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from Sing it out loud, who made us this way?

Tu veux entrer en collision Avec le système de douleurs Qui tournoie en lévitation Autour de mon absente pudeur

Tu veux le délice de l'immense Liesse nocturne d'herbes en délire Me rencontrer dans la caresse Aiguë de leurs lames, de leurs rires

Tu veux te diluer dans l'espace électrique D'où émergent mes gestes la source amnésique De mes regards fuyants – tu veux que le Léthé De sa longue langue liquéfie ta brûlure salée

En dehors En dedans C'est d'accord Mais avant

Ressaisis-toi, ne renonce à rien sauf à moi Qui ne suis jamais qu'un fourmillement sous tes doigts.

 
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from Impulsion Végé

Faire des gâteaux sans oeuf sans beurre sans lait ? C'est faisable, et même que c'est assez facile !

Cette semaine j'avais envie d'un gâteau au citron. J'ai cherché une recette, la première version ne me convenait pas, trop gras à mon goût. J'en ai fait un deuxième en changeant d'huile et en la diminuant et ... le résultat est plutôt pas mal.

Gâteau moelleux au citron dans son moule

Ceci est donc un gâteau moelleux, fondant dans la bouche, mais qu'il vaut mieux servir dans une petite assiette avec une cuillère qu'emmener en pique-nique. Il s'émiette facilement.

Gâteau moelleux au citron démoulé

Ma recette :

Matériel : Un moule rond de 20cm de diamètre.

Ingrédients : – 200g de farine T55 – 130g de sucre – 4g de bicarbonate – 200ml de lait d'avoine – 80ml d'huile d'olive – Le jus et le zeste d'un citron

Instructions : 1. Préchauffer le four à 180° et mettre du papier cuisson ou huiler le moule. 2. Dans un grand bol, mettre les ingrédients secs. 3. Ajouter les ingrédients liquides peu par peu en mélangeant. 4. Verser la pâte dans le moule et mettre au four pour 45 minutes. Vérifier la cuisson, chaque four étant différent. 5. Laisser refroidir avant de démouler.

La recette originale, je l'ai trouvé ici : Gâteau citron vegan savoureux

#GâteauVégétalien

 
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from Blog d'une enfant de ce siècle

COUP DE GUEULE D'UNE ANTI-FASCISTE

Quand j’entends encore certains excuser Elon Musk d'avoir osé ce fameux salut nazi (dixit ce ne serait « pas un argument » pour y voir un sérieux problème), ou soutenu le parti de l’AFD, à quoi doit-on s’attendre avec moi? A ce que j’en parle, bien sur. (Aucune pudeur!)

LAHORDE.SAMIZDAT.NET

(Ci-dessus le drapeau de L'Antifascistiche Aktion, que porte aujourd'hui La Horde)

Je suis ANTI-fasciste. Je revendique d'être ANTI, ça ne fait pas de moi une femme haineuse ou sans valeur, mais quelqu'un qui se positionne, avec toute la conscience de mes origines allemandes. Est-ce que ça augmente les rapports de force, et m'incite à faire la guerre avec mes semblables? Je crois surtout que ça m'aide à me rappeler qui je suis, et les valeurs que je veux défendre.

Mon grand-père maternel, allemand, luttait contre le régime nazi en réceptionnant des lettres de délation. Il essayait de sauver le plus de monde possible avant d'être arrêté par la gestapo, c'est par chance qu'il s'en est sorti. Ma grand-mère paternelle, bretonne, cirait à fond les marches de chez elle pour que les soldats nazis se rétament. Ce n’est pas pour ça que je suis anti-fasciste, mais ce sont des fiertés en plus. J’ai aussi un neveu américain qui a changé de genre pour mieux trouver sa place dans ce monde, et une amie qui est en phase de le faire. (Big Up à ielles)

Honni soit qui mal y pense, que les médisants aillent chercher eux-même la différence entre un genre et un sexe.

Voilà une vidéo qui peut aider à clarifier les choses : Et tout le monde s'en fou, “Et tout le monde s'en fout #72 – Le genre –”

Le prochain qui me dit qu'il n'est pas pour l'idéologie transgenre parce qu'on ne peut pas changer de sexe, je le fuis. Tout comme ceux qui pourraient se réclamer français “pure souche”. Manon Bril met en évidence l'absurdité de l'expression dans ce sketch sur la salade de fruit.

La colère que j'ai dans ces cas-là, elle éclate contre la fabrique de l'ignorance, qui aide les puissants les plus dangereux à gagner du pouvoir. Je retrouve cette colère chez certains artistes, au sujet de la montée du RN, surtout depuis les élections européennes 2024. Notamment dans ce morceau sur Instagram:

« P »papillon

Cela dit, s'il vous plaît ne faites pas comme lui... Le cocktail Molotov c'est pas buvable... Il y a peut-être mieux que l'incendie et le suicide pour militer contre cette mascarade.

Je pense également à H-Tône et cette vidéo dans Blast:

Marine a beau effrontément prétendre que son parti n’est pas d’extrême droite au nez des journalistes américains du CNN, malgré tout l’histoire du RN a des arguments plus lourds pour montrer le contraire.

Cette manipulation des masses (dont les contradictions ont ressurgi lors de la condamation de Mme Le Pen) revient à nier la vérité des faits et installer la confusion, au même titre que le gaslightning que Trump fait subir aux USA. Tout ça pour conclure que les « empêcher (…) d’arriver au pouvoir, c’est une menace. » Une menace contre une menace, la belle affaire... Et si c'en est une, c'est que cette manipulation fonctionne sur certains.

La chaîne YouTube Partage C'est Sympa contient une vidéo à ce sujet: “Pourquoi les électeurs votent Rassemblement National?”

