je laisse un peu de temps pour reproduire et je passe d’une personne à l’autre pour vérifier, questionner, encourager et féliciter. De loin cela pourrait ressembler à un cours et pourtant je ne me défini pas comme un professeur.
Le premier atelier est un guide d’achat. Je me sers d’un catalogue publicitaire d’une grande surface et j’explique ce que cela veut dire un ordinateur avec 4 Go de RAM et un disque dur de 126 GO équipé d’un processeur Intel. On essaye de voir les différences entre un PC et un portable (lesquels sont encore relativement lourds du reste et n'ont de portable que le nom). On termine avec un point sur les fournisseurs d’accès à Internet. La ville n’est pas encore dégroupée et il s’agit de déterminer si chacun est bien éligible à l’ADSL. Je poursuivais ensuite par un atelier sur l’environnement de travail . Bureau, dossier, souris, fenêtre, les apprenants découvrent tout un nouvel environnement dans lequel ils se sentent un peu gauches. La manipulation de la souris pose souvent des soucis surtout quand elle sort du tapis. Après ce gros bloc d’introduction , je poursuis avec un gros bloc dédié au traitement de texte, puis un autre lié à internet incluant la messagerie et je termine par des éléments de sécurité ainsi qu’un bloc bonus dédié à la photo.
Je fais les mêmes contenus plusieurs fois par semaine et le premier groupe me sert en quelque sorte d’échantillon et me permet d’ajuster pour le second groupe. L’ensemble se fait dans la bonne humeur et la détente. Très vite je fournis des supports pour limiter la prise de note scolaire de certains. Plus tard je vais même créer des supports vidéos que je vais fixer sur DVD. L’idée était que de mettre le DVD dans le lecteur salon et de reproduire les manipulations sur son ordinateur. Je vais même créer une chaîne Youtube pour déposer ces tutoriels. Mais je n’ai pas le temps de l’alimenter et je la supprime très vite. Les contenus doivent être remis à jour sans cesse, à cause de nouvelles versions ou de nouveaux usages. Je travaillerais aussi avec des clefs USB prêts à l’emploi avec même des exercices . Sur l’organisation des ateliers, j’ai débuté par des ateliers de 3h que j’ai vite ramené à 2h. Sur 3h, je n’arrivas pas à maintenir la concentration. Il fallait faire une grosse pause de 20 minutes pour que mes seniors puissent se remobiliser. Avec deux heures, j’arrive à un bon compromis. En plus cela m’évite de me demander comment je vais meubler certains ateliers comme celui sur la recherche. En 3 heures j’incluais les opérateurs booléens, dont je ne me sers même pas moi-même . L’objectif général des ateliers n’était pas de former des experts mais de permettre une autonomie dans les gestes. L’essentiel dans ma pédagogie reposait sur la lenteur. Je devais dédramatiser, rassurer, répéter et bien sur garder le sourire.
Le mail faisait partie des ateliers incontournables du bloc internet, surtout au début. Là encore l’objectif était assez simple . Il s’agissait simplement de parvenir à envoyer un mail ou de répondre à un autre mail. Pour évaluer cet objectif, je demandais simplement qu’on m’envoie un mail. Sauf qu’il fallait que l’usager en possède un. Au début je créais des adresses mail pour chaque usager. Et je me suis posé une question assez simple : sur quel service créer une adresse mail ? 20 ans plus tard cela reste une question délicate à répondre. Pour ma part j’ai choisi Yahoo à l'époque. Tout simplement parce que mon adresse personnelle était hébergée sur Yahoo. Ce n’est certainement pas le même argumentaire que j’utiliserais aujourd’hui. Toujours est il qu’au début je faisais créer des compte mail. Je me suis vite rendu compte que cela prenait un temps fou. La saisie du formulaire de création engendrait beaucoup trop d’erreurs. Alors j’ai créé 9 adresses, une pour chaque ordinateur et une pour l’animateur. Au début je n’apprenais qu’à lire et envoyer des mails. Et puis il a fallu apprendre à distinguer le spam et les différents « hoax » dont celui de la petite Noémie atteinte d’une grave affection et qui attend toujours sa transfusion sanguine à l’hôpital de Nantes. Chacun était choqué de ce procédé mais beaucoup voulaient savoir pourquoi il était utilisé. En plus d’aiguiser l’esprit critique pour déceler les arnaques, les tentatives de Phishing et autres, j’ai donc expliqué ce que ça rapportait aux auteurs de ces messages. Et moi même je me formais en permanence en cherchant des ressources sur internet, en testant des services et parfois en les abandonnant.
from Mednum Codex
Très vite, après avoir pris mon poste, Je me suis donc inscrit à une formation universitaire à distance, le DU3Mi. Le Diplôme Universitaire “Médiation Multimédia et Monitorat d’Internet”. Animer un Espace Public Numérique, concevoir des contenus, accompagner des publics très différents : tout cela demande bien plus que de la bonne volonté. Et ce qui aurait pu être une surcharge est devenu un levier de transformation.