Alors, comment on milite contre la menace de la montée du RN, la “Croyance en un monde juste” et la convergence des haines? (Hacking social parle de ce phénomen dans sa vidéo “La convergence des haines – conférence de Kylian DUCHEMIN”)

Crier sur les réseaux ne m'intéresse pas. Je préfère partager sur ce blog toute cette matière, et la liste de tous les groupes répertoriés extrême droite à Nantes, qu’on peut éviter, ou partager par prévention. Cette liste m'a été communiquée par le biais d'un atelier militant pour l'éducation populaire. (À compléter)

Groupes d'extrême droite à Nantes
Carte des partis d'extrême droite en Bretagne

La Horde partage aussi ce document sur son site:

Partis d'extrême droite

On peut aussi boycotter certaines références, liées à la contre-culture d'extrême droite comme les éditions Chirée, la librairie Dobrée, etc...

Il y aussi des moyens de poser des actes militants contre l'expansion du fascisme, du racisme, du sexisme, de l'ultra capitalisme... On peut en parler, instruire les personnes qui y sont ouvertes, aller voter, ouvrir de vrais débats, chercher les assos, partis ou syndicats qui s'organisent, et se rassembler dans des événements qui vont dans ce sens. Si la “menace” ne disparaîtra pas, la lutte subsistera aussi bien.

Livre conseillé : « Les origines du totalitarisme » de Hannah Arendt. EAN (du 1er tome) 9782020687324 Pour ceux qui préfèrent les podcasts, France Culture en parle.

 
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from Sing it out loud, who made us this way?

La nuit renversée de son dôme ne cicatrisera plus On recense des nuances d'apocalypse dans certaines aurores boréales Et des râles fossiles craquent à chaque tremblement de terre. D'où vient ce bleu ? Quel vicieux Abysse de goudron réfute sa sublimation, crève sous mon front Et concasse des planètes Dans une phosphorescente obstination ? D'où vient ce bleu - De quel côté du mécanisme Qui me fait grincer vers toi juste pour ta main sur ma cuisse ?

 
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from Ma vie sans lui

Mon petit fantôme

J'ai l'impression que je n'y arrive plus. Mon amoureux est présent plus que jamais depuis “le jour où”, tel un petit fantôme qui s'accroche et qui ne veut pas lâcher l'affaire. Il est là au boulot, dans les échanges avec les élèves, dans les échanges avec les collègues, il est dans les moments de doute, dans les moments plus légers, il est dans tout ce qui me reste de lui et que je vais devoir déménager, il est surtout dans ma tête, en permanence, tout le temps, partout.

Il est aussi dans l'ironie du fait que je l'appelle mon “petit fantôme” car c'est un terme qu'il m'avait attribué, suite à une séance assez épique de changement de housse de couette où je m'étais retrouvée emberlificotée dedans, et qu'il avait prise en photo, pour se moquer gentiment de mes contorsions.

J'ai l'impression que je n'y arrive plus. Je n'arrive plus à faire comme si j'étais forte, comme si j'étais en train de surmonter ce deuil, je n'arrive plus à me motiver à aller au boulot, je n'arrive plus à penser à autre chose que ce trou qu'il a laissé en moi et à un avenir sans lui. Je n'y arrive plus.

Je n'arrive même plus à lire, ce qui ne s'était jamais produit depuis que je sais lire (soit 50 ans, environ). J'ai eu des périodes où j'ai moins lu (quand mes enfants étaient bébés et/ou petits) mais jamais de moments où je n'arrive plus à me concentrer sur les pages que je lis, sur une histoire, aussi intéressante soit-elle. J'ai essayé les polars, la littérature jeunesse, les essais. Je n'y arrive plus. Quand j'ouvre un livre, mon regard flotte sur les premières lignes et au bout d'un moment, il se floute et passe au travers des mots, à la recherche de qui, de quoi, je ne sais pas mais il se perd dans les lettres écrites ici et qui ne trouvent plus de sens. La BD semble la seule chose qui reste encore à ma portée. C'est frustrant à l'extrême, j'en pleure de rage. Ne plus parvenir à faire ce qui était le pilier de mon existence crée une sorte de second deuil.

Je sais que cela reviendra, qu'il y aura un jour où je parviendrai à nouveau à lire et à y prendre du plaisir mais pour l'instant, l'évasion que procure la lecture n'est plus à ma portée, empêtrée que je suis dans ce chagrin sans fond.

Alors, j'ai commencé à trier les livres de la bibliothèque, ceux de mon amoureux, je veux dire. Il y a en plein que je souhaite garder mais d'autres qui n'ont pas d'intérêt pour moi. Je vais les éparpiller dans des boites à livres, ce sont de bons livres, en bon état. Mais auparavant, j'ai dû les vider car ils sont parsemés de coupures de journaux, en lien avec le thème ou l'auteur. De l'un d'eux, particulièrement chargé, est tombée une photo.

L'image est floue, très floue même, sans doute le résultat d'une expérimentation d'un atelier photo avec les jeunes dont s'occupait mon amoureux (il aimait bien travailler sur l'image avec eux). La photo, en noir et blanc, le montre, assis ou accroupi devant un bâtiment plutôt crasseux. Il porte une de ses chemises à carreaux et tient à la main un livre (?). Il est jeune, ses cheveux sont un peu longs et sa barbe est déjà là. Il me regarde, un peu penché (le cadrage est hasardeux). Il me regarde, à la fois dans le passé et au-delà de la mort, le flou accentuant encore cette impression. On dirait un peu une de ces vieilles images de fantômes prises au début du 20e siècle...

C'est la deuxième fois qu'une photo de lui me tombe dessus, littéralement parlant. La première fois, c'était il y a un mois tout juste, le jour de mon anniversaire. Je commence à me demander si je vais en trouver une troisième le 21 juin. Je ne pourrais sûrement pas m'empêcher d'y voir un signe. Un signe de quoi ? Il n'y a plus rien à attendre.

Je suis fatiguée et il me manque, comme au premier jour. Je n'ai pas avancé d'un pas. J'en suis toujours à la douleur de l'avoir perdu, au sentiment d'injustice qu'un amour aussi intense ait été brisé net, au manque qui se fait ressentir physiquement et à la terreur d'envisager un avenir sans lui.

Je n'ai pas avancé d'un pas.

 
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from Impulsion Végé

Autant ne plus jamais manger de viande de ma vie ne me pose aucune diffilculté, autant me passer de crêpes est une chose totalement inconcevable. Alors lorsque j'ai entrepris mon processus de végétalisation de mon alimentation, trouver une recette de crêpes végétaliennes a été ma priorité.

Il se trouve que c'est beaucoup plus facile que je ne me l'étais imaginée ! Pour faire des crêpes, il faut de la farine et du lait végétal !

Oui, seulement avec ces deux ingrédients, c'est possible de faire des crêpes ! La recette je l'ai trouvé sur ce blog qui explique tout bien comme il faut : Crêpes vegan

Crêpes

Bon, ça c'est la base de la base. Mais quand même, c'est meilleur en rajoutant de la matière grasse. Et puis du sucre aussi. Eventuellement un arome. En fait, on peut personnaliser comme on veut, selon le goût et la texture qu'on préfère.

Comme c'est une recette que je fais souvent, et que j'ai déjà personnalisé de plusieurs façons différentes, il m'est arrivé d'avoir quelques loupés. Mais c'est pas grave, j'ai appris de mes erreurs pour faire de meilleurs crêpes !

Quelques astuces d'après mon expérience :

  • Remplacer une partie de la farine de blé par une autre farine, c'est possible, mais mieux vaut tester à petites doses. J'ai eu un échec cuisant en ayant mis trop de farine de coco par exemple une fois, et impossible de faire des crêpes avec !

  • Le temps de repos, c'est vraiment utile ! Je réussis toujours mieux mes crêpes en ayant préparé la pâte la veille.

  • La crêpe est mieux réussie quand on la laisse cuire tranquillement ! C'est quelque chose que j'ai mis longtemps à comprendre. J'ai toujours eu tendance à être en stress devant ma poêle, et à essayer de décoller les bords à peine formés. Et j'ai souvent eu des problèmes de crêpes qui ne se décollent pas bien, qui se déchirent. Et j'ai pu constater que quand je suis occupée à vider le lave-vaisselle ou à préparer les autres éléments du petit-déjeuner en même temps que je fais cuire mes crêpes, je n'ai plus aucun problème à décoller et à retourner. Donc, voilà, la crêpe, on lui fiche la paix !

  • Autre détail qui a son importance pour la réussite des crêpes : une crêpière en bon état ! Vraiment, ça fait une différence, j'ai testé ça aussi !

Donc, après ces informations de la plus haute importance, voilà ma recette, testée et approuvée !

Pour une dizaine de grandes crêpes !

Ingrédients : – 250g de farine T65 – 550ml de lait d'avoine – 20g de sucre – 20ml d'huile neutre – une pincée de sel – Au choix : vanille, fleur d'oranger, cannelle, ...

Instructions : 1. Dans un grand bol, mettre la farine et la pincée de sel. 2. Former un puit, y mettre le sucre, l'arôme et l'huile. 3. Verser peu à peu le lait végétal en mélanger. 4. Laisser reposer autant que possible avant de commencer à cuire.

#CrêpesVégétaliennes #PetitDéjeunerVégétalien

 
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from Ma vie sans lui

Un pas en avant, deux pas en arrière

Cette semaine, j'ai eu plein de moments bleus, des coups de tristesse voire des attaques de vrai chagrin. J'ai sangloté dans mes assiettes (cela m'arrive souvent le soir, à table, dans cette cuisine où rôde le souvenir de son corps étendu là, à quelques centimètres, les yeux définitivement clos à la vie, à l'amour, à la joie), j'ai pleuré plus discrètement au collège, au supermarché, au marché, j'ai étouffé des cris de rage dans mon oreiller avant de dormir, seule, toujours et encore seule, sans lui.

Pourquoi cette semaine particulièrement ? Parce que c'était le 9e mois qui commençait, 9 mois d'absence, de désert, de larmes et de regrets. Parce que j'ai bravement donné mon préavis pour quitter cet appartement, que je serai partie avant même l'anniversaire du “jour où” et que c'est à la fois un soulagement et une douleur. Parce que nous avons été si heureux ici et moi si malheureuse ici. Parce que j'ai signé ma demande de prêt pour acheter la maison et qu'il aurait dû être là avec moi, c'était le projet que nous avions commencé à ébaucher ensemble et que je me retrouve seule à signer, malgré ma trouille de ne pas réussir à m'occuper de cette grande maison, de prendre un crédit plus long que prévu, de ne pas supporter cette aventure. Parce que les moments du quotidien où il me manque sont toujours aussi nombreux, malgré toutes les choses auxquelles j'ai à penser actuellement et qui pourraient me distraire un peu de cette mélancolie.

Sa main dans la mienne en attendant notre tour chez le maraîcher de la halle le samedi. Les chatouilles dans le lit au réveil. Sa silhouette dans l'encadrement de la porte de la salle de bain quand je me douche (et sa petite phrase “Tu m'as appelé ?”, prétexte à venir me voir nue). Ses textos du matin quand j'arrive au boulot. Ses baisers avant la sieste du week-end. Son bras autour de moi pendant le sommeil.

Et tout ce qui aurait pu avoir lieu cette semaine, s'il avait été là : son stress avant le rendez-vous à la banque, sa fierté quand je lui aurais montré le livre auquel j'ai collaboré et que j'ai enfin reçu, ses commentaires moqueurs sur mon trop-plein de conscience professionnelle, ses questions impatientes pour savoir si C. ou J. ont réussi leur oral de brevet.

J'avais l'impression, il y a une semaine, d'avoir fait un grand pas en avant dans ce deuil, de commencer à me faire à l'absence, de me projeter efficacement vers l'avenir. Je l'entendais me souffler “Petite forte !” dans l'oreille.

Forte, je ne suis pas. Ni courageuse. Profondément triste encore. Et découragée, et seule, si seule...

Je me suis fait la réflexion ces derniers jours que je n'avais plus eu de nouvelles de ses collègues, pourtant si bouleversés par sa mort, depuis le jour où nous avons dispersé ses cendres. Je n'ai même plus de contacts avec son père, qui ne m'envoie des messages que lorsqu'il y a un truc administratif à régler (avec la déclaration d'impôts 2024, je crois que nous en avons fini avec les paperasseries).