« Ce diplôme professionnel prépare les étudiants au rôle d’animateur dans les lieux d'accès public à l’Internet et d'accompagnateur lors de l'introduction des TIC dans les organisations. L’animateur s’adresse à des publics variés de l’élève scolarisé au seniors en passant par les personnes en recherche d’emploi. Ses qualités sont : pédagogie, créativité, écoute, neutralité, indépendance, efficacité, rapidité, transfert de compétences, animation… L’animateur, parfois appelé instructeur conçoit, organise, anime des activités d'apprentissage, enseigne certaines techniques. Il doit avoir une bonne expérience de l'activité, être compétent et donner l'exemple. »
C’est ainsi que l’université de Limoges, qui dispense ce diplôme présente le DU3MI. Le diplôme est financé pour moitié par la Délégation aux Usages de l’Internet à travers son dispositif Netpublic. De manière opérationnelle l’ensemble des cours sont organisés sur un campus virtuel. A l’époque on parle de Formation Ouverte à Distance. Mais cela n’a pas grand-chose à voir avec ce que nous connaissons aujourd’hui.
Dès le départ, mon temps de travail a été aménagé. Le matin, je me consacrais à la formation ; l’après-midi, j’accueillais le public. Cette séparation m’a permis de garder un certain équilibre, même si tout n’était pas parfait : comme je faisais la formation depuis mon lieu de travail, je devais parfois interrompre un module pour assurer un contrôle ou répondre à une urgence. Il faut se remettre dans le contexte : début des années 2000, pas de visio, pas de plateforme unique. On échangeait par mail, forums, fichiers attachés. On devait composer avec les fuseaux horaires. Un membre de notre groupe vivait au Japon, un autre au Togo. Ce dernier n’avait accès à Internet que pendant des horaires très précis. Il a fallu s’organiser pour travailler ensemble. Nous avons découvert le travail collaboratif par la pratique. Le plus souvent nous travaillions de façon asynchrone mais dès que possible on échangeait en ligne sur Mirc. Et pourtant, j’ai découvert une véritable force collective. On était des étudiants dispersés mais reliés par une même envie : transmettre, rendre le numérique accessible. On travaillait souvent en binômes ou en petits groupes et souvent avec les mêmes autres étudiants.. Cette entraide m’a porté. J’étais aussi accompagné par un tuteur à distance, ce qui m’aidait à structurer mes apprentissages. Soyons clairs : la FOAD, ce n’est pas plus facile que la formation en présentiel. C’est même parfois plus dur. Je n’étais pas préparé à cette charge de travail. Certaines semaines, je cumulais jusqu’à 70 heures de travail entre mon poste et la formation. Le plus difficile, ce n’était pas la technique, mais de tenir dans la durée, sans que cela déborde trop sur la vie de famille. J’ai eu la chance d’être soutenu par mes proches. Et j’étais très motivé : j’avais tout à apprendre, je mesurais ce que cette formation pouvait changer pour moi.
Cette formation ne m’a pas appris des “recettes” toutes faites. Mais elle m’a permis de formaliser ce, de prendre du recul, et surtout, de me relier à une communauté d’acteurs qui se posaient les mêmes questions que moi . Dans l’un des exercices nous devions imaginer notre Espace Public Numérique idéal. Au début des années 2000, nous manquons cruellement de références. Pour l’exercice de style cet EPN était situé à Nice, là où habitait l’un des membre du groupe. C’est un vrai exercice de style d’imaginer un idéal à plusieurs. Il y a deux choses qui m’ont marqué dans cet exercice.
Dès le début nous avions imaginé que notre lieu serait multiple. Il y aurait d’une part un lieu fixe , et d’autre part un dispositif mobile pour aller au plus près des habitants. Un peu dans la logique du marchand de glace, on imaginait un mini bus se déplaçant de village en village. Nous voulions que ce van soit un dispositif ouvert. C’est-à-dire que nous ne souhaitions pas que les gens viennent à l’intérieur du van pour bénéficier des services, mais que le van s’installe sur la place et déploie un abri (pour protéger les machines) et soit avant tout un espace d’échange et de partage.
Le deuxième point que nous avions mis en avant était que les appareils tournent sous Linux. Ce point a suscité beaucoup de débats. Plus sur les contraintes techniques que sur les aspects philosophiques. En 2005, je ne suis pas certain que c’était vraiment possible. Mais qu’importe nous voulions avant tout que nos usagers ne soient pas livrés aux mains de ceux qu’on appellerait plus tard les GAFAM.
20 ans plus tard on peut reconnaître là deux aspects forts de la médiation numérique : la volonté de s’adresser à tous caractérisée par une démarche proactive et la volonté d’une émancipation par le numérique. Deux valeurs de l’éducation populaire qu’on a eu tendance à oublier. Est-ce que les nouveaux professionnels sont aujourd’hui formés à s’adresser à vraiment tous les publics et à sortir des sentiers déjà tracés ? Ont-ils à cœur de mettre l’émancipation individuelle et collective au cœur de leur positionnement. ? Nous en reparlerons assurément dans un prochain article.
La formation était virtuelle mais les contenus étaient réels. Apprendre à distance, tout en travaillant, m’a permis de structurer une posture, pas seulement d’acquérir des savoirs. Ce n’était pas évident, ce n’était pas rapide, mais c’était profondément formateur. C’est aussi à ce moment-là que j’ai compris que je voulais être médiateur numérique. Pas juste quelqu’un qui “dépanne” ou “montre comment faire”, mais quelqu’un qui traduit, qui relie, qui donne du sens.
Il me semble important de préciser que je n’ai pas encore, à ce moment-là fixé le terme « médiateur numérique ». Je suis toujours officiellement animateur multimédia. Quoiqu’il en soit si j'ai validé ma formation avec succès il n’empêche que j’ai continué d’apprendre. En particulier quand il a fallu adapter ces apprentissages à mon quotidien.