Un grand pas en avant, ça ne suffira pas si je dois faire autant de petits pas en arrière, tout le temps. J'aimerais que le chagrin s'efface, que la douleur s'estompe, que le temps fasse son œuvre mais il ne semble pas pressé, il flâne, il flemmarde, il serpente entre les obstacles, il s'étire indéfiniment. Et moi, j'ai encore mal, si mal...

 
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from Il n'y aura pas de f(r)iction.

Laisse moi voir venir le jour

[Manu Chao – La vie à deux]

La septième chambre est en vérité un salon-salle à manger dans un trois pièces où je suis installée par convention de jeune adulte, parce que nous avions besoin de place pour étudier et qu'il y a un bureau où ranger le mec. Dans le salon je dors par petits morceaux inquiets, je lis toujours, je tape mes rapports de stage j'ai installé la bouilloire, je mange mieux, je regarde des films et les premières séries télévisées, je suis très souvent à la fenêtre parce que la vue sur la cathédrale et sur la forêt noire est incroyable, je vois les tours tomber en direct, je vois le pont Churchill partir en morceaux, je vois la médiathèque pousser, je vois les squats du môle Austerlitz disparaître, je vois que j'aime ce quartier, je vois mon vélo garé en bas, je vois ma mère se garer en bas à 3h du matin je rafle tout ce que je peux sur l’étendoir à linge je mets n'importe quoi dans mon vanity, je gémis parce que j'ai fais trop de bruit, je descends vite vite avec mon petit sac je tombe dans les escaliers, je rentre une semaine après et je range les caleçons que j'ai commandés sur la Redoute, sans un mot, avec une mèche de cheveux brûlée au white spirit et dans mon sac le journal gratuit des petites annonces immobilières.

La huitième chambre brûle un jour d'hiver plein de neige et je n'ai jamais eu autant de peine, parce que je n'y ai jamais eu autant de joie. Le parquet est bleu, la connexion Internet est à moi, le balcon donne sur l'Allemagne, je me suis concentrée et j'ai choisi des rideaux, j'ai acheté un lit une place, et puis un lit deux places parce que quand j'attends que quelqu'un se gare c'est toujours quelqu'un qui va m'aimer, sur le parking un matin un garçon sort en se recoiffant, de la main gauche je lui fais un petit signe, de la main droite j'appuie sur le bouton de l'interphone pour ouvrir à celui qui a prit le train à 5h30 pour venir, ils se croisent mais ne se connaissent pas, le temps qu'il monte au troisième j'ai changé les draps comme dans cette pub Ikea. Dans la huitième chambre j'ai une armoire à glace parce que j'ai une haute opinion de moi même, nous avons dormi à huit la nuit de mes trente ans, j'ai déchiré des lettres romantiques, hurlé de fureur et de volupté, jeté une paire de chaussons par la fenêtre sur le type qui venait de me larguer et qui fuyait sur son vélo, écouté du rock indé en faisant fi de mes voisins, j'ai arrêté de fumer à l'intérieur, ensuite j'ai aussi arrêté de fumer, j'étais toute nue sur mon lit quand j'ai demandé quelqu'un en mariage par SMS, et puis j'ai tout vendu sur le bon coin, je suis revenue par le TGV deux mois plus tard pour rendre les clés.

 
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from Il n'y aura pas de f(r)iction.

Dans le thé, des langues de chat, en silence.

[Kat Onoma, La Chambre]

Je ne me souviens pas de celle de la Loch.

La seconde, si. Il y a un lit d'une place et demie, ancien, à grands montants, très haut, probablement un don de mes grands parents, qui prend toute la place dans la pièce, au pied duquel est collé le lit pliant dans lequel dort mon petit frère, puisque, même si c'est dangereux donc interdit, je lui fais faire des roulades, de mon lit au sien. Il y a mon pot de chambre, dans lequel j'ai fais tomber ma peluche Popples, et depuis je ne veux plus jouer avec même si maman l'a lavée, la maison des bidibulles posée sur ma commode, mon mange disque orange, les livres de l'Ecole des Loisirs.

La troisième, c'est la mienne. J'ai un lit de grande fille, une armoire pour ranger mes jouets, une étagère pour mes livres et une penderie trois portes avec des miroirs qui me plait énormément parce qu'elle reflete l'intégralité de la pièce, mais qui m'agace aussi parce qu'elle sert aussi pour ranger les vêtements des autres et que tout le monde y a accès, l'un des miroirs d'entre est fendu parce que j'ai fais karateka avec mon pied dedans, ma mère a hurlé, mais rien de plus grave qu'une cicatrice sur ma cheville, mon frère en a une à l'arrière du crâne où les cheveux n'ont jamais repoussé car je l'ai poussé contre le radiateur qui garde une toute petite tâche de sang, c'est aussi sur le rebord de cette fenètre qu'un corbeau a plongé en piqué pour dévorer l'une de mes tortues qui prenaient le soleil dans leur aquarium, le papier peint en face de mon bureau est maculé de tâches d'encre car j'écris énormément avec un style qui fonctionne mal c'est une chambre pleine de bagarre à première vue, parce que je claque souvent la porte pour empêcher les autres d'y entrer, au bout d'un certain temps en début d'adolescence je bloque la porte avec ma chaise de bureau, je suce de la pâte à sel et d'autres horreurs en relisant toujours les mêmes livres.

La quatrième est immense, c'est la plus grande pièce de la maison, j'ignore pourquoi on me l'a attribuée et pas à mes parents, et puis je comprends, toujours cette armoire encombrante, et puis la suite parentale est équipée d'un dressing sous les toits et d'une petite salle de bains privative où s'isole maman, Papa à son bureau, mon frère a installé sa batterie dans la soupente, et moi j'ai une chaine hifi surpuissante et mon walkman car j'écoute beaucoup de musique et il fait beaucoup de bruit. Je danse, je danse, je danse mais déjà il faut partir dans une autre maison où nous serons moins loins les uns des autres et où il fera peut être moins froid.

La cinquième est toute petite, elle donne sur le toit en pente de la véranda, d'où je vois chacun, dissimulée de tous, je m'y installe pour fumer quand le reste de la famille est absent, et je repère depuis mon perchoir le spot cigarette de ma mère, au sommet de la rue à l'orée de la forêt, c'est un banc isolé, c'est aussi là où on capte le réseau téléphonique de sa mobicarte pour tous les appels qu'elle ne peut pas passer avec le fixe, c'est la chambre des secrets, j'y fais griller des marshmallow à la bougie et j'y révise mon bac, j'y gratouille ma guitare et je crois bien que lorsque j'ai invité à dormir pour fêter mes 17 ans Lily, John, La Drey et le Benevent, ces derniers y ont fait l'amour, enfin c'est ce que Lily m'a dit le lendemain, moi je sais déjà que je n'y ferai jamais l'amour, que ça m'attend ailleurs, d'ailleurs l'amour s'en est allé.

La sixième est dégueulasse. Les murs puent la clope en permanence et je n'arrange pas les choses, la vue sur le parking est morose, tous mes voisins m'entendent quand je baise, les meubles universitaires sont en plastique et j'y suis souvent paisiblement en sous nutrition avec des sachets de thé lipton infusés plusieurs fois par économie, des gateaux achetés chez Aldi et des nouilles chinoises instantanées que je prépare en tournant à fond le robinet d'eau chaude puisqu'il n'y a rien pour cuisiner. C'est pourtant le premier endroit où j'ai dormi lourdement et paisiblement, le premier endroit où j'ai ressenti tellement d'émotions, le premier endroit où j'étais seule avec mon corps, comme un mollusque introspectif et paresseux. Je finis par la nettoyer toutes les semaines et par ne plus prendre le train pour rentrer car qu'est ce qui m'attend d'autre que ces 9 mètres carrés ?

Ha oui. La vie à deux.

 
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from Depuis les Gorces

On aimerait toustes qu'un groupe puisse fonctionner bien sans avoir besoin de perdre du temps à construire des règles. Si on a réuni que des gens très bien, ça devrait marcher, non ?.

Rêve d'horizontalité

Il y a presque 10 ans, je créais une association avec quelques copines pour développer la recherche participative dans le monde du cheval. À cette époque, j'avais deux craintes pour cette association :

  • Que ça ne soit que MON association. J'assistais aux déboires d'une association centrée sur une personne autocratique qui en avait été 40 ans à la tête et qui avait fait souffrir un peu tout le monde. Je voulais que l'association qu'on créait soit une association au service d'un projet et pas d'une personne.
  • Que les gens nouveaux ne trouvent pas facilement leur place. J'avais envie qu'on soit débordées de nouvelles personnes et que ça ne reste pas que le projet d'une bande de copines.

Je crois qu'on a bien réussi. Au bout d'un an on était déjà 100 membres de toute la France. Au bout de 3 ans, comme je l'avais annoncé au départ, j'ai quitté le poste de présidente. Et aujourd'hui, il n'y a plus personne de l'équipe de départ dans le bureau, et l'association vit sa meilleure vie !

La découverte d'un vieil article féministe

Du coup, à l'époque, j'avais fait de la biblio pour comprendre un peu mieux les organisations, et j'étais tombée sur cet article absolument génial de Jo Freeman :

Il s'agit d'un article écrit par une femme militante féministe qui analyse les jeux de pouvoir au sein des collectifs féministes des années 1970. Elle montre qu'en l'absence de structuration explicite, tout collectif reproduit les systèmes de domination en cours dans nos sociétés 😔.

« Le laisser-faire au sein du groupe est à peu près aussi réaliste que le laissez-faire dans la société. L’idée [d'une absence de structure] devient un écran de fumée qui permet aux forts ou aux chanceux d’exercer sur les autres un pouvoir que personne ne viendra remettre en question »

Passons donc au résumé de l'article.

1. Il y a toujours des structures informelles dans les groupes

La première idée forte de cet article serait assez banale en sociologie. Quel que soit le groupe ou le collectif, il y a toujours une structuration qui se fait, le plus souvent de manière informelle, c'est-à-dire sans que personne ne l'ait vraiment décidé.

Any group of people of whatever nature that comes together for any length of time for any purpose will inevitably structure itself in some fashion.

N’importe quel groupe d’individus – quel que soit sa nature, sa longévité ou son but – va inévitablement se structurer d’une manière ou d’une autre.

L'absence de structure ne conduit pas à une absence de hiérarchies ou de jeux de pouvoir, au contraire, elle donne davantage de pouvoir à certaines personnes sans que ça ne soit le fruit d'une décision collective.

Thus structurelessness becomes a way of masking power, and within the women's movement is usually most strongly advocated by those who are the most powerful (whether they are conscious of their power or not).

Ainsi, l’absence de structures devient une façon de cacher le pouvoir, et ce sont en général les membres les plus puissantes des mouvements féministes (qu’elles soient conscientes ou non de leur pouvoir) qui en sont les plus ferventes partisantes.

2. Le pouvoir de l'élite

Jo Freeman constate qu'un petit nombre de personnes qui prend toujours le pouvoir informellement dans les groupes. C'est ce qu'elle appelle l'élite de ce groupe.

Correctly, an elite refers to a small group of people who have power over a larger group of which they are part, usually without direct responsibility to that larger group, and often without their knowledge or consent.

Correctement utilisé, le terme « élite » fait référence à un petit groupe de gens qui détiennent du pouvoir sur un groupe plus large dont ils font partie, généralement sans avoir à lui rendre de comptes et souvent, sans que le groupe plus large ne le sache ou ait donné son consentement.

Une copine de militantisme me disait que quand on rejoint un tel groupe, on a la sensation de venir « à leur table ». On n'est pas égaux, on est invités, et donc on doit bien se tenir et ne pas trop mettre le bazar.

Le groupe d'ami·es

L'élite est très souvent un groupe d'ami·es qui pré-existait au collectif. Ces personnes se connaissent, elles s'appellent en dehors des réunions, elles partagent des infos entre elles. Et lors des réunions, elles font en général bloc contre les nouveaux sans s'en rendre compte.

Elites are nothing more, and nothing less, than groups of friends who also happen to participate in the same political activities. They would probably maintain their friendship whether or not they were involved in political activities;

Les élites ne sont ni plus ni moins qu’un groupe d’amis dont il s’avère qu’ils sont impliqués dans les mêmes activités politiques. Leur amitié persisterait sûrement en dehors de tout engagement politique et, de même, leur engagement politique perdurerait même s’ils n’étaient plus amis.

Une copine militante me faisait récemment remarquer qu'une règle d'or pour elle c'est que toutes les décisions soient prises pendant les réunions. Ou son corollaire qui est plus clair : qu'aucune décision ne soit prise en dehors des réunions. Cette règle permet d'éviter qu'on prenne une décision pendant la réunion du groupe, avec tout le monde présent, et qu'ensuite quelques hommes aillent boire des bières ensemble et décident dans leur discussion qu'en fait non, c'était pas la bonne décision.

Plusieurs élites

Quand le groupe est grand (comme dans un parti politique), il peut y avoir plusieurs élites qui correspondent en général à plusieurs courants. Ces courants se battent pour remporter l'adhésion de l'ensemble du groupe pour le pouvoir formel.

In a Structured group, two or more such friendship networks usually compete with each other for formal power. This is often the healthiest situation, as the other members are in a position to arbitrate between the two competitors for power and thus to make demands on those to whom they give their temporary allegiance.

Dans les groupes structurés, ce sont généralement deux ou plus de ces réseaux informels qui sont en compétition pour l’obtention du pouvoir formel. Cette situation est souvent la plus saine, dans la mesure où elle permet aux autres membres du groupe d’arbitrer la compétition entre les deux prétendants au pouvoir, et ainsi d’imposer leurs revendications à ceux à qui ils prêtent temporairement allégeance.

C'est qui l'élite ?

Il est relativement simple de savoir qui forme l'élite d'un groupe.

  1. Ce sont des personnes qui communiquent beaucoup entre elles, et ignorent plus ou moins le reste du groupe.
  2. Ce sont les personnes à qui il faut demander pour qu'une décision soit prise pour le groupe.

Dans un groupe que j'ai rejoint récemment, j'ai parlé d'une idée à une autre personne qui m'a directement répondu : « Faut que tu en parles à C. ». J'ai donc ainsi appris que C. était en haut de cette hiérarchie informelle et que c'est elle qu'il faudrait convaincre (courtiser ?) si je veux rejoindre cette élite et faire avancer mes idées / participer aux décisions du groupe.

Comment faire partie de l'élite ?

La façon la plus simple, c'est évidemment la co-optation en trouvant une genre de parrain / marraine dans l'élite. Sinon, il faut jouer avec les mêmes règles que pour se faire des ami·es : partager les mêmes codes sociaux, les mêmes valeurs, socialiser dans les mêmes lieux, courtiser, etc. En gros, c'est la cour de récré du collège. Et pas de bol pour moi, j'y étais globalement assez nulle pour intégrer les groupes en vue...

The characteristics prerequisite for participating in the informal elites of the movement, and thus for exercising power, concern one's background, personality, or allocation of time. They do not include one's competence, dedication to feminism, talents, or potential contribution to the movement. The former are the criteria one usually uses in determining one's friends. The latter are what any movement or organization has to use if it is going to be politically effective.

Ces prérequis à la participation au sein des élites informelles, et donc à l’exercice du pouvoir, concernent surtout l’origine, la personnalité, ou le temps passé à contribuer au mouvement. Ils n’ont rien à voir avec les compétences, le dévouement au féminisme, les aptitudes ou les contributions potentielles au mouvement. La première catégorie de prérequis est celle qu’on applique généralement lorsqu’on choisit ses amis. La seconde concerne plutôt les compétences dont n’importe quel mouvement ou organisation a besoin s’il veut avoir un réel impact en politique.

Un critère d'appartenance à l'élite d'un groupe, c'est donc d'avoir du temps pour socialiser avec ce groupe, et aussi d'avoir du temps tout court pour bosser pour le collectif.

De facto, on exclue les personnes qui n'ont pas tout ce temps :

  • Handies, personnes fatiguées, etc
  • Parents, personnes aidantes
  • Personnes engagées au travail car carriériste, ou personnes qui cumulent plein d'emploi juste pour réussir à nourrir leurs familles

Quand on exclue ces personnes de l'élite (sans en avoir conscience), on les exclut des prises de décision, et à la fin on fait sans elles, et pas vraiment en leur nom.

3. Le star-system

Une des conséquences négatives d'un fonctionnement purement informel, c'est qu'il renforce le star-system. Puisqu'il n'y a pas de chef·fe ou de représentant·e officiel·les, les personnes à l'extérieur du groupe érigeront certaines stars du groupe en porte-parole.

Il y a un groupe féministe qui se veut totalement horizontal sur notre territoire et je me posais la question de leur position sur un incident. L'une d'entre elles me dit : « Toutes nos paroles ont la même valeur, il n'y a pas de cheffe ». Et ça sonnait ultra faux pour moi. J'étais convaincue que la parole d'une des femmes moins populaire dans leur groupe risquait d'être désavouée ensuite. En tous cas, pour moi, de l'extérieur, les représentantes étaient les grandes gueules / les personnes les plus connues du groupe, même si ça n'était pas leur volonté.

J'ai l'impression que c'est aussi ce qui est beaucoup arrivé dans le cadre des gilets jaunes. Certaines personnalités charismatiques sont devenues des porte parole sans avoir été désignées comme tel par leur groupe.

But because there are no official spokespeople nor any decision-making body that the press can query when it wants to know the movement's position on a subject, these women are perceived as the spokespeople. Thus, whether they want to or not, whether the movement likes it or not, women of public note are put in the role of spokespeople by default.

Mais parce qu’il n’existe pas de porteparole officiel ou d’organe décisionnel que la presse peut interroger lorsqu’elle désire connaître le point de vue du mouvement sur un sujet donné, ces femmes sont amenées à jouer le rôle de porte-parole. Ainsi, qu’elles le veuillent ou non, et que cela plaise ou non au mouvement, les femmes bénéficiant d’une certaine notoriété se voient attribuer cette fonction par défaut.

Parfois, les femmes qui deviennent des stars sont stigmatisées dans leur groupe où les autres leur en veulent, et elles finissent parfois malheureusement par quitter le mouvement. Ce qui n'est jamais une bonne chose.

4. L'impuissance politique

Le dernier reproche que fait Jo Freeman aux collectifs qui refusent de s'organiser, c'est leur impuissance politique.

Il y a quelques collectifs non structurés qui fonctionnent, mais ils sont rares, et ils partagent les caractéristiques suivantes :

  1. Le groupe a pour but la réalisation d'une tâche précise, comme publier un journal ou organiser une conférence.
  2. Le groupe est de petite taille et homogène. En gros, c'est le groupe de copaines du départ.
  3. Les personnes communiquent bien au sein du groupe.
  4. Les tâches à réaliser sont peu spécialisées : chacun peut faire chaque tâche.

Quand ces conditions ne sont pas réunies, ces groupes fonctionnent mal et ne sont pas efficaces selon Jo Freeman. C'est ce qui explique, selon elle, que les seuls collectifs qui se font entendre à large échelle sont des collectifs bien structurés.

La solution : structurer le groupe de manière formelle

La seule solution est de structurer démocratiquement le groupe, et pour ça, Jo Freeman recommande 6 principes.

  1. Les mandats : Déléguer une forme d’autorité spécifique à des individus spécifiques, dans le but d’accomplir des tâches spécifiques, via des procédures démocratiques
  2. Exiger de tous ceux à qui une forme d’autorité a été déléguée qu’ils rendent des comptes à ceux qui les ont sélectionnés. « C’est ainsi que le groupe peut exercer un contrôle sur ceux qui détiennent l’autorité. Même si le pouvoir est entre les mains d’individus, au final, c’est le groupe qui décide comment ce pouvoir est exercé. »
  3. Répartir l’autorité entre le plus d’individus possible, dans les limites du raisonnable. Ceci évite le monopole du pouvoir, et force les détenteurs de l’autorité à consulter de nombreuses autres personnes lorsqu’ils l’exercent. Ces personnes ont alors l’opportunité d’être responsables de tâches spécifiques, et par conséquent d’acquérir différentes compétences.
  4. Faire tourner les tâches entre les individus. Si une personne conserve les mêmes responsabilités trop longtemps, de manière formelle ou informelle, ces responsabilités en viennent à être perçues comme « appartenant » à cette personne, qui a alors du mal à y renoncer, et tout contrôle par le groupe devient difficile.
  5. Diffuser l’information à tous les membres le plus souvent possible. L’information est le pouvoir. Accéder à l’information augmente le pouvoir des individus. Je trouve que c'est beaucoup plus facile aujourd'hui avec les boucles de diffusion type Signal.
  6. Donner à toustes le même accès aux ressources dont le groupe a besoin. Jo Freeman prend ici l'exemple de la presse à imprimer et je ne suis pas sûre de ce que seraient les équivalents dans les collectifs que je connais. Le budget ? Les clés du local ?

Conclusion

J'ai ré-ouvert ce texte car aujourd'hui je suis davantage dans une phase où je rejoins des collectifs que dans une phase où j'en crée. Je suis surprise car quand j'échange sur mastodon, tout le monde connaît ces grands principes et se targue de les appliquer super bien. Et pourtant, je reproduis encore et encore l'erreur de rejoindre des collectifs dans lesquels les réseaux informels dominent et où il faut dépenser beaucoup d'énergie pour pouvoir contribuer... En un an, j'ai rejoins 3 collectifs non structurés :

  • Le premier, je n'ai rien demandé, j'y suis allée en pensant qu'entre gens de gauche motivés ça se passerait bien et que je serais écoutée. Je n'ai pas réussi à dire non quand on m'a demandé de faire des choses juste car l'une des stars l'avait décidé. Je suis partie sans rien dire.
  • Le deuxième, je me suis engagée rapidement car la personne avec qui je devais partager la mission semblait très progressiste. J'y ai laissé beaucoup d'énergie pour que ça fonctionne, on commence à avoir une structure démocratique, mais je m'en suis dégoutée.
  • Le troisième, c'est presque tout neuf. Pour éviter de me brûler de nouveau les ailes, j'ai demandé comment les décisions étaient prises avant de m'engager. On m'a répondu : « C'est super ouvert tout le monde peut participer et est écouté », et j'y ai cru (aussi parce que j'avais envie d'y croire). En réalité, on peut parler, oui, mais il n'y a aucune structuration de la prise de décision, et je fais clairement pas partie de l'élite 😆.

Ma morale de cette histoire c'est qu'avant de m'engager dans un collectif, il faut vraiment que j'enquête sur l'existence, ou pas, d'une structuration. Et que je sache dire non.

#Feminisme #AutoOrganisation #Collectifs #Socio

 
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from adventices

je suis soufflé sifflé par le vent troué par la pluie à la surface du ruisseau tordu par la branche fatiguée de l'arbre

ce n'est pas moi qui parle c'est la colline sur mon épaule qui raconte en hérissant ses sapinières

ce sont les ronces en moi qui se redressent pour déchirer

je ne lance pas les nuages ils s'échappent de mes joues courent où ils veulent malgré moi

je n'imagine pas le chemin il me tourne entre les entrailles

vraiment je vous assure ce n'est pas moi qui invente


 
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from Depuis les Gorces

« Je crois qu'on n'a rien à se reprocher, on a fait ce qu'il fallait. » « Je suis un homme féministe. » « J'ai agi par sororité. »

« Je crois qu'on n'a rien à se reprocher »

Je fais partie d'un groupe qui a géré un incident de violences verbales il y a quelques temps maintenant. Après la séquence, un homme m'a dit : « Je crois qu'on n'a rien à se reprocher, on a fait ce qu'il fallait faire », sous-entendant qu'on avait très bien réagi.

Je ne suis pas convaincue qu'on ait très bien réagi, mais je ne suis pas non plus convaincue de l'opposé.

Après avoir raccroché de notre conversation, j'ai réalisé ce qui m'avait gênée. Ce n'est pas à nous de décider de si on a bien réagi ou pas. On peut à la rigueur juger de si on a suivi les procédures ou pas. Et dans notre cas, il n'y avait pas de procédures.

En fait, il n'y a que les victimes qui peuvent réellement juger de si on a été un·e bon·nne allié·e, de si on a été à la hauteur. Et la seule manière de le savoir c'est de leur demander, et on ne l'a pas fait. Donc on ne sait pas si on a fait ce qu'il fallait. On a fait ce qu'on pensait qu'il fallait faire, petite nuance.

« Je suis un homme féministe »

Je parle souvent de féminisme, alors j'ai souvent entendu des hommes me déclarer qu'ils étaient féministes. De vrais alliés pour la cause. Au moment où j'écris ce billet de blog, je repense à trois d'entre eux :

  • L'un m'explique qu'il a connu les vraies années du féminismes (les années 70-80) et que le féminisme est une valeur très importante pour lui. Pourtant, il monopolise la parole lors de nos échanges et passe beaucoup de temps à m'expliquer des choses que je sais déjà, voir que je lui ai dites.
  • Le second m'explique que le vrai problème des femmes ce n'est pas l'écriture inclusive, mais le fait qu'elle ne soit pas aussi bien payées que les hommes à travail égal. Je lui réponds que le vrai problème des femmes c'est quand ce sont les hommes qui décident pour elles de ce que sont leurs vrais problèmes.
  • Un troisième m'explique qu'il apprend et qu'il n'y connait pas grand chose en féminisme comparativement à d'autres hommes du groupe qui connaissent des mots compliqués comme l'intersectionnalité. Pourtant, c'est l'homme qui a le moins de comportements virilistes de notre groupe. Vu de ma fenêtre, c'est le plus féministe.

Pour moi les deux premiers ne sont pas des masculinistes toxiques. Mais les deux ne sont pas franchement des féministes engagés. Ils auraient beaucoup à apprendre et à déconstruire pour être de bons alliés. Ils gagneraient à écouter pour de vrai les femmes qui les entourent sur ce qu'ils peuvent faire pour elles comme le fait le troisième larron de mon histoire.

Une bonne alliée des copines ?

En écrivant ce billet, je repense à deux évènements où je pouvais être la bonne alliée.

Quand j'ai merdé et qu'une copine m'a dit que j'avais agit par sororité

Récemment j'ai merdé. Une femme m'a confié un incident qu'il lui est arrivé, je l'ai écouté, je l'ai crue, et je l'ai soutenue.

Le lendemain j'ai eu l'impression qu'il était important que j'en parle à une amie qui s'entend bien avec les personnes impliquées, car elles ne se rendent pas compte de l'impact de certains de leurs comportements. J'avais l'impression qu'on pouvait améliorer les choses.

Quelques heures plus tard, j'ai réalisé que j'avais surement merdé : je n'avais pas demandé si je pouvais ou devais en parler. J'ai recontacté la personne qui s'était confiée, et effectivement, elle ne souhaitais pas que j'en parle. J'ai alors exprimé mes remords à ma copine, et je lui ai dit que je m'en voulais. Elle m'a répondu que j'avais agit en pensant bien faire, par sororité, donc je ne devais pas m'en vouloir.

Et là, le mot sororité a sonné très faux pour moi quand elle l'a dit.

Ce n'était pas de la sororité même si quelque part je voulais aider des femmes. C'était plutôt une forme de paternalisme : Je me suis autorisée à penser à la place de la personne ce qui serait bien. La seule personne qui aurait pu me dire que c'était de la sororité, c'est la personne concernée, et j'ai bien l'impression qu'elle ne l'a pas vécu comme ça.

Quand j'ai bien réagi

Il y a quelques temps, un Jean-Michel Boomer a été pénible avec une copine. Rien de très grave, mais un petit mansplaining comme il sait bien faire. J'en ai parlé avec la copine et je lui ai demandé si elle voulait que je lui réponde en privé. J'avais le statut dans ce groupe pour le faire, elle m'a dit que oui, ça l'arrangeait si je lui écrivais. J'ai donc écrit à Jean-Michel Boomer un message mesuré car ce n'était pas moi la victime, donc c'était plus facile que pour ma copine. Et j'ai ensuite montré le message à ma copine.

Quelques semaines plus tard, elle m'a dit qu'elle l'avait vraiment vécu cet évènement comme un moment de sororité. Moi j'avais vraiment l'impression de pas avoir fait grand chose. Ça m'a fait vraiment plaisir d'avoir été sur le coup une bonne alliée.

Poser la question

Ces trois petits incidents m'ont fait réaliser deux choses :

  1. Ce n'est pas aux alliés de décider qu'ils sont de bons alliés. Ce n'est pas aux hommes de se déclarer féministes : c'est aux femmes autour d'eux qu'il faut le demander.
  2. On devient un·e bon allié·e en demandant leur avis aux victimes d'oppression

Pour être une bonne alliée, je ne dois pas penser à la place des autres. Je dois leur demander :

  • Comment iels ont perçu mon action ?
  • Qu'est-ce que je peux faire pour les aider ?

J'espère qu'avoir écrit ce post va m'aider à moins merder dans le futur.

#Féminisme #Paternalisme #Sororité

 
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from FAUT L'FER

08/05/2025

Boutique des artisans

BOUTIQUE DES ARTISANS !

Les luminaires s'exposeront bientôt en boutique. Vous les retrouverez sous l'appellation PAS TRÈS SAGE.

L'Épicerie du Cellier, à Bertrix, accueillera prochainement un espace consacré à l'artisanat local. Quelques créateurs, également bénévoles à l'Épicerie, y installeront leur travail en “avant première” pendant le Week-end des artistes et des artisans organisé chaque année par le centre culturel.

https://www.facebook.com/parcoursdesartistesetartisansdebertix

Par la suite, l'espace compte bien s'ouvrir à d'autres artisans de la région pour vous offrir un large choix d'articles uniques et originaux.

https://www.lecellierdubaudet.be/sur-place/l-epicerie/

https://www.facebook.com/epicerieducellier

Visitez la page du blog consacrée aux luminaires pour en savoir plus sur notre démarche créative.

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#luminaires #Blog

 
